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au 31 Mai 21 :
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Sanctuary Fortress
Par Alfgard
The Walking Dead  -  Action/Aventure/Angoisse  -  fr
31 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 25     Les chapitres     1 Review     Illustration    
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Une Nouvelle Société

Plus d'un an et demi était passé depuis cette bataille des sanctuaires contre les renégats parisiens. Ce qui les faisait entrer dans la cinquième année depuis le début de l'épidémie. Tous les sanctuaires de Bretagne avaient commencé à instaurer une sorte de petite féodalité plutôt égalitaire. Les échanges économiques et de savoirs s'étaient démultipliés entre tous.

La fabrication de télégraphes visuels avait été proposée par le Caporal Chappe devenu Sergent-Chef depuis lors. Il avait proposé cette idée sur le principe du télégraphe de Claude Chappe. Il permettait de suppléer, et inversement, aux faiblesses du réseau colombophile instauré aussitôt après la bataille.

La petite fédération des sanctuaires bretons comptait déjà une trentaine de groupes. Les plus à l'extérieur de ce territoire avaient commencé à rencontrer les sanctuarisés des autres régions. L'idée avait rapidement fait son chemin et dans le Grand Ouest de la France, comprenant la Bretagne, la Normandie, le Centre, les Pays de Loire et le Poitou-Charentes, on se lançait aussi dans le même projet.

D'autres choses avaient changé. Ainsi, le nombre de mordeurs encore debout faiblissait de jour en jour. Non seulement, les diverses patrouilles se faisaient un honneur de tuer le moindre mort encore en goguette, mais en plus les médecins de la fédération avaient observé les restes de certains à la décomposition particulièrement avancée. Ils avaient découvert qu'à un certain moment, les mordeurs perdaient leurs moyens de locomotion car leurs membres perdaient muscles et ligaments par la décomposition mais aussi par les attaques des corbeaux, merles et pies. Par la suite, ceux qui tombaient au sol voyaient leur cerveau être enfin dévoré par les vers et autres petits animaux. Les médecins pensèrent que l'absence d'alimentation affaiblissait le virus clairement logé dans le cerveau et que les mordeurs finissaient par réellement "mourir".

Le seul problème pour ces médecins était le manque de matériel qui leur aurait permis de continuer les travaux des virologistes qui dans les premières semaines avaient vainement essayé d'éradiquer cette horreur. Ils décidèrent donc de trouver les solutions pour éviter au maximum que les "nouveaux" mordeurs contaminent les vivants. Un groupe assez nombreux qui s'était sanctuarisé dans la maison d'arrêt de Saint-Malo avait vu ses habitants décimés pour moitié à cause d'un vieillard mort dans son sommeil.

C'est ainsi que le moindre malade, la moindre toux, la pauvre personne âgée entraînait systématiquement la quarantaine. C'est ainsi que sans avoir un comportement alarmiste et affolé, les gens ne cachaient plus aux autres quand ils étaient malades ou mal en point. Dévoiler ses faiblesses dues aux maladies était même devenu un devoir que chaque habitant de la fédération bretonne respectait avec honneur.

Un autre comportement était apparu parmi les populations survivantes : ne plus chercher à agrandir leur communauté. Était-ce pour simplifier la recherche et la production alimentaire ou pour contrer les risques de contagions diverses dues aux maladies ? De même, les villes qui avaient été vidées de leurs habitants et aussi des mordeurs, ne servaient plus qu'à rechercher des matériaux et des matériels restant encore du passé. De plus en plus, ces mêmes villes étaient envahies par les plantes et les animaux qui conquéraient ce nouvel espace que l'homme leur avait grignoté.

Néanmoins, il fallait bien échanger entre les divers sanctuaires. Dès lors, ils remirent en route ces grandes foires annuelles si populaires autrefois que l'on pratiquait dans un champ. C'était copié sur la célèbre Foire de Lessay. Ils arrêtèrent la date vers le solstice d'été et plus particulièrement la Fête de la Saint-Jean. En cette cinquième année de l'épidémie, c'était la deuxième année qu'ils l'organisaient dans un champ au Nord de l'ancien village de Hénanbihen. Il y était échangé des animaux, des fruits, légumes et céréales, des trocs de matériels fabriqués par les gens eux-mêmes ou rénovés. Les Chefs discutèrent des mariages entre eux pour savoir où un couple devait aller vivre afin de ne pas déstabiliser la population d'un château tout en essayant au maximum de satisfaire aux envies d'habitat du jeune couple.

