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L'Héritier
Par Natalea , Torajio
Harry Potter  -  Drame/Action/Aventure  -  fr
33 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 29     Les chapitres     47 Reviews    
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Prise de pouvoir

Harry relit la dernière page du dernier dossier.

Il se trouve dans le bureau de Kingsley Shacklebolt. Il l'a à peine quitté depuis la prise du Ministère trois semaines plus tôt. Depuis qu'il a tué le Premier Ministre.

Autour de lui, les milliers de pages qu'il a consultées s'ordonnent en des petits tas bien nets. Harry a procédé de façon méthodique. Il a lu les dossiers les uns après les autres, en respectant leur date d'entrée et en veillant à préserver leur système de classement. Mais ce qu'il lit renvoie à tellement de références simultanées qu'il a été contraint d'empiler la moitié des dossiers à même le sol.

« Heureusement que Ron n'a pas eu à travailler là-dessus... », pense-t-il en lui-même.

Cette remarque lui brise le cœur. Pour la première fois depuis la prise du Ministère, pour la première fois depuis des mois, Harry se laisse soudain submerger par tout le chagrin qu'il est parvenu à refréner. La traque des Mangemorts, Dolohov, Ethan, Joanna, Malefoy, le Ministère, les lettres, Kingsley... Tout cela, ce n'était que des diversions. Un combat pour lui faire oublier la réalité. Harry sent soudain des larmes brûlantes lui piquer les yeux, les premières depuis des mois, et il ne les retient pas.

Parce qu'il veut que son meilleur ami soit à ses côtés aujourd'hui. Parce que son fils lui manque. Parce qu'il s'est trompé.

Harry a tenu trois semaines, mais devant l'énormité de ce qu'il a découvert, l'horreur du meurtre de Shacklebolt le rattrape. Il l'a tué. Son ancien ami, presque son ancien mentor. Il l'a tué, et il était innocent. Sa soif de vengeance l'a poussé si loin qu'il en a oublié leur passé commun. Tout ce qu'il devait à cet homme.

La culpabilité s'est sans doute jetée sur lui dès qu'il a réalisé son erreur, mais pour lui échapper, Harry s'est plongé dans le travail. Pas au sujet du Ministère, du gouvernement, ou du peuple qui attendait prétendument son sauveur. Non, sa désillusion lui a rappelé son véritable but. La raison première de ses actes, au tout début, la chose terrible qui a mis la roue du destin en mouvement. Harry veut trouver le responsable de la mort de Ginny, James et Lily.

Depuis combien de temps n'a-t-il pas pensé à eux ? Une pensée pure, nette et sincère, lavée de toute colère ? Un simple souvenir, beau, parfait dans sa nostalgie ? Depuis combien de temps n'a-t-il pas pris la peine de les pleurer ?

Dans les jours qui ont suivi la prise du Ministère, alors qu'il demandait à ce qu'on le laisse seul, Harry a pris conscience de cette aberration. Il les a oubliés. La folie l'a aveuglé, et englouti. Il a du mal à se rappeler le visage de ses enfants. Heureusement, Kingsley, lui, n'avait pas oublié.

Dès qu'il a mis la main sur les premiers dossiers gardés sous clé dans le bureau du Ministre, Harry s'est rendu compte de l'ampleur du travail auquel Kingsley s'est livré. Et pas seulement lui : les dossiers contiennent des rapports émanant des quatre coins du pays, de dizaines d'Aurors et de tous les membres de l'Ordre, en particulier Ron. Retrouver son écriture brouillonne est un rappel bien trop violent à sa vie passée...

Mais Harry, sans vraiment le vouloir, a ainsi basculé de l'autre côté. Il s'est imposé un autre regard : celui de l'Ordre sur ses actions. Plus de la moitié des dossiers lui sont consacrés, il a pu retracer l'escalade qui l'a mené là où il se trouve aujourd'hui. Mais surtout, il y a là toutes les pistes que Shacklebolt a explorées pour identifier le meurtrier de sa famille.

Comment Harry a-t-il pu le prendre pour un traître ? Il a sous les yeux des mois de travail, de filatures, d'interrogatoires, d'investigations. Ron et Kingsley ont fait comme lui : ils ont suivi la piste des Mangemorts en fuite. Ils en ont même retrouvé certains qu'Harry n'avait pas pu localiser. Le Ministère a dit vrai en fin de compte : des mesures ont été prises pour purifier l'Allée des Embrumes. Tous les commerçants interrogés, un grand nombre de trafiquants arrêtés, sans compter les repères d'anciens Mangemorts. Mais surtout, le Ministère a été purgé.

