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au 31 Mai 21 :
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Par Lykeios
Harry Potter  -  Romance/Amitié  -  fr
21 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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La rencontre

 

L'heure du rendez-vous approchait. Drago observait son chat gris, Moon, assis devant l'une des fenêtres du salon, qui regardait l'agitation de la rue, envieux. Drago ne put s'empêcher d'avoir un petit pincement de sympathie pour l'animal, et d'empathie face à cette sensation qu'ils partageaient. Ce sentiment de vivre derrière une vitre, le sentiment que la vie réelle est dehors, si proche, mais pourtant inaccessible.

Il secoua la tête et se reprit. Après le procès, il pourrait reprendre sa vie là où elle s'était arrêtée, il pourrait avancer, enfin. Il pourrait respirer, quelle qu'en soit l'issue; rien n'était pire que ce temps suspendu dans lequel il vivait depuis la fin de la guerre. Il allait bien sûr se battre jusqu'au bout pour éviter de perdre le peu qu'il avait encore : sa liberté, le manoir et un reliquat de richesse. Le reste lui ayant été retiré par le gouvernement ou par les médias.

Il caressa distraitement la tête de Moon et jeta un coup d'œil à la fenêtre : il pleuvait de nouveau à verses. Génial ! Comme si la venue prochaine de Potter et la perspective de longues heures de travail en duo n'étaient déjà pas suffisamment déprimantes.

Il fut brusquement sorti de ses pensées par le bruit de la sonnette. Il grogna avant d'aller ouvrir, pestant contre « les gens ». Il fut surpris d'entendre la voix de Potter dans l'interphone, il s'attendait plutôt à ce que ce dernier apparaisse dans sa cheminée que devant sa porte.

Ce dernier fut sur son palier après une petite minute. Il poussa la porte laissée entrebâillée et pénétra dans l'entrée, surpris de n'y voir personne.

« – Potter, installe-toi dans le salon. lui intima la voix de Drago depuis la cuisine, sortant la tête une minute pour le saluer d'un bref hochement. »

Quelque peu décontenancé par ses manières très … « décontractées », Harry s'exécuta sans un mot et s'affala dans le canapé beige, après avoir trouvé un endroit où poser son parapluie et son manteau trempés.

Il profita de l'absence de Drago pour détailler son lieu de vie : une petite entrée attenante à un couloir, une cuisine où le blond s'affairait (vraisemblablement à faire du thé) et au salon où il se trouvait actuellement. Ce n'était pas très grand mais les pièces étaient claires et lumineuses, grâce aux deux grandes fenêtres du salon et à la baie vitrée donnant sur une toute petite terrasse carrée. Le salon comportait un canapé de cuir brun clair, vraiment confortable d'ailleurs, accompagné d'un fauteuil assorti, d'une table basse, d'étagères remplies de livres, d'une armoire à battants, d'un piano droit, d'une toute petite cheminée… et c'était tout, pas de photos, de tableaux, ou quoi que ce soit qui traîne. C'était un peu étrange et ça lui rappelait les appartements un peu vides des magazines. Il ne pensait pas réellement qu'il était possible de vivre dans un endroit si lisse.

Il n'eut pas le temps d'aller plus loin dans sa réflexion car un chat vint doucement se frotter contre son mollet droit, quémandant une caresse. Cet animal intégralement gris, de la pointe de sa truffe au bout de sa queue, yeux y compris, le fit sourire. Il ne pouvait s'empêcher de lui trouver un air de ressemblance avec son propriétaire. Il se demanda d'ailleurs avec amusement si le narcissisme qui avait conduit Drago à choisir l'animal était conscient ou non.

Ce dernier fit enfin son apparition par une porte menant directement de la cuisine au salon, les bras chargés d'un plateau sur lequel était posé deux tasses de porcelaine et une théière assortie. Il s'assit sur le fauteuil et commença à faire le service.

« – Bonjour Potter, je vois que tu as déjà fait la connaissance de Moon. dit-il en s'affairant en de gracieux mouvements qui accrochèrent le regard du brun l'espace d'une seconde.

– Effectivement. Il est étonnamment adorable. »

Malefoy leva un sourcil et jeta un coup d'œil rapide à l'animal qui avait pris ses aises sur les genoux de son invité.

« – Tout le monde dans cette maison n'a visiblement pas bénéficié d'une éducation aristocratique, » répliqua-t-il, pince sans rire.