C'est ainsi, au cours de cette deuxième foire, que déambulait entre les exposants la famille Dufay-Jehanne. Ils avaient utilisée une grande carriole tirée par des traits bretons et des cobs normands. Tandis que le couple tenait dans ses bras, qui Landry son fils Herulf, qui Emmanuelle, sa petite fille de quelques semaines, Solveig, les adolescents, presque des adultes déjà, suivaient à quelques pas. Les trois garçons Rodolphe, Svein et Romain, qui faisait quasiment partie de la famille et ne les quittait jamais, et Inès demandèrent à déambuler de leur côté. Le couple le leur accorda en souriant.

Ils leur avaient aussi permis de participer aux feux de la Saint-Jean. Ils en avaient longuement parlé au cours de l'hiver puis avaient cédé. Quand même, Rodolphe aurait déjà dix-huit ans en août et sa tante prévoyait un grand anniversaire avec Mireille. Inès quant à elle avait maintenant dix-sept ans et Svein quinze. S'ils respectaient toujours autant leur tante et son époux, ils se libéraient de plus en plus souvent de leur tutelle et viendrait le jour où la jeune femme lâcherait complètement la bride.

Un petit couinement se fit entendre dans les bras de Landry. Du haut de ses deux ans, Herulf avait clairement envie de marcher. Son père le posa au sol et le confia à sa mère tout en prenant sa fille dans les bras. Solveig... il avait tiqué tout d'abord que Manue veuille encore donner un prénom viking à leur deuxième enfant mais il avait cédé quand il avait apprit ce que signifiait ce prénom. S'il avait été fou de son fils, il était clairement tombé amoureux de sa fille. Elle avait le crâne déjà recouvert d'une touffe de cheveux abondants, ils étaient bruns aux reflets roux comme ceux de sa mère. Avoir une miniature de sa mère entre les bras, le rendait complètement gâteux.

"Dis-moi mon amour, vas-tu sauter aussi aux feux de la St Jean ? Demanda Manue.

- Tu rigoles, ce n'est plus de mon âge.

- C'est vrai, tu es si vieux, hein ?

- Ma chérie, j'ai plus de trente ans... je suis père, deux fois, ce n'est plus de mon âge ! Et puis, je suis un "Chef de Guerriers", je suis un notable, je ne peux pas courir par-dessus un feu."

Sur ces derniers mots, Manue explosa de rire devant l'air sérieux de son mari.

"Dis plutôt que tu as peur !

- Pfffff"

Ils continuèrent à déambuler dans la Foire. Ils assistèrent à plusieurs spectacles, des chanteurs et des musiciens s'entendaient de partout. Les gens étaient enchantés d'entendre à nouveaux des chants et musiques. Le couple vit des enfants fourrer des morceaux de bois dans le futur bûcher de la St Jean. Herulf en eut marre que sa mère lui tienne la main et l'ôta de celle de Manue. Il courut à toute vitesse et fut vite perdu parmi la foule. Le cœur de Manue se serra et cria après Landry en lui montrant où était parti leur fils : "Herulf s'est échappé !".

Le père tendit Solveig à Manue et partit à la poursuite du petit fuyard. Loin derrière lui, sa femme le suivait en regardant à droite et à gauche. Elle tomba sur ses neveux et leur expliqua le problème et eux aussi recherchèrent le garçonnet. A un moment, épuisée par le poids de sa fille et abattue par l'angoisse, elle s'assit sur un rocher présent dans le champ. Les larmes roulaient doucement sur son visage. Puis elle entendit des cris de femmes et d'enfants du nord de la Foire. Elle s'y précipita et affronta un flot de gens fuyant, à ce qu'elle comprit, des mordeurs.

