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Par Lykeios
Harry Potter  -  Romance/Amitié  -  fr
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Harry arriva en trombe dans la cheminée de la demeure de ses amis. Il était l'un des rares à pouvoir débarquer sans prévenir, la cheminée possédant un système de filtre à intrus et inconnus, comme beaucoup de maisons sorcières. Et comme on ne change pas une habitude, surtout lorsqu'on est pressé, Harry atterrit les quatre fers en l'air. La Cheminette n'avait jamais été son truc. Il s'attira les regards surpris, mais surtout amusés, de ses deux meilleurs amis.

« – Tiens, Harry ? Comment vas-tu ? lui demanda Hermione, abandonnant la lecture – sûrement passionnante – d'un livre énorme.

– Hum, j'ai connu de meilleurs atterrissages, mais sinon ça peut aller. répondit Harry.

– Content de te revoir vieux, ça faisait un moment, on commençait à se demander si t'étais encore vivant. plaisanta son ami roux avec un sourire.

– Charmant. Heureux de voir que ma santé vous préoccupe. surenchérit Harry, faisant s'agrandir le sourire de son ami.

– Qu'est-ce qui peut bien t'amener pour que tu sois pressé au point d'en atterrir sur le tapis ? » le questionna Hermione qui se doutait que quelque chose devait perturber son ami qu'elle connaissait décidément trop bien.

« – Une rencontre courtoise… avec Drago Malefoy, lâcha-t-il l'air de rien…

– Malefoy !» Firent deux voix à l'unisson.

Harry raconta donc au couple ce qui venait de lui arriver, sans omettre de détail. Ils furent tout aussi étonnés que lui et les réactions ne se firent pas attendre. Évidemment, Ron, en grand impulsif et fidèle défenseur des Gryffondors, ne put que hurler au scandale et à la lâcheté de la maison vert et argent, le tout agrémenté d'exclamations outrées. Hermione tenta d'analyser la situation de manière un peu plus calme et réfléchie. Elle en vint à la conclusion que Malefoy devait vraiment avoir besoin d'aide pour venir voir Harry. Ron grogna pour la forme et Harry ne dit rien. Il avait déjà pensé à tout ça.

Évidemment, la jeune femme n'excluait pas l'opportunisme du blond, mais elle avança des faits non négligeables, notamment que croiser Malefoy dans le Londres moldu était déjà une preuve qu'il n'était plus exactement le même que lors de leur scolarité commune. Elle ajouta à cela que, probablement, comme tous les Mangemorts en instance de procès, la famille Malefoy avait dû suivre des thérapies, ce qui, à moins d'être tombé sur des incapables complets, avaient dû avoir des effets, ou du moins, certains effets. Cela fit réfléchir Harry, Ron décida plutôt d'aller chercher des boissons pour tout le monde. Il devait bien admettre que sa fiancée avait encore sûrement raison, mais il avait du mal à oublier ses vieilles rancœurs envers la famille qui avait tenté, de trop nombreuses fois, de nuire à la sienne, que ce soit par les mots ou les actes.

Hermione profita de l'absence de son conjoint pour mettre Harry en garde.

« – Fais attention à toi, je sais que toute cette histoire te trouble et je sais aussi que ta curiosité vaincra.

– Mais… commença le brun.

– Harry, je te connais trop bien, je sais que tu vas chercher à comprendre et je ne t'en empêcherai pas, de toute façon, c'est impossible, dit-elle avec un sourire. Simplement, j'aimerais que tu n'en fasses pas trop ne t'implique pas démesurément, tu risques de t'y perdre et tu le sais. T'investir là-dedans risque très fortement de faire ressurgir le passé, es-tu sûr d'être prêt pour ça ?

– C'est toi qui t'en fais trop Hermione. » répliqua Harry en chassant ses inquiétudes d'un geste vague de la main.

