Le lendemain matin, Harry s'éveilla douloureusement, les pensées aplaties par un violent mal de crâne. Il tâtonna à la recherche de sa baguette, le plus silencieusement possible en rêvant d'un café bien serré. Il la trouva enfin, tombée à côté du canapé dans lequel il avait dormi, elle luisait d'une faible teinte dorée. Il la saisit et une pensée le frappa. Il secoua le morceau de bois pour faire disparaître la lueur et consulta l'heure d'un sort rapide. Il se retint de pester bruyamment : il avait un rendez-vous avec sa Psychomage et il était sur le point d'être en retard. Il avait complètement oublié ce détail. Heureusement qu'il se connaissait bien et prévoyait un petit rappel magique à chaque fois.
Il se traîna péniblement jusqu'à la salle de bain en faisant le moins de bruit possible, tant pour préserver ses tympans sensibles que pour éviter de réveiller Drago qui dormait toujours dans l'autre canapé. Tout son corps le faisait souffrir d'avoir dormi assis, ses muscles peinaient à se déplier. Il attrapa une fiole de potion dégrisante dans un tiroir et la vida de moitié. Il respira profondément le temps que le goût désagréable passe, emportant avec lui sa migraine. Il eut beau fouiller, il ne trouva malheureusement rien pour soulager le reste de son corps, Ginny ayant emporté avec elle ses nombreuses potions contre les courbatures, contractures ou tous les nombreux maux dont peuvent souffrir les grands sportifs.
Un coup d'œil dans le miroir lui permit de constater l'étendue des dégâts : cernes gris, traits tirés, cheveux parfaitement en bataille, barbe naissante, yeux rougis. Il utilisa son rasoir magique, puis se passa de l'eau sur le visage avant de s'éponger avec la serviette bleu solitaire qui pendait à l'un des crochets métalliques près du lavabo. Ressentir l'absence de Ginny dans les objets qui l'entouraient lui pinça le cœur. Il savait cependant qu'il était le seul à blâmer pour cette situation. Il prendrait le temps de réparer leur relation, promis, mais pas maintenant. Il réfléchirait à tout ça demain, quand il aurait les idées claires et un peu de temps. Là, ce n'était vraiment pas le bon moment.
Il revint dans le salon sur la pointe des pieds, Drago dormait toujours et semblait paisible. Quelle drôle de nuit ils avaient passée ! Il constata que, même dans son sommeil, le blond était gracieux et ses traits ne perdaient rien de leur élégance. Il repensa à son propre reflet dans le miroir et ne put s'empêcher de trouver la nature très injuste. Pas que son apparence lui importe beaucoup en général, mais parvenir à être beau en toute situation, même en plein sommeil éthylique, ça ne devait pas être déplaisant.
Harry secoua la tête devant la superficialité de ses pensées et se hâta. Il alla chercher sans bruit de quoi écrire, ainsi que le reste de potion dégrisante qu'il déposa sur la table basse. Il rédigea rapidement une note expliquant son absence au blond – sans détailler néanmoins le contenu de son rendez-vous –, l'heure approximative de son retour et l'enjoignit à faire comme chez lui pour son petit-déjeuner et sa toilette. Pas le temps de se changer, il défroissa comme il put son jean bleu foncé et son pull gris, la thérapeute devrait s'en contenter.
Il sortit sans bruit du Manoir et couru jusqu'à la station de transplanage.
Il arriva essoufflé dans le bureau de Mme Dameena qui l'accueillit calmement, comme à son habitude. Alors qu'il prenait place dans le sofa et elle dans son fauteuil, elle lui demanda néanmoins, avec une pointe d'amusement :
« – On a à nouveau raté le réveil Harry ? »
Ce dernier pinça les lèvres en maudissant l'alcool et répondit, penaud :
« – Cette fois, c'est un peu différent, j'ai passé la nuit à discuter avec Malefoy… et un peu de whisky. admit-il tout de même, sans fierté.
– Oh ? Alors j'imagine que vous êtes en meilleurs termes avec lui actuellement. Parlez-moi un peu de ça. » demanda-t-elle tranquillement.
Harry se gifla mentalement d'avoir mentionné le blond, il n'avait pas envie de parler de Drago avec elle. Surtout pas maintenant qu'il avait les idées encore toutes chahutées par son trajet précipité. Il se plia néanmoins à la requête :
« – Et bien, je continue de travailler avec lui sur son procès. Ça se passe pas mal, on parvient à s'entendre suffisamment pour pouvoir être efficaces. » minimisa-t-il.
La Psychomage ne fut pas dupe de son stratagème, elle connaissait le naturel solitaire et renfermé d'Harry qui ne tolérait que peu de monde autour de lui. Elle mit, de fait, les pieds dans le plat, avec son habituel ton doux et perçant :
« – Je vois, et ça a l'air d'être également suffisant pour partager une nuit d'ivresse avec lui. »
Harry maudit sa clairvoyance et regretta l'époque où il la trouvait trop prévenante à son égard. Même s'il n'apprécia pas son allusion sibylline, il renonça à essayer de voiler la vérité :
« – En fait… Je crois qu'on est devenus amis. » Il grimaça, ça sonnait tellement niais dit tout haut.
« – Décrivez-moi votre soirée d'hier. Comment s'est-elle déroulée ? demanda-t-elle par-dessus le discret crissement de la plume à Papote qu'elle venait de ressortir.
– Et bien, nous travaillons au manoir désormais et nous avons terminé un peu tard. Il tenait à profiter de la serre, nous avons donc bu un verre et discuté un peu avant de rentrer et de préparer à manger. Et nous avons continué la soirée à discuter avant de nous endormir. résuma rapidement Harry.
– Et de quoi avez-vous parlé durant tout ce temps ?
– Du passé, nous avons enterré la hache de guerre. » Il réfléchit. « Même si nos vécus sont très différents, nous avons beaucoup de points communs. Je pense que nous sommes tous les deux hantés pas des démons dont on ne parvient pas à se détacher, bien que je pense que les siens soient assez concrets. Après son procès, si tout se passe bien, lui sera libre. Je l'envie un peu pour ça, honnêtement, il a une force de caractère incroyable pour avoir encore de quoi se battre aujourd'hui. Je veux dire, j'ai toujours détesté ce type parce qu'il était arrogant et qu'il abusait du fait que la vie était facile pour lui, mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas et il a beaucoup changé. Il a parcouru un sacré chemin et c'est devenu une personne appréciable, et même agréable… Sincèrement, je lui souhaite d'être acquitté. L'homme qu'il est actuellement ne mérite pas la prison. »
Harry reprit son souffle, il n'avait pas réalisé qu'il s'était laissé un peu emporter.
«– J'espère que vous parviendrez à ce résultat dans ce cas. l'encouragea Mme Dameena.
– On y travaille activement. confirma Harry.
– Et comment Ginny vit-elle tout ça, vous ne m'avez que peu parlé d'elle dernièrement. Ça ne la dérange pas d'avoir cet homme chez elle ? demanda-t-elle alors que la plume marquait une courte pause.
– Heu… » hésita Harry en se mordant la lèvre nerveusement et réalisant qu'il n'avait pas fait une seule mention de sa petite-amie jusque-là. « À vrai dire, elle n'est pas trop au courant. Nous sommes un peu en froid, nous nous sommes disputés... Pour être complètement honnête, elle a décidé de faire un break et elle est chez ses parents en ce moment. dit le brun lentement.
