Chapitre 11 : Annonces
Draco avait transplaner directement devant le portail de Poudlard, un elfe de maison l'attendait. Il avait ordre de le guider jusqu'à la bibliothèque. Chose très pratique avec les consultants externes ou étrangers mais complètement inutile avec un homme qui avait fait toute sa scolarité à Poudlard, à moins que ce ne soit pour le surveiller. Là effectivement cela se tenait. Il était déjà d'une humeur massacrante, rien que de penser qu'on ne lui faisait toujours pas confiance après autant d'années l'énervait d'autant plus. Il serra les dents, un Malfoy ne s'énerve pas, et surtout pas devant et sur un elfe de maison qui n'a rien demandé et qui n'a aucune autorité.
Il s'installa dans la réserve de la bibliothèque et pris une pile de livres anciens, écrits en français sur les potions du Moyen-Age. Il prononça une formule pour pouvoir comprendre le français, il soupira parce qu'il était sur qu'Hermione n'avait même pas besoin, elle devait surement parler français.
Il sortit plume et parchemin et entreprit de prendre des notes sur les potions qui lui paraissaient les plus dangereuses. Il avait un peu de mal à se concentrer, il se demandait si Hermione allait bien. D'un côté il espérait qu'elle n'ait rien, mais dans ce cas là elle serait insupportable. De l'autre si elle avait quelque chose, il aurait eu raison et pourrait ainsi s'en vanter mais il ne souhaitait pas que ce soit grave. Il trancha en décidant qu'il souhaitait qu'elle ait quelque chose mais qui se guérit vite et qui n'a pas de conséquence sur sa santé, physique ou mentale.
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Hermione était toujours dans ce bureau, face à cette petite femme blonde et bouclée, qui fronçait les sourcils.
- Mademoiselle, le jeune homme qui est venu avec vous, c'est votre petit ami ?
- Bien sur que non, rétorqua Hermione, et puis quel est le rapport ?
- Eh bien, je souhaitais savoir si vous aviez un petit ami, un mari, un amant régulier ?
- Euh non... je n'ai pas vraiment le temps pour ces choses là vous savez...
- Ah et bien vous avez sûrement trouvé le temps à un moment ou un autre parce que vous êtes enceinte.
- QUOI ?
Hermione se releva de sa chaise très vite, puis se rassit immédiatement, sous le choc.
- Ce n'est pas possible, je fais toujours un sort de contraception.
- Il est possible que les potions que vous avez ingurgitées aient annuler l'effet du sort.
- Oh par Morgane... et cela fait combien de temps ? Hermione paniqua encore plus, se demandant si son incartade avec Ron avait pu la faire tomber enceinte.
- Un mois.
C'était pire, elle s'évanouit.
Elle ne resta inconsciente que quelques secondes, la médicomage n'avait eu que le temps de ralentir sa chute par un sort et d'aller lui tapoter la joue.
Quand Hermione se releva, la médicomage lui proposa une potion fortifiante. Hermione l'accepta avec plaisir et tenta de se ressaisir.
- Bon vu votre réaction, j'imagine que ce n'est pas une très bonne nouvelle ou tout du moins un choc. Je vais être honnête avec vous, dans le monde sorcier l'avortement n'est pas bien vu. Je viens du monde moldu et je sais que là-bas les choses sont différentes, que c'est légalement permis et même si certains sont réfractaires, chacun a le droit de décider de sa grossesse ou non.
- Il y a des lois dans le monde sorcier ?
- A vrai dire, non. Normalement la question ne se pose pas vraiment, les cas de grossesses involontaires sont rares. Grâce aux sorts et aux potions de contraception les femmes mais aussi les hommes peuvent se protéger.
- Mais cela doit arriver quand même parfois ?
- Oui bien sur, des erreurs, tout le monde en fait, des jeunes sorcières, des adultères, des soirées trop arrosées. Parfois les deux partenaires oublient le sort et ...
La médicomage ne finit pas sa phrase, Hermione voyait très bien où elle voulait en venir.
- Et comment cela se passe-t-il dans ce cas là ?