Cette dernière n'eut pas le temps de répliquer car ce fût le moment que choisit Ron pour revenir avec un plateau de rafraîchissements. Cependant, Harry savait qu'elle avait raison, même si ça l'ennuyait de l'admettre. Il commençait seulement à remonter la pente et il n'était pas vraiment prêt à replonger dans les mauvais souvenirs que la situation avec Malefoy ne manquerait pas de venir soulever. D'un autre côté, tout cela l'intriguait vraiment de plus en plus.

Une fois les verres répartis, la conversation reprit de plus belle, axée sur la situation actuelle de l'ex-famille de Mangemorts. Ron, fidèle à lui-même, râlait et pestait sur le « clan des peroxydés » tandis qu'Hermione tempérait et essayait de comprendre, de remettre en perspective leur situation. Harry de son côté, écoutait d'une oreille aussi attentive que possible et tentait de démêler ses pensées sur la question.

Ce ne fut que beaucoup plus tard, lorsqu'une tête rousse bien connue apparut dans la cheminée, à la recherche de son petit ami, qu'Harry réalisa qu'il avait beaucoup traîné. Il salua ses amis et regagna son appartement. Il prétexta une visite de courtoisie qui s'était éternisée, il n'avait pas envie de reparler de tout ça immédiatement et pas spécialement avec Ginny. Cela pouvait paraître égoïste, mais il savait qu'elle ne pourrait pas lui apporter plus de réponses et il avait besoin d'y réfléchir un peu seul. Ce qu'il ne put d'ailleurs faire qu'une fois couché, tard dans la nuit. Il se tourna et retourna dans son lit, sans parvenir à trouver le confort voulu. Toute cette histoire commençait vraiment à le travailler. Et dire que quelques heures seulement s'étaient écoulées depuis sa rencontre avec Malefoy, il avait l'impression que, depuis ce moment-là, le blond avait aspiré tout l'air environnant, le saturant de sa présence.

Il lui manquait des éléments, il lança son oreiller pour trouver un semblant de fraîcheur dans la nuit tiède, il n'arrivait pas à voir toute l'équation.

Simple opportunisme ? Il n'arrivait pas à s'y résigner.

Pur altruisme pour sa mère ? Impossible.

Son agitation incessante fit gémir Ginny qui dormait à ses côtés et il préféra aller boire un verre d'eau à la cuisine plutôt que de risquer de la réveiller. Le carrelage froid sous ses pieds nus lui apporta un peu de la fraîcheur qu'il cherchait deux minutes plus tôt, mais ne le calma pas pour autant et le verre d'eau non plus. Finalement, s'adossant au réfrigérateur de la cuisine, qui faisait face à une fenêtre, il décida qu'il pouvait toujours essayer de collecter les informations qui lui manquaient sur les Malefoy et qu'il aviserait ensuite, après tout, ça ne l'engageait à rien… n'est-ce pas ?

Fort de cette décision, il se décida à rédiger une missive sur le champ et chargea Mori, une petite chouette argentée qu'il avait offerte à Ginny pour un anniversaire, de la transmettre au fils Malefoy. Il ne put empêcher un léger pincement au cœur lorsqu'il regarda l'oiseau disparaître dans la nuit, les rayons de lune le faisant paraître d'un blanc nivéen. Il referma son cœur avant de se mettre à broyer du noir et retourna se coucher.

Il parvint enfin à trouver le sommeil.

oOo

Drago ne dormait plus quand la chouette vint gratter à son carreau, il se demanda encore une fois comment ces animaux pouvaient toujours, ou presque, trouver les destinataires en dépit des protections magiques, et ce, même du côté moldu. Heureusement qu'il était tard, sinon l'oiseau aurait fait désordre.

Il ouvrit la fenêtre, récupéra le message et donna quelques graines à la chouette. Celle-ci attendit patiemment une directive de la part du jeune homme. Drago lut le message :

Bonsoir Malefoy,

Désolé de t'écrire à une heure pareille, mais ne m'avais-tu pas demandé de te tenir au courant dès que j'aurais pris une décision ?