– Pourquoi lui cacher cette information ?
– Je ne lui ai pas vraiment caché, j'ai plutôt, disons… omis certains détails. » Il soupira. « Lors de notre dernière dispute, elle était comme jalouse de Malefoy. Je ne veux pas aggraver la situation ni qu'elle s'imagine des choses. fit évasivement le brun.
– Quel genre de choses ? » insista la thérapeute.
Harry se renfrogna :
« – Elle avait l'air de suggérer que je préférais passer mon temps avec Drago plutôt qu'avec elle, c'est insensé !
– Qu'est-ce qui est insensé ? »
La plume nota quelque chose et fit trois crissements brefs, comme si elle soulignait lourdement une information. Il s'énerva.
« – Mais tout ça ! Ça n'a rien à voir, je ne comprends pas pourquoi elle se compare à lui. Je lui donne juste un coup de main. Ce n'est pas la peine d'en faire toute une histoire ! explosa-t-il.
– Harry, repris doucement Mme Dameena, depuis que je vous connais, vous ne vous êtes impliqué pour pratiquement personne et vous vous êtes maintenu à distance de tout ce qui vous demandait un investissement. Pourquoi avoir choisi d'aider Drago Malefoy ? »
Le jeune homme se tortilla dans le canapé, mal à l'aise avec la question. Il fut tenté de fuir le bureau en courant, mais son savoir-être le lui interdit. A la place il répondit à la Psychomage de mauvaise grâce.
« – Je crois que je ne voulais pas avoir sa mort sur la conscience. » finit-il par marmonner. Il réfléchit un moment puis poursuivit en dépliant le fil de ses pensées en même temps qu'il les formulait :
«– Je le connais depuis des années et même si nous nous sommes perdus de vue, il a fait partie intégrante de ma vie pendant longtemps, il a été important dans mon adolescence. Pas dans le bon sens, évidemment, mais tout de même. Et puis, je voulais comprendre comment il en était arrivé à venir me solliciter... et, aussi, le comprendre tout court, je pense. On est tellement différents, il a toujours été une énigme pour moi. C'était l'occasion de glaner des clés pour le lire. »
La Psychomage laissa infuser un court silence avant de revenir à la charge :
« – Il vous a toujours intrigué ?
– Je crois que oui... d'une certaine manière. admit Harry, pensif.
– Le côtoyer vous apporte-t-il les réponses aux questions que vous vous posiez ? »
Le Gryfffondor se tordit les mains. Oui, non… probablement, enfin pas vraiment. En tout cas, être avec Drago avait indubitablement changé des choses chez lui, il voyait les choses différemment.
« – À travers son vécu, je découvre un univers inconnu et tout un pan du passé que je n'aurais pas imaginé, c'est très déroutant, mais c'est fascinant. Ça remet les choses en perspective, c'est sûr.
– Et cela vous manquait d'avoir des perspectives ?»
Le jeune homme laissa son regard courir dans la pièce, sur les quelques bloc-notes dispersés sur le bureau de Mme Dameena, le long des livres entassés dans les multiples étagères et qui prenaient la poussière. C'était une drôle de question et sujette à interprétations. Il y réfléchit sérieusement un moment.
« – … Oui je crois, il n'y en a pas beaucoup dans ma vie quotidienne. On ne peut pas dire que j'ai énormément de buts ou d'objectifs, ni même suffisamment d'espaces de pensées et de prise de recul.
– Votre relation avec Ginny ne vous apporte pas tout ça? » demanda la sorcière d'un ton neutre.
Harry pensait voir où la Psychomage voulait en venir et il se sentit traqué par ses questions. Elle n'allait pas elle aussi se mettre à sous-entendre des choses à propos du Serpentard ! Il s'agaça de cette répétition incessante.
« – Je ne vois pas le rapport avec Malefoy. tiqua le jeune homme.
– Il n'y en a pas nécessairement, je vous demandais juste si votre relation avec Ginny vous apportait des perspectives de vie. tempéra la femme.
– C'est complètement différent. Avec Ginny... C'est différent. soupira Harry.
– Essayez de développer. lui intima Mme Dameena.
– Je ne peux pas dire que ma relation avec Ginny ne m'apporte pas de perspectives, mais en même temps je n'ai pas vraiment l'impression d'en avoir non plus. Ah, je ne sais pas trop comment décrire ça. C'est... non, je ne sais pas. » abdiqua-t'il, les yeux rivés sur la tenture la plus proche.
La Psychomage n'insista pas davantage et changea de sujet :
« – Et comment voyez-vous la suite avec Drago Malefoy ?
– Je n'en vois pas. trancha Harry. C'est juste une brèche momentanée, ça ne va pas durer. Je profite de cette expérience pour ce qu'elle peut m'apporter. »
Il avait répondu du tac au tac, comme si cette évidence n'avait pas besoin d'être réfléchie.
« – Ca n'est pas obligé d'être juste une brèche vous savez, Harry.
– Je ne vois pas comment ça pourrait être autre chose, répondit le brun un peu décontenancé. J'aide Malefoy pour son procès et après ça, il n'y aura plus d'aide à lui apporter. »
Sans qu'il sache bien pourquoi, cette réflexion le rendit triste. Il aimait la sensation d'utilité que son travail sur le procès lui procurait. Il n'était pas sur de savoir comment retrouver cela une fois sa tâche terminée.
La Psychomage le laissa sur cette pensée et conclut la séance :
« – Bien, je pense que nous allons nous arrêter là pour aujourd'hui. Que diriez-vous de nous retrouver la semaine prochaine, même jour et même heure ? Comme ça, il sera plus facile de s'en rappeler et de programmer un réveil. » finit-elle sur un ton taquin.
Harry acquiesça avec un sourire contrit, se releva et nota le rendez-vous dans le petit agenda qu'il gardait dans la poche de sa cape, puis il salua la thérapeute, déposa le règlement et quitta le cabinet. Dès qu'il fut dans le hall, il programma un nouveau rappel sur sa baguette et prit le chemin du retour, soucieux. La session lui laissait un arrière-goût étrange, il avait à nouveau l'impression que quelque chose se jouait à son insu et il n'aimait pas beaucoup ça. Dernièrement, beaucoup de choses venaient le bousculer. Ses pensées s'emmêlaient dans sa tête, ses ressentis l'embrouillaient, il se sentait un peu submergé et perdu.
Il se demanda à nouveau si la présence de Drago chez lui n'était pas une monstrueuse bêtise, si tout cela n'allait pas aboutir à une catastrophe. Il repensa au fiasco Ginny et à sa manière désastreuse de gérer la situation. Etait-il seulement capable de gérer cette histoire, son histoire ? L'angoisse monta en lui. Il essaya de mettre le tourbillon de ses réflexions à décanter dans un coin de son cerveau en attendant un moment plus propice pour y réfléchir.
