Tout en fourrant sa caisse et son sac à dos dans le hayon, Landry se mit à bougonner : "C'est quoi ce bordel, Voleuse ?

- C'est pour le projet que je veux proposer !

- Mais t'as vu la quantité de merdes que tu as ramenées ?

- Oui, c'est fait exprès !

- Une maboule, on a hérité d'une maboule.

- Tu sais, Doc, Henri aurait dû me dire que vous aviez un grincheux dans vos rangs ! Gloussa Manue

- Grrrr, elle m'énerve !"

Le reste du groupe sourit à la jeune femme qui prit le volant de son Land Cruiser. Ils reprirent la route du Fort. Tout le long du trajet, le soldat ronchonnait et grognait contre Emmanuelle.

"Écoute, Soldat, j'ai ramené des livres pour le Doc, et j'ai ramené ces "merdes" comme tu dis parce que j'ai espoir en l'avenir et pour moi, le Fort est le meilleur espoir que tout notre groupe peut avoir. Quand je vous aurai expliqué le but de ce ravitaillement, je suis persuadée que vous vous rallierez à mon idée.

- Le but du ravitaillement d'aujourd'hui était de ramener du matériel médical, voleuse !

- J'avais l'accord d'Henri !

- Il connaît ton projet ?

- Non mais il m'a dit que mes compétences me permettaient de mener deux missions simultanées. Ce que j'ai fait puisque j'ai sauvé tes jolies petites fesses de plusieurs mordeurs, non ?

- Grrrrr !

- Allez, on fait la paix !

- Mouais, on verra !"

C'est sur ces derniers mots qu'ils finirent le reste du trajet. Catherine était enchantée, son stock de médicaments lui permettrait de durer un à deux ans si la population n'augmentait pas de façon exponentielle. Au cours du rangement, Emmanuelle lui indiqua qu'elle retournerait sur place, plusieurs fois s'il le fallait, pour tout récupérer.

Une réunion exceptionnelle fut organisée le lendemain à la demande de la Ravitailleuse. Avec Rodolphe, elle avait fait des tas sur la grande table du logis. Tout le monde entra dans la pièce, du plus vieux au plus jeune. Certains restèrent debout, d'autres s'assirent par terre par manque de place.

"Bonjour à tous !

- Bonjour, Manue ! Répondirent-ils en chœur.

- Certains d'entre vous savent que j'ai énormément d'espoir en ce fort et en une vie normale grâce à lui ! Dès lors, une des normalités du passé ancien comme très récent a toujours été de recenser les naissances, les décès et les mariages ! J'ai pris tous ces cahiers brochés, ces cahiers typés administratifs et des tonnes de crayons afin de faire des registres d'État-Civil. Certains autres cahiers pourront aussi servir de « journal » pour ceux qui le souhaitent. Alors... qu'en pensez-vous ? »

L'angoisse qu'on la traite de folle l'étreignit, néanmoins elle vit quelques sourires approbateurs sur certains visages dont Karine, la mère de la petite Rose, qui était enceinte de cinq mois. Henri se leva.

« Et bien mes amis, vous savez quoi ? Je ne regrette absolument pas notre décision d'avoir accueillie Manue et ses neveux !

- Moi non plus, je ne le regrette pas ! Intervint Catherine.

- Et si tu as d'autres idées de ce type-là, n'hésite pas à devancer nos désirs ! Reprit Henri en souriant. Il nous reste plus qu'à trouver un volontaire pour la tenue des registres !

- Moi, je veux bien ! Intervint Matthieu le mari de Karine.

- Et bien c'est décidé et tu recenseras tous les habitants avec leurs dates et lieux de naissance. Dit Henri.

- Je voudrais proposer autre chose. Il va falloir qu'on s'organise pour préparer les champs alentour pour faire des cultures de céréales et de légumes. Et peut-être aussi un peu d'élevage ! Reprit Emmanuelle

- Tu vas pas bien, voleuse, tu oublies les « rôdeurs » ! Se moqua Landry

- A Chanteloup, ils avaient conçu des sortes de « chevaux de frise » avec de multiples tiges de métal qui arrêtaient les mordeurs. On pourrait en fabriquer et en installer, afin de nous permettre de fabriquer tranquillement des clôtures le plus haut possible ? Et reculer comme cela jusqu'au parking. Les champs entre le fort et le parking devraient nous suffire, non ?

- Bon, ceux qui sont intéressés pour participer à ce projet, restez ici, les autres, vous pouvez repartir à vos activités ! » Stoppa Henri.

La plupart des civils quittèrent les lieux excepté ceux qui soignaient les chevaux et le poulailler, ou qui jardinaient et s'occupaient des plantations. A l'inverse, la totalité des gardes étaient restés ainsi que Rodolphe. Ce qui n'étonnait guère Emmanuelle. Par contre, elle avait préféré qu'Inès et Svein sortent même si ce dernier les avait quittés en boudant.