Le blond soupira, ne sachant s'il devait rire de la moquerie ou être atterré d'avoir été pris à ce point au pied de la lettre.

Je dois admettre que ta demande m'a quelque peu étonné, comme tu dois certainement t'en douter. Ne pouvant formuler une quelconque décision pour le moment, je préfère me donner du temps pour approfondir et mieux comprendre la situation et pour l'étudier, bien entendu, avec ton accord, afin de voir si je peux t'aider. Je ne peux rien te promettre, car comme tu le sais, ce sera à la justice de décider quel sort sera réservé à toi et à ta famille.

Cette fois-ci, Drago sourit franchement, il reconnaissait bien là le Gryffondor, impartial, mais d'une incurable curiosité. Il n'allait cependant pas le laisser gérer la situation comme il l'entendait sous prétexte qu'il était celui qui demandait de l'aide, ce ne serait ni très malefoyen, ni très Serpentard de sa part. La fin de la lettre n'était qu'une formule de politesse sans importance avec la signature d'Harry. Il prit alors sa plume à son tour et répondit :

Bonsoir Potter,

Comme c'est drôle d'utiliser à nouveau ce nom, cela faisait longtemps.

Ne crois pas que je tolérerai que tu mettes ton nez dans mes affaires sans une garantie d'aide de ta part un peu plus solide qu'un « Je ne peux rien te promettre ». Si tu pensais purement et simplement satisfaire ta curiosité sur notre dos, tu te trompes lourdement, sinon j'aurais tout aussi bien pu faire ma demande à Skeeter.

Je te prie donc de reconsidérer un peu ta proposition.

D.M

Il chargea la chouette de sa nouvelle missive et la renvoya dans la nuit en espérant qu'il réveillerait Potter. Ce jeu du chat et de la souris lui avait quelque peu manqué, ce genre de petites luttes de pouvoir l'amusaient.

Il n'eut cependant pas la satisfaction d'entendre les grognements d'insultes du brun lorsque la chouette le sortit du sommeil qu'il avait mis tant de temps à trouver. Ni même ceux qu'il poussa lorsqu'il lut la lettre et pesta contre le foutu orgueil de Malefoy et le fait qu'il le connaissait trop pour son propre bien. C'était à croire que tout le monde connaissait Harry mieux que lui même. Malefoy l'avait bien cerné et avait joué fin en sachant qu'il ne pourrait résister à sa curiosité qui ne faisait que grimper, depuis que le blond se faisait désirer.

Se sentant fatigué, Harry prit sa tête entre ses mains pour réfléchir rapidement. Dans ses pensées, encore embrumées par le sommeil, se bousculaient tout un tas de questions et d'insultes à l'encontre du Sang-Pur, de son arrogance et de sa famille, si bien qu'il avait du mal à tout démêler.

D'un côté il avait VRAIMENT envie d'en savoir plus sur Malefoy, il avait encore en tête sa dernière année à Poudlard où il avait pressenti que le blond manigançait des plans obscurs et où cela les avait menés de ne pas creuser suffisamment pour le démasquer. Il ferma douloureusement les yeux au souvenir de la chute de son mentor et protecteur. D'un autre côté, cela voulait dire se rapprocher du Serpentard et devoir passer du temps avec lui, ce qui n'était pas une perspective très réjouissante. Mais, en même temps, les petits gestes d'aide de Drago et de Narcissa lui avaient permis de vaincre Voldemort, et, même si c'étaient de tous petits gestes, ils avaient eu leur importance. Il avait toujours mis un point d'honneur à ce que tous ceux qui avaient aidé durant la Guerre soient reconnus, afin qu'on ne se souvienne pas que de l'horreur, mais, également, des petites étincelles qui, mises ensemble, avaient entretenu l'espoir.