- Il existe une potion qui permet d'interrompre la grossesse, il faut la prendre avant six semaines, donc bientôt pour vous. Ou bien un acte médical, c'est un sort assez compliqué et seuls quelques médicomages peuvent le pratiquer, là vous avez jusqu'à trois mois.
- Très bien, je pense donc que la potion va être mon choix, quel est le délai pour la fabriquer ?
- Oh nous en avons toujours en stock,
- Parfait
- Je n'ai pas terminé Miss, la prise de cette potion demande l'accord des deux parents. Et c'est une loi du ministère, il vous faudra revenir avec l'homme en question et qu'il approuve l'interruption de grossesse.
- Mon dieu ! C'est impossible... Je ne peux pas lui dire...
- Vous n'avez pas vraiment le choix, à moins de décider de le garder et de l'élever seule, ce qui est très mal vue dans la société sorcière... Mais vous savez, vous pouvez également lui en parler et décider de garder cet enfant. Il faudra vous marier rapidement mais si vous êtes proche du père, cela ne posera pas de problème.
Hermione sortit de l'hôpital complètement dépitée. Elle comprenait maintenant son comportement. Ce n'était pas dû à des potions, puisque de ce côté là tout était normal mais à un mélange d'elle et de Malfoy qui grandissait en elle. Elle ne savait pas si ses nausées étaient dues à la grossesse ou à cette pensée.
Elle devait donc prévenir Malfoy afin de pouvoir prendre la potion, de toute manière elle savait qu'il approuverait sa décision, il était hors de question d'avoir un enfant ensemble. C'était le fait de devoir lui annoncer cette nouvelle qui l'effrayait. Ou l'idée de se marier avec lui que la médicomage avait évoqué. Elle ne voyait pas du tout en robe blanche hypocrite, avec un ventre rond, face à un mage pour devenir une Madame Malfoy. De toute manière Draco refuserait de lier sa famille à une née-moldu.
Elle n'avait pas été à Gryffondor pour rien et se dit que le plus tôt ce serait fait, le mieux ce serait, ainsi elle transplana directement à Poudlard.
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Quand elle arriva dans la bibliothèque, elle se dirigea automatique vers la réserve, elle savait que les livres qu'ils cherchaient s'y trouvaient et que par conséquent Draco y serait aussi.
Elle s'arrêta quelques secondes, le regardant au loin, penché sur un épais livre, une main dans les cheveux, les décoiffant de manière très sexy et tenant dans l'autre main une plume qui parcourait un parchemin par saccades.
Il avait l'air soucieux, et pour une fois, il ne portait pas son masque malfoyen. Même si Draco s'était radouci avec le temps, il avait changé son masque hautain et froid pour un masque plein de fierté et d'indifférence. Cela restait tout de même une façade et rares étaient les gens qui avaient droit à sa vraie personnalité, même sa mère n'avait pas ce privilège.
Hermione posa la main sur son ventre, soudain troublée, elle n'avait pas eu d'histoire avec Malfoy. Ils n'avaient pas été faire un pique-nique au parc, n'avaient pas eu de premier rendez-vous, n'avaient pas rencontré leur belle famille. Ils n'étaient jamais sortis ensemble, ne s'étaient pas avoués de sentiments, et pourtant, à cause ou grâce à un dérapage, elle portait un enfant qui était un mélange d'eux deux.
Elle se rappela également ses paroles, quand il lui avait annoncé qu'ils avaient couché ensemble au Japon, qu'il ne couchait pas avec n'importe qui et que pour lui cela voulait dire quelque chose.
Depuis l'annonce, Hermione avait en quelque sorte retrouvé son cerveau, cela avait fait comme un déclic, et en recoupant tous les éléments qu'elle avait, elle se posait des questions. Entre les allusions de Ginny, ses clins d'oeil, l'invitation au bal de commémoration de Draco, le prêt de sa cape, sa pseudo déclaration chez lui et son inquiétude vis-à-vis de sa santé, elle se demandait si elle n'allait pas devoir une autre solution pour l'enfant car il était possible que Draco veuille le garder.