Harry allait riposter sèchement à la pique avant d'apercevoir le discret sourire en coin fiché sur le visage de Malefoy et il comprit qu'il mentionnait la familiarité du chat et non la sienne.

« – Ouais, tout le monde n'a pas eu cette "incroyable chance" d'être initié à la froideur et au cynisme. fit-il avec une expression similaire.

Le sourire du blond se tordit un peu plus.

« – C'est tellement bizarre, tout ça. continua Harry. Toi, moi, en train de boire le thé presque comme des gens civilisés. »

Malefoy se raidit légèrement en se rappelant l'objet de cette rencontre. Harry eut peur de l'avoir vexé et d'avoir brisé le semblant de cordialité qui s'était. Sans un mot, l'aristocrate se leva et sortit un moment pour revenir avec une épaisse chemise de documents qu'il posa sur la table basse.

« – J'imagine que c'est ton dossier d'instruction ? demanda le brun sans vraiment attendre de réponse.

– C'est tout ce que j'ai pu avoir de la part de l'avocat, mais également des documents que j'ai pu collecter de mon côté, des coupures de presse notamment. »

L'ambiance venait de se refroidir quelque peu. Harry sirota doucement une gorgée de thé.

« – Bon j'imagine qu'il faut s'y mettre ! » déclara-t-il. Il sortit également de sa poche une petite liasse de documents à laquelle il redonna sa taille normale d'un rapide coup de baguette et qu'il déposa également sur la table. Drago se tendit, il avait oublié ce détail.

« – C'est la copie des éléments de l'accusation et des rapports d'enquête que tu as eue par ton pote Londubat ? »

Harry eut l'air surpris.

« – Zabini est passé me voir peu après ta visite, expliqua Drago. Il faut croire que j'ai encore des personnes qui me veulent du bien.

– Je te rappelle que je suis là pour essayer de t'aider, alors ne commence pas à jouer les ingrats. s'agaça quelque peu le brun.

– Ta grande magnanimité ne t'a pas empêché d'aller quémander mon dossier dans mon dos … releva le blond. »

Harry sembla y réfléchir une seconde.

« – Je ne pensais vraiment pas que ça te poserait problème, je voulais arriver avec les éléments en tête pour gagner du temps. D'ailleurs, ton pote Zabini ne me l'aurait pas transmis s'il avait estimé que c'était contre ton intérêt.

– Et tu ne t'es pas dit que peut-être c'était une légère violation de ma vie privée, Potter ? » Le ton du blond s'était fait plus froid.

« – Écoute Malefoy, je peux aussi bien me casser tout de suite si tu ne veux pas que je risque de piétiner le peu de choses qui ne sont pas privées dans ton histoire. » Harry était maintenant franchement énervé.

C'était quoi son problème ? Fallait-il qu'il l'aide à l'aveuglette ? Et puis quoi encore ?! Autant que Malefoy lui rédige directement sa lettre de recommandation, comme ça Harry n'aurait plus qu'à signer en bas !

Le blond le toisa d'un regard glacial.

« – Quoi qu'il arrive, il faut toujours que tu aies le beau rôle, hein, Potter ? Tu n'as pas vraiment changé, toujours le même caractère de frondeur décérébré associé à la subtilité d'un troll des cavernes... Mais bon, j'imagine qu'il va falloir que je compose avec ça puisque, malheureusement pour moi et ma famille, il semblerait que tu sois la seule personne à pouvoir m'aider. siffla l'aristocrate.

– Tu sais ce qu'on dit : trop bon, trop con. répliqua Harry Je suis surtout la seule personne à accepter l'idée que peut-être ta famille n'est pas complètement pourrie jusqu'à la moelle, malgré le fait qu'elle n'a cessé d'essayer de me nuire depuis qu'elle a croisé ma route. Je suis surtout la seule personne suffisamment intègre pour vous souhaiter un procès équitable et juste. Alors tes airs de diva effarouchée, tu les gardes pour toi ! »

Le Gryffondor se répéta mentalement qu'il avait choisi de l'aider, comme un mantra, afin de ne pas céder à l'envie de le laisser en plan.

Drago sembla vouloir prendre la parole, mais Harry ne lui en laissa pas le temps.

« Et si ça ne t'ennuie pas trop, il me semble qu'on a potentiellement beaucoup de travail alors autant qu'on s'y mette rapidement. J'ai d'autres chats à fouetter. »

Le regard translucide du blond se fit transperçant, mais il garda ses fines lèvres pincées et commença à sortir les documents de sa chemise pour les répartir sur la petite table.