Il sentait son cerveau faire des nœuds, il n'était pas vraiment l'heure pour faire des choix cornéliens. Sentant qu'il ne pourrait pas gagner ce jeu-là, et, ayant vraiment envie de se recoucher, il abdiqua finalement et attrapa sa plume.

Harry écrit rageusement une dernière lettre, dans laquelle il acceptait d'aider la famille « dans la limite de ses capacités » et lui donnait rendez-vous quelques jours plus tard pour discuter de tout ça. Il renvoya Mori et alla se coucher pour la dernière fois. Il eut cependant le temps de maudire mentalement le blond et sa descendance une bonne centaine de fois avant de retrouver le sommeil.

Il était certain qu'à une certaine époque, Drago aurait beaucoup apprécié de pouvoir énerver son ennemi à ce point avec un simple petit message. À cette pensée, Harry leva les yeux au ciel, il ne l'avait recroisé que quelques minutes et ils étaient déjà redevenus deux adolescents… Mon dieu, mais dans quoi s'était-il embarqué ?!

Malefoy aurait aussi probablement apprécié la tête de déterré que le brun afficha au réveil. Harry s'éveilla seul, comme la plupart des matins en dehors des week-ends, Ginny partant tôt pour aller en cours. Il se traîna jusqu'à la cuisine pour commencer son lavement à la caféine quotidien, afin de récupérer les quelques facultés mentales que le manque de sommeil tentait sournoisement de lui soustraire.

Il se redemanda brièvement s'il avait bien fait d'accepter la demande de Malefoy, mais il se raisonna bien vite, il n'aurait, de toute façon, jamais pu résister à la tentation de voir ce qu'était devenu son ancien ennemi juré et ce qui l'avait poussé à venir le voir. Il en revenait encore à penser à ça, c'était plus fort que lui. Cela faisait maintenant plusieurs années qu'il n'avait pas côtoyé le blond, mais, paradoxalement, il était presque content de sa réapparition dans sa vie, pas qu'il l'apprécie, mais depuis la fin de la guerre, il essayait de ne plus penser aux autres, de ne plus s'investir. Ce qu'il faisait pour le ministre était quasiment la seule exception, mais on n'échappe pas comme ça à son statut. Et même s'il trouvait que le Serpentard envahissait déjà bien trop ses pensées à son goût, la perspective qu'il lui offrait était excitante et nouvelle. Et son quotidien manquait cruellement de ces deux aspects.

Après un habillage des plus soigné – traduire : un ramassage de presque tout ce qui avait été jeté au sol la veille –, il décida d'aller rendre visite à Neville, qui, contre toute attente, travaillait comme Auror. Il pourrait probablement lui donner des informations intéressantes sur les Malefoy. Harry débarqua donc tranquillement dans le bureau des Aurors, aux alentours de midi, attrapant Neville juste avant que celui-ci ne parte manger avec ses collègues, parmi lesquels on pouvait compter Blaise Zabini, mais aussi Théodore Nott et Seamus Finnigan.

« – Harry, qu'est-ce qui t'amène ici ? s'exclama Neville en le voyant.

– J'ai une demande un peu particulière à te faire, à vrai dire…

– Si ce n'est rien que mes collègues ne puissent entendre, je te proposerai bien de te joindre à nous et d'en discuter autour d'un repas. »

Le brun acquiesça et ils se mirent en route. Il avait gardé de bons contacts – même si ponctuels – avec Neville, peut-être parce qu'il avait lui aussi connu une situation familiale difficile, cela avait créé des liens. Neville était devenu beaucoup plus confiant, réduisant ainsi sa maladresse chronique. Il avait poursuivi des études pour devenir Auror en se spécialisant dans ce qu'il avait toujours aimé : la botanique. Cela s'était révélé une spécialisation très utile lors de certaines missions de reconnaissance ou en association avec le savoir-faire en potion de son coéquipier Zabini. Si leur affectation de départ ne les avait pas particulièrement enjoués, le travail en partenariat les avait rapprochés. Aussi professionnel et volontaire l'un que l'autre, leur duo était rapidement devenu très efficace et ils en étaient venus à s'apprécier. La situation avait été sensiblement la même pour le binôme Finnigan/Nott avec lequel ils travaillaient régulièrement et dont le bureau était situé en face du leur. Ils étaient tous arrivés à ce métier pour des raisons très différentes, mais l'alchimie fonctionnait à merveille et leurs supérieurs, qui craignaient au départ des rivalités, avaient été agréablement surpris.

