Chapitre de Natalea. Bonne lecture !
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Domicile d'Ethan Yale, un peu plus de deux mois après la mort de Ginny, James et Lily.
XXX
Assis à la table d'Ethan, Harry dessine des motifs imaginaires entre les lignes du bois. Son visage continue de lui sourire sur la Gazette du matin.
La destruction du Repère du Diable a fait la une des journaux. D'après ce qu'il a pu lire, certains journalistes ont même assailli la maison de Ron et Hermione dans l'espoir d'interviewer Albus. Cette seule idée que de pareils vautours tournent autour de son fils le faisait bouillir de rage. Pour Albus, la situation devait être suffisamment difficile comme ça.
Harry espère simplement qu'il comprend. Il avait dû trouver sa lettre à Gringotts, à présent. Albus doit comprendre que tout cela, il le fait pour lui.
Oui, il comprend, forcément.
Harry entend le bruit d'une chaise que l'on tire en face de lui, interrompant instantanément ses pensées. Ethan s'assoit, cet air impénétrable toujours plaqué sur son visage, et se met à le fixer jusqu'à ce qu'Harry daigne lever les yeux sur lui :
- Ça fait quatre jours depuis l'attentat, dit-il.
- Je sais, oui.
- Et ça fait quatre jours que tu n'es plus sorti de cette maison.
Harry fronce les sourcils. Pourtant, il ne devrait pas être surpris. Après ce qu'ils ont fait ensemble, il est normal qu'Ethan et lui se tutoient.
- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, répond-il aussi en appuyant sur le « tu », je n'ai pas tellement le loisir de me promener ces temps-ci. À moins d'avoir des envies suicidaires, bien sûr...
Ethan garde le silence quelques instants, puis se met à rire. Un gigantesque éclat de rire. Harry le dévisage sans comprendre :
- Bon sang, qu'est-ce qui t'arrive ?
Mais Ethan semble pris d'un irrésistible fou rire. Harry presse une main contre ses yeux, puis, n'y tenant plus, abat son poing sur la table :
- Nom de Dieu, t'es devenu complètement fou ?!
Ethan réprime de son mieux le rire qui secoue ses épaules. Ses yeux demeurent glacés, et le sourire qui étire son visage ressemble plus à un rictus sarcastique qu'à une sincère expression de joie :
- Harry, c'est toi qui ne comprends rien, dit-il de son étrange voix profonde. Tu n'as pas vu ce que toi et moi venons d'accomplir ? Toi, moi, et tous les autres ? Harry, as-tu seulement lu les journaux ?
Le regard de l'Élu se durcit :
- Oui... Ils sont remplis d'accusations, ils sont tous dressés contre moi !
- Non, non, ça ce n'est que la Gazette. Et plus personne n'accorde de crédit à ce que dit la Gazette depuis les idioties qu'elle a déblatérées pendant la Grande Guerre. Harry, si tu pouvais entendre ce qui se dit dans l'Allée des Embrumes... Dans toutes les rues de Londres...
Harry se penche en avant, à deux centimètres du visage d'Ethan :
- Et qu'est-ce qui se dit ? Que je suis un meurtrier ? Un fou, un dégénéré ?
Ethan se fend de nouveau d'un sourire qui ne touche pas ses yeux :
- Non, certainement pas. Avec ses articles à deux noises, la Gazette ne fait que soulever des questions qui n'ont pas échappées au commun des sorciers. Par exemple, qu'est-ce que tous ces Mangemorts faisaient en liberté dans l'Allée des Embrumes ? À deux pas du domicile de nos honnêtes concitoyens, libres de pratiquer leurs activités délictueuses, juste sous le nez du Ministère ? Comment se fait-il qu'aucun Auror n'était là pour les arrêter, ne serait-ce que pour surveiller leurs faits et gestes ? En clair, tout ce que notre attentat a mis en lumière, c'est que le Ministère ne fait rien. Personne ne fait rien. Pire encore, le gouvernement est véreux. Qui au Ministère a pu être capable de libérer un assassin comme Travers ? Et ce au mépris de toutes les victimes qu'il traîne dans son passé meurtrier, au mépris de leurs familles ? Harry, si tu mets la main sur celui qui corrompt le Ministère, tu mets la main sur le meurtrier de ta famille !