Là où Harry n'avait cru voir que manipulation, mensonge, poudre aux yeux, conforté dans cette idée par Ethan, il peut à présent déchiffrer les rapports d'enquête, les procès-verbaux, les dossiers de tous les agents du Ministère qui ont été mis en cause et destitués de leurs fonctions.

Kingsley est arrivé à une conclusion édifiante. Un fait qu'il n'a pas rendu public, car il n'en a pas eu le temps. Il y avait bien une taupe à l'origine de la libération des Mangemorts, une vipère qui agissait au sein du Ministère. Le long et tortueux réseau de corruption a été démantelé, et tous les fils de la toile se sont additionnés pour remonter à une seule et même personne. Charles Lewison.

Harry relit la dernière page du dernier dossier. Toutes les preuves sont là. Tout indique que Charles Lewison, au cours de ses longues années de service au Ministère, a fait libérer les Mangemorts un par un, usant de son nom et de ses prérogatives ministérielles. De son argent lorsque cela ne suffisait pas. Dans la plus grande discrétion, il s'est acheté le silence de tous les complices qu'une telle opération impliquait. Et il a relâché dans la nature les disciples de l'ancien mage noir, pour qu'ils prolifèrent.

Pourquoi ? Parce que Charles Lewison faisait partie d'une très vieille famille de sorciers. Parce qu'il n'était pas de cette nouvelle génération de Serpentards intégrés à l'ordre nouveau. Parce que Charles Lewison voyait d'un très bon œil se profiler la retraite de Kingsley Shacklebolt, et le siège vacant qu'il offrirait. Lewison briguait le poste de Premier Ministre au prochain mandat. Parfaitement conscient de l'adversaire qu'il aurait à affronter en la personne d'Harry James Potter, il s'était donné les moyens d'obtenir tous les soutiens dont il aurait besoin. La faveur des vieilles familles dont il libérait les membres. Et tous les alliés des bas-fonds que ses nouvelles recrues allaient lui procurer, en échange du service rendu et de son silence.

Oui, Lewison était responsable de la libération des Mangemorts. Oui, le meurtre de la famille d'Harry lui avait profité, puisqu'il avait permis d'écarter son rival potentiel bien plus vite qu'il ne l'imaginait. Mais Lewison n'avait pas commandité les meurtres. Harry le sait. Il l'a lu dans ses yeux, avant de le tuer.

Il se rappelle encore la rage qu'il a ressentie en constatant cette parfaite innocence, cet unique éclat de sincérité pure dans le visage ravagé de Lewison, alors qu'il le torturait. Harry se rappelle les sévices infligés à Lewison avec un calme froid. Il a vu – et commis bien pire, depuis. Tout cela lui est devenu banal. Il n'a même plus le réflexe de se dire à quel point ce constat est horrible. Mais l'expérience lui a appris qu'après de telles horreurs, un homme comme Lewison aurait flanché. Il aurait avoué la vérité bien avant qu'il ne lui enfonce son épée jusqu'à la garde dans la poitrine. Il avait le talent d'un manipulateur né, il avait frayé dans les eaux du pouvoir avec l'agilité d'une anguille, mais... Lewison n'était pas un meurtrier. L'idée de commanditer les meurtres ne lui serait pas venue à l'esprit. Et surtout, il ne s'y serait pas pris de cette façon. Un adversaire déterminé aurait versé un poison mortel dans le lait. Non, il y avait du sadisme dans la façon dont on l'avait drogué, pour le forcer à massacrer sa propre famille. Harry le voit d'autant plus aujourd'hui. Il sait ce que représente le plaisir que l'on ressent à faire souffrir sa victime. Il imagine sans peine tout le plaisir qu'il a dû donner au responsable du carnage.

Quelqu'un frappe brièvement à la porte, et Ethan entre :

- Harry, il serait temps que tu fasses cette déclaration, dit-il avec cet air grave toujours plaqué sur son visage sombre. Tout est en place. Nous avons le contrôle, le pays est verrouillé. Un seul mot de toi, et ça deviendra officiel.

