manyfics
     
 
Introduction Les news
Les règles Flux RSS
La Faq Concours
Résultats ManyChat
Plume & Crayon BetaLecture
Nous aider Les crédits
 
     

     
 
Par date
 
Par auteurs
 
Par catégories
Animés/Manga Comics
Crossover Dessins-Animés
Films Jeux
Livres Musiques
Originales Pèle-Mèle
Série ~ Concours ~
~Défis~ ~Manyfics~
 
Par genres
Action/Aventure Amitié
Angoisse Bisounours
Conte Drame
Erotique Fantaisie
Fantastique Général
Horreur Humour
Mystère Parodie
Poésie Romance
S-F Surnaturel
Suspense Tragédie
 
Au hasard
 
     

     
 
au 31 Mai 21 :
23295 comptes dont 1309 auteurs
pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
Conciliations
Par Lykeios
Harry Potter  -  Romance/Amitié  -  fr
21 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 6     Les chapitres     6 Reviews    
Partager sur : Facebook | Twitter | Reddit | Tumblr | Blogger
La cohabitation

 

Le jour de la deuxième rencontre avec Malefoy arriva bien trop vite au goût d'Harry. Il avait retourné la situation dans tous les sens, il ne voyait pas vraiment comment il aurait été possible de se désengager vis-à-vis de l'ancien serpentard sans être un odieux connard et sans avoir mauvaise conscience. Il se résigna donc à sa décision initiale, soit d'aider l'aristocrate et sa famille, comme il s'y était engagé.

Par-dessus cela, il n'avait pas réussi à accomplir quoi que ce soit de sa semaine libre. Pas qu'il soit d'une grande activité le reste du temps, mais là son esprit revenait sans cesse à cette histoire de procès et à Malefoy, maudit soit-il. Au final, il s'était ennuyé ferme. Si bien qu'il en vint presque à être pressé que le jour du rendez-vous arrive, qu'il en soit enfin débarrassé et qu'il puisse retourner à sa routine habituelle entre lectures, réflexions sur toutes les filières de formation qu'il n'avait ni l'envie ni le courage d'intégrer et déambulations dans le manoir ou parfois dans Londres.

Le matin du jour fatidique, il se leva en trainant les pieds. Cela faisait déjà près de trois quarts d'heure qu'il tournait dans son lit sans parvenir à se rendormir, mais il refusait catégoriquement de se lever plus tôt que d'habitude, ne voulant pas donner plus d'importance à Malefoy qu'il n'en méritait. C'était puéril, c'est vrai, mais il allait passer l'après-midi avec lui alors toutes les petites victoires étaient bonnes à prendre.

Il se porta jusqu'à la salle de bain, et prit une longue douche pour achever de réveiller son corps cotonneux et pour tenter d'éclaircir son esprit embrumé. Il attrapa des vêtements propres et prit le chemin de la cuisine pour se constituer un petit déjeuner / repas de midi vaguement digne de ce nom. Il eut beau traîner, il avait encore un peu de temps devant lui avant le rendez-vous. Il se souvint de la pochette contenant le dossier de Malefoy qu'il avait laissé sous le lit après l'avoir parcouru. Il alla la chercher pour se remettre quelques éléments en tête, cela ferait meilleure impression durant le rendez-vous et rassurerait le blond sur son sérieux –peut-être même que ça occulterait le fait qu'il ait été très proche de tout laisser tomber. Une fois terminé sa relecture rapide terminée, un rapide Tempus lui indiqua qu'il avait encore du temps devant lui. Il décida d'aller voir dans les livres de Ginny si jamais elle avait un vieux manuel ou un livre d'astronomie qui traînait. Ses recherches lui permirent simplement de découvrir qu'il fallait énormément de manuels pour étudier la médicomagie et il termina bredouille. Il était finalement l'heure d'y aller. Il se dirigea vers la cheminée du salon pour se rendre chez Malefoy.

oOo

Harry avait laissé Drago mener les opérations et ils s'étaient chacun assignés à une tâche différente. Cela faisait maintenant plus d'une heure que Harry travaillait de son côté sur la manière dont il allait articuler ses témoignages par rapport aux accusations portées contre Drago et Narcissa. Il leva le nez de son coin de table et réalisa avec une pointe de surprise qu'il n'était finalement pas si désagréable de travailler aux côtés du blond. La fois précédente, Drago lui avait fait une présentation générale et avait survolé toutes les choses à avoir en tête pour bien comprendre la situation et les différents angles de défense possibles, ce qui s'était révélé particulièrement assommant. Mais cette fois-ci, c'était complètement différent, une fois lancé dans le vif du sujet, ce n'était plus si pénible. Passé l'entrée en matière quelque peu maladroite et tendue, une fois ses marques prises et les silences apprivoisés, une atmosphère tranquille - et studieuse - s'était finalement installée. Moon, en boule sur un coin de la table les accompagnait de sa sérénité féline.