Elle en était là dans ses réflexions et reposa son regard sur Draco qui était en train de la fixer. Ses cheveux décoiffés, son regard mi inquiet, mi furieux et ses lèvres trop roses d'avoir été mordillées. Hermione rougit, il était beau et cela la perturbait de s'en rendre compte.
- Enfin de retour, alors ? Demanda Draco.
- Chut, nous sommes dans une bibliothèque, murmura Hermione.
Draco lui fit signe de s'assoir face à lui et lança un sort de silence autour de leur table.
- C'est bon maintenant. Alors ?
- Ma vie n'est pas en danger.
- C'est vague Granger, tu as quelque chose ?
- Rien qui mette ma santé en danger, je viens de te le dire. Hermione était assez sèche, elle ne savait pas comment réagir, lui dire ou garder le secret, et puis après tout, il n'était peut-être pas le père, il faudrait vérifier et la médicomage s'était peut-être trompée. Hermione se raccrochait à ces minces espoirs.
Draco lui voyait très bien qu'il y avait quelque chose, elle lui cachait ce qui s'était dit et cela le frustrait. Il aurait voulu qu'elle lui fasse confiance et se dit que pour arriver à ce résultat il allait devoir se montrer irréprochable et que cela prendrait du temps.
- Hermione, je vois très bien que tu me caches quelque chose, tu n'as jamais été une bonne menteuse.
- ...
- Ne te justifie pas, si tu ne veux pas me le dire, très bien, mais sache que je suis là si tu as besoin. Contrairement à tes amis Gryffondors, je suis loin d'être un sain, et vu ce que j'ai fais, je ne te jugerais jamais. Je sais être un soutien, un ami et quelque de confiance. Pour l'instant tu ne t'en rends pas compte mais un jour, j'espère que tu te rendras compte que je ne suis plus ce petit con arrogant et prétentieux de Serpentard.
Hermione fut quelque peu troublée par cette déclaration, il avait l'air honnête, et cela la perturbait encore plus. Elle se dit qu'elle devait lui dire mais pas maintenant, pas ici.
- Merci, elle avança sa main et la posa sur le bras de Draco, ne sentant pas le frisson qui le parcouru. Je te le dirais, mais pas maintenant, ce soir, si tu, si tu es libre.
Draco hocha la tête, puis lui tendit un livre, clôturant la discussion.
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Harry était agenouillé derrière des poubelles, caché sous sa cape d'invisibilité, il se disait qu'il incarnait un vrai cliché de l'agent des forces de l'ordre. Blaise quand à lui était sous un sortilège de désillusion, un peu plus loin. Ils surveillaient tous les deux l'échoppe d'un marchand de plantes exotiques, techniquement ce marchand ne devait vendre que des plantes étrangères et pas des ingrédients pour potion. Un de leur contact pas nécessairement très recommandable leur avait indiqué qu'il avait beaucoup vu ces derniers temps un type louche, selon ses dires, acheter des ingrédients dangereux dans cette échoppe.
Harry et Blaise n'avaient pas voulu faire une descente dans l'échoppe, aucun intérêt, ils s'étaient munis d'une description précise de l'individu et attendait qu'il vienne de nouveau se réapprovisionner. C'était leur seule piste, personne d'autre n'avait acheter tous les ingrédients nécessaires à la potion dans les boutiques légales ou clandestines.
Il fallait que ce type les mène quelque part, mais surtout il fallait qu'il se pointe là maintenant parce qu'Harry commençait à avoir des crampes à force de rester immobile et il se doutait que Blaise frôlait l'impatience.
Ils leur restaient un peu plus d'une heure avant qu'une autre équipe vienne les relever.
Une heure plus tard, la nuit commençait à tomber et toujours rien. Harry enrageait, ils surveillaient cet endroit depuis trois jours. Les recherches de Draco et d'Hermione leur avaient permis de mieux appréhender ce qui se passait et d'établir un profil des responsables ou du responsable, ils ne savaient pas combien ils étaient.