- Je ne peux pas, murmure Harry presque pour lui-même.

- A cause de Shacklebolt ?

Ethan pousse un soupir, découragé et impatient, mais il prend sur lui. Il s'approche du bureau, enjambe une pile de documents et s'assoit dans le fauteuil en face d'Harry :

- Nous en avons déjà discuté. Tu ne pouvais pas savoir. Toutes les preuves menaient jusqu'à lui. Mais à présent il est mort, et tu ne peux plus revenir en arrière.

- Et je suis censé prendre sa place, comme si de rien n'était ? Sans dire la vérité aux gens ?

- La situation est encore fraîche, et donc fragile. Nous ne pouvons pas porter un tel coup à ta position en révélant la vérité.

- Alors nous devons mentir ? Nous devons faire exactement ce que nous reprochions à l'ancien gouvernement ?

- Je sais que ça ne te plait pas, mais c'est purement politique, c'est...

- Regarde.

Harry lui met le dernier dossier qu'il vient de consulter sous les yeux :

- C'était Lewison, le responsable de la libération des Mangemorts. Mon premier suspect depuis le tout début. Celui que j'ai liquidé en premier. Ça fait des mois que je cours après un fantôme.

Ethan s'empare du dossier, le parcourt rapidement et relève sur Harry un regard rempli d'espoir terrifié :

- C'est lui qui...

- Non.

Une lueur s'est éteinte dans les yeux d'Harry. Une de plus.

- Il n'a pas commandité les meurtres. Kingsley a eu beau creuser dans toutes les directions, il n'a jamais pu trouver le moindre lien entre Lewison et Dolohov, encore moins avec Travers. Quant à Dolohov... quand j'arrive encore à lui arracher trois mots, c'est pour me dire qu'il n'a jamais eu de contacts avec Lewison après sa sortie d'Azkaban.

- Et tu le crois ?

- Je le crois. J'ai interrogé Lewison moi-même à l'époque. S'il avait été coupable, il n'aurait pas eu le cran de se taire. Il m'aurait dit n'importe quoi pour sauver sa peau.

Ethan pousse un nouveau soupir, plus appuyé :

- Tout cela ne change rien, Harry. La situation dépasse le cadre de ta propre vengeance. Tu le sais, ça fait des mois que ça dure, tu as bien dû t'en rendre compte ! Ce n'est plus seulement ton combat ! C'est celui de tous les autres, ceux qui t'ont soutenu, qui ont placé leur espoir en toi, qui sont morts pour toi !

- Je le sais bien !

- Alors tu ne peux pas les abandonner sous prétexte que tu as fait une erreur. Tu n'aurais jamais tué Shacklebolt si tu avais su la vérité, tout le monde le sait. Parce que tu ne tues pas gratuitement. Tu n'es pas un monstre, tu es un justicier. Au moment où tu as commis cet acte, tu l'as fait au nom de la justice.

Ethan se lève pour planter son regard bleu dans celui d'Harry :

- Pour nous tous aujourd'hui, c'est une grande victoire. D'autant plus avec ce que tu viens de m'apprendre. Nous avons détruit les responsables, nous les avons punis. Avec les dossiers que tu as sous la main, nous allons pouvoir arrêter les derniers Mangemorts. C'en est fini de la corruption et du mensonge. Nous avons enfin au pouvoir un homme en qui placer notre foi et notre confiance aveugle. Tu n'as qu'un pas à faire. Accepte ce pouvoir.

- Et pour ce faire, je dois rendre Kingsley coupable, c'est ça...

- Ce n'est pas juste pour lui. Mais dire qu'il était innocent, c'est fragiliser ta position et faire de lui un martyr.

- Je ne veux pas entacher sa mémoire alors qu'il était mon ami !

- C'est un sacrifice nécessaire !

Ethan a hurlé. Devant le visage d'Harry devenu blême, il se reprend, plus doux, avec ce charisme magnétique dont lui seul a le secret :

- Ecoute... Il reste encore tellement à accomplir. Tu l'as dit toi-même, Lewison n'était pas responsable. Ça veut dire que le meurtrier de ta famille court toujours dans la nature. Et puis, il y a Albus. Tu ne l'as pas oublié ?

- Bien sûr que non.