Il arriva au manoir et trouva Drago affairé en cuisine. Le blond portait encore sa chemise de la veille, froissée, légèrement déboutonnée et retroussée sur ses avant-bras, ainsi que son pantalon noir, tout aussi fripé. Il avait en revanche abandonné ses chaussures pour vaquer en simples chaussettes, noires également, sur le carrelage de la pièce. Harry sourit à cette vue pour le moins inhabituelle qui allégea significativement son anxiété et son humeur soucieuse. Il ne se demanda même pas si le Serpentard arrêtait à un moment d'être élégant, il en conclut directement que, même sur le trône, ce satané aristocrate devait avoir l'air distingué.
Il reporta son attention sur les activités de ce dernier plutôt que sur ses vêtements et découvrit que Drago était en train de préparer un brunch, ce qui, vu l'heure, était plutôt pertinent. Une odeur alléchante se répandait dans toute la pièce. Appâté, Harry s'approcha et fureta au-dessus de l'épaule de l'ancien Serpentard pour apercevoir une poêle où cuisaient des œufs brouillés et du bacon, ainsi que deux assiettes déjà garnies de toasts grillés sur le plan de travail, juste à côté. En se penchant davantage pour mieux voir, quelques cheveux échappés de la queue de cheval fatiguée de Drago vinrent lui chatouiller la joue et le parfum du blond lui parvint aux narines. Il apprécia quelques secondes cette fragrance singulière et indescriptible, avant de réaliser autant l'inconvenance de son geste que sa proximité avec son invité, qui semblait d'ailleurs s'être légèrement tendu.
Pour faire diversion, Harry attrapa un toast avec toute la nonchalance dont il put faire preuve, s'adossa contre le réfrigérateur et entama la conversation, l'air de rien :
« – Bien dormi ?
– Autant qu'il est possible de le daire assis dans un canapé, habillé et avec de l'alcool dans le sang. » fit le blond, pince-sans-rire.
Harry sourit et mordit dans sa tranche de pain grillé.
« – Oui, j'ai une vague idée de ce que ça peut donner. lui répondit-il.
– Tu as réussi à faire ce que tu voulais ? demanda Drago évasivement.
– Oui, oui. Un rendez-vous oublié, rien de bien grave. » rétorqua Harry sans entrer dans les détails non plus.
Drago servit les œufs et le bacon dans les assiettes, puis ils s'installèrent sur la table de la cuisine pour manger confortablement. Harry sortit des couverts pour tous les deux.
« – Comment envisages-tu le programme de la journée ? interrogea le blond en piquant dans son assiette.
– Hum, vu l'heure, je dirais bien : douche, puis retour au boulot en début d'après-midi. En s'y mettant tôt on pourra également finir tôt et essayer d'avoir une vraie nuit de sommeil cette fois. proposa le brun.
– Ça me va tout à fait. commenta Drago, après avoir avalé une bouchée.
– Par contre, avec toute cette histoire, je n'ai pas pris le temps d'aménager de chambre à l'étage. Ça ne t'ennuie pas de rester dans la mienne cette nuit encore ? demanda Harry.
– Non, pas du tout, même si techniquement je n'y ai pas encore dormi. pointa le blond, amusé. Mais, je peux t'aider pour ça, c'est la moindre des choses, je squatte chez toi. proposa-t'il.
– Non, ne t'inquiète pas, j'aime autant faire ça tout seul, il y a plein de vieilleries, certaines sont peut-être même dangereuses. Je ne vais pas t'imposer ça.
– C'est toi qui vois, mais sinon, je peux travailler seul cet après-midi, si tu veux prendre le temps de faire le rangement aujourd'hui. » suggéra à nouveau Drago, essayant d'être arrangeant. »
Harry se crispa un peu devant son insistance.
« – Non, c'est bon, c'est mon problème et je verrai ça demain. » trancha-t-il. Puis, sentant qu'il avait été inutilement agressif, il se radoucit :
« – Il faut vraiment qu'on avance.
– Ok. » conclut simplement le Sang-Pur, morne. Il n'était pas bien sur de saisir l'exaspération du brun alors qu'il tentait simplement d'être le plus conciliant possible. Il n'était pas toujours facile de suivre Harry et il avait régulièrement l'impression que ce dernier lui échappait.
Ils finirent leur repas calmement, en parlant peu. Harry ne comprenait pas pourquoi il s'était énervé un peu plus tôt, mais la persistance de Drago l'avait agacé. Pour aujourd'hui, il voulait juste pouvoir se plonger dans le travail afin d'étouffer la sensation bizarre qui lui collait à la peau depuis son rendez-vous. Ça lui éviterait de trop laisser courir ses pensées. Il verrait demain matin pour la chambre, à chaque journée ses problèmes.
oOo
Une fois propres et habillés, ils se remirent au travail. Drago avait reçu un peu plus tôt un hibou de Me Coaslowth lui transmettant de nouvelles préconisations et pistes de travail. Il avait préalablement informé l'avocat de sa présence temporaire chez Harry ainsi que de l'implication de ce dernier dans le travail sur la plaidoirie. Ainsi, suivant les lignes directrices adoptées par l'avocat, ils s'attachèrent à mettre en avant les circonstances atténuantes et à tenter d'attaquer la crédibilité des témoins qui seraient cités à comparaître : Edwung Barjow, mais aussi Horace Slughorn, Mme Rosmerta et Katie Bell. Autant c'était aisé pour Barjow dont la réputation douteuse n'était plus à faire, autant les trois autres étaient dignes de confiance et il fallait donc anticiper le contenu de leur témoignage pour être paré à tout.
Ce point gênait Harry. Drago s'était engagé dans le chemin du Lord Noir. Il était coupable d'avoir empoisonné la bouteille d'hydromel remise à Slughorn, ainsi que d'avoir jeté l'Imperium sur Mme Rosmerta et de lui avoir confié le collier d'opale qui avait failli coûter la vie de Katie. Même si le point fondamental de la défense du blond était de plaider l'absence d'intention criminelle, puisqu'ayant agi sous la menace, il n'en restait pas moins l'auteur de ces actes graves. Cela mettait Harry mal à l'aise d'essayer de trouver un moyen soulever un doute raisonnable en s'attaquant à la vérité de cette façon. Il savait bien que c'était des tours de passe-passe d'avocat, nécessaires, particulièrement vu la mauvaise image qu'avait Drago à l'heure actuelle, mais il ne pouvait s'empêcher de trouver cela mensonger. Devait-il limiter son aide à son seul témoignage?
Il aurait cependant été dramatique qu'à cause d'un point négligé de sa défense, le blond se retrouve à Azkaban, mettant en danger la santé de Narcissa qui se retrouverait alors seule. Et puis, n'était-il pas celui qui, le matin même, déclarait à sa Psychomage que l'actuel Drago ne méritait pas la prison ? Ne fallait-il alors pas tout mettre en œuvre pour éviter cette extrémité critique ? Cependant, était-ce juste pour tous les autres qui avaient payé pour leurs crimes, repentis ou non ? Mais au nom de tous ces autres, fallait-il laisser Drago tomber ?
Le cerveau d'Harry fit des nœuds. Les voilà. Ces dilemmes qu'il avait toujours évités en se tenant loin des procès de la 2e Guerre Sorcière s'étaient frayés un chemin jusqu'à lui. S'il s'était simplement contenté de témoigner, comme on le lui avait demandé au départ, il aurait peut-être pu y échapper. Mais il avait fallu qu'il se jette tête la première dans cette histoire, en n'écoutant pas les conseils d'Hermione.