Harry lève sur Ethan des yeux éteints :
- Où est-ce que tu veux en venir ?
Ethan le prend par l'épaule et serre très fort :
- Tu ne te rends pas compte du raz-de-marée que nous avons provoqué il y a quatre jours ! Les gens se posent des questions, ils remettent le Ministère en doute, ils en veulent plus ! Tu ne comprends pas ? Personne ne te blâme pour ce que tu as fait ! Les seuls à être contre toi ce sont les Aurors du Ministère, mais les Aurors ne font qu'obéir à leurs chefs ! Ces mêmes chefs qui ont cherché à t'éliminer, à te faire taire, qui t'ont envoyé tout droit en prison ! Et pourquoi ça ?
Ethan raffermit sa prise sur son épaule :
- Parce que tu es un danger pour eux, Harry ! Tu vois clair dans leur jeu ! Toi, tu es un homme de bien ! Tu as foi en tes valeurs, et c'est bien ça qui leur fait peur ! Tu ne te laisseras pas corrompre. Tu ne cesseras jamais de te battre pour ce qui te semble juste. Et eux, ils ne cesseront jamais de te pourchasser.
Harry se surprend à sourire, de ce sourire las et résigné qu'ont tous les fugitifs :
- Qu'est-ce que je suis censé comprendre ? Autant sortir tout de suite et me rendre aux autorités, c'est ça que tu veux dire ? Je n'ai qu'à abandonner, je n'ai aucune chance ?
- Non ! Pas si nous les attaquons les premiers, Harry !
Harry fronce les sourcils. Ethan se tient si près de lui que leurs fronts peuvent presque se toucher :
- Réfléchis ! Regarde ce que nous avons déjà accompli ! Les autres sont avec toi ! Tu n'as pas vu leurs regards ! Ils te suivraient jusqu'au bout du monde, Harry ! Jusqu'à l'assainissement complet du Ministère !
Harry secoue la tête :
- Tout ce que je veux, c'est venger ma famille.
- Mais eux aussi ! Kitty, Russell et Noah ! David qui a vu ses parents mourir sous ses yeux ! Travers n'était pas le seul impliqué dans ces crimes. D'autres Mangemorts sont encore en liberté aujourd'hui, les assassins de leurs familles, et tu peux être sûr que personne, personne ne fera rien pour que justice soit rendue ! À moins que nous, nous ne fassions quelque chose.
- Ethan je te l'ai dit, je ne suis pas là pour traquer les Mangemorts !
- Mais si au contraire ! Les Mangemorts pourront sans doute t'aider à remonter la piste du meurtrier !
- Non, la piste est morte avec Travers...
- Travers n'a pas agi seul, enfin réfléchis ! Quelles auraient été ses motivations ? Travers a agi sous les ordres de quelqu'un d'autre, les ordres d'un Mangemort !
Ethan se recule soudain sur sa chaise :
- Peut-être même les ordres d'un homme du Ministère...
Harry lève les yeux sur lui, un regard terrible et dangereux qui ne fait pas trembler Ethan. Ils sont pareils, tous les deux :
- Il y a peut-être encore une piste..., fait soudain l'Élu.
- Quoi ?
- Le livreur de lait. Je m'en souviens à présent. L'homme qui m'a livré le lait contenant le Furosensis. C'était le livreur habituel, le même depuis plus de dix ans. Mais ce jour-là, il m'a fait un sourire étrange.
Ethan plisse les yeux :
- Tu n'as rien écouté de ce que je t'ai dit, hein ?
- Oh si, je t'ai parfaitement écouté. Je vais partir à la recherche de ce livreur de lait. Et quand j'aurai découvert les informations que je cherche, je traquerai celui qui a planifié la mort de ma famille et je le tuerai. Je tuerai tous les Mangemorts, tous ceux qui se mettront sur ma route. Et si je découvre que tout est mêlé au Ministère... peut-être poursuivrons nous cette conversation.
Ethan hoche la tête. Il arbore cet air confiant qu'Harry trouve à la fois désinvolte et effrayant. Ses yeux pâles brillent dans la pénombre, tels des yeux de loup. Des yeux de prédateur.
