Après un peu plus de deux semaines, le nouvel habitant avait pris ses marques. Au-delà de son ministère, il s'avéra qu'il était aussi cuistot et s'était mis à aider et soutenir Mireille dans la cuisine. Il avait proposé ses bras pour toutes activités physiques ayant rapport avec le bois, le jardinage et le bricolage. Sur la quarantaine d'habitants, un peu moins d'une vingtaine de personnes fréquentait l'église et se rendait à la messe du dimanche.

Cela faisait quelques minutes qu'Emmanuelle était revenue de cette dernière, accompagnée par Inès qui s'était intéressée à la foi de sa tante ces derniers jours. La jeune femme demanda à sa nièce de partir à la cantine car elle devait parler à Landry.

"Tu dois me parler ?

- Euh, oui !

- De quoi ?

- Euh... et...

- Cela tombe bien, je dois aussi te parler mais je ne savais pas comment aborder le sujet.

- Comment on fait alors ? Interrogea la jeune femme. Parce que moi aussi j'ai un peu de mal à te parler et cela depuis des semaines. Parce que je ne sais pas si tu vas bien le prendre !

- Ouh... cela m'inquiète ! Moi aussi, je m'inquiète de comment tu vas le prendre. Bon... et si on se le disait en même temps ? Hein ? On compte jusqu'à trois et on se le dit ?

- D'accord ! Allez...

- 1... 2... 3... je suis enceinte !

- 1... 2... 3... veux-tu m'épouser ?

- Quoi ?

- Quoi ?

- Landry, s'il te plait, laisse-moi parler en premier.

- Vas-y ma chérie !

- Tout d'abord, il n'y a que Cat qui soit au courant c'est pour cela que tu m'as vu avec elle cette fameuse matinée où je suis partie en courant. Je ne sais pas si tu veux un bébé, surtout en cette période "difficile" ! Surtout que si cela se passe mal lui comme moi pouvons nous transformer en mordeurs. Et puis tu es un soldat, tu peux mourir n'importe quand et...

- Chérie, je vais t'arrêter là ! Aucune objection que tu pourras me fournir ne me fera croire que la venue de ce bébé est une mauvaise chose. Apprendre cela tout de suite m'a donné l'impression que mon cœur explosait comme un feu d'artifice et depuis il y a un petit "Landry" qui sautille dans mon cœur, mes poumons et ma tête. Je t'aime et ce bébé est une raison supplémentaire pour que tu m'épouses. Tu m'as converti à l'espoir en l'avenir plus que quiconque n'aurait pu le faire.

- Mon guerrier poète ! D'accord ! Le coupa-t-elle

- Comment cela ?

- Je veux dire que je veux bien t'épouser.

- Tu dois savoir, ma chérie, que c'est l'arrivée du prêtre qui m'a donné envie, vois-tu je suis catholique aussi. Et quand je t'ai vu aller à la messe, cela m'a décidé ! Tu vois, je suis sûr qu'on est "accordé" !

- Tu te rends compte, mon amour, que cela va être la folie dans le château !

- Comment cela ?

- Tout le monde va vouloir participer d'une façon ou d'une autre !

- Oh, oui ! Tu n'as pas tort ! Et bien si cela peut leur faire plaisir, moi tu sais ! Je te propose qu'on aille en parler au père Antoine après le déjeuner.

- D'accord !"

Tout le temps du repas, ils n'arrêtaient pas de se jeter des regards énamourés, et un sourire de pure béatitude illuminait leur visage. Tout le monde s'interrogeait de ce comportement et quelle information il leur manquait. Le Doc, quant à elle, souriait car elle avait plus ou moins compris ce qui se tramait, encore, entre ces deux là !

Ce bonheur conjugal contamina les autres habitants qui se laissèrent entraîner dans une bonne et chaleureuse ambiance. Romain, dont la gaieté était naturelle, s'exclama : "Vous savez que dans moins de deux semaines, ce sera le printemps ?

- C'est vrai ? Demandèrent plusieurs personnes.