- Si tu veux avoir une chance de récupérer ton fils et de l'élever auprès de toi, sans être séparés par les barreaux d'une prison, ou pire... Il te faut le pouvoir pour lequel nous nous sommes battus. Le pouvoir que tu mérites. Quand tu seras Premier Ministre, tu marcheras sur Poudlard et tu réclameras ce qui t'appartient.

Le souvenir d'Albus envahit l'esprit d'Harry et dévore tout. Son visage, il parvient à s'en souvenir. Albus est toujours en vie.

Et soudain, il n'y a plus de remords dans l'esprit d'Harry. Il n'y a plus que le regard profond d'Ethan, l'espoir incommensurable qu'il reflète, et la charge de toutes ces personnes qui se sont battues à ses côtés, qui ont partagé les mêmes peines et les mêmes idéaux. Ethan a raison. Il ne peut pas les laisser tomber.

Au terme de deux années de combats acharnés, Harry sent quelque chose se détacher de lui : il est enfin parvenu au terme de son deuil. Les morts ne le retiennent plus à présent. Kingsley est mort, Albus est vivant. Et Harry fera tout pour le récupérer.

XXX

Ce jour-là, Harry prononce un discours dans lequel il s'adresse à l'ensemble du monde sorcier. La presse désormais sous son contrôle relaye ses paroles aux quatre coins du pays. Harry déclare publiquement que l'ancien Premier Ministre, Kingsley Shacklebolt, était responsable de la libération des Mangemorts de la prison d'Azkaban. Assisté de son complice Charles Lewison, il a œuvré avec la collaboration d'un grand nombre d'agents du Ministère pour se constituer un soutien auprès des vieilles familles de sorciers. Ceci dans le but de rassembler assez d'électeurs pour triompher de son rival, lui-même, Harry James Potter, et être réélu pour un nouveau mandat.

Harry dit cela d'une voix blanche et froide, drapé dans un chagrin qui n'est pas tout à fait feint, mais dont l'origine est autre. Le chagrin de mentir au sujet de son ami, balayé par les objectifs à atteindre.

Ce jour-là, Harry déclare sa prise de pouvoir officielle au poste de Premier Ministre. Le peuple qui a souhaité son avènement quelques mois auparavant l'écoute dans un silence soumis. Et rempli de terreur.

XXX

Harry s'est réfugié dans l'un des grands salons que compte le Ministère de la Magie. Fatigué de son discours, fatigué des manœuvres d'Ethan et de la foule de ses disciples qui l'approche pour le féliciter, pour le toucher comme s'il était un saint guérisseur.

Un verre de whisky à la main, il a allumé un feu dans la cheminée sans utiliser son pouvoir, et s'est surpris à solliciter la présence de Drago Malefoy.

Enfoncé dans son fauteuil, il a un sourire cynique. Si on lui avait dit qu'un jour, son seul plaisir serait de prendre un verre à minuit avec Drago Malefoy... Mais son ancien ennemi est là. Dans le fauteuil auprès du sien, aussi droit que lui-même est avachi, aussi blond que lui est brun. Au moins ont-ils la même ombre sur le visage. Malefoy ne dit rien, il parle rarement sans qu'on ne lui adresse la parole. Cela aussi, ça change de la vieille époque.

Harry se redresse. Il a été un peu dur avec Malefoy. Il s'en rend compte à la façon dont son visage noble a maigri, à sa manière de fuir son regard. Il a marqué son fils, et Malefoy a eu peur. Harry comprend sa réaction. Mais il compte bien faire en sorte que Malefoy n'ait plus de raisons de douter. Sans comprendre pourquoi, son avis lui importe. Harry veut que Malefoy le soutienne, qu'il ait en lui la même foi que celle que manifestent Ethan et Joanna. Cette lueur dans ses yeux, quand il est venu le trouver dans son lit cette fameuse nuit, et qui a permis à Harry de l'épargner, plus que cela : de lui faire confiance.

Malefoy a été un bon serviteur, mais Harry n'a plus revu cette lueur, depuis le jour où Malefoy l'a rejoint. Il se rend compte avec stupéfaction qu'il cherche son approbation. Malefoy est la seule personne de son entourage à faire partie de son ancienne vie. Quelque part, il cherche l'approbation de son passé à travers lui.