Il se frotta les tempes doucement et tenta tant bien que mal de délier un raisonnement cohérent sur la situation. Drago avait certes commis ces actes et à un moment donné, s'était destiné à suivre Voldemort. Néanmoins, il était jeune, plein d'illusions de grandeur et il avait bien vite déchanté quand la réalité l'avait rattrapé, mais il ne pouvait plus faire demi-tour à ce moment-là : la disgrâce de son père avait mis la famille en situation délicate et la vie de sa mère était désormais directement en jeu. Il avait porté atteinte à d'autres personnes dans l'optique unique de sauver sa vie et celles de ses proches. Il avait aussi été mal entouré, et il avait dû payer pour les choix et erreurs de son père. Il ne fallait pas qu'il paye cela toute sa vie. Harry soupira. Si ce constat calmait sa conscience, il ne résolvait pas vraiment son problème actuel : comment réagir sur la mise en doute de la fiabilité des témoignages.
Après mûre réflexion, il se résolut à ne pas déformer la réalité et à toujours questionner dans la limite de la morale et de la bonne foi. Drago se débrouillerait du reste avec son avocat, il ne voulait pas savoir ce qu'ils feraient de cette matière de travail ensuite, cela ne le regardait pas et il n'avait de toute façon pas vraiment de pouvoir dessus. Il se remit au travail, fort de cette décision et plancha sur le témoignage de Slughorn, tandis que Drago, inconscient de tout le combat intérieur qui venait d'agiter le brun, travaillait déjà depuis un moment sur celui d'Edwung Barjow.
Ils parvinrent à bien avancer sur ce sujet, ils avaient fait le tour du cas Barjow et de celui de Slughorn et ils seraient prêts pour faire une défense détaillée pour chacun des deux témoignages la fois suivante. Ils décidèrent de s'arrêter sur cette belle avancée.
Ne souhaitant pas manger la même chose que la veille, les deux hommes durent se résoudre à faire des courses. Mais Drago ne pouvait se risquer à sortir, pas avec tous les paparazzis sorciers sur les dents. Harry dû donc y aller seul, peu enchanté à l'idée de devoir porter toutes les commissions. Ils firent ensemble une petite liste de denrées et le brun quitta le manoir.
Drago profita de ce moment pour faire un rapide retour dans son appartement pour nourrir son chat. Moon vint se frotter avec frénésie contre sa jambe, mais refusa catégoriquement qu'il pose sa main sur lui, s'esquivant avec des miaulements rauques à chaque tentative d'approche. Le blond essaya de se faire pardonner son absence en agitant un de ses jouets favoris, mais il n'eut aucun succès.
Il entra dans la cuisine précautionneusement en scrutant bien les fenêtres. Aucun volatil à l'horizon, néanmoins, de nombreuses déjections maculaient les rebords extérieurs, son sort de répulsion n'avait visiblement été que moyennement efficace sur les rapaces. Voyant le champ libre, il jeta un coup d'œil discret dans la rue en contrebas, quelques sorciers piètrement déguisés y faisaient toujours le pied de grue. Entre ces drôles d'énergumènes et la ronde de hiboux qui avait dû défiler dans la journée, les voisins devaient sérieusement se poser des questions. Le Ministère devait être ravi de ce chahut.
Drago ouvrit un placard, saisit un paquet de croquettes et en versa une ration dans la gamelle de Moon. La réaction ne se fit pas attendre, l'animal se rua sur la nourriture. Drago le regarda manger avec amusement. Il eut une idée. Il alla dans le bureau, alluma son ordinateur portable et fit un rapide achat en ligne pour recharger une clé 4G qu'il avait achetée pour pouvoir se connecter facilement lors d'un voyage il y a quelques années. Il rangea le tout dans une housse matelassée. À défaut de pouvoir sortir, il pourrait aider Harry à faire les courses la prochaine fois. Il revint dans la cuisine où Moon terminait goulûment sa gamelle. Ce dernier leva le museau vers lui avant de pousser un miaulement déchirant. Le blond soupira et lui fit une caresse affectueuse sur le crâne. Et si… peut-être que… Oh, après tout, c'est Potter qui avait proposé ! Il attrapa un sac de course et y glissa la gamelle désormais vide, les croquettes, quelques gourmandises félines et des jouets, ainsi que le bac à litière magique préalablement réduit. Il eut des scrupules d'emmener autant de choses chez le Gryffondor. Bon, ce n'était que pour quelques jours, pas de quoi en faire un drame. Il mit le chat dans sa cage de transport et revint au manoir d'Harry par Cheminette.
Il installa son chat et lui fit découvrir le manoir rapidement. Il mit ses affaires dans un petit coin du salon où ça ne gênerait pas.
Puis, voyant qu'il avait encore du temps, il choisit, dans la bibliothèque, un livre de Kennilworthy Whisp : Battre les Cognards - une étude des stratégies de défense dans le jeu de Quidditch, et s'installa dans son canapé habituel pour le parcourir. Il avait eu le temps de lire un court chapitre sur les différentes variantes de la feinte de Wronsky quand Harry revint, les bras chargés de sacs.
Il posa alors son ouvrage sur la table basse et alla lui prêter main-forte pour porter les courses jusqu'à la cuisine et les ranger. Tandis qu'ils s'affairaient, Moon vint fureter entre leurs jambes, surprenant Harry.
« – Hey, salut toi. fit ce dernier en lui grattant le cou. Alors finalement ton maître a eu pitié de toi.
– Comme tu avais proposé… commença Drago, gêné.
– Ça ne me pose aucun problème, je te l'ai dit. le coupa Harry en reprenant le rangement. La pauvre bête devait tourner en rond, tout seul. À moins que la foule de hiboux ne l'ait rendu fou. Comment était la situation d'ailleurs ?
– Quand j'y étais, il n'y avait plus de volatils, seulement les délicates traces de leur passage, grogna Drago. Mais j'imagine que c'est parce que je ne suis pas dans l'appartement depuis un moment, ils doivent me chercher à l'heure actuelle. J'espère que d'ici quelques jours le ministère aura agi pour calmer un peu le jeu, parce qu'entre les nuées de rapaces et les sorciers en planque, le quartier fait un peu désordre.
– Oui, effectivement. Je pense que de toute manière, la patience des journalistes finira rapidement par s'épuiser en voyant l'absence de mouvement dans ton appartement. Je peux parler au Ministre de la Magie si tu veux, pour que la situation aille plus vite. proposa le brun.
– Non, je te remercie, mais je ne souhaite pas que ton nom soit associé au mien. Pas après l'article, je préfère laisser ça décanter un peu, le risque de fuite est trop élevé. Et la presse s'enflammerait définitivement après ça. »
Harry acquiesça. Il avait confiance en Roadsings et en sa discrétion, mais il n'insista pas, respectant la décision du blond. Il changea alors de sujet.
« – J'ai pris une préparation pour curry, il suffit de la mettre dans une poêle de légumes et de faire cuire du riz pour accompagner. Ça te va ? demanda-t-il en posant la boîte en question sur la table.
– Parfait, simple, mais sympa. » se réjouit Drago.