XXX
97 Wellmeadow Road, Lewisham. Vaste et chaleureuse maison de banlieue. Ancien domicile d'Harry et Ginny Potter, et de leurs enfants. Ancien, car désormais de larges rubans jaunes entourent la maison. Toutes les fenêtres sont closes, la porte d'entrée condamnée par des scellés. Sur la poignée, on peut encore voir le sang que les mains d'Harry ont laissé. Le sang de Ginny.
Dissimulé sous le capuchon de son sweat, sous l'apparence de Charles Lewison pour plus de prudence, l'Élu arpente la rue qui a vu naître et grandir ses enfants. Il reconnait ses voisins, Moldus pour la plupart. La vie semble avoir suivi son cours. Un terrible drame s'est produit à quelques mètres d'ici, mais le monde a continué de tourner. Et cela aussi, c'est un sentiment horrible. Intolérable. Comment ces gens peuvent-ils continuer à vivre normalement après ce qu'il s'est passé ? Vivre comme si de rien n'était ? Comme si tout ceci n'avait été qu'un mauvais rêve, que cela n'avait jamais existé ?
Harry serre les poings. Comme un prédateur en eau trouble, il s'approche de la clôture du jardin juste à côté du sien. Rick Johnson, un sexagénaire venu s'installer là presque deux ans plus tôt, taille ses rosiers le long de sa pelouse gelée par l'hiver. Oui, Harry s'approche, et s'il avait levé le nez de ses rosiers, Rick aurait vu que le regard de cet homme était dangereux. Qu'il était au-delà de toute frontière connue, au-delà de l'humain. Ou plutôt, qu'il était au cœur de ce que l'humain a de plus monstrueux.
- Salut, lance l'Élu en relevant un peu son capuchon.
Puis, désignant la maison :
- Qu'est-ce qui s'est passé ici ?
Rick Johnson repose son sécateur et adresse à Harry ce sourire qu'ont les commères ravies de colporter leurs rumeurs :
- Oh, un truc abominable ! dit-il. Le type qui vivait là est devenu fou et a massacré toute sa famille à mains nus !
- Abominable, en effet...
Harry regarde la maison, et son attitude doit paraître étrange car le vieil homme reprend :
- Vous êtes sûr que ça va ?
Harry-Lewison cligne des paupières :
- Oui, très bien. Et vous savez ce qui lui est arrivé ?
- Oh vous savez, avec la justice d'aujourd'hui, il va faire un petit tour en asile psychiatrique et on le reverra dans les rues dans deux ans.
Le visage de Lewison se fend d'un sourire amer :
- Vous ne croyez pas si bien dire...
Laissant Johnson sur ces paroles énigmatiques, Harry se résout à quitter sa maison des yeux et remonte Wellmeadow Road. La vision de ces murs qu'il a tant aimés, qu'il avait choisis avec Ginny, qu'il avait repeint lui-même, lui déchire le cœur. Il revit, encore et encore, ce terrible matin où tout a basculé. Cette maison appartient au passé. Il ne doit plus jamais y retourner, il doit l'oublier. Le bonheur qu'elle représente, il l'a perdu, à jamais. Ce n'est plus qu'un fantôme, une maison vide et ensanglantée qui émerge des brumes de sa vie pour le hanter. Peut-être la revisitera-t-il quelques fois, en rêve. Il reverra le visage de Ginny lui sourire dans la lumière d'un rayon de Soleil. Puis le visage de Ginny se décomposera, se déchirera, et le rêve deviendra cauchemar. Comme à chaque fois. Et avant même qu'il ne se réveille, tremblant et noyé par ses pleurs, il aura compris que le cauchemar est réalité.
À l'autre bout de la rue, le camion du laitier entame sa tournée. Harry attend que le livreur, un jeune homme d'une vingtaine d'années à la silhouette étonnamment allongée, descende de son véhicule. Alors qu'il dépose les bouteilles sur le seuil du numéro 23, Harry l'interpelle, le faisant sursauter. L'une des bouteilles roule le long de l'escalier.
- Hey, dit-il. Où est Jonah ?
Jonah Willer, l'homme qui a livré le Furosensis à Harry ce fameux jour d'été.
Remis de ses émotions, le laitier se redresse, ses épais sourcils froncés sur des yeux cernés :
- Jonah ? Mais d'où tu sors, mon pote ? Ça fait plus de deux mois que ce pauvre Jonah est mort. C'est moi qui le remplace maintenant.