Tous ceux qui restèrent discutèrent des méthodes pour fabriquer ces « chevaux de frise » puis de l'installation de véritables clôtures. La Normande proposa, une fois les clôtures posées, de laisser les chevaux de frise aux abords des barrières qui permettraient de passer.

Les quelques bricoleurs dirent qu'il faudrait peut-être quelques années pour la pose des clôtures et qu'il faudrait délimiter rapidement les champs cultivables dès ce printemps afin de les entourer de « chevaux de frise ». Comme à son habitude, Landry s'opposait à toutes les propositions d'Emmanuelle même si toute l'assemblée la soutenait. Henri désigna un certain Hugues pour la gestion des équipes devant s'occuper des chevaux de frise et de la préparation des cultures.

A la sortie de la réunion, Emmanuelle vit Landry, grommelant encore, rejoindre ses quartiers au premier étage de la salle des gardes. Elle s'empressa de le suivre. Il claqua la porte derrière lui qu'elle ouvrit sans demander d'autorisation et fit à son tour claquer la porte.

"Je ne sais pas ce que vous avez contre moi mais il va falloir calmer vos nerfs, soldat ! Hurla la jeune femme si énervée qu'elle usa du vouvoiement pour montrer son mépris.

- Vous n'êtes qu'une pétasse qui s'est ramenée la bouche en cœur et qui fait du charme à tout le monde ! Le vieux Henri est obsédé par vous !

- Vous rêvez, il me voit comme sa fille qu'il a perdue !

- Ouais, c'est cela, il a aussi perdu sa femme... comme par hasard une jolie petite femme aux cheveux auburn comme vous, voleuse ! TU cherches à prendre le pouvoir espèce de GARCE !

- Mais qui c'est le maboule en cet instant ! Je me fiche du pouvoir, seul m'importe de protéger ceux que j'aime, seul m'importe l'espoir d'un nouvel avenir.

- C'est cela, une voleuse et une menteuse !

- Mon pauvre ! Tu n'as rien compris, mais pourquoi je t'ai sauvé la vie si tu dois me pourrir tous mes espoirs de vie, tous mes espoirs d'avenir ici avec tout le groupe ?

- Pour essayer de me manipuler, bien sûr !

- Idiot !" Murmura-t-elle.

Sur ce dernier mot, elle tourna les talons, prête à repartir quand une poigne forte la plaqua contre la porte.

"Je t'interdis de partir, voleuse ! On n'en a pas fini toi et moi !

- Mais à la fin, pourquoi me traites-tu de voleuse ? C'est lassant à la fin !

- Parce que tu m'as volé mon cœur, voleuse !" Lui souffla-t-il à l'oreille et lui occasionnant un long frisson dans toute la colonne vertébrale.

Avant qu'elle n'ait pu réagir, il posa ses lèvres sur les siennes et plaqua son corps musclé sur celui plus souple de la jeune femme. Gémissante, elle répondit avec passion au baiser auquel il la soumit. Elle entoura la forte nuque de ses bras fins et l'attira encore plus à elle, se frottant avec délice contre lui. Il la souleva par les fesses pendant qu'elle croisait ses jambes autour de lui. Leur baiser devint dévorant et Landry lui donna un coup de rein pour lui montrer son désir brûlant.

Soudain, il s'arrêta et posa son front contre celui de la jeune femme tout en reprenant son souffle. Il recula la tête et la dévisagea. Un sourire atterrit sur ses lèvres lorsqu'il vit le regard chaviré de désir de son amante. Avec fougue, il l'emmena sur son lit et reprit ses baisers. Avec une dextérité qui confondit la jeune femme, il la déshabilla rapidement. Sa bouche commença alors à se poser ailleurs que sur les lèvres de sa maîtresse. Elle se tordait sous les caresses audacieuses et gémissait derechef.

Alors qu'elle écartait et remontait ses jambes sur le jeune homme, elle lui susurra : "Tu ne serais pas un peu trop habillé ? Je veux sentir ta peau !". Aussitôt, il se déshabilla maladroitement aidé par sa compagne. Une fois fait, elle posa ses mains sur son poitrail musclé et le caressa occasionnant plusieurs frissons de plaisir à son amant. Puis, elle passa ses mains dans son dos, et appuya ses jambes sur les fesses fermes du soldat en soufflant : "Prends-moi !

- Tu es trop pressée, petite voleuse, on a tout notre temps !

- Cela m'a manqué !

- A moi aussi, mais je veux prendre mon temps, ce n'est pas que de la baise pour moi!

- Oh ! S'exclama-t-elle confuse. Moi non plus !

- Ah oui, serais-je aussi un voleur ?

- Oui !

- Super alors !"

Il l'enlaça fortement, en prenant sa bouche amoureusement et frottant son pubis sur celui de la jeune femme. En chœur, un gémissement sortit de leurs deux gorges. Prenant en main son pénis, il s'introduisit doucement en elle. Ils tremblèrent tous les deux tant la sensation était forte.

C'est alors qu'eu lieu entre eux la plus vieille danse du monde, celle qui fait vibrer les cœurs et les âmes, celle qui fait grandir le monde et entendre le rire des enfants.