Aussi sans préavis, sans réaliser lui-même ce qu'il fait, Harry s'ouvre à lui et lui raconte tout ce qu'il a découvert, tout ce qu'il a sur le cœur. Il sait déjà pour l'erreur sur la culpabilité de Shacklebolt. Il lui raconte ce qu'il a lu dans ses dossiers, et les conclusions qu'il en tire.

Malefoy l'écoute avec attention. On voit sur ses traits qu'il est toujours surpris de se trouver ainsi confident, aussi proche d'un homme pour qui il a entretenu une haine réciproque pendant si longtemps. A la fin de ce déballage de scrupules, d'angoisses, d'hésitations, de ferveurs, de promesses envers l'avenir, Malefoy n'a pas un mot pour les projets d'Harry. Comme à son habitude, il ne commente pas sa politique. Il n'est pas comme Ethan, il ne cherche pas à s'impliquer dans les « affaires d'Etat ». Non, paradoxalement, Malefoy est celui qui le ramène à son humanité. A ses motivations premières. Aussi ce soir, lorsqu'il a terminé, Malefoy dit :

- Il y a une autre conclusion qui ressort de ce que tu as découvert.

Harry hausse un sourcil.

- Lewison était responsable de la libération des Mangemorts, mais il n'a pas planifié la mort de ta famille, continue Malefoy. Ça veut dire que le coupable n'avait pas forcément un lien avec le Ministère.

- Mais il devait nécessairement savoir que les Mangemorts avaient été libérés !

- Oui, et alors ? Regarde-toi. Tu as bien réussi à mettre la main sur Travers tout seul, alors que tu étais recherché par toutes les armées du pays. Travers évoluait en plein jour, en plein cœur de Londres. Il croisait des centaines de personnes dans les rues. Pourquoi tu essayes de te compliquer la tâche, Potter ? Tu es un Gryffondor, ce n'est pas ton truc de réfléchir.

Harry ne relève pas ce faible trait d'esprit. Depuis le temps, il a appris à connaître Malefoy. Il s'est rendu compte que son ancien ennemi fait nettement plus profil bas, et ne se montre narquois que lorsqu'il cache ses propres sentiments, ou une information sensible. Aussi le presse-t-il de lui avouer le fond de sa pensée :

- Ça pouvait être n'importe qui, Potter, lâche enfin Malefoy. N'importe qui aurait pu croiser Travers, ou n'importe quel autre Mangemort dans la rue. Qui ne s'est jamais échappé du Chemin de Traverse pour s'offrir un petit frisson dans l'Allée des Embrumes ?

Harry a du mal à réaliser ce que les conclusions de Malefoy laissent supposer. Mais ce dernier continue, impitoyable :

- Tu t'es toujours imaginé que la libération des Mangemorts et le meurtre de ta famille étaient liés. Aujourd'hui, je crois que tu viens d'obtenir la preuve que ce n'était pas le cas. Tout cet engrenage, cette guerre, tout cet imbroglio politique... Tu te bats pour une cause qui n'a rien à voir avec toi. Oui, deux Mangemorts ont versé du Furosensis dans ton lait. Mais c'étaient des mercenaires. N'importe qui aurait pu les engager. Il suffisait de les croiser dans la rue. Tu t'es imaginé des machinations complexes, alors qu'en fait, le responsable a pu rencontrer Dolohov par hasard ! Tout le chaos qui en a résulté, la découverte du Ministère corrompu, toi qui tue Shacklebolt et qui prend le pouvoir... Je doute que le coupable ait voulu tout ça dès le départ.

Harry reste stupéfait. Puis une colère sourde envahit sa poitrine :

- Pourquoi faut-il que les réponses amènent toujours plus de questions ? murmure-t-il.

Mais les réponses dessinent un tableau qu'aucun des deux camps n'est encore en mesure d'appréhender. Chacun dispose de pièces différentes, et c'est à celui qui les arrangera le plus vite, pour comprendre. Tard cette nuit-là, Drago Malefoy se rend sur le toit du Ministère pour griffonner un message au péril de sa vie. Il écrit tout ce qu'Harry lui a confié, et les conclusions auxquelles lui-même a abouti. Il donne ainsi l'avantage à l'Ordre du Phénix qui dort dans son château de pierre, tout en sachant qu'au matin, on remarquera qu'un hibou manque à l'appel.

 

 

 
 
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