Les apprenties Aurors avaient fini par trouver que la victime dans l'appartement d'Alyssa était une moldue qui lui ressemblait énormément. Elles avaient également fait une curieuse découverte, dans un rapport de police datant d'il y a un mois, un moldu avait été retrouvé de petits points rouges. Les filles avaient rapidement fait le lien avec l'enquête en cours. Malheureusement, la police et les médecins moldus avaient conclus à une allergie ou une maladie quelconque et n'avaient pas poussé les recherches plus loin. Le corps étant enterré, ils ne pouvaient pas vérifier si cet homme avait avalé la même potion que les autres.
Néanmoins c'était également une piste et les filles cherchaient à reconstituer les dernières heures de la vie de la victime. Ce qui n'était pas facile étant donné que le meurtre remontait à plus d'un mois et que la police avait classé l'affaire pensant à un décès causé par une allergie.
Harry était aussi tracassé par le comportement d'Hermione, elle était assez renfermée depuis quelques jours et même lui n'avait pas réussi à la faire parler. Ginny lui avait dit au début qu'il n'y avait pas à s'inquiéter et qu'elle savait ce qui se passait, mais depuis hier, quand ils avaient diner avec Hermione, il avait vu dans le regard de sa femme les mêmes questions qu'il se posait. Il y avait donc deux secrets qu'Hermione lui cachait, un dont il n'avait pas à s'inquiéter apparemment, sa femme étant au courant, et l'autre dont personne ne savait rien.
Il était perdu dans ses réflexions quand il entendit transplaner à côté de lui, il ne vit personne mais entendit quelqu'un lui parler.
- C'est la relève mon petit Phénix,
- Arrête de m'appeler comme ça, pesta Harry, il commençait à en avoir assez, Lisa Turpin avait tout juste un an de plus que lui mais elle se comportait comme s'il était un gosse depuis qu'il avait fini ses études d'Auror.
- Allez fait pas ta mauvaise tête, va te reposer et embrasser tes gamins, moi je vais me geler les miches pendant six heures.
- Pff ouais bon courage et si tu vois cet enfoiré, tu me préviens hein
- T'inquiète pas, si je le vois, on le suit jusqu'à chez lui, on le lâche pas d'une semelle et on te prévient, promis.
Harry soupira et souhaita bon courage à Lisa, il transplana directement dans son salon.
Il avait à peine retirer sa cape d'invisibilité que Ginny lui sautait dessus pour l'embrasser et que ses enfants se précipitaient pour accueillir leur papa.
Le sourire lui revint rapidement, après avoir embrassé sa famille il fila sous la douche, le jet d'eau brûlante lui remit les idées en place et dénoua ses muscles figés.
Quand il descendit, il vit que Ginny mettait la tables et que ses enfants se lavaient les mains dans l'évier.
- Euh tu as fait à manger chérie ? Harry essaya d'être le plus poli possible mais son ton inquiet n'échappa pas à sa femme.
- Non, Ginny soupira, Maman est passé dans l'après-midi et a ramené une tourte et des gâteaux pour le dessert, j'ai uniquement fait la salade et cela crois-moi je sais le faire, fini-t-elle en le menaçant avec un couteau.
Harry recula en levant les mains et en souriant,
- Ok ok je me rends, je suis sûr que ta salade sera délicieuse.
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Draco se préparait consciencieusement, il avait sorti sa plus belle chemise et se demandait si la cravate était de trop. Il avait passé du temps dans la salle de bain pour se coiffer, il avait depuis longtemps laissé tomber les cheveux plaqués en arrière mais donner un effet naturel et coiffé à ses mèches blondes était assez long.
Il laissa de côté la cravate. Son pantalon noir, sa chemise gris perle et ses chaussures italiennes ajoutées à son élégance naturelles suffisaient amplement.
Il boutonna lentement sa chemise en repensant au dîner qui datait seulement de quatre jours avec Hermione.
Flashback :
Hermione était arrivée avant lui, il l'observa quelques minutes avant d'entrer. Elle semblait stressée et se mordillait les lèvres, elle portait souvent la main à son verre de limonade mais n'avalait pas la moindre gorgée.