Harry ne s'était pas senti aussi actif et efficace depuis bien longtemps. Son cerveau rouillé se remettait en marche et il pouvait presque sentir les connexions se recréer. Il réalisa qu'il ne s'était pas retrouvé à travailler de cette manière depuis la fin de la guerre. Il avait la drôle de sensation de redevenir un étudiant, bûchant sur un devoir. La plus grosse différence était qu'au lieu de se trouver dans une bibliothèque, il était dans la cuisine de Malefoy qui était le seul endroit de l'appartement possédant une assez grande table pour travailler confortablement à deux. Cela le fit sourire, ce n'était vraiment pas si désagréable. C'était un peu comme une bulle en dehors de son monde habituel et clos.

Son regard s'arrêta sur son voisin de travail, toujours concentré sur sa tâche, le blond faisait courir sa plume sur le parchemin, s'arrêtant régulièrement pour effacer une idée de sa baguette afin de mieux la réécrire, ou pour jeter un coup d'œil à l'un ou l'autre des documents répartis autour de lui. Harry admira un moment sa capacité de concentration car il n'avait pas cessé de travailler. Cela lui rappela celle, forcenée, d'Hermione. Il se souvint qu'il était plutôt bon élève à Poudlard, et il dû avouer que ce trait de caractère qu'il avait trouvé grandement inintéressant à l'époque devait être un sacré atout aujourd'hui. Il arrêta là ses réflexions, car de son côté il n'avançait pas beaucoup et pas question d'être le fardeau de service, il était censé aider, pas retarder.

Il se remit donc au travail.

Vers 18 heures, Drago brisa le silence en regardant l'heure d'un petit coup de baguette. Il se frotta les yeux et regarda Potter se déplier sur sa chaise. Il conclut la séance :

« – Je propose qu'on s'en tienne là pour aujourd'hui, Potter. Je ne sais pas pour toi, mais j'ai ma dose pour le moment et j'ai avancé à peu près comme je le souhaitais.

– Ça me va. Mes yeux vont tomber de toute façon. Je n'ai pas bossé comme ça depuis longtemps. plaisanta Harry.

– Je te propose qu'on prévoit tout de suite la prochaine session de travail. Si ça te va. Quand serais-tu disponible ?

– Je peux demain si tu veux.

– Demain ?! Heu oui ... Tu es sûr? Drago était surpris que le Gryffondor se montre si pressé.

– Oui, je préférerais finir tant que c'est encore chaud. Mais tu n'es peut-être pas libre. réalisa le brun, un peu gêné.

– Non ! Si ! Le matin je suis pris, mais l'après-midi je dois être libre. On peut faire les mêmes horaires qu'aujourd'hui.

– Oui parfait, faisons ça dans ce cas. »

Drago laissa Harry rassembler ses affaires et repartir par la cheminée. Une fois seul, il acheva de ranger la table et de mettre les différents dossiers et documents dans un coin de son bureau. Il nettoya pensivement la théière et les tasses dont ils s'étaient servis. Il repensa à cette première « vraie » session de travail avec Potter. Il devait admettre que ce dernier faisait un partenaire de labeur silencieux. Il en était même venu à l'oublier par moments tant sa présence était discrète et… agréable?

Depuis ses années à Poudlard et, plus encore ces dernières semaines, Drago avait pris l'habitude de travailler seul. La plupart de ses camarades ne pouvaient suivre sa cadence de travail, finissant invariablement par s'essouffler avant lui, devenant alors dispersés, bruyants et inefficaces, bref : agaçants.

Il avait presque aimé travailler avec Potter, ce dernier semblait prendre avec beaucoup de sérieux le travail sur son dossier. Drago calma toutefois son enthousiasme, car une seule session de travail n'était pas représentative et il n'était surement pas au bout de ses peines. Qui sait ce qui pouvait arriver jusqu'au procès ?

oOo

Inévitablement, le rendez-vous du lendemain arriva très vite.

Harry s'était levé un peu plus tôt, renonçant à tourner à nouveau trois quarts d'heure dans son lit. Il en profita pour faire un peu de rangement dans le salon et la chambre – c'est Ginny qui allait halluciner –, il prit un long bain moussant et réserva même un peu de temps pour s'occuper des plantes de la serre avec Dobby – dire que, pour la plupart, il n'en connaissait pas les noms, se contentant d'en apprécier la vue et la présence agréable.

