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au 31 Mai 21 :
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Sanctuary Fortress
Par Alfgard
The Walking Dead  -  Action/Aventure/Angoisse  -  fr
31 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 31     Les chapitres     1 Review     Illustration    
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Mémoire maudite

La Miraculeuse nouvelle qu'avait été l'annonce puis la preuve que la pandémie avait été éradiquée n'en finissait pas de faire rire et sourire les vivants de toutes parts. Les gens commençaient à se promener moins armés. Même les animaux sauvages semblaient savoir qu'ils risquaient moins des rôdeurs.

De milliers de cadavres jonchaient les campagnes et les villes. De même, des milliers d'insectes envahirent les rues et les chemins. Ces mêmes insectes furent dévorés par leurs prédateurs. Cela occasionna un pic de naissance absolument faramineux sur l'ensemble de la chaîne alimentaire. Toutes les races animales et mêmes les plantes et arbres bénéficièrent de ce formidable apport. L'homme qui avait détruit la nature et qui avait créé cette maladie, ils l'avaient apprit depuis, avait permis aussi ce renouveau.

Certes pendant plusieurs semaines les vivants durent porter des masques pour se protéger des insectes ET des odeurs mais le bénéfice en valait la peine.

Manue indiqua alors à ses amis que plus rien ne l'empêchait de rejoindre sa région natale. Elle partit donc dûment armée de matériel emplissant deux chariots que Rodolphe avait fabriqués et attelés à quatre jeunes chevaux de trois ans qu'elle avait élevés. Elle fourra ses quatre enfants dans un des chariots quand ses deux neveux montèrent dans le deuxième. Inès avait décidé de rester temporairement et promis de venir les voir l'année suivante. Elle était enceinte et ne voulait pas voyager ainsi. Romain non plus ne le voulait pas. Ce fut de longues embrassades avant qu'ils arrivent à se quitter.

Le mini convoi d'humains et de bétails ne mit que quelques jours pour arriver à la maison des parents d'Emmanuelle. Elle prévint ses neveux que leur tâche première serait d'inhumer leur famille et que leurs deux parents se trouveraient auprès de la barrière.

Effectivement, après avoir ordonné aux enfants de rester dans le chariot, le trio trouva les squelettes aux crânes percés près de la barrière. La "ravitailleuse" indiqua que cela prouvait que personne n'avait "prit" la maison. Ils prirent les draps qu'elle avait emmenés et les cousirent autour des corps. Ils firent de même avec les six corps à l'intérieur. Le petit bois attenant à la propriété fut nettoyé et l'ensemble de la famille y fut enterrée. Au cours des semaines qui suivirent, Rodolphe fabriqua de magnifiques croix et une belle clôture pour clore ce petit cimetière.

Les deux jeunes hommes aidèrent leur tante à nettoyer la maison de ses parents afin qu'elle puisse s'y installer avec ses enfants. Entre-deux, ils travaillèrent sur le jardin pour préparer l'hiver. Leurs bétails furent mit dans le champ voisin clairement abandonné au cours de la décennie. Ils rénovèrent les stabulations des anciens voisins afin de pouvoir rentrer les bêtes à l'hiver. Les garçons choisirent d'aller voir leur maison qui elle avait été pillée de toutes ses ressources alimentaires et vestimentaires. Il restait heureusement les souvenirs familiaux qu'ils déménagèrent dans la maison voisine de leur tante.

Après quelques semaines, ils allèrent enfin visiter les villes voisines de Torigni sur Vire et surtout de leur ville de naissance Saint-Lô. Une certaine activité avait reprit dans celles-ci. Les trois adultes proposèrent leurs mains et leurs compétences. A la fin de l'automne quand ils furent bien installés dans le petit hameau, quand leurs récoltes furent rentrées, ils commencèrent à travailler sur les ouvrages qui leur avaient été commandés. A la sortie de l'hiver, ils purent ainsi ouvrir un compte bancaire à la banque qui s'était créée à Saint-Lô. On n'y déposait plus de billets, seules des pièces d'or, d'argent et de cuivre étaient battues. Le blason de chaque fédération apparaissait à chaque verso. Les fédérations s'étaient entendus pour que TOUTES leurs monnaies aient la même valeur.