Elle s'arrêta et vit à cent mètres devant elle une demi-douzaine de morts. Sur la droite, elle vit Landry et d'autres hommes courir vers eux. Soudain, son cœur s'arrêta de battre, à moins de quelques mètres des mordeurs se trouvait Herulf, tendant les bras vers eux en riant. Elle remit sa fille à Inès qui était avec elle et se précipita en courant vers le garçonnet. Ses muscles se révoltaient de les solliciter avec autant de force si peu de temps après son deuxième accouchement. A perdre haleine, elle piqua un sprint vers le rôdeur le plus proche de son fils et lui donna un coup de pied dans le bassin. Elle vit sur le côté des hommes abattre certains mordeurs. Elle chercha son poignard à sa taille et se rappela l'avoir laissé dans le chariot.

Alors, elle empoigna son fils, s'enroula autour de lui et s'effondra au sol pour le protéger des morts. Elle ferma les yeux prête à mourir pour l'enfant et, le dos rond, attendit avec appréhension la première morsure. Elle sentit une main griffue agripper sa veste de laine et retint son souffle. Un poids s'écroula sur son dos mais ne bougea pas.

"Manue, ma chérie ? Tu vas bien ? Dit Landry en repoussant le cadavre du mordeur.

- Je... je crois ! Et les autres ?

- Personne n'a été mordu dans le public !"

Elle se laissa tomber sur les fesses et entreprit d'ausculter Herulf afin de vérifier s'il avait été mordu ou non. Elle souffla et se mit à pleurer bruyamment, en s'insultant copieusement sur l'absence de son poignard, sur le fait qu'elle n'avait pas bien tenu la main du petit garçon, qu'elle était une mauvaise mère. Tandis qu'il remit son fils à Rodolphe, Landry prit sa femme dans les bras et la consola. Il l'emmena à une tablée du banquet du soir suivi par toute la famille.

La jeune femme resta amorphe tout le reste de la journée, et ainsi jusqu'à la nuit tombée. Elle avait reprit Herulf dans ses bras après avoir allaité Solveig. Son mari ne l'avait pas quitté d'une semelle et l'avait gardée contre lui.

Le Feu de la St Jean était déjà allumé depuis une bonne heure et il avait diminué de hauteur, il était passé de quatre mètres de haut à un peu moins de deux mètres. Dès qu'il ne resta plus que quelques bûches et un tas impressionnant de braises, les jeunes gens, filles et garçons, commencèrent à sauter par-dessus. Quelques adultes tentèrent le coup et cela fini sur de grands éclats de rire. La foire fut officiellement finie et pour cela tous trinquèrent au chouchen de l'année précédente.

La famille Dufay-Jehanne reprit la route pour le Fort la Latte guidée par un magnifique clair de lune. Les deux bébés dormaient tranquillement. Manue se tourna vers son mari : "La journée nous aura apprit une chose. Tant que le virus ne sera pas éradiqué, il nous faudra toujours être vigilants et armés, toujours. J'ai été présomptueuse de croire que tout était fini si vite et de croire qu'il n'y aurait plus de dangers.

- Tu es devenue mère de famille, cela te donne le droit de vouloir poser les armes et te reposer un peu d'être prête à te battre.

- Je n'ai jamais été aussi peu vigilante avec mes neveux !

- Parce que même si tu les aimais aussi, tu t'étais fait une mission de les protéger ! Ne te mets pas martel en tête. Ou tu vas te rendre malade.

- Oui mais...

- Non ! Arrête, tu as protégé ton fils en repoussant un mordeur à mains nues et en le protégeant de ton corps !

- Je...

- Non ! Je ne veux plus rien entendre et tu vas te remettre à vivre aussi normalement qu'avant ! C'est un ordre !

- De qui ?

- De moi, ton époux !

- Et de moi, ta nièce ! Intervint Inès

- Et de nous ! Tes neveux ! Dirent en se regardant Rodolphe et Svein

- Et de moi, ton ami et coéquipier ! Ria Romain.

- D'accord, je n'ai le droit que de me taire !?

- OUIIII !" Hurlèrent-ils.

Après avoir bien rit, ils racontèrent comment ils avaient vécu le reste de la journée. Les torches au sommet de la poterne du mur d'enceinte les accueillirent. Ils finirent le trajet jusqu'au château, à pied, en chantant des chansons pour la marche.

 
 
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