Il en avait presque oublié de manger, ce ne fût donc qu'une petite heure avant de partir qu'il aperçut le journal laissé par Ginny en évidence dans la cuisine. Il ne lui avait pas parlé précisément de son travail avec Malefoy et ne lui avait notamment pas détaillé son emploi du temps. Cette dernière savait simplement qu'il avait décidé de l'aider. Bien qu'elle ait été très surprise par son choix, elle n'avait pas spécialement fait de remarques dessus. Et elle devait visiblement l'accepter, puisqu'elle avait pensé que l'édition de la Gazette du Sorcier du jour serait susceptible de l'intéresser.

En effet, sur la première page figurait une photo de Drago Malefoy, de trois quarts dos, accompagnant une femme richement vêtue et en train d'entrer dans un bâtiment. Il entourait la taille de la femme de son bras et tenait sa main droite dans la sienne, dans un geste rempli d'attentions. Il posait sur elle un regard très doux et attentionné. La femme en question portait une épaisse cape en fourrure sombre et un large chapeau, si bien qu'il était impossible de la reconnaitre, surtout vu l'angle de la photo, prise sur le vif. L'instant d'après, ils disparaissaient tous deux derrière une lourde porte de verre et de métal ouvragé.

Juste au dessus de ce cliché s'étalait en gros titre : « L'héritier Malefoy sait s'occuper en attendant son procès ». Il n'eut même pas besoin de lire la légende pour connaître l'auteur de l'article.

Harry trouva le procédé odieux. Pas qu'il connaisse en détail la vie privée des Malefoy – ils avaient fait plusieurs fois les gros titres, mais le brun n'avait fait que survoler un article ou deux sur le lot, constatant assez vite de la fiabilité très relative de ces écrits, généralement signés Rita Skeeter –, mais il avait le pressentiment que cette une avait juste pour but de faire du bruit, attisant de nouveau l'opinion publique sur le cas de ces Mangemorts célèbres.

Harry était bien placé pour connaître les dégâts que pouvaient causer ce genre d'articles, qu'il soit ou non appuyé sur des faits réels. Il fut heureux d'avoir pu éloigner Skeeter de sa vie –par le procédé peu reluisant du chantage sur son statut d'Animagus non-déclaré – et d'avoir ainsi pu se tenir plus facilement à l'abri du regard des médias sorciers.

Il se fit un café avant d'entreprendre la lecture de ce qu'il s'attendait à être un déplaisant pamphlet de méchanceté gratuite à l'égard de la famille du blond (dire qu'il avait rêvé de pouvoir lire ce genre de choses à l'époque de Poudlard). Il ne fut pas déçu. Dans l'article, à côté de la photo déjà utilisée pour la première page, en figurait une seconde, de Drago Malefoy plus jeune – visiblement prise avant la guerre –, lourdement gominé, affichant un léger sourire en coin et un de ses regards mi-narquois, mi-arrogant qu'il maîtrisait si bien à l'époque.

« Le dernier né de la famille de Sang-Purs, ancienne grande favorite de Celui-qui-n'est-Plus, semble toujours vivre comme à la "belle" époque de leur suprématie de terreur. Le jeune Malefoy se comporte comme si son titre de Prince des Serpentards n'était pas déchu et que tout lui était encore permis. Encore qu'on puisse se demander si son mode de vie dissolu est vraiment digne d'un aristocrate…

En effet, comme on peut le constater sur le cliché pris par un de nos reporters de terrain, il côtoie activement la gent féminine, probablement pour tenter de se prouver qu'il règne encore sur un domaine.

Tandis que nombre de ses anciens collègues Mangemorts croupissent désormais entre les murs protecteurs d'Azkaban, dans une détention plus que méritée (bien qu'on pourrait se demander si notre magnanimité n'est pas parfois trop exemplaire pour de tels individus), Drago Malefoy préfère profiter des plaisirs de la chair plutôt que travailler à se constituer une défense solide. Pourtant, lui et ses parents font partie de ces quelques Mangemorts forcenés qui concourent pour la peine maximale.

Il est fort possible que la libido du jeune playboy blond ne le mène directement au Baiser a-t-il seulement compris que cela serait le dernier ?

Rita Skeeter

Lire aussi notre dossier complet sur les différents procès des Mangemorts de la 2e Guerre à nos jours, pages 14 à 20 »

Le dossier en question faisait aussi la part belle à de nombreux faits d'armes de la famille de Sang-Purs, plus ou moins inexacts.