Neville était resté une personne sensible à l'allure un peu fragile et Harry l'appréciait particulièrement. Répondant à sa question muette, Harry lui expliqua la raison de sa venue. Il ne tenait pas spécialement à parler de tout ça devant les autres Aurors, mais il n'avait pas non plus de raison particulière pour la leur cacher et il avait confiance en leur discrétion.

L'annonce de la demande fit à nouveau l'effet d'une bombe, tous furent sceptiques et Blaise fut en plus vexé de l'apprendre par une tierce personne, lui qui faisait encore partie des quelques personnes proches de Drago. Il ne comprenait pas pourquoi son ami avait omis de lui parler de toute cette histoire. Certes, il savait qu'il se trouvait dans une situation difficile, mais de là à aller demander de l'aide à Potter alors qu'ils s'étaient toujours détestés n'était pas très glorieux. Il se sentait d'autant plus trahi que, ces derniers temps, Drago semblait s'éloigner de lui. Il prit la décision d'aller lui en parler le soir même, histoire de mettre les choses au clair. Il écouta le reste d'une oreille distraite. Après la guerre, il avait pu apprendre à connaître un peu plus « Le Sauveur » par l'intermédiaire de son coéquipier. Il était resté au stade de simple connaissance avec lui, mais l'appréciait plus qu'il ne le montrait.

Zabini conseilla à Harry de se montrer prudent vis-à-vis de la famille Malefoy et, surtout, honnête. Il ne voulait pas que le jeune homme, dont l'impulsivité était légendaire, ne risque de blesser son ami avec ses manières brutes de décoffrage. Ils avaient tous les deux un fort caractère et il voyait d'ici les disputes qui ne manqueraient pas d'arriver. Il donna l'aval à Neville pour révéler à Harry des éléments du dossier de la famille.

Le repas se termina tranquillement dans une ambiance aussi détendue que possible – vu les circonstances – et Harry repartit, laissant les quatre jeunes hommes retourner sur leur lieu de travail. Blaise et Neville laissèrent Théodore et Seamus les distancer pour parler à part.

« – Blaise ? Tu n'étais pas au courant de toute cette histoire ? demanda Neville à voix basse.

– Non, c'est un peu vexant je dois dire, je pensais qu'il m'en parlerait avant de faire quoi que ce soit, surtout quelque chose d'aussi dément.

– Je suis aussi très surpris, c'est une situation étrange. Je vois mal Mal… Drago demander de l'aide à Harry.

– J'imagine ce que ça doit lui coûter de le faire. répondit pensivement Zabini.

– Malgré tout, je ne suis pas persuadé que ce soit une mauvaise chose. S'ils arrivent à se comporter en adultes responsables, cela peut se révéler très positif et pour tous les deux. Il est possible que ça les aide, Harry est assez renfermé sur lui depuis la guerre, faire un peu de « caritatif » ne peut que l'aider.

– Du caritatif ? C'est comme ça que tu vois la chose ? Ne le répète jamais devant Drago sous peine de mort imminente ! Mais je vois ce que tu veux dire. Il est possible que ça l'aide aussi, lui qui n'aime ne compter que sur lui-même. Tu pourras aussi donner à Harry une copie du dossier Malefoy qui avait été remis au procureur de la poursuite, le ton n'est pas très objectif, mais s'il travaille dessus avec Drago, je pense qu'il saura faire la part des choses. Je l'espère du moins, j'essayerai de garder un œil sur cette histoire. Je ne tiens pas à les ramasser en charpie.

