Et ainsi commença le combat. Les créatures aux membres démesurés se jetèrent sur mes deux gardes du corps. Le premier y laissa la vie sur le coup, l'une des bêtes l'avait attrapé par la gorge et étouffé en moins de temps qu'il n'en le faut pour le dire. L'autre se précipita à contre courant pour prendre son adversaire par surprise. Je ne pris pas de chance et amenai mon protégé à l'abri sous une racine d'arbre. Je ne pouvais le laisser à mes côtés, il serait beaucoup trop en danger. Le petit me lança un regard suppliant et me demanda où j'allais. Je lui donnai un bref coup de langue sur la joue et, sans un mot, je lui tournai le dos. Puis je me précipitai à mon tour dans la bataille. Déjà quelques uns de mes compagnons d'infortunes étaient tombés et se faisaient manger goulument par ces bêtes.
Au travers ce désordre, je réussis à repérer mon homologue couvert de sang. À ses pieds gisait le corps sans vie d'un de nos assaillants. Je m'encourageai de le voir si fort. J'imitai alors mon chef et me jetai au combat corps et âme.
Mes crocs déchirèrent la chaire aigre de la bête la plus proche de moi et auquel je venais de sauter sur le dos. Le goût atroce me fit immédiatement lâcher prise. J'eus un haut le cœur qui s'effaça au moment où l'on me projeta à terre. Je me tournai sur le dos pour voir ce qui arrivait. Le Törky immense se pencha sur moi, l'odeur était insupportable et le devint doublement lorsqu'il ouvrit la bouche. -« Cette fois... Tu ne surrr...vivrrr...a pas. » Je lui donnai un puissant coup de pattes arrière qui le renversa. La bête perdit l'équilibre et tomba en bas de ses longs appendices. Tummuus apparut de nulle part et lui sauta au cou. D'un coup sec, il lui arracha une immense partie de la gorge. Le sang se mit à gicler dans tous les sens, inondant le visage de mon loup et les quelques parcelles de terre dégagées. Mon compagnon le laissa crever là et partit courir après un autre qui avait prit en chasse l'une des femelles couardes. Pour ma part, je me dirigeai en sens inverse pour mener à bien mon combat.
J'allais asséner un coup de grâce à l'une des bêtes que nous nous étions mit à trois sur son cas, quand je me fis attraper par la queue. On me traîna ainsi sur au moins cinq mètres avant que je ne saisisse ce qui m'arrivait. Je tentai alors de me débattre, mais mes coups de pattes dans l'air ne donnaient rien. Je tournai alors la tête vers mon agresseur pour me rendre compte qu'il s'agissait du chef qui avait revendiqué ma peau en échange du droit de passage. Il m'entrainait loin du reste de ma meute, loin de leur regard et de la protection de mon compagnon. L'idée de demander de l'aide ne me vint même pas à l'esprit. À la place, je continuais de balancer inutilement mes membres. Sa longue patte en forme de main me serrait tellement fort le mollet que mon appendice commençait à me picoter. Plus je gigotais et plus il resserrait son emprise.
D'un geste rapide, il me ramena tout près de sa bouche puante. Ses yeux déments exprimaient son irrésistible envie de s'abreuver de mon sang. |