Ils se mirent à étudier les différents aspects de la défense de la famille Malefoy méthodiquement. Bien qu'Harry ait déjà parcouru le dossier, il se rendit bientôt compte que ça allait demander beaucoup plus de temps qu'il ne l'aurait pensé. Il ne put s'empêcher de regretter de s'être lancé dans toute cette histoire sans y avoir plus longuement réfléchi. Pour le coup, il du reconnaître, bien qu'à contrecœur, que Malefoy avait raison : il était toujours fonceur et irréfléchi. Il pesta mentalement contre ce constat et se concentra de nouveau sur la voix du blond qui était en train de lui détailler des points juridiques cruciaux sur la défense choisie par son avocat. Ça allait être deux longs mois.

oOo

Harry rentra chez lui tardivement, complètement vidé. Il avait la tête pleine de dates, de faits, d'articles de loi, de failles législatives à exploiter, et surtout, SURTOUT, pleine de Lucius, de Narcissa, de Drago et de toutes sortes d'histoires de Mangemorts dont il aurait préféré se tenir loin. Heureusement qu'il avait eu la présence d'esprit de programmer la prochaine séance dans une semaine seulement, prétextant un emploi du temps chargé.

D'après ce qu'il put constater à son arrivée chez lui, Ginny semblait déjà couchée. Il n'avait pas mangé alors il fouilla dans le placard réfrigéré pour trouver un truc à se mettre sous la dent. Il râla contre sa compagne et sa manie de n'avoir que des produits frais et sains – donc rien de réconfortant et gras qui puisse se consommer après un simple sort de réchauffage. Ces athlètes de haut niveau et leurs lubies de bonne hygiène de vie ! Dépité, il referma le placard, alla s'affaler dans l'un des canapés du salon et se servit un whisky Pur-Feu en deux coups de baguette.

Mon dieu, mais qu'est ce qu'il lui avait pris d'accepter d'aider Malefoy ?! Après seulement quelques heures de travail sur le dossier, il n'en pouvait déjà plus. Ça aurait déjà été pénible de le faire avec un ami, mais alors avec le Serpentard, entre les silences pesants, les piques récurrentes et la tension constante, c'était tout bonnement l'enfer. Dire que ça n'avait pourtant pas trop mal démarré. Mais il avait fallu que cet aristocrate, imbu de lui-même, se vexe pour un rien. Harry sentait qu'il avait les nerfs en pelote et il décida d'aller terminer son verre dans la serre. Il s'assit sur le rebord de la fontaine et le contact de la pierre froide contre ses jambes le calma. Il finit sa boisson tranquillement en regardant le ciel étoilé. Il regrettait de n'avoir pas été plus attentif en cours d'astronomie. Il faudrait vraiment qu'il pense à emprunter un livre sur le sujet à Hermione un de ces jours, ça occuperait intelligemment ses nuits sans sommeil.

Une fois son verre vide, il traîna encore quelque peu, ne sachant plus que penser de la situation Malefoy. Il décida finalement de mettre tout ça dans un coin de sa tête et d'aller tenter de rejoindre Ginny dans le sommeil.

oOo

Lorsque Drago apparut dans la grande cheminée principale du Manoir Malefoy, il n'eut même pas le temps de faire un pas sur le carrelage de la grande entrée, qu'un elfe de maison surgit pour le servir. N'ayant pas de cape à lui remettre, il le chargea simplement de signaler sa présence et d'inviter son père à le rejoindre dans le salon d'hiver – où sa mère devait probablement se trouver à cette heure de la matinée.

Il passa sous l'arche ouest du grand escalier de l'entrée et traversa un immense séjour. Il arriva finalement dans une plus petite pièce où un feu de cheminée brûlait, réchauffant à la fois l'atmosphère et la température de ce petit salon d'hiver richement, mais sobrement décoré.

Sa mère était assise dans un fauteuil, près de la cheminée. Elle avait un plaid épais et un livre sur ses genoux, elle semblait pensive. Les flammes faisaient doucement onduler les ombres de sa silhouette frêle et donnaient de l'éclat à son visage pâle et légèrement creusé. La Guerre l'avait beaucoup éprouvée et cela n'avait fait que s'aggraver depuis qu'elle avait contracté, quelques années auparavant, une maladie rare et persistante qui affaiblissait sa magie. Sa beauté avait quelque peu souffert de la dégradation de sa santé, les lignes de sa bouche s'étaient quelque peu affaissées, atténuant son expression pincée, mais lui donnant désormais un air perpétuellement abattu et fatigué.