Il entra dans le petit restaurant moldu dans lequel elle lui avait donné rendez-vous et s'installa à la table, saluant à peine le serveur.
Hermione lui fit un sourire crispé et se cacha derrière le menu. Soit, il s'était promis de ne pas la brusquer, voyons voir ce qu'il pouvait y avoir de ne pas trop dégoûtant dans ce restaurant.
Il pencha pour les côtelettes d'agneau et reposa le menu sur la table. Il croisa les mains devant son assiette, sans poser ses coudes sur la table. Hermione, elle, avait ses coudes posés de chaque côté de son assiette et le regard fixé sur la carte. Le serveur arriva et elle dut poser le menu et affronter le regard gris acier en face d'elle.
- Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ce soir ?
- Je vais prendre les côtelettes d'agneau,
- Et euh, moi, le suprême de poulet, bien cuit, merci.
Le serveur repartit et Draco attendit en silence. Hermione ne parlait toujours pas et triturait sa serviette.
Elle en était rendu à faire des confettis blancs quand Draco posa sa main sur les siennes.
- Hermione, arrête s'il te plait, demanda-t-il doucement.
Elle était surprise, il était poli, charmant et atrocement sexy, ce qui n'aidait pas du tout. Elle aurait préféré le petit con froid et arrogant d'avant, cela aurait été plus simple. Rassemblant tout son courage de Gryffondor, elle se lança.
- Ok, j'aimerais que tu ne me coupes pas avant que j'ai terminé, sinon je n'y arriverais pas.
Elle regarda Draco, il hocha la tête silencieusement et l'air le plus sérieux du monde, il présageait que c'était extrêmement important et il commençait à paniquer. Il ne le montrait pas mais il sentait monter en lui une sourde angoisse.
- Quand nous avons été à Ste Mangouste, la médicomage que j'ai rencontré a fait beaucoup de tests, je te rassure, je n'ai rien de grave, les potions que j'ai ingurgitées au Japon n'ont apparemment eu qu'un seul effet.
Hermione s'arrêta, maintenant un suspense insoutenable malgré elle, le serveur en rajouta une couche en apportant les plats. Ni l'un, ni l'autre n'y toucha, Draco attendait la fin du discours et Hermione avait plus envie de vomir que d'ingérer quoique ce soit.
- Bref, les potions, enfin une au moins ou peut-être un mélange de plusieurs a annulé l'effet d'un sort, disons assez important… Erm, Hermione baissa les yeux, incapable de supporter le regard de Draco quand elle annonça d'une petite voix, le sort de contraception n'a pas fonctionné et je suis enceinte et cela date d'un peu plus d'un mois donc il est presque certain que c'est toi, même s'il faudrait vérifier, après tout, les potions m'ont peut-être fait oublier plus de choses et …
- Hermione, Draco la coupa, elle s'était lancé dans un discours qu'il pressentait sans fin.
Elle releva les yeux et ne sut pas vraiment comment interpréter le visage de Draco, il était toujours très sérieux mais il ne semblait pas en colère, elle lui semblait même qu'un léger sourire ornait ses lèvres. Elle perdait la tête.
- Ne t'énerves pas d'accord mais es-tu sûre d'être enceinte?
- Oui, merci mais la médicomage a été très claire. Elle répondit un peu sèchement.
- Je devais poser cette question, très bien donc cela fait un mois, nous devrions nous marier avant que cela ne se voit trop, je pense qu'avec mes relations et tes talents d'organisatrice ce sera possible pour dans un mois. Il faut que je prévienne ma mère, nous devons surtout choisir un lieu…
Hermione l'avait laissé parler, trop interloquée dans un premier temps, mais se reprit rapidement.
- Non, attends, je, enfin, il faut ton autorisation pour l'avortement sorcier, on ne peut pas avoir un enfant ensemble et… Elle stoppa net, interdite devant le regard noir de Draco, le gris pâle de ses yeux s'était transformé en ciel de tempête. Les mâchoires crispées et les mains serrées en poings autour de ses couverts. Il lui faisait un peu peur.
- Hermione, que ce soit bien clair, il est hors de question que tu avortes. Je suis contre, de plus c'est extrêmement mal vu dans la société sorcière.