Interpellé, Harry fait de son mieux pour cacher sa surprise :
- Mort ?
- Oui. Crise cardiaque. Cette saloperie nous exterminera tous. 61 ans, tu te rends compte ? À cet âge-là, tu te dis que t'auras le temps de profiter un peu de ta retraite...
Mais Harry ne l'écoute pas :
- Il avait une femme, non ?
- Oui. Ils vivaient à deux rues d'ici, sur Further Green Road. La pauvre femme, tout de suite après sa mort elle est devenue folle.
- Folle ? Comment ça ?
- Il paraît qu'elle a dit à la police que son mari avait été attaqué par deux zigotos en robe qui avaient lancé des éclairs verts avec des baguettes magiques.
Harry hausse un sourcil, tâchant de paraître amusé. Intérieurement, son esprit bouillonne :
- C'est vraiment ce qu'elle a dit ?
- Ouais. Elle arrive pas à accepter, si tu veux mon avis.
- Et, où est-ce qu'elle est, maintenant ? Je veux dire, la mort de Jonah me touche... Ça faisait dix ans qu'on se voyait, tous les matins... Je voudrais faire quelque chose. Au moins m'assurer que sa famille est traitée décemment.
Le livreur hoche la tête, pensif :
- Pour autant que je sache, elle vit toujours sur Further Green.
Il n'en faut pas plus à Harry. Redressant la bouteille de lait, il salue le laitier d'un signe de tête et remonte Wellmeadow Road en sens inverse.
- Eh, attendez ! crie le livreur. Et vous vous êtes qui ? C'est la première fois que je vous voie dans le coin !
Harry-Lewison se retourne le temps d'une seconde :
- Je ne fais que passer.
XXX
Il ne lui a pas fallu longtemps pour trouver la maison sur Further Green Road. Il a suffi de remonter la rue jusqu'à tomber sur le nom de Willer. C'est une petite maison de banlieue, comme il y en a tant d'autres. Du moins si l'on en reste à la façade.
À l'intérieur, c'est un véritable capharnaüm. Une demeure proprette, vieille, confortable, qui a été envahie par le chagrin.
Le salon croule sous la poussière et les détritus. La vaisselle n'a probablement plus était faite depuis ces deux derniers mois.
Dans cette maison, le moindre objet semble abandonné, sans âme, sans vie. Délaissé de tous. Comme la femme assise dans le canapé.
Dana Willer est une petite femme d'une soixantaine d'années, si menue qu'elle disparait entre les plis de sa robe de chambre molletonnée. Les cheveux en bataille, ses yeux restent exorbités comme seuls peuvent l'être des yeux qui ont vu ce qu'elle avait vu. Harry se tient assis sur l'extrême rebord du fauteuil en face d'elle, s'efforçant de donner au visage de Lewison une expression rassurante. Autant dire que la tâche s'avère difficile.
- Madame Willer,dit-il. Vous voulez bien me raconter ce qui est arrivé à votre mari ?
Le visage plissé de la petite dame se fend d'un sourire à la fois rayonnant et un peu fou :
- Vous ne voulez pas un peu de thé ?
Sa main se tend compulsivement vers une vieille théière ébréchée dans une tentative dérisoire de rétablir un lien avec la normalité. Harry soupire bruyamment et s'exhorte au calme. Il a pitié de cette pauvre femme. Sa rage envers les Mangemorts ne s'en trouve que plus accrue. Toutes ces vies détruites par leur faute...
- Madame Willer, c'est très important, reprend Harry-Lewison. Racontez-moi ce qui s'est passé ce jour-là.
La vieille femme se met à trembler :
- Non... Non ! Vous allez encore dire que je suis folle ! Vous ne me croirez pas !
- Si madame, je vous assure que moi, je vous croirai. Je sais que vous dites la vérité.
Le regard de Dana Willer s'illumine tout-à-coup, comme si son défunt mari venait de franchir la porte :
- C'est vrai ? Vous me croyez ? Vous...vous êtes sérieux ?
Harry se penche légèrement vers elle :
- Bien sûr...
Il lui prend la main :
- Racontez-moi, s'il-vous-plaît. Je veux retrouver ceux qui ont fait du mal à votre mari.