Ils finirent de répartir les denrées dans les placards et se mirent aux fourneaux. Harry proposa un verre pour accompagner le travail, mais le blond refusa, préférant être raisonnable pour une fois. Le Gryffondor considéra la question et décida de ne pas en prendre non plus. Son foie le remercierait. Il proposa de choisir entre la cuisine ou le séjour pour déguster le repas
Drago décida de manger dans le salon, si possible avec un feu de cheminée. Cette habitude de faire des feux même par des températures clémentes amusait beaucoup Harry. Il accepta et ils s'installèrent donc dans le salon, directement dans les canapés, moins pratiques que la grande table, mais tellement plus confortables. Le chat les rejoint et se roula en boule à l'extrémité du canapé de son maître.
Ils entamèrent le curry qui se révéla étonnamment bon pour un plat semi-préparé. Le brun aperçut le livre laissé sur la table basse et débuta une conversation sur leur sport favori. Drago lui parla des éléments intéressants qu'il avait retenus de sa courte lecture et ils évoquèrent les célèbres joueurs maîtrisant la feinte de Wronsky et de leurs variantes préférées. Harry mentionna à un moment qu'il avait envisagé de devenir professionnel quelques années plus tôt et la discussion bifurqua sur leurs souhaits d'orientation qui demeuraient flous. Alors qu'ils arrivaient à court de sujets, le brun alla chercher des desserts, de simples yaourts qu'il distribua avant de se rassoir. Ils les mangèrent en silence. Le regard de Drago, perdu loin devant lui, semblait vaguement fixer quelque chose dans la serre. Harry le suivit des yeux et aperçut le ciel désormais noir et la lune qui éclairait les plantes de sa lueur blafarde. Il repensa à une question.
« – Drago ? demanda-t-il.
– Oui. répondit le blond en sortant de sa léthargie.
– Tu t'y connais un peu en astronomie ?
– Évidemment ! » répliqua le Serpentard comme si cela tenait de l'évidence même.
Harry fut agacé par le ton.
« – Comment ça évidemment ?
– Po… Harry, je suis issu d'une famille de Sang-Pur très à cheval sur l'honneur et la lignée. La plupart de mes ancêtres maternels ont été baptisés selon le nom d'étoiles ou de constellations. Alors oui, évidemment, je m'y connais un peu en astronomie. Ça fait partie de l'éducation aristocratique traditionnelle. déclara Drago avec une pointe de sarcasme. Mais pourquoi cette question ? » demanda-t-il.
Même s'il n'avait pas de raison de l'être, Harry se senti bête de ne pas mieux connaître les coutumes sorcières. Il répondit faiblement :
« – Non, comme ça. J'ai passé des heures à contempler les étoiles et j'ai réalisé que je n'avais aucune idée de leurs noms. C'était par simple curiosité. »
Drago se radoucit, il avait tendance à oublier le manque de connaissances d'Harry sur certains sujets. Il eut une idée.
« – Attends, je reviens. »
Il saisit sa baguette, se leva et attrapa un peu de poudre de Cheminette qu'il jeta dans l'âtre avant de disparaître dans des flammes vertes. Harry, un peu surpris, resta immobile. Moon, leva la tête et miaula en constatant l'absence subite de son maître. Le brun rit, quel drôle d'animal. Drago réapparut seulement trois minutes plus tard, sa baguette faiblement allumée dans une main, un livre et une petite boite en bois brun dans l'autre. Il formula un Nox pour éteindre la petite lueur dans sa main droite et posa tous les objets sur la table basse. Il montra la couverture du livre à Harry : Astronomie basique.
« – Si ça t'intéresse, tu peux commencer par là. Mme Sinistra ne serait pas ravie de savoir que tu n'as rien retenu de ses cours. » fit le blond avec un sourire entendu.
Il poussa le volume vers Harry qui le saisit et en fit défiler rapidement les pages.
« – J'ai surtout retenu qu'elle nous donnait des tonnes de devoirs inutiles. » marmonna-t-il.
Drago ouvrit délicatement la boîte en bois verni, l'intérieur était rembourré de velours rouge. Il en sortit un petit sac en tissu de la même couleur et desserra la lanière de cuir noir qui le maintenait fermé. Il fit glisser une sorte de grande loupe dans le creux de sa main. L'objet devait faire une vingtaine de centimètres de diamètre avec une lentille épaisse et bombée en son milieu, encadrée par un large cerclage de bronze. Ce dernier comportait un certain nombre de symboles, de chiffres et de petites molettes. Harry détailla l'objet avec curiosité. Drago leva les yeux vers lui avec un sourire, il avait hâte de révéler sa surprise.
« – Viens. » dit-il simplement en allant dans la serre, emportant avec lui l'objet ainsi que sa baguette.
Le brun le suivit sans rien dire, pressé qu'il fasse cesser le mystère. Ils laissèrent Moon somnoler seul dans le canapé.
D'un sort, le blond avait mis en route la drôle de lentille et elle lévitait désormais devant lui. Il la plaça au-dessus de sa tête et fit quelques réglages sur les molettes, puis prononça un Carteus. Un faisceau de lumière apparu de la lentille, projetant sur le sol une reproduction de la voûte stellaire. Harry resta bouche bée devant ce spectacle. Drago sourit à nouveau, amusé par l'expression enfantine du brun.
« – C'est une loupe d'astronomie. On n'en trouve plus beaucoup, pourtant c'est un outil fantastique, c'est tellement pratique. expliqua le Sang-Pur.
– C'est magnifique. » s'émerveilla Harry.
Drago s'agenouilla près de la carte lumineuse et fit un cercle de sa baguette, provoquant un agrandissement de la zone concernée.
« – Regarde, ici c'est la constellation du Dragon, celle dont je tiens mon nom. dit-il en reliant des étoiles, avec de fines lignes argentées, toujours du bout de sa baguette.
– Ça ressemble plutôt à un serpent. » constata Harry, dubitatif, en s'asseyant en tailleur à côté du blond.
– Tu as raison, ça a varié selon les mythologies. admit Drago. Mais la forme a changé aussi, il y a longtemps, la Petite Ourse en faisait partie et elle constituait l'aile du dragon. »
Il se redressa, frôlant involontairement le Gryffondor qui tressaillit à ce contact, et traça de nouveaux des traits, mais directement entre les vraies étoiles cette fois.
« – Tu vois, elle est visible ici. Elle n'est pas très lumineuse, surtout avec le ciel londonien, on ne voit pas toutes les étoiles. » lui-montra-t-il en posant son regard sur son voisin.
Harry acquiesça, il était, de fait, difficile de la distinguer. Il déglutit, il se sentait tout petit, fixé ainsi par le Serpentard dont il ne distinguait que d'amples formes sombres ou claires, tel un tableau à l'encre de Chine. Ses traits en contrejour étaient tranchés, dans un combat manichéen faisant sombrer Harry dans la contemplation. Le blond redescendit à son niveau, se rapprochant de la lumière émanant de la carte qui l'enveloppa de son halo tranquille. Il déplaça l'agrandissement en le faisant glisser dans le prolongement de la "tête" du dragon pour révéler une zone plus au sud. Harry remarqua que la loupe s'était, elle aussi, légèrement déplacée. Drago traça une sorte de croix avec deux bras légèrement recourbés.