« – Bonjour Mère, comment aller-vous ? s'enquit Drago d'une voie posée.

– Bonjour Drago, comme ça me fait plaisir de te voir. Cela faisait longtemps. » Narcissa détacha doucement son regard de la fenêtre pour le poser sur son fils et le détailler lentement. Il semblait en bonne santé, bien qu'elle le soupçonnait de ne pas prendre suffisamment soin de lui et de se noyer dans le travail sur leur dossier. Elle savait qu'il faisait cela pour ne pas se laisser envahir par l'inquiétude et la nervosité. Elle n'en dit cependant rien.

Drago déposa doucement un baiser sur le front de sa mère puis s'agenouilla à côté d'elle en prenant sa main froide entre les siennes.

« – Comment vous sentez-vous ? demanda le blond en la couvant du regard.

– Ça peut aller en ce moment, ne t'inquiète pas. Mon état serait stable apparemment. Sinon, rien de bien nouveau, toujours les mêmes recommandations : pas de stress, du repos et suivre à la lettre les prescriptions alambiquées qui m'ont été données. Les elfes de maison s'arrachent les cheveux pour m'apporter les bonnes potions, décoctions et poudres aux bonnes heures de la journée ou de la nuit. » dit-elle avec un petit sourire qu'elle souhaitait réconfortant.

Drago la regarda intensément, il n'était pas dupe. Il ne décela néanmoins pas de fatigue nouvelle sur ses traits ou de douleur supplémentaire dans ses gestes alors il n'insista pas.

Il se redressa en entendant Lucius arriver d'un pas ferme. Malgré tout ce qui avait pu leur arriver, son père n'avait pas perdu de sa superbe.

« – Bonjour Drago, c'est toujours une agréable surprise de te voir au Manoir.

– Bonjour Père, il fallait que je vous parle, il y a eu des événements récents au sujet de notre procès.

– Bien, dans ce cas, installons-nous confortablement. » dit-il en faisant magiquement approcher deux fauteuils supplémentaires. Ils prirent possession des deux sièges aux côtés de Narcissa.

« – Je sais que vous étiez contre cette idée Père, mais je suis entré en contact avec Harry Potter. commença Drago.

– Tu as fait quoi ?! » Le regard de Lucius s'était fait dur et il semblait flamboyer à la lumière changeante des flammes.

« – Écoutez, l'avocat n'est pas serein quant à l'issue de ce procès, je ne fais que mettre un maximum d'atouts de notre côté. se défendit Drago.

– Il ne me semblait pourtant pas que Potter soit un atout ni même qu'il ne soit de notre côté. répondit sèchement le chef de famille.

– Je ne le porte pas plus que vous dans mon cœur, mais il faut reconnaître qu'il est une personne intègre. Ce fichu Gryffondor ne jure que par la justice. avança le jeune homme.

– La justice pour ceux qui sont de son côté, tu veux dire. Il est hors de question que je le laisse mettre son nez dans nos affaires. Drago, la santé de ta mère est fragile, nous ne pouvons prendre le risque d'être mis davantage à mal.

– Ne parle pas de moi comme si je n'étais pas présente Lucius. coupa Narcissa. Je ne suis pas encore hors course et je pense que notre fils a raison. Même si ce n'était pas grand-chose, sans nos actes, Harry Potter n'aurait pas pu vaincre... Et nous ne serions plus là aujourd'hui. Nous nous sommes redevables mutuellement, et Potter ne sera peut être pas contre mettre cela en lumiè éra-t-elle.

– Ça suffit ! s'emporta Lucius. Vous n'envisagez tout de même pas de donner à cet avorton les moyens de faire du mal à notre famille. Même si nous n'avons plus beaucoup d'honneur à sauver, nous ne sommes pas désespérés au point de remettre notre sort dans les mains de n'importe qui. Cette discussion est close ! » Il se leva brusquement et sortit du petit salon dans de grands mouvements de robe.

Drago fit un geste pour le rattraper, mais sa mère le retint doucement par le bras.

« – Laisse-lui le temps de se calmer. Tu sais, toute cette situation, ça lui en demande beaucoup.