Harry referma le journal avec amertume et dégoût. Malefoy fils n'allait pas aimer cela du tout. Il craignait désormais que la rencontre de l'après-midi ne soit électrique.

oOo

Il avait emmené le journal avec lui, au cas où Drago n'ait pas encore eu vent de la nouvelle. Mais, à son arrivée chez le jeune homme nerveux et tendu, Harry comprit vite qu'il était bel et bien au courant. Ils n'en parlèrent pas vraiment et se mirent au travail rapidement, s'installant à nouveau dans la cuisine pour pouvoir prendre leurs aises.

Tous deux furent bien moins efficaces que la veille, peinant à rester concentrés. Harry jetait des coups d'œil réguliers à son voisin, craignant de le voir exploser à tout moment. Ce dernier, agité, hésitait entre brider son attention sur les documents devant lui et laisser libre cours à ses pensées. Son esprit était tenté d'échafauder divers plans pour empêcher Skeeter de nuire, faire échapper toute sa famille sur une île déserte et voir comment adapter sa défense pour réparer les dégâts ; tout ça en même temps. Pas étonnant qu'il ne parvienne à rien.

Son supplice fut interrompu par du bruit dans le salon qui se révéla tout simplement être l'arrivée de Me Herbing Coaslowth. Drago se retint de se frapper le front, il avait complètement oublié le rendez-vous avec son avocat ! Il s'excusa platement pour ce manquement et proposa à l'homme de le rejoindre à la cuisine pour discuter. Il lui présenta rapidement Harry et proposa à ce dernier de reporter la séance de travail.

Harry, peu emballé à l'idée de retourner chez lui si tôt pour n'y retrouver que l'ennui de ces derniers jours, lui fit une proposition :

« – J'aimerais bien continuer à avancer un peu, comme ça je devrais juste avoir à finaliser la prochaine fois. Je pourrais peut-être apporter quelques documents chez moi pour travailler encore aujourd'hui, qu'en penses-tu ?

– Je t'avoue que j'aimerais autant que les éléments du dossier restent tous rassemblés au même endroit. Après le fiasco médiatique de ce matin, je préfère éviter toute possibilité de fuite, aussi infime soit-elle. » répondit Drago, peu enthousiaste.

Le blond réfléchit une seconde et renchérit :

« – Mais si tu veux, tu peux aller dans mon bureau, le temps que je termine avec Me Coaslowth, tu y seras plus à l'aise qu'au salon. Ainsi qu'à l'écart des informations privées et confidentielles que j'ai besoin d'échanger avec mon avocat, compléta-t-il mentalement. C'est la dernière pièce à droite au bout du couloir.

– Ok, super, merci. »

Harry laissa donc les deux hommes à leur conversation et sortit, les bras chargés des divers parchemins, notes et fournitures dont il avait besoin pour continuer de travailler de son côté. Il prit donc la direction du fameux bureau et passa devant une pièce entr'ouverte qu'il devina être la chambre de Drago. Ne pouvant résister à la curiosité, il s'arrêta pour détailler le petit morceau de pièce visible dans l'entrebâillement. Il hésita, puis, dans un élan complètement régressif – mais jouissif, il faut l'avouer –, il alla rapidement déposer toutes ses affaires sur le bureau dans la pièce suivante pour revenir devant la salle tentatrice. En retenant son souffle, et, l'oreille aux aguets, il poussa doucement la porte.

Ce qu'il vit à l'intérieur n'avait rien de très extravagant. Un grand lit lui faisait face, avec une table de chevet à gauche. Quelques étagères avec des livres et une commode terminaient de compléter l'ameublement. Rien de très sorcier. Les murs étaient, ici aussi, clairs et le sol recouvert d'une moquette crème.

Harry ne put s'empêcher de se sentir un peu déçu, bien qu'il ne vit pas bien quel type de curiosité ou de secret il aurait pu s'attendre à découvrir. Son intrusion lui sembla alors bien puérile et, penaud, il retourna dans le bureau pour se mettre au travail.

Il réalisa alors que ce que Malefoy appelait bureau faisait également office de chambre d'ami. Il ne comprit pas comment il avait pu passer à côté du lit double de la pièce sans le voir la première fois. Il se demanda furtivement s'il avait déjà servi, il n'avait pas l'impression que le blond ait gardé beaucoup de contacts avec ses amis. Sortant cette réflexion de sa tête, il se remit enfin au travail.

Au bout de ce qui lui sembla être un très long moment, Harry décida qu'il était temps de faire une pause, il avait, par ailleurs, la gorge vraiment sèche. Il ne serait pas contre un thé et 5 min en dehors de la petite pièce. Il se dirigea donc vers la cuisine et tomba sur Malefoy et Coaslowth qui semblaient sur la fin de leur entretien, ce dernier rassemblant des documents dans sa mallette de cuir brune, assortie à sa robe de sorcier. Il était difficile de ne pas deviner sa profession tant l'ensemble faisait homme de loi, une impression renforcée par les courts cheveux blancs de l'avocat, prolongés par des favoris, qui encadraient son visage avec dureté.