Trois ans après l'éradication de l'épidémie, de nombreuses petites villes, les gens fuyaient les trop grosses agglomérations, avaient réussi à faire réinstaller l'électricité. Petit à petit, les mêmes systèmes écologiques permettant à de nouvelles automobiles de rouler permirent aux ruraux de bénéficier à nouveau de l'électricité.

Si certains étaient heureux de récupérer une voiture, beaucoup préférèrent en rester aux chevaux estimant qu'ils permettaient de garder le "rythme" normal de la nature. Ce qui fit que des carrioles croisaient des automobiles toutes aussi silencieuses qu'elles.

De nombreuses professions considérées comme inutiles avaient disparus quand de vieux métiers des siècles passés avaient resurgis. Un certain équilibre avait fini par se faire entre technologie et nature. Plus aucuns polluants chimiques et plus aucunes énergies fossiles ne furent autorisés par les fédérations. Et l'imagination des habitants put remplacer la facilité d'utiliser ce qui était néfaste.

La téléphonie était revenue sur une bonne partie du territoire au bout de sept ans. Les Dufay-Jehanne avaient grandis et mûris. Inès et Romain avaient fini par les rejoindre deux ans après l'arrivée de leur famille et s'étaient installés dans la dernière maison du hameau.

Ils avaient investis les champs alentours et faisaient élevage et culture de blé et autres céréales. Les jardins et les fruitiers donnaient suffisamment pour l'ensemble de la famille. Un vrai et simple bonheur s'était installé pour tous.

Les quatre enfants de Landry grandissaient en force et ne tombaient jamais malades à part un rhume ou deux pendant les hivers. Inès avait mis au monde trois enfants et était le seul médecin à cinquante kilomètres à la ronde. Elle avait formé des sages-femmes car elle ne pouvait pas se permettre de perdre son temps avec le boum des naissances.

Ses deux frères avaient tous deux trouvé une compagne, si Svein était resté avec sa femme dans la maison du hameau, Rodolphe avait déménagé quatre cent mètre plus loin vers l'ancien village dans une ferme abandonnée mais qui ne l'éloignait pas trop de sa famille.

Manue, elle, avait continué son élevage de chevaux et dix ans après être revenue dans sa Normandie, prit le chemin pour la deuxième année pour la Foire de Lessay afin d'y vendre deux "yearlings". Elle avait emmené ses trois aînés Herulf, Solveig et Alexandre et confia Charlotte, la plus jeune, à Inès.

Arrivés la veille, ils visitèrent les lieux entre autre pour voir où était leur emplacement. Ils retrouvèrent d'autres éleveurs ainsi que des représentants des Haras Nationaux qui avaient réinvestis leurs établissements avec le besoin d'effectifs. Ils allèrent aussi voir les ventes de bovins et achetèrent un couple de vaches jersiaises.

Herulf était parti avec Alexandre pour ramener les poulains à vendre. Leur mère les y attendait avec ce qu'il faut pour manger et patienter. A peine, les deux jeunes chevaux furent arrivés à leur emplacement que les maquignons s'approchèrent comme une volée de corbeaux. La lignée que la "ravitailleuse" avait recrée faisait des produits très efficaces à l'attelage et à la monte. Elle pensait même à se lancer dans l'élevage de Cobs normands.

En moins de dix minutes, elle avait vendu ses yearlings à un prix pouvant couvrir les dépenses de la famille pour une année mais aussi pour s'acheter ses premiers cobs. Avant de repartir chez eux, la famille Jehanne se mit à déambuler dans les allées des "rôtisseurs" et des artisans. Manue confia un petit pécule à chaque adolescent afin qu'ils s'achètent ce qu'ils veulent. Elle acheta des livres pour sa jeune Charlotte qui allait avoir onze et qui adorait lire.

C'est alors qu'elle vit un couple accompagné de jumeaux d'environ cinq ans. L'homme grand avait les tempes grisonnantes et souriait à la femme à son côté. Les jeunes enfants avaient un gros air de ressemblance avec Herulf. Elle dévora des yeux l'homme et se mit à murmurer : "Landry". Puis se fut un hurlement : "Landry". Elle courut vers lui en pleurant.

"Landry, dit-elle encore.