Le brun le regarda faire. Les cheveux pâles du Sang-Pur semblaient blancs sous l'éclairage lunaire et la lueur de la loupe lui donnait une allure énigmatique, adoucissant ses traits habituellement saillants. Harry avait l'impression d'assister à une cérémonie ésotérique menée par une créature étrange, mi-chimère, mi-séraphin, et il ne détestait pas ça. Il appréciait même l'atmosphère intimiste qui s'était créée. Drago reprit la parole :
« – Ici, c'est la constellation du Cygne ou Cygnus, qui a donné son nom à mon grand-père maternel, mais également à mon arrière-arrière-grand-père.
– C'est déjà plus évident, ces courbes font penser à des ailes. détailla le brun. C'est surprenant comme choix de nom, ça ne fait pas très viril.
– Détrompe-toi, dans la mythologie grecque, c'est une des formes qu'emprunte Zeus pour séduire une de ses nombreuses conquêtes. répondit le blond.
– J'ai toujours trouvé ça très douteux comme méthode de séduction. Mais je devrais essayer, remarques, je serai peut-être un moins mauvais copain comme ça. » plaisanta le Gryffondor avec cynisme.
Drago rit doucement et se releva pour faire de nouveaux réglages sur la loupe. Harry réalisa qu'il n'avait plus pensé à Ginny une seule fois depuis le matin. Il avait déjà constaté qu'en la présence de Drago, il avait tendance à oublier le reste. Autant c'était pratique pour bûcher sur la plaidoirie, puisque cela lui permettait de rester plus facilement concentré, autant pour sa vie amoureuse – et ajouté à sa nature détachée – cela s'était avéré désastreux. Mais il fallait reconnaître qu'il se sentait plutôt bien, comme apaisé, lors de leurs séances de travail, et, plus encore, durant leurs veillées. Il appréciait le lien qu'ils étaient en train de construire, cette espèce d'amitié ténue et improbable qui se forgeait sans effort. Il avait l'impression de respirer davantage depuis les débuts de leur collaboration, même s'il ne comprenait pas bien ce qui pouvait créer cet effet.
Drago s'agenouilla à nouveau, l'effleurant encore, et recommença à tracer des lignes sur le nouveau morceau de ciel visible sur le sol de la serre. Harry se demanda s'il avait conscience de ces contacts répétés et troublants. Le blond recommença ses explications, concentré.
« – Tu vois cette espèce de sablier, avec trois étoiles au milieu qui forment la partie resserrée, c'est la constellation d'Orion, le Chasseur. C'était ainsi que se nommait mon grand-oncle. C'est l'une des plus anciennes constellations connues, peut-être même la plus ancienne. Elle est formée de sept étoiles en tout, dont celle-ci, dit-il en montrant celle formant l'angle en haut à droite de la figure, qui s'appelle Bellatrix. Ça veut aussi dire la guerrière en latin, soit une signification tout à fait adaptée pour la "charmante" personne que fut ma tante. »
Il fit ensuite glisser la carte vers le nord-ouest, complètement absorbé par son sujet.
« – Ici c'est la constellation des Gémeaux. dit Drago en traçant un U entre plusieurs points lumineux. Et là, cette étoile qui forme le coude en bas à droite, c'est Pollux. Comme mon arrière-grand-père. L'autre en face, c'est Castor. Ils étaient les frères jumeaux d'Hélène de Troie. »
Harry acquiesça, il était ravi d'avoir osé interroger le blond et était vraiment impressionné par l'étendue de ses connaissances sur le sujet. Jamais il n'aurait jamais qu'il soit aussi calé ni qu'il parviendrait à rendre tout cela aussi fascinant. Le voir se promener avec une facilité déconcertante dans la voûte stellaire, faisant courir ses mains claires sous l'éclairage astral, était tout bonnement captivant. Harry se sentait comme dans une bulle, voyageant parmi les étoiles, entouré par leur silence et leur ancestrale présence. Drago poursuivait toujours.
« – Enfin, selon la vision grecque. Selon la vision romaine, la constellation représentait plutôt Romulus et Remus, les deux frères adoptés par une louve et qui ont fondé Rome. »
Le cœur d'Harry se serra à l'évocation du nom de l'ami de son père, son mentor et protecteur, décédé des années plus tôt, laissant derrière lui un orphelin. La bulle parut fondre autour de lui. Drago ne semblait pas avoir remarqué son malaise et continuait ses manipulations.
Le brun se sentit coupable de ne pas rendre plus souvent visite à Ted Lupin, après tout, il comprenait bien ce que c'était de grandir sans parents. Cela faisait au moins deux ans qu'il ne l'avait pas vu, Merlin que le temps passait vite ! Il se blâma mentalement d'être si peu attentif aux gens autour de lui et de ne pas réussir à avoir de pensée pour eux plus souvent. Était-il devenu incapable de compassion ?
La voix du Serpentard le ramena dans le présent et il en fut reconnaissant. Il était si facile de se laisser emporter dans les regrets. De sa baguette, le blond avait tracé une forme rappelant un personnage qui aurait un bras replié vers sa tête manquante.
« – Là, c'est la constellation du Grand Chien, elle est aussi très ancienne. Elle comprend l'étoile la plus brillante du ciel, après le soleil, juste ici. dit-il en montrant le point lumineux qui pouvait faire office de cou. On peut la retrouver facilement, même en vrai. ajouta-t-il en pointant sa grande sœur dans le ciel au-dessus de lui. C'est Sirius. Elle plaît beaucoup, visiblement, puisqu'il y en a eu trois parmi les Black. Le nom de famille s'est d'ailleurs éteint avec le dernier, celui qui s'est échappé d'Azkaban durant notre scolarité. » conclut-il finalement.
Harry sursauta en entendant le nom de son parrain et son cœur se manifesta à nouveau douloureusement dans sa poitrine. L'analogie entre la forme d'Animagus de l'homme et la constellation lui tira un pauvre sourire. D'une certaine manière, bien que renié par les siens, il était celui qui avait honoré son patronyme avec le plus de noblesse, puisqu'il l'avait mis en service de l'amitié, apprenant à prendre la forme du Grand Chien pour pouvoir soutenir un proche. Harry prit bonne note des informations données par Drago, il voulait pouvoir retrouver facilement cette étoile, maintenant qu'il en connaissait l'existence.
Dieu qu'il aurait aimé apprendre tout ça avec son parrain. Pas que Drago soit de mauvaise compagnie, loin de là, il était même la personne parfaite pour ce genre de soirée, et il était ravi d'apprendre tout ça de sa bouche. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher, régulièrement, de se demander à quoi ressemblerait sa vie si Sirius était toujours à ses côtés, s'il vivait avec lui au Manoir.
Ensemble, seraient-ils parvenus à rouvrir une enquête, à obtenir un nouveau procès, à le faire acquitter ? L'ancien détenu serait-il parvenu à pouvoir vivre au grand jour et à faire éclater son innocence ?
Harry savait pertinemment que penser à tout cela ne servait à rien, si ce n'est lui faire du mal. Mais il ne pouvait pas se retenir d'imaginer une dimension parallèle dans laquelle il ne serait pas jeté tête baissée dans le piège tendu par Voldemort et qui avait coûté la vie de son parrain. Il se concentra pour essayer de faire le vide en lui et de dissiper ses regrets poussiéreux. Il voulait retrouver la quiétude dans laquelle il baignait quelques minutes plus tôt et continuer de profiter de l'agréable soirée qu'il passait avec son nouvel ami.