« – Monsieur Potter, nous parlions justement de votre intervention. Je suis ravi que Drago soit parvenu à vous convaincre de témoigner, tout particulièrement après le dernier "méfait" de Rita Skeeter. J'imagine que vous avez pu lire son dernier chef-d'œuvre dans l'édition de ce matin. lui dit l'avocat de son ton légèrement guindé, une probable déformation professionnelle.

– En effet, je ne comprends pas qu'on appelle ça une journaliste. répondit Harry sur un ton dur qui fit lever un sourcil à Drago.

– Enfin, comme je vous le disais Drago, reprit Coaslowth, ce témoignage, bien qu'étant un solide atout, ne suffira plus. Nous allons avoir beaucoup de travail supplémentaire, déjà pour réparer les dégâts causés par l'article. L'image de votre famille n'en avait pas besoin. Mais également parce que, connaissant la délicatesse de Skeeter, elle ne s'arrêtera pas là et je m'attends à ce qu'elle soit à l'affut du moindre détail croustillant qu'elle puisse recueillir. Il va falloir que vous soyez particulièrement vigilant, sur tout. Essayez de vous montrer le moins possible. Et faites de votre mieux concernant la situation vis-à-vis de votre mère, pour que cela reste discret. »

Drago hocha la tête, il aurait préféré que l'avocat ne soit pas si volubile devant Potter, mais ce dernier semblait en pleine réflexion.

« – Je vais faire de mon mieux, vous vous en doutez. répondit le blond d'un ton las. J'imagine qu'il va falloir que je me dédouble pour réussir à engloutir tout ce travail.

– Je peux aider ! » proposa précipitamment Harry, plus fort qu'il ne l'aurait voulu.

Les deux hommes le regardèrent avec étonnement. Il continua :

« – Il ne me reste pas énormément de travail sur mes témoignages. Je peux aider sur d'autres éléments, si besoin. »

Comme pour répondre au regard interloqué que lui jetait son ancien camarade et aussi parce qu'il sentait ses joues rosir, il ajouta avec précipitation :

« – Je sais qu'on n'est pas spécialement proches et qu'on a un passé ... disons compliqué, mais, s'il y a bien une personne que je ne peux pas supporter, c'est Rita Skeeter. À mon avis, elle a fait bien plus de dégâts que certains Mangemorts et elle continue d'agir en toute liberté. Pour une fois que j'ai peut-être un moyen de faire quelque chose contre elle et de mettre à jour son travail diffamatoire... »

Ses deux interlocuteurs le regardaient, songeurs, augmentant encore le malaise de Harry, l'avocat vint finalement à son secours :

« – Et bien ... Cela pourrait s'avérer utile en effet. Je ne sais pas ce que vous en pensez M. Malefoy mais cela vaut le coup d'y réfléchir. »

Voyant le blond indécis et embarrassé, il poursuivit :

« – Vous pourrez me transmettre votre décision plus tard Drago, ainsi que les différents points sur lesquels vous aurez avancé. Sur ce, je vais vous quitter. Bonne fin de journée messieurs. »

Il sortit, laissant les deux jeunes hommes dans un silence inconfortable. Malefoy se décida en premier à le briser :

« – Potter, je ne comprends vraiment pas pourquoi tu souhaites m'aider.

– Je te l'ai dit, Skeeter est un être détestable. Je veux dire, vraiment détestable. Elle a largement contribué à l'expansion du pouvoir de Voldemort – Drago frémit – en traînant dans la boue Dumbledore et son travail ou en me faisant passer pour un menteur halluciné à plusieurs reprises, allant jusqu'à nier ouvertement le retour du mage noir. La population sorcière aurait été bien mieux préparée si elle n'avait pas été aveuglée par ses réconfortants petits articles de désinformation. »

Le simple fait de parler de cela suffisait à le faire fulminer. Quel immense gâchis elle avait causé.

« – Ok, écoute, je ne sais pas. C'est très gentil de ta part, mais il faut que j'y réfléchisse.

– Bien sûr... » dit Harry.

Il comprenait très bien que sa proposition inopinée puisse déstabiliser le blond, il n'en revenait pas lui-même d'avoir osé l'exposer à voix haute. Il fallait vraiment qu'il fasse attention, son tempérament sanguin et irréfléchi semblait revenir au galop depuis quelques jours.

Après une courte hésitation, il enchaîna en changeant complètement de sujet :

« –Rien à voir, mais tu crois que je peux pousser l'hospitalité au point de te redemander un thé ? Il est vraiment très bon et je suis complètement desséché.