– Je sais bien, lui répondit le blond, mais j'ai l'impression que tout ce que nous proposons ne lui convient jamais. Ce n'est pas comme si nous risquions juste une tape sur les doigts, nos vies sont en jeu. Le peu que nous avons encore à perdre est trop important pour ne pas tout tenter.

– Avoir à faire face à des responsabilités de cette ampleur, ce n'est à la portée de personne. Nous gérons cela chacun à notre manière. Tu sais, ton père regrette que tout ça te retombe aussi durement dessus, cela le met en colère… Il s'en veut beaucoup. »

Après un silence contemplatif, elle continua :

« Je pense que tu peux aller le rejoindre maintenant. »

Drago se leva en maudissant mentalement l'infatigable orgueil de son père ainsi que son incapacité à lâcher prise. C'était ces mêmes traits qui l'avaient poussé à prendre ses distances du Manoir. Au nom du bien de la famille, Lucius le sommait de continuer à se conformer aux valeurs et usages archaïques de l'aristocratie sorcière, ce qu'il avait refusé, s'opposant de plus en plus fortement à l'ingérence paternelle. Le patriarche supportait très mal le fait de ne plus avoir d'emprise sur la vie et les choix de son fils. Ainsi, après une longue période de tension, le jeune homme avait considéré sa prise d'indépendance comme une nécessité, et, malgré son souhait de rester auprès de sa mère, il avait finalement déménagé à Londres.

Lucius, qui se tenait dans le grand séjour, immobile face à une grande fenêtre courant pratiquement du sol au plafond, entendit Drago se rapprocher. Il le laissa faire. Malgré leurs désaccords, il regrettait l'éloignement et le rejet de son fils. Il ne comprenait pas que ce dernier tourne le dos à tout son héritage familial et au prestige de sa lignée, mais plus encore, il ne le reconnaissait plus. Le jeune homme qu'il devenait lui était de plus en plus étranger et ça le faisait souffrir. Il savait qu'il était la cause de ces changements et il regretta une fois de plus ses erreurs passées.

Drago vint se placer à côté de son père. Sans bouger, le chef de famille prit la parole :

« – Si tu penses que ça peut vous aider, alors vas-y.

– Je pense que ça peut nous aider, répliqua aussitôt Drago.

– Ne sois pas naïf, dit-il en se tournant légèrement vers son fils, même si tu arrives à ce que ce satané Potter soutienne notre défense, il restera honnête. Sa « couverture » ne sera pas assez grande pour trois. Et tu sais tout aussi bien que moi que je ne pourrai pas échapper à Azkaban, pas avec le curriculum vitae que j'ai. Mais pour toi et ta mère, ça peut marcher. Alors, ça vaut peut-être la peine d'essayer. Si tu te sens capable de côtoyer Potter pendant tout ce temps... déclara Lucius en lui jetant un regard appuyé.

– Nous sommes des adultes dorénavant et, pour ma part, j'ai trop à perdre pour ne pas faire de mon mieux. dit le jeune homme d'un ton déterminé.

– Drago … commença Lucius, hésitant. Je suis vraiment fier de toi. Je … ne reproduis pas mes erreurs. Ne confonds pas fierté et honneur. »

Dérouté, Drago répondit simplement avec un hochement de tête les yeux dans le vague. Le père déposa un regard triste sur le jeune homme. Intérieurement, il savait que ce conseil aurait dû arriver bien plus tôt, car le Drago qu'il avait en face de lui était déjà une personne plus sage qu'il ne le serait peut-être jamais. Son fils avait su tirer leçon des erreurs familiales bien plus vite que lui-même. Il se sentit vieux l'espace d'un instant, son ère était désormais terminée, il le savait il lui fallait laisser la place à ce nouveau monde pour lequel il n'était préparé et dont il ne possédait pas les codes. Il souhaitait simplement que Drago et Narcissa puissent y trouver leur place. Il lui fallait juste tenir encore un peu, jusqu'au procès, jusqu'à ce que la situation de sa famille soit éclaircie.

Il jeta un dernier regard appuyé à son héritier avant que celui-ci ne tourne les talons sans un mot et ne s'en aille, non sans être allé embrasser sa mère. Lucius rejoint ensuite sa femme à son tour et s'agenouilla à son chevet, il enserra une de ses mains frêles dans les siennes et y déposa un baiser anxieux. Pourvu que tout aille bien, pourvu le procès leur permette de rebondir, ils ne méritaient pas de payer pour ses propres erreurs toute leur vie.

 
 
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