- Et si on faisait une fête ?" Proposa Mireille.

Cette idée obtint l'approbation générale et tous discutèrent à qui mieux mieux pour savoir ce qui devrait être fait. Le couple Landry-Emmanuelle vit le prêtre quitter la cantine pour se diriger vers la chapelle. Ils le suivirent rapidement, pataugeant dans la neige fondue. En entrant, ils le virent en train de réaligner les chaises. Landry s'approcha : "Mon père !

- Oui, Landry, bonjour, bonjour à toi aussi Emmanuelle ! Que me voulez-vous jeunes gens !

- Voir avec vous quand et comment organiser notre mariage !

- Vous désirez vous marier ?

- Oui, mon père ! Dit la jeune femme en s'avançant.

- Cela vous est venu comme cela ? Demanda le prêtre au soldat.

- Non mon père, nous sommes "ensemble" depuis quelques mois, nous nous aimons, j'y pensais avant mais votre arrivée a été un miracle... en plus... au moment où je lui ai demandé de l'épouser, elle m'a appris sa grossesse !

- Et vous voulez vous marier avant la naissance de l'enfant ?

- Oui ! Répondirent-ils en chœur.

- Et bien, venez vous asseoir, nous allons en discuter."

Ils passèrent une bonne partie de l'après-midi avec le père Antoine et arrêtèrent avec lui une date en mars vers l'arrivée du printemps. A peine avaient-ils raconté leur projet avec leurs très proches qu'étaient les trois enfants, Henri, Catherine, Romain et Alexis, que le reste de la population du château avait obtenu l'information. Il s'avéra que c'était la faute des deux pipelettes qu'étaient les deux jeunes adjoints du couple. Ce fut d'ailleurs le sujet d'une course à travers le château où Landry en avait après Romain et Alexis.

Les jours avançaient à toute vitesse et la date fatidique approchait à grands pas. Mireille avait décidé que la fête du Printemps serait attribuée au mariage. Le jeune couple qui avait espéré faire un petit mariage tout simple en était pour ses frais.

La veille du mariage, alors qu'il remontait dans sa chambrée, Landry trouva un mot sur leur lit.

"Mon amour, je viens de me rendre compte que je n'aurai pas de bouquet de fleurs. Je suis partie chercher des fleurs de l'autre côté de la clôture. Ne t'inquiète pas, je sais toujours comment tuer des mordeurs et j'essaierai d'être de retour avant minuit. Je t'aime. Emmanuelle."

Sa réaction fut : "Je vais épouser une folle !". Hélas, il savait que s'il lui courait après pour l'en empêcher, elle lui ferait payer en la privant de sexe ou pire en annulant le mariage lui-même.

Pendant ce temps-là, à la dernière barrière de la clôture (il y en avait trois dorénavant) la jeune femme discutait avec le garde de nuit : "Allez, ne me complique pas la vie, laisse-moi passer !

- Je n'ai pas envie, je suis sûr que le chef va me tuer, surtout s'il t'arrive quelque chose.

- Alleeez, Alexis, je n'en ai pas pour longtemps.

- Mais enfin, Manue, tu es enceinte, tu dois te marier demain et je te rappelle qu'il n'y a pas si longtemps tu étais dans le coma !

- Et cela fait plus de six mois, tu ne vas pas me casser les pieds avec cette vieille affaire ! Si tu m'embêtes, je me mets à chanter à tue-tête pour faire venir les mordeurs !

- Grrrr ! C'est bon, vas-y !

- Merci, je serai de retour d'ici deux ou trois heures !

- T'as intérêt, dans trois heures si tu n'es pas de retour, j'appelle le chef !

- Ok, ok !"

La jeune femme était partie avec une simple salopette-teeshirt et un pull dessus. Elle ne voulait pas s'encombrer d'un manteau surtout si elle devait affronter des mordeurs et ne pas abîmer son futur bouquet. A part ses armes, elle avait prit soin d'emmener sa coéquipière préférée, sa chienne Anita.