Drago, de son côté, était ravi de pouvoir partager une autre de ses passions avec Harry. Plus jeune il avait trouvé l'astronomie sans intérêt, mais, avec les années, cette dernière s'était révélée être une activité très agréable pour combler les nuits sans sommeil ou fuir les cauchemars. Il aimait observer les astres, enveloppé dans le manteau de l'obscurité. Plus il en découvrait, puis il aimait les retrouver, comme on retrouve de vieux amis. Il était fasciné de suivre leur course, et il était toujours plaisant de pouvoir les apercevoir à nouveau après une saison où ils avaient été invisibles ou hors de vue. Il soupira d'aise, comblé. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas pris de temps de sortir sa lentille pour une vraie séance d'observation. Il remercia mentalement Potter de l'avoir amené sur le sujet, car il passait un très bon moment.
Drago réalisa alors que ce dernier avait été très silencieux depuis le début de son cours improvisé. Il fut gêné de ne pas y avoir prêté attention plus tôt, tout aveuglé qu'il était par son propre plaisir. Le pauvre Gryffondor n'avait probablement pas su comment l'arrêter dans son monologue interminable. Le brun avait d'ailleurs l'air assez mal, la faible luminosité faisait en sorte qu'il était difficile de lire son expression, mais les petites ridules claires au-dessus de ses sourcils indiquaient clairement qu'il les avait froncés. Drago se mordit la lèvre, et, ne voulant faire durer son supplice plus longtemps, il écourta le sujet astronomie en regrettant son emballement.
Il conclut rapidement :
« – Enfin bref, il y en a plein d'autres, comme les étoiles Regulus, Arcturus ou encore la constellation Andromeda, mais je ne vais pas tout te montrer, ça serait très long. »
Comprenant que le blond avait interprété son silence comme du désintérêt, ce qui n'était pas du tout le cas, les sourcils d'Harry remontèrent d'un coup et il sortir de sa torpeur.
« – Non, ne t'arrête pas, ça m'intéresse ! assura le brun.
– Une prochaine fois. éluda le blond, dont l'enthousiasme s'était désormais fané.
– Montre m'en juste une dernière alors. » persista le Gryffondor.
Malgré le changement d'humeur de Drago, il n'était pas pressé de clore ce petit épisode au clair de lune. Il avait envie de rester encore un peu dans la serre en sa compagnie. Il insista :
« – Je ne sais pas, montre-moi une constellation ou une étoile que tu aimes bien. »
Drago se montra sceptique devant la requête du brun puis réfléchit et refit quelques réglages. La lentille se déplaça à nouveau et l'image se fixa, dévoilant un nouveau pan d'étoiles. Il dessina un moment sur la carte, reliant entre eux une dizaine de points lumineux en une sorte d'éventail dont la pointe se prolongeait par une courbe rappelant un point d'interrogation. Une partie de cette dernière était coupée par le bord de l'horizon.
« – Qu'est-ce que c'est ? demanda Harry.
– C'est Scorpius, murmura le blond. La constellation du Scorpion. reprit-il plus fort. Il faudrait être situé plus au nord pour la voir entièrement. C'est une de mes préférées. »
Les deux hommes la contemplèrent un moment, assis à même le sol.
« – Si un jour j'ai un fils, je le nommerai comme ça. » dit le Sang-Pur à mi-voix.
Harry fut surpris de cette annonce.
« – Vraiment ? Pourquoi ? »
Drago le dévisagea gravement. Harry précisa sa pensée afin de ne pas laisser croire qu'il était en train de dénigrer son choix :
« – Je ne pensais pas que tu tenais à faire perdurer cette vieille tradition aristocratique. signifia-t-il avec douceur, ne souhaitant pas blesser le blond de sa remarque.
– À vrai dire, je n'y tenais pas tellement au départ. J'avais détesté devoir apprendre par cœur tous ces noms, coordonnées et mythes, durant mon enfance et mon adolescence, je n'en voyais pas l'intérêt. Mais maintenant je trouve ça plutôt rassurant, quelque part, de se sentir faire partie d'un tout, d'être une petite chose parmi plein d'autres. Et j'ai envie que ceux qui viennent après moi puissent aussi ressentir ça. expliqua Drago. C'est un peu bizarre comme explication, je sais.
– Non, je comprends. Enfin, j'imagine plutôt. Je n'ai jamais ressenti ça, pas comme tu le décris. »
Le blond leva un sourcil interrogateur. Il ne voyait pas vraiment ce qu'Harry voulait dire. Ce dernier répondit à sa question muette :
« – Je faisais partie d'un tout avant même de naître et ça n'a jamais été une source de réconfort. Tu le sais sûrement, mais il y a eu une prophétie annonçant que je causerais la perte de Voldemort. C'est ce qui a conduit ce dernier à essayer de me tuer le plus tôt possible... et à réessayer tous les ans après mon arrivée à Poudlard. Alors quand mon rôle dans l'histoire s'est arrêté, ça a juste été du soulagement...
– Oui, je vois. fit le Serpentard. »
Il se souvenait effectivement de cette prophétie, son père y avait vaguement fait référence il y a des années. Vu sous cet angle, c'est sûr que la vie d'Harry n'avait rien à voir avec celle, merveilleuse, que les médias lui dessinaient. Il s'en voulut d'avoir contribué activement à la lui rendre plus pénible encore. Il sentit cependant que le moment ne se prêtait pas aux excuses, il laissa le brun continuer :
« – Cette saloperie de prophétie a directement coûté la vie à tous mes plus proches parents : mon père, ma mère, mais aussi mon parrain... Sirius Black, dernier du nom... » il marqua une longue pause. Drago accusa le choc. « En fait, c'est marrant que l'astronomie nous ait amenés à évoquer les Black, au sein même des murs qui les ont vus grandir et s'éteindre. »
« – Sirius Black était ton parrain ?! C'est le Manoir Black ?! Mon dieu, mais je ne l'aurais jamais reconnu... s'exclama le blond en regardant tout autour de lui et dans le salon. C'est donc toi qui en as hérité... Je comprends mieux la fureur de ma mère quand celui-ci est "sorti de la famille". » continua-t-il, incrédule.
Il n'en revenait pas de tout ce qu'il apprenait au contact du brun. Déjà pour Severus, maintenant ça... et il était certain de ne pas être au bout de ses surprises, ce qui ne faisait que titiller davantage son intérêt. Le Gryffondor semblait avoir déjà vécu plusieurs vies en une seule.
« – Tu es déjà venu ici ? demanda Harry, curieux.
– Bien sûr, mais pas depuis des lustres, j'étais très jeune. Et il avait meilleure allure à l'époque... enfin, sans vouloir t'offenser.
– Tu ne m'offenses pas, il a toujours eu cet air décrépi depuis que je le connais. tempéra Harry.
– Donc, tu es le neveu d'un grand criminel qui t'a légué tout ça ? Je ne comprends pas. demanda Drago, qui voulait vraiment en savoir plus.
– C'est très compliqué. Déjà, il n'était pas un criminel, tu as vu toi-même Pettigrew en pleine forme, bien après sa supposée mort, et il était le meilleur ami de mon père, c'était un homme formidable.