- Je suis désolé, madame, je ne m'appelle pas Landry mais Herulf.

- Si, je suis sûre, tu t'appelles Landry Jehanne, tu étais chef des gardes au Fort la Latte.

- Madame, j'insiste vous vous trompez !"

Il partit en grognant et en emmenant les petits garçons. La jeune femme le regarda partit puis s'adressa à Manue.

"Madame, vous connaissez mon époux !

- Oui, c'est Mon époux !

- Nous l'avons retrouvé du côté d'Orléans en déshérence et la mémoire comme effacée. Le seul prénom qu'il ait pu nous donner c'est Herulf. L'homme qui l'a retrouvé lui a donné son nom.

- Herulf c'est le nom de notre fils aîné !

- Oh, je suis désolée, il ne se rappelle pas de vous !

- Ne vous inquiétez pas ! Je comprends vite ! Il est perdu pour moi !

- Oh, vous avez combien d'enfants ?

- Nous avons quatre enfants, l'aîné à bientôt seize ans et la plus jeune va avoir onze ans.

- Oh, c'est terrible !

- Dix ans, dix ans qu'il a disparu, ils ont apprit à grandir sans leur père. Je ne leur dirais pas qu'il nous a oublié. Ne lui dîtes pas qui je suis. Je vais juste vous donner mes coordonnées. S'il advenait que la mémoire lui revienne, il pourra venir voir ses enfants.

- J'admire votre courage et votre abnégation, je ne sais pas si j'aurais pu faire de même.

- Ne vous inquiétez pas... vivez votre vie, prenez soin de lui et de vos enfants.

- Mais cela m'inquiètes cela fait de lui un bigame et de moi une non-épouse !

- Voyons madame, croyez-vous que ce genre de considération a cours dans cette nouvelle société ?

- Oui mais et vous, et vos enfants ?

- Ils ne l'ont plus vu depuis tant d'années. Je l'aime toujours autant... mais je ne veux pas d'un compagnon qui serait contraint et malheureux de vivre avec nous. Tout ce que vous pouvez faire c'est de lui parler de nos enfants."

Sur ces mots et après lui avoir remis un papier avec son adresse et les noms de ses enfants, c'est mécaniquement qu'elle partit rejoindre ses aînés pour reprendre la route. La nouvelle épouse la regarda s'éloigner en se jurant de ne pas être égoïste et de tout faire pour que son époux retrouve au moins ses enfants.

Tandis que leur camion de location roulait cahin-caha, l'ancienne guerrière était plongée dans ses pensées et ses enfants n'arrivaient pas à l'en sortir. Elle réfléchissait à comment elle avait mit sa vie de femme en suspens. Un de ses proches voisins, très bel homme, lui avait fait des avances et elle regrettait maintenant sa fidélité à un époux amnésique.

A peine rentrée, elle prit l'excuse d'aller voir les poulains de l'année et s'éloigna vers le pré. Alors que sa meilleure poulinière s'approchait d'elle, elle tomba à genoux et s'effondra. De grands gémissements semblables aux pleurs d'une bête sortirent de sa gorge. Des flots de larmes se déversèrent de ses yeux. Elle avait perdu son mari. Il l'avait oubliée, avait refait sa vie. Cela faisait un moment interminable qu'elle pleurait et se désolait quand un poids se posa dans son cou, sa gentille poulinière essayait de la consoler en pesant de sa grosse tête sur son épaule. Elle n'avait pas remarqué non plus que sa nouvelle chienne, Reina avait posé sa tête sur ses genoux. On l'aimait.

Au loin, elle entendit les rires de ses enfants et de ses petits neveux. Ils étaient pleins de vie et n'avaient pas l'inquiétude de l'avenir qu'avaient eut ceux de sa génération.

Elle se dit que la vie d'avant l'épidémie avec son chômage endémique et la destruction de la nature était finie. Elle se dit que la vie pendant l'épidémie avec la crainte des mordeurs et le manque de nourriture était finie. Elle se dit que finalement il fallait vivre cette nouvelle vie. Se rapprochant de sa maison, elle contempla alors ses beaux et grands enfants. Il vit que Ludovic leur voisin lui faisait un coucou de la main.

Oui, une nouvelle vie, à nouveau, l'attendait.

FIN

 
 
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