- Je me fiches que ce soit mal vu, Malfoy, et je te signales que c'est mon corps, alors soit tu donnes ton accord, soit je me rendrais côté moldu.
Draco était blessé, elle avait utilisé son nom de famille et de toute évidence elle refusait de voir la vérité en face.
- Hermione, je t'ai déjà fait cet aveu il y a un mois mais comme tu ne t'en souviens pas, je recommence, j'ai des sentiments pour toi, tu es une femme exceptionnelle, intelligente, indépendante, sincère, courageuse et aujourd'hui je dois me rendre à l'évidence, tu es la seule avec qui je peux imaginer un avenir, pour moi cet enfant c'est comme un cadeau et la meilleure nouvelle qu'on m'ait jamais annoncé.
Hermione ne répondit pas tout de suite, elle était perturbée, elle ne comprenait pas comment Draco pouvait avoir des sentiments pour elle. Elle n'y avait pas réfléchi, d'ailleurs les relations amoureuses ne faisaient pas parties de sa vie depuis bien longtemps, depuis Ron.
Elle n'avait pas réussi à passer au dessus de cette histoire et n'avait pas voulu penser à ce qu'elle voulait, ce qu'elle ressentait et comment elle voyait son avenir. Elle ne savait pas ce qu'elle éprouvait pour Draco, certes physiquement il était très attirant. Il était également devenu un vrai gentleman avec elle. Il était intelligent et ils avaient beaucoup de points communs, leur passion pour les recherches et leur métier par exemple. Ils avaient des amis en commun, il était possible que leurs caractères posent problème de temps à autre, elle était impulsive et passionnée, il était têtu et imbu de sa personne.
Avec un peu de temps, des rendez-vous, des conversations, elle aurait peut-être pu envisager une relation avec Draco, et même si cela ne fonctionnait pas, elle n'aurait rien eu à perdre. La situation était malheureusement totalement différente, un peu comme s'ils avaient sauté toutes les étapes. Et elle n'était pas prête.
- J'entends ce que tu me dis Draco mais cela va trop vite, je n'ai pas eu de relation sérieuse avec quelqu'un depuis longtemps. Je n'ai plus l'habitude et là c'est au dessus de mes forces.
- Quels sont les délais ?
- Pardon ?
- J'imagine qu'il y a un moment où tu ne peux plus mettre un terme à la grossesse.
- Euh oui, avec la potion c'est six semaines, et le sort, qui est assez complexe, trois mois.
- Tu approches les cinq semaines ?
- Oui.
- Donne moi une chance.
Hermione secoua la tête, elle ne comprenait pas son entêtement. Et même si elle finissait par tomber amoureuse de lui, cet enfant serait toujours le fruit d'une nuit d'erreurs, une nuit dont elle ne se souvenait pas, et pendant laquelle elle n'aimait pas l'homme avec lequel elle avait fait l'amour.
Elle lui fit part de ses réflexions et elle vit nettement la tristesse s'emparer des traits de Draco. Il lui demanda juste de revenir ici samedi soir, pour un autre repas et se leva sans un mot de plus.
Fin du Flashback.
Il ne savait pas combien de temps elle était restée dans ce restaurant après qu'il soit parti mais lui, il était rentré tard chez lui. Il avait erré dans les rues de Londres. Il avait eu besoin de marcher sans but, pour pouvoir réfléchir. En tout objectivité il comprenait les réflexions d'Hermione mais il savait au fond de lui qu'il l'aimait et ce depuis longtemps. Il s'en était aperçu au fur et à mesure qu'il la voyait. Les repas entre amis, les mariages, les naissances, autant d'occasions pendant lesquelles il priait Merlin de voir Hermione. Il ne savait pas comment c'était arrivé et il s'en fichait. Après tout, l'amour ne se commande pas, il vous tombe dessus et vous n'avez pas le choix, c'est Harry qui lui avait dit ça. Et s'il connaissait quelqu'un qui avait réussi sa vie amoureuse c'était bien le saint sauveur.