– Oui, évidemment! Désolé, je n'ai pas pensé à te proposer une tasse tout à l'heure. Je te fais ça. » dit-il en activant déjà sa baguette pour sortir, bouilloire, théière et tasses.

Harry se rassit en remarquant à nouveau la grâce des gestes du blond. C'en était tout bonnement agaçant cette manie d'être naturellement distingué, même dans des actions aussi triviales. Il s'était déjà perdu dans ses pensées quand une tasse fumante vint se poser juste devant lui. Il respira le parfum agréable du breuvage en fermant les yeux.

Curieux, il demanda à Drago où il trouvait son thé. Le blond évasif lui mentionna une provenance des hauts plateaux tibétains et lui proposa de lui faire découvrir sa boutique un jour. S'ensuivit une discussion sur le thé, notamment sur leurs meilleures et pires expériences de dégustation, puis ils enchaînèrent sur les biscuits, les gâteaux et, par de tortueux fils d'association, ils finirent par parler de Quidditch. Inutile de préciser que le dialogue se fit alors plus animé et l'atmosphère plus légère. Les yeux brillants, ils débattirent longuement sur des sujets aussi primordiaux que le dernier scandale de dopage à la poudre de salamandre, les avancées toujours plus vertigineuses en matière de balais et la dangerosité croissante du sport.

Ils en vinrent ainsi naturellement à reparler de leurs affrontements sportifs de l'époque de Poudlard, mais sans animosité, plutôt avec une surprenante complicité, comme deux petits vieux relatant leur jeunesse avec nostalgie – un comble vu leur âge. Drago pointa d'ailleurs ce paradoxe avec un certain amusement :

« – Non mais regarde-nous Potter, déjà à déblatérer sur les choses qui était mieux "de notre temps".

– Ha, ha, tu as raison. La vieillesse commence tôt cette année. Il n'y a vraiment plus de saison. » appuya Harry.

Ils se regardèrent en souriant, amusés par l'incongruité de la situation, peinant toujours à assimiler leur récente et parfois cordiale association.

Drago laissa retomber doucement son sourire pour redevenir plus sérieux :

« – Je ne crois pas t'avoir remercié pour avoir accepté de m'aider Potter et pour le faire aussi sérieusement. Je t'avoue que je n'y croyais pas beaucoup. »

Le brun eut un vague geste de la main.

« – Hum. Ne me remercie pas, je ne sais pas trop pourquoi je le fais à vrai dire. Je ne me l'explique pas trop. Tu aurais vu la tête de Ron et Hermione quand je le leur ai annoncé. ajouta-t-il avec un nouveau sourire.

– Oui, je crois que je peux me faire une vague idée. Toujours les mêmes qu'à Poudlard : sanguin pour l'un et pète-sec pour l'autre? demanda-t-il, l'oeil goguenard.

– Oui et non. C'est bien toujours les mêmes, mais pas tout à fait non plus. Enfin comme nous tous, j'imagine. »

Un silence s'installa.

« – Allez, je propose un toast, dit le blond en se levant.

– Quoi ?!

– Un toast, » dit-il plus fort en allant dans le salon.

Il revint avec deux verres larges et une bouteille de Whisky Pur-Feu qu'il servit sans attendre.

« – Tant qu'à se prendre pour des vieillards, autant faire les choses jusqu'au bout, non ? On ne va quand même pas trinquer avec une boisson de mamie ?! »

Il poussa un des deux verres devant Harry.

« – Vu comme ça... admit le brun avec amusement.

– À notre collaboration improbable ! lança Drago, le regard toujours rieur.

– À notre improbable collaboration. » répondit le brun en soulevant aussi son verre.

Ils avalèrent une gorgée. Puis une deuxième en reprenant leur discussion sur le Quidditch et leurs souvenirs en communs. La luminosité venant à baisser, Drago alluma quelques bougies d'une étincelle de baguette et utilisa un des longs bâtonnets de cire pour démarrer un feu dans l'âtre. Harry le regarda faire en trouvant sa méthode bien compliquée, un simple sort aurait été plus rapide. Il se retint de faire une remarque, son esprit un peu confus ne trouvant pas de manière de formuler cela de manière simple et qui ne sonne pas agressive. Il le charrierait une prochaine fois.

Tandis qu'ils enchaînaient sur tous les mauvais tours qu'ils avaient pu se jouer mutuellement, ils se resservirent pour soulager leurs gorges sèches. Et quand ils abordèrent les potins sur leurs différents ex-professeurs et sur Rusard, vint le troisième verre que Drago proposa d'accompagner d'un peu de fromage et de crackers. Si bien qu'il était finalement assez tard quand Harry se résolu finalement à rentrer.