– Je crois que je ferai de même de mon côté. On n'aurait pas dû faire Aurors, mais bien chaperons. se moqua Neville.

– Je ne suis même pas sûr que ça soit plus reposant vu les deux énergumènes. Je passerai voir Drago ce soir. »

Neville acquiesça avant de s'engouffrer dans le bureau suivi par son collègue. Ils allaient avoir du pain sur la planche.

oOo

Harry retourna chez lui après le repas, il était toujours seul. Ginny avait des horaires assez conséquents, ajoutés aux entraînements de Quidditch qu'elle suivait avec l'équipe de la fac : Les Amazones de Thanaton. Son rendez-vous avec Malefoy n'avait lieu que dans deux jours et il avait envie de se le sortir de la tête avant d'être amené à le voir trop fréquemment. Il se fit un récapitulatif mental de ce qu'il avait à faire jusque-là : un rendez-vous avec sa psychomage, Mme Dameena, pour le lendemain et … c'était à peu près tout. Il réalisa soudain que ses amis avaient raison, il ne faisait pas grand-chose de ses journées.

oOo

Ce même soir, Drago reçut la visite d'un Blaise légèrement vexé.

« – Bonsoir sale ingrat. dit-il en entrant dès que le blond eut ouvert la porte.

– … Bonsoir Blaise, fais comme chez toi, entre, répondit ironiquement le blond dans le dos de son ami, déjà pratiquement dans le salon. Que me vaut ta visite orageuse? ajouta-t-il en refermant la porte et le rejoignant.

– Une nouvelle quelque peu … déconcertante. Cela fait quelque temps que je n'ai pas de nouvelles de toi et j'apprends par ton cher ami Potter que tu es venu lui demander de l'aide. C'est vexant de voir que tu ne voyais pas l'intérêt de parler de tout ça avec moi. »

Le brun avait jeté négligemment sa cape sur un des bras du canapé et s'était laissé tomber sur son assise moelleuse.

« – Ah… Drago se tordit les mains nerveusement avant de se reprendre. Je suis désolé Blaise, j'aurais dû me douter qu'aucun de ces foutus gryffondors n'était capable de tenir sa langue. Les nouvelles vont vite. dit-il en s'asseyant dans un fauteuil, non loin de son ami.

– Tu trouves ça suffisant comme excuse? C'est quoi toute cette histoire de témoignage?

– Je comptais réellement te le dire, mais je suis tombé sur Potter par hasard en revenant de chez Stan et après, j'ai complètement oublié de t'en parler. Je suis désolé. Je ne sais pas si j'ai bien fait, mais de toute façon, je n'ai pas trop le choix, je dois mettre toutes les chances de notre côté. Tu le sais ça. dit le blond gravement.

– Ouais, c'est juste que l'apprendre par une tierce personne reste désagréable.

– Encore désolé, mais d'ailleurs pourquoi Potter t'a parlé de ça ? demanda Drago.

– Hum… Disons que tout cela avait l'air de le travailler beaucoup, il est venu demander l'accès à ton dossier à Neville, mais il est resté discret, rassure-toi. Je crois qu'il prend cette histoire assez à cœur.

– Il a plutôt intérêt, je ne peux pas me permettre d'être condamné. marmonna le blond.

– Ne t'inquiète pas, simplement tu sais comment il est, non ? Impulsif et parfois borné, ne joue pas au con avec lui. dit le brun sérieusement.

– Justement, à ce propos, le dossier que tu remettras à Potter, il est possible de l'alléger ? Il y a des éléments, disons sensibles, qui n'ont pas de pertinence à être remis sur le tapis. demanda Drago, faussement nonchalant. Il n'a pas besoin de mettre son nez dans mes affaires plus que de raison, il est simplement censé témoigner.