Dana prend une grande inspiration. On dirait que son histoire a attendu quatre mois, enfermée dans sa gorge, que quelqu'un veuille bien la libérer :
- Ils sont entrés, au milieu de la nuit... Jonah a toujours eu le sommeil très agité, il les a entendus tout de suite. Il est descendu voir. Et moi, je l'ai suivi dans les escaliers...
Sa voix commence à trembler, à monter dans les aigus :
- Ils étaient deux !
- Calmez-vous Dana, dites-moi ce qu'ils ont fait.
- Ils... ils ont entendu Jonah descendre les escaliers. Il m'a fait signe de rester cachée. Je suis retournée à l'étage, cachée derrière la rampe. J'ai tout vu...
À ce moment-là de son récit, son regard se perd :
- L'un des hommes a sorti une espèce de bâton de l'une de ses poches. Ils portaient tous les deux de longues toges noires... comme le manteau de la Faucheuse !
- Ce bâton, est-ce qu'il ressemblait à... une baguette ?
- Oui ! Je sais que ça semble ridicule, mais... c'était comme les baguettes magiques, dans les livres pour enfants !
- N'ayez pas peur Dana, je vous crois. Continuez. Que s'est-il passé ensuite ?
- Le... l'un des hommes a dit... quelque chose de bizarre. Une espèce d'incantation, dans une langue que je ne connais pas.
- Avada Kedavra ?
- Oui ! Oui c'était ça ! Comment le savez-vous ?
- Ça n'a pas d'importance, croyez-moi.
- Il y a eu une grande lumière verte... Elle a frappé Jonah à la poitrine. Seigneur, il s'est écroulé sur le sol... Et il n'a plus bougé !
La vieille femme éclate en sanglots. Harry presse sa main entre ses doigts. Il réfléchit.
- Dana, quand cela est-il arrivé ? demande-t-il.
- Jonah est mort le 24 août... Dans la nuit...
Le24août...La nuit qui a suivi le meurtre de sa famille. Et la livraison du Furosensis.
- Dites-moi, est-ce que votre mari s'était comporté de façon étrange, la veille ? Est-ce qu'il a fait, ou dit quelque chose qui sortait de l'ordinaire ?
La vieille femme fronce les sourcils, et son visage entier se plisse :
- Oui, maintenant que vous me le dites... Il s'était comporté comme un zombie, le jour d'avant. Il agissait de façon mécanique. Il s'était levé à cinq heures du matin et avait tourné en rond jusqu'à ce qu'il soit l'heure de partir pour sa livraison du côté de Wellmeadow Road. Il n'avait que ce nom-là à la bouche.
- Le sortilège de l'Imperium..., murmure l'Élu.
- Je vous demande pardon ?
- Dana, ces deux individus, votre mari les avait déjà vus, n'est-ce pas ?
- Eh bien... Quand il m'a dit de me cacher, il a dit... « Ils sont revenus ». Comme si ce n'était pas la première fois qu'ils entraient dans notre maison !
Sa voix se brise. De son côté, Harry comprenait tout. Deux Mangemorts s'étaient introduits chez son laitier, Jonah Willer, l'avait soumis au sortilège de l'Imperium, et lui avait fait livrer le Furosensis. Puis, le soir venu, ils étaient retournés chez lui et l'avaient tué. L'Avada Kedavra ne laisse aucune trace. Pour les Moldus, cela n'avait été qu'une simple crise cardiaque. Ils ne se doutaient pas que Dana Willer, elle, avait tout vu.
Harry se rapproche encore de la vielle femme et presse ses deux mains entre les siennes. Il faut qu'il parvienne à la raisonner :
- Dana, je vous en prie. Ce que vous faites est admirable. Vous êtes très courageuse, vraiment. Je n'ai besoin que de quelques informations à présent. Ces hommes, à quoi ils ressemblaient ?
- Eh bien... l'un d'eux était grand, décharné. Il n'avait quasiment plus de cheveux.
- Travers...
- L'autre, je n'ai pas eu le temps de le voir. Ils sont partis presque aussitôt. Mais son complice a dit son nom.
Tous les traits de l'Élu se détendent d'un seul coup :
- C'était quoi, ce nom ?
La vieille femme plonge ses yeux dans les siens :
« Dolohov. »
|