Il avait la sensation d'avoir passé la soirée avec un vieil ami, et, l'alcool aidant, il avait pu mettre le présent de côté pour quelques heures. La pensée que lors de leur prochaine visite ils seraient à nouveau plongés dans l'austère travail sur le dossier lui pinça un peu le cœur. Il aurait volontiers prolongé encore un peu cette veillée hors du temps. Mais, ne voyant pas par quel moyen il aurait pu arriver à ce résultat – il n'allait quand même pas dire à Malefoy qu'il souhaitait rester en sa compagnie –, il rejoint le blond près de l'âtre. Drago, accoudé sur l'encadrement en pierre du foyer, lui tendait une boite pleine à moitié de poudre de Cheminette en le fixant de ses yeux rougis et un peu vitreux. Ce regard au gris unique, enivré par les rires, le whisky et encore plein des plaisants moments partagés plus tôt, mis Harry mal à l'aise. Il aurait voulu dire quelque chose pour conclure dignement cet épisode de connivence alcoolisé mais les mots restaient bloqués dans sa gorge et il n'avait en tête que d'ineptes niaiseries. Il regarda ses pieds un court moment, sans savoir comment réagir. Il prit finalement congé du blond d'un maladroit signe de la main, accompagné d'un rapide « Salut » lancé derrière son épaule alors qu'il disparaissait dans les flammes vertes. Il avait quelques scrupules à n'avoir pas laissé à Drago le temps de lui répondre, mais il avait souhaité écourter ces au-revoir minables autant que possible. Il ferma les yeux et passa le reste du court trajet à maudire son incroyable gaucherie et son inaptitude sociale. Il avait l'impression d'avoir gâché quelque chose.

En arrivant dans le salon illuminé du Square Grimmault, il sut immédiatement qu'il était dans de sales draps. En effet, Ginny l'attendait, assise dans un des deux canapés du salon, les bras croisés et l'air excédé.

« – Tu as vu l'heure qu'il est ? Je me suis inquiétée ! attaqua-t-elle, sans attendre.

– Pardon, je suis désolé, je n'ai pas vu le temps passer. Harry pria pour qu'elle ne sente pas son haleine.

– Mais où étais-tu enfin ?!

– J'étais avec ... Malefoy, on travaillait sur son truc, tu sais.

– C'est de travailler avec Malefoy qui t'a retenu tout ce temps ?! Pourquoi ne m'as-tu pas simplement envoyé un hibou ? demanda-t'elle interloquée.

– Je ... J'ai oublié. Je n'y ai pas pensé, je m'excuse Ginny. fit le jeune homme penaud et pris de court.

– Harry... Ça t'arrive régulièrement de m'oublier. dit la rouquine, blessée. Surtout ces derniers temps, tu es si absent... Des fois j'ai l'impression que tu te contentes de subir notre relation. Je veux dire, on vit ensemble uniquement parce que j'ai lourdement insisté pour emménager chez toi. Si je t'avais laissé faire, on serait encore dans une relation digne de collégiens. J'ai peur tu sais Harry. Parfois, je me demande vraiment si tu as envie d'un avenir pour nous.

– Pardon Ginny, bien sûr que j'ai envie d'un futur pour nous. Je sais que je peux être en retrait, mais ça ne veut pas dire que je ne t'aime pas, tu le sais bien. »

Harry lui attrapa les bras pour tenter de la rassurer, elle se dégagea doucement mais fermement.

« –Ça ne suffit pas toujours Harry, de vouloir. Aujourd'hui, j'avais besoin de toi, besoin de te parler, mais tu n'étais pas là. Un couple ce n'est pas que des intentions, c'est aussi des actes.

– Je suis là maintenant, on peut parler si tu veux. » tenta-t'il.

Elle le regarda, lasse, et secoua la tête, faisant onduler sa longue chevelure rousse.

« – Non, je suis fatiguée et je travaille tôt, on en parlera demain.

– Est-ce que tu veux bien me dire au moins de quoi il s'agit ? s'enquit le brun.

– J'ai eu une proposition importante aujourd'hui. Un recruteur est venu me proposer une opportunité de contrat dans une équipe de Quidditch professionnelle : les Harpies de Holyhead.

– Oh wow ! Félicitations, c'est génial. Tu vas accepter ?