Il avait passé plusieurs jours à réfléchir, il savait pertinemment qu'il allait être difficile de la convaincre mais il avait peaufiné son discours et il avait même acheté une bague de fiançailles. Certes cela allait vite mais il ne lui mettrait aucune pression et il était même prêt à renoncer au mariage, aux convenances et à l'Angleterre s'il le fallait. Ils iraient vivre en Australie, ils auraient une maison au bord de la mer et pourraient élever leur enfant sans regards réprobateurs. Draco s'accrochait à cette idée.
Fin prêt il transplana dans une petite ruelle proche du restaurant. Il était légèrement stressé mais il fallait qu'elle accepte, cela lui briserait le coeur de supprimer la vie de son enfant. Néanmoins, si malgré toutes ses tentatives, Hermione restait sur ses positions, il le respecterait et alors peut-être qu'ils pourraient débuter une relation et pourquoi pas avoir un enfant plus tard.
Il entra dans le restaurant et s'assis à la table désignée par le serveur. La dernière fois, il n'avait pas touché à son plat, il espérait que cette fois se passerait mieux.
Au bout d'une heure et de deux verres de vin rouge, il était réellement désespéré. Elle n'était pas venue et de toute évidence, elle ne viendrait pas.
Il se leva et paya ses verres. Il était trop dépité pour pouvoir penser à quoique ce soit. Il transplana directement chez lui et s'effondra dans son canapé. Il se prit la tête dans les mains maudissant Merlin. Tout s'enchainait extrêmement mal, si seulement il n'avait pas bu ce soir là, il aurait vu qu'Hermione n'était pas seulement saoule mais sous l'emprise de drogues et il ne l'aurait pas touchée. Il se promit de ne plus boire, enfin pas dans l'excès, enfin pas ce soir, après tout là il était chez lui et il ne risquait pas de la croiser…
Il se leva péniblement et se dirigea vers le bar, il attrapa un verre et une bouteille de whisky pur feu. Il se rassit sur son canapé et retira ses chaussures avec ses pieds et tant pis si cela les abîmait.
Il remplit son verre et le but lentement. Il savait que son comportement était immature. Il savait qu'il aurait du aller à son hôtel, la voir et lui faire comprendre qu'il la soutenait et que si elle ne voulait vraiment pas de cet enfant alors lui non plus et que tout ce qu'il voulait c'était elle. En se resservant, il prit conscience que c'était exactement ce qu'il devait faire. Sauf qu'il ne savait pas dans quel hôtel elle était. Il transplana devant la maison des Potter. Il frappa à la porte et c'est Ginny qui vint lui ouvrir.
- Draco que me vaut ta visite ? Et pourquoi tu es en chaussettes, ajouta-t-elle en fixant les pieds de Draco.
Dans la précipitation, il avait oublié de remettre ses chaussures, il faut aussi dire que le vin et les whisky n'avaient pas aidé.
- Dans quel hôtel est Hermione ?
- Euh pourquoi ?
- Il faut absolument que je lui parles Ginny, je l'aime tu comprends, et elle est enceinte, elle ne veut pas le garder, moi je voulais, mais maintenant je m'en fous, je veux juste ne pas la perdre.
Ginny, bouche bée, yeux grands ouverts comme des soucoupes, n'entendit pas son mari arriver.
- Qu'est-ce qui se passe ? Oh bonsoir Draco, tu vas bien ?
- Bonsoir, oui merci mais dites moi dans quel hôtel est descendue Hermione ?
- Euh l'hôtel de Guingois sur le chemin de Traverse, pourquoi tu … ?
Harry n'avait pas eu le temps de finir sa phrase que Draco avait déjà transplané. Il se tourna vers Ginny et lui demanda ce qu'il se passait. Cette dernière avait toujours les yeux grands ouverts et les mains plaquées sur la bouche.
- Hermione est enceinte et vu le comportement de notre cher blondinet, je te laisse deviner de qui…
- Par Merlin… mais comment est-ce possible ? Ils sont ensemble ? C'était le secret que tu me cachais ?
- Non pas du tout, là c'était celui que je ne connaissais pas, à côté l'autre fait office d'anecdote.