– Comment... ? » fit le blond, perplexe.
Il avait du mal à suivre toutes ces informations et à dérouler les très nombreux fils qui se dénouaient.
« – Je l'ai connu à Poudlard, l'année où il s'est échappé d'Azkaban, il faisait partie de l'Ordre. Nous n'avons pas eu beaucoup de temps ensemble, mais c'était ce que j'ai eu de plus proche d'un père, je crois. Il était génial. Il est mort durant la Bataille du Ministère. Je regrette de ne pas l'avoir eu plus longtemps à mes côtés, il aura été ma seule famille.
Drago se rapprocha.
« – Mais... et ta famille d'accueil ? Des moldus, c'est ça ?
– Je ne préfère pas parler d'eux si ça ne t'ennuie pas. Ce sont des gens inintéressants et médiocres. »
Le blond fut surpris du ton dur qu'avait utilisé Harry pour parler de ceux qui l'avaient vraisemblablement élevé.
«– Je suis désolé... Je ne savais pas. » Drago regretta d'avoir évoqué le sujet. Il aurait été néanmoins curieux d'en savoir plus sur Harry et sur son passé. Après tout, lui-même s'était beaucoup révélé au brun. Des milliers de questions fourmillaient dans sa tête. Ne voulant pas renoncer, il choisit de revenir sur quelque chose de plus positif.
« – Tu n'y penses jamais toi, à cette continuité, à avoir des enfants ? » s'enquit-il en balayant la constellation du Scorpion d'un geste de la main.
Le brun sembla réfléchir.
« – Ginny a mentionné le sujet parfois. Mais ça me paraît prématuré et je ne sais pas trop où j'en suis sur cette question.
– Pourtant vous êtes ensemble depuis très longtemps, non ?
– Non pas vraiment. On s'est quitté l'année où j'ai arrêté Poudlard et nous ne sommes revenus en couple qu'il y a deux ans environ.
– Ah d'accord. Je ne savais pas qu'il y avait eu une telle coupure. Pourquoi tout ce temps ? » questionna le blond, usant d'un ton bienveillant afin de ne pas avoir l'air de faire passer un interrogatoire à son voisin.
Le Gryffondor baissa la tête, faisant disparaître ses traits dans l'ombre.
«– J'ai mis un long moment à me remettre de la Guerre, si tant est qu'on puisse s'en remette vraiment un jour. Et puis, je ne sais pas, cette relation qui m'apparaissait comme évidente à un moment ne l'était plus. Il a fallu bosser dur pour m'y réhabituer.
– C'est une drôle de manière de formuler ça. » releva le Serpentard, à nouveau quelque peu déconcerté par le positionnement d'Harry vis-à-vis de son couple.
Ce dernier releva la tête.
« – Comment ça ? demanda-t-il.
– Et bien... Comment tourner ça... Tu as une étrange façon de présenter ta relation avec Ginny. dit Drago, peu explicite par manque d'assurance.
– Explique-toi. Je ne comprends pas. » Le brun devenait suspicieux.
Le Serpentard soupira et passa une main dans ses cheveux, ses yeux semblant chercher de l'aide sur le sol de la serre. Il ne savait pas s'il faisait bien de se lancer sur ce sujet délicat. Il se jeta finalement à l'eau, il était de toute manière trop intrigué pour que ça ne sorte pas tôt ou tard. Il avait désormais besoin d'en savoir plus
« – Cela sonne comme une injonction quand tu en parles. Comme quelque chose que tu n'as pas souhaité. Et du peu que j'ai eu l'occasion de voir, tu te comportes aussi comme si c'était le cas. Au risque d'être horriblement direct, Harry, tu es sûr que... tu l'aimes ? » demanda-t-il d'une voix timide, en contraste avec l'éclat de détermination présent dans ses yeux.
Le brun parut choqué de la question.
« – Oui, évidemment ! se défendit Harry vivement. Je veux dire, depuis que nous sommes ensemble, je vais mieux, j'arrive à faire des choses, même si ça n'est pas encore beaucoup. Et je suis bien avec elle, quand elle n'est pas là, la maison est vide. Sans sa présence, je me sens inutile et perdu, je suis une loque. Sans elle, je n'avance pas. C'est grâce à elle que je remonte la pente. Alors, évidemment la vie à deux ce n'est pas évident et ce n'est pas toujours confortable. Je ne comprends pas toujours ce qu'elle attend de moi et il faut donc faire des efforts pour maintenir un équilibre... Beaucoup d'efforts. Tout n'est clairement pas rose, surtout en ce moment, mais au moins tout n'est plus noir. » finit-il plus calmement.
Drago lui jeta un regard triste.
« – Harry… Ne le prends pas mal, mais … ce n'est pas vraiment de l'amour que tu décris là, juste un combat contre la dépression. s'aventura-t-il, précautionneusement.
– Oh parce que tu es un foutu spécialiste maintenant ! Merci Docteur Malefoy pour votre éclairage ! » s'emporta le Gryffondor, qui ne comprenait pas comment la conversation avait pu dériver à ce point.
Drago soupira, il comprenait sa colère qui était légitime. Il tempéra donc d'une voix douce.
« – Ça me rappelle juste un état que je connais bien, c'est tout. Personnellement, c'est pour ça que j'ai renoncé aux relations. J'avais tendance à me reposer sur elles, voire même à leur faire payer mon insatisfaction personnelle. Ça ne pouvait pas marcher. Alors, j'ai préféré mettre ça de côté le temps de me concentrer sur le déblocage de la situation familiale. Ça ne veut pas dire que c'est ce que tu dois faire, loin de là. Mais il me semblait important de pointer cela, maintenant qu'on est… amis ? Qui que l'on soit et quoi que l'on ait vécu, il est important de faire le point sur soi-même avant de s'engager avec l'autre.»
Harry se calma un peu devant la confidence du blond. Il était toujours mal à l'aise de parler de son couple, tout particulièrement avec Malefoy. Ce n'est pas parce qu'ils étaient plus proches maintenant que le blond devait se sentir le droit de venir le titiller sur des sujets qui ne le regardaient pas. Qu'était donc cette manie de tous ses « amis » de venir mettre leur nez dans sa façon de gérer sa vie ?
Drago, sentant que leur connexion particulière s'était évaporée et que la soirée touchait à sa fin, se leva silencieusement pour éteindre et récupérer la loupe d'astronomie, les abandonnant tous deux à la seule lueur blafarde de la lune. Il jeta un dernier regard plein de bienveillance au brun, muet et figé, puis alla se coucher sans un mot, le livrant à la solitude et à la réflexion.
Cela ne dura cependant pas longtemps, car Harry choisit d'aller se coucher rapidement, avant que son esprit ne s'empare des mots de Drago et ne commence à les décortiquer. A son tour, il quitta la serre avec empressement.
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Merci de m'avoir suivie jusqu'ici. Je peux vous le dire maintenant, ce chapitre est probablement mon préféré, j'ai adoré écrire cette séquence sous les étoiles. J'espère que ça vous a plu autant qu'à moi. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.
Toutes les informations astronomiques sont exactes, JKR s'est bien amusée pour choisir les noms de ses personnages. Vous aurez quelques infos complémentaires dans un prochain chapitre ;) |