– Ce sont des informations personnelles, on lui fait une fleur en les lui transmettant parce que c'est le Survivant, tu es donc tout à fait en droit de poser un veto sur ce que tu veux… Tu n'auras qu'à m'envoyer le détail de ce que tu souhaites garder confidentiel.

– Merci Blaise. » Il lui jeta un regard soulagé.

« – C'est ton père qui va être content de tout ça ». déclara Blaise en fixant son ancien camarade.

– Ne m'en parle pas. fit Drago avec un geste de la main. Mais, au fait, je ne t'ai même pas proposé à boire. Comme d'habitude ?

– Moui. » répondit Blaise plus pour la forme sachant que son ami était déjà debout en train de les servir.

Zabini se dit que, décidément, ils avaient fini par bien se connaître l'un l'autre et ce, surtout depuis la fin de la guerre, depuis que Drago et lui étaient un peu moins empêtrés dans des situations plus grandes qu'eux. Au final, il s'en était mieux sorti, puisqu'il n'avait pas été la recrue préférée de Voldemort, cela lui avait permis d'être tenu un peu plus à distance de tout ça et donc, d'être disculpé sans problème. Il n'aurait jamais pu devenir Auror avec une condamnation sur le dos.

Il avait néanmoins la nostalgie des années à Poudlard où toute leur vie était encore pleine de possibilités qui leur semblaient infinies. Même pour des sangs-purs, ils avaient eu leurs moments de rêves d'impossible, loin des destinées que leurs parents leurs avaient tracées. Cette pensée lui arracha un demi-sourire puisqu'au final, il avait bien réussi à faire ce qu'il voulait. Il n'avait pas voulu reprendre l'empire financier paternel. Il avait souhaité se rendre utile pour la communauté sorcière, comme pour réparer son manque d'investissement pendant la guerre.

Drago n'avait pas eu cette chance, ses parents n'avaient pas encore été jugés, son père gérait encore la situation, ne lui laissant pas beaucoup de liberté d'action. Cela s'était calmé depuis que le jeune homme suivait sa thérapie et avait pris un appartement, mais c'était loin d'être idéal. Blaise devait reconnaître que son ami allait mieux depuis ce changement, cependant, malgré toute leur amitié, il y avait encore des choses qu'il n'arrivait pas à cerner chez le blond, une certaine mélancolie qu'il avait depuis la guerre.

« – Blaise, tu es complètement parti…

– Pardon, tu disais? » demanda le brun en sortant de ses pensées.

Son ami soupira et répéta ce qui avait échappé au rêveur.

« – Je dois rencontrer Potter bientôt et je sais que c'est stupide mais ça me stresse un peu…

– Ça n'a rien de stupide, c'est même normal, il y a beaucoup de choses en jeu pour toi, pour ta mère aussi.

– Je crois que tout ça commence sérieusement à me peser. soupira le blond.

– Ca fait trop longtemps que ça dure, mais, quoi qu'il arrive, si tu as besoin de moi ou, si ça se passe mal, tu sais où me trouver. Appelle-moi de préférence avant de massacrer Potter, je suis Auror, pas nettoyeur. répondit Zabini avec un clin d'œil. Je vais devoir te laisser, ma très chère compagne va me tuer sinon.

– Ok. Passe le bonjour à Millicent de ma part.

– Je n'y manquerai pas, bye. » fit-il avant de se diriger seul vers la sortie.

Drago sombra dans des réflexions inquiètes sur le futur, il avait lui aussi la nostalgie de Poudlard, de l'époque ou Potter était juste le mec qui lui servait de passe nerf. Les choses s'étaient tellement compliquées par la suite. Il avait envie de se réfugier sous un énorme édredon et d'hiberner, pas très mature, mais tellement tentant. Il finit par aller se coucher, n'ayant pas la moindre envie ni la moindre once de courage pour sortir, même s'il ne travaillait pas le lendemain. Il ne travaillait pas tout court d'ailleurs. Il avait pensé à reprendre ses études, mais attendait que les choses se tassent un peu pour ça.

 
 
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