– Je n'en sais rien, justement. C'est pour ça que j'avais besoin que tu sois là, pour en parler avec toi. Pour décider ensemble de ce qu'on veut pour notre futur. Qu'est-ce que tu en penses ? »

Harry sembla désarçonné par la question toute simple de sa compagne :

« – Je … je ne sais pas Gin'. C'est de ton orientation qu'il s'agit … Je ne peux pas décider à ta place... Fais-le si tu estimes que c'est le mieux pour toi. »

Ginny sembla déçue et peinée, elle s'énerva :

« – … Mouais, je ne sais pas pourquoi je m'attendais à ce que tu me donnes un véritable avis. Tu n'as donc aucune aspiration pour nous deux ?

– Si, bien sûr ! se défendit Harry, comprenant qu'une fois de plus il avait fait preuve de maladresse.

– Je t'écoute dans ce cas, parles m'en, dis-moi donc ces pensées si secrètes ! explosa-t-elle

– Là, comme ça, je ne sais pas ! Mais j'ai des aspirations pour nous ! Je t'aime Ginny ! »

Elle ne parut pas convaincu, son visage se ferma.

« – Tu sais Harry, parfois je commence à en douter… Et je pense que toi aussi. J'ai toujours beaucoup de sentiments pour toi et j'ai été très patiente, mais je crois que tu devrais faire le point. Très sérieusement. »

Ginny regarda son conjoint droit dans les yeux, d'un air grave.

« – Je te laisse sur ces pensées. Réfléchis-y. Bonne nuit Harry. » conclut-elle amèrement.

Elle lui déposa un furtif baiser sur la tempe alors qu'il accusait encore le choc de ses mots.

Harry resta un moment figé, ne parvenant pas à arrêter le galop infernal de ses pensées. Il prit un verre d'eau dans la cuisine, puis s'assit sur une des chaises de la pièce et serra sa tête entre ses mains. Cela ne calma pas le torrent qui déferlait dans son esprit. Il sentait la migraine pointer.

Que voulait-donc dire Ginny ?

Qu'il était amorphe ?

Qu'il n'avait pas d'envie ?!

Evidemment ! Il n'était qu'une coquille vide, ça n'était pas nouveau. Il faisait déjà de son mieux pour que l'émail ne se fissure pas. Il ne faisait pas exprès de l'oublier ou d'être distant. Il n'était pas délibérément blessant.

Elle le connaissait après tout, elle avait vu qui il était et elle savait dans quoi elle s'était engagée. C'est elle qui avait lutté et bataillé bec et ongles pour entrer dans sa carapace. A s'accrocher ainsi à sa reddition, elle ne faisait que le remettre dans la position de bourreau involontaire qu'il avait tenu toute sa vie, malgré lui.

Il lui en voulait pour ça.

Il était en colère.

En colère contre Ginny.

En colère qu'elle soit blessée, qu'il lui fasse encore du mal. En colère qu'elle continue de l'aimer, l'obligeant à prolonger un combat qu'au fond de lui il sentait perdu d'avance. En colère qu'elle ne le laisse pas retourner se mettre en boule dans coin, comme l'animal blessé qu'il était. En colère qu'elle le force à entrevoir des facettes de lui qu'il détestait.

Il ne voulait plus toucher à rien, plus bouger. Contrairement à ce que lui avait dit sa psychomage, il croyait dur comme fer pouvoir trouver satisfaction dans l'immobilisme. Il voulait vivre son rapport aux autres à la manière des pierres, inamovibles et insensibles aux remous du monde. Impossibles à atteindre et impossible de s'y attacher.

Il visualisa un désert rocailleux et aride, une étendue grise balayée par le vent. Cette image le réconforta et il pu respirer plus calmement et plus profondément. Le tourbillon dans son crâne ralenti, devenant une brise plus douce.

Il desserra les paupières et contempla par la fenêtre les étoiles brillant sur leur toile noire. Leur lueur tranquille et silencieuse lui permis de vider son esprit de ses derniers relents de colère.

Il se résolu à faire davantage d'efforts envers Ginny et à être un petit-ami un peu plus digne de ce nom. Il lui devait bien ça, il pouvait être si difficile à vivre. La pauvre avait déjà tant fait pour lui, pour qu'il aille mieux. Elle l'avait ramenée parmi les vivants, puis parmi les humains. Il serait probablement devenu fou sans son amour et son attention et il lui en était infiniment reconnaissant. Elle avait toujours été d'une telle force de caractère, bien plus forte que lui. Une fois de plus, il la remercia mentalement pour sa patience et se détesta d'être si ingrat.

Il la rejoint au lit et s'endormit en se serrant contre elle. Elle rechigna brièvement dans son sommeil et accepta finalement le corps froid de son conjoint blottit dans son dos.

 
 
Chapitre précédent
 
 
Chapitre suivant
 
 
 
     
     
 
Pseudo :
Mot de Passe :
Se souvenir de moi?
Se connecter >>
S'enregistrer >>