- Merde alors… qu'est-ce qu'on fait ?
- Comment ça qu'est-ce qu'on fait ?
- Tu crois pas qu'on devrait intervenir, que ça risque de mal tourner ?
- Hermione est une grande fille, allons plutôt profiter de notre soirée maintenant que les enfants dorment, j'irais la voir demain, promis.
Rasséréné, Harry retourna dans le salon regarder son film pendant que sa femme, qui ne comprenait toujours pas comment on pouvait aimer ce truc carré avec des images dedans, lisait un livre.
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Draco avait transplané dans le hall de l'hôtel, toujours sans chaussures mais il ne s'en apercevait même pas, absorbé par sa quête de l'amour.
Il se dirigea vers l'accueil et demanda la chambre d'Hermione Granger.
- Euh je suis désolée monsieur mais je ne peux pas donner le numéro de chambre de nos clients comme ça. Je peux l'appeler par contre pour lui demander si elle souhaite de la visite.
- Faites donc mais vite.
Des années d'éducation parfaite lui faisait garder son sang froid mais pour un peu il se serait transformé en Gryffondor et aurait envoyé baladé cette réceptionniste pour lui piquer son registre et foncer dans les étages.
- Elle ne répond pas… C'est étrange parce que je l'ai vu monter il y a quelques heures et elle n'est pas redescendue…
- Vous savez elle aurait très bien pu transplaner…
- Euh oui bien sur… mais généralement les transplanages des clients s'enregistrent dans le registre et là rien… donc elle n'a pas quitté la chambre.
Draco fronça les sourcils et avec son regard le plus persuasif, plongea ses yeux d'acier en fusion dans le brun de la réceptionniste.
- Donnez moi le numéro de sa chambre, je me ferais un plaisir de vérifier si elle est là. Et croyez moi, s'il y a bien une personne au monde capable de se défendre c'est notre chère Granger non ? Ajouta-t-il avant que la fille lui refuse encore une fois l'information.
- Si vous voulez mais je vous préviens, au moindre cri j'appelle les aurors.
- Très bien faites donc.
- 304.
Draco ne prit même la peine de la remercier et fonça au troisième étage. Il frappa à la porte 304, pas de réponse.
- Hermione, ouvre cette porte, je sais que tu es là.
Il refrappa, un peu plus énergiquement.
- Hermione, ouvre ! Ou sinon je rentre !
Il savait que les hôtels protégeaient leur porte des alohomora mais il connaissait beaucoup de sortilèges pour ouvrir les portes closes.
- Hirakidoa*
Ce sort japonais était imparable, la porte s'ouvrit doucement. Draco pénétra dans la chambre s'attendant à subir les foudres de la brune, les épaules imperceptiblement crispées et les mains légèrement en avant. Et… Rien. Personne ne lui sauta dessus…. Après tout peut-être était-elle partie et le registre de l'hôtel ne fonctionnait pas.
Il décida tout de même de faire un tour de la chambre, sur sa gauche un grand lit défait, sur sa droite un bureau devant une fenêtre donnant sur le chemin de Traverse et en face deux portes entre lesquelles trônait un fauteuil beige recouvert des livres qui ne tenaient pas sur le bureau. Il ouvrit la première porte, un immense dressing, rempli à peine au dixième de sa capacité… Il secoua la tête, Hermione n'était pas très portée mode et même si elle ne s'habillait pas mal, elle voyait mal l'intérêt d'avoir plus d'une dizaine de tenues. Il supposa que la seconde porte était la salle de bain et il se demanda quel type de baignoire offrait ce genre d'hôtel, il n'avait jamais retrouvé la qualité de la salle des bains des préfets de Poudlard.
Il poussa la porte mais rencontra une résistance après une vingtaine de centimètres, il passa sa tête pour voir ce qui bloquait et se figea d'horreur. Hermione était étalée par terre, le visage livide et une marre de sang sous elle. Il envoya son patronus à Ste Mangouste immédiatement et se précipita sur elle.
*(Hiraki : ouvre, Doa : porte)
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