Quelle était mon nom déjà ? Ah oui, Lumi. Parfois Luminen aussi, tout dépendait de quel individu m'adressant la parole. Il s'agissait d'une sorte de politesse, dans le temps. Mais quel était donc ce jadis temps : celui où je n'étais pas couverte de sang et de honte. Encore entourée de mes semblables ? Sûrement ! Et que voulait-il déjà dire ce nom. Ah si ma cervelle pouvait se mettre en marche peut-être cela m'aiderait-il un tantinet, soit peu. Cela avait un certain rapport avec la couleur de ma fourrure si ma mémoire défaillante ne me trahit pas. Aussi blanche et pure que la neige, mais bien sur, c'était avant qu'elle ne prenne la teinte et la texture poisseuse du sang. Un autre nom me trottait aussi dans la tête depuis mon réveil : Voima. Signifiait-il vraiment quelque chose ou était-ce le contenu de ma boîte crânienne qui me faisait défaut. Difficile à dire, après tous les coups qui m'ont été si sauvagement donnés, je ne pouvais être en mesure de raisonner clairement. Et puis, si ce maudit soleil ne venait pas sans cesse me narguer de ses rayons trop lumineux pour mes pauvres pupilles, le mal de tête m'aurait peut-être enfin me quitter. Mais non, il me faudrait attende qu'il soit couché pour avoir ce répit. Mais, avais-je le temps d'attendre aussi longtemps ? Il me semblait que je devais enfin quitter mon lit de neige et entreprendre une route. Pourquoi donc ce sentiment ne me lâchait-il pas. Lui non plus n'aidait en rien à ce mal.
Dans un effort colossal, qui m'arracha une grimace de douleur, je relevai, de quelques centimètres à peine, cette tête qui me semblait peser plus d'une tonne. Une dépouille était étendu à seulement un mètre de ma couche d'infortune. Le corps meurtri de ce qui fut jadis un magnifique et puissant loup gris. Voima !! C'était son nom. Et oui, je devais vraiment partir, et ce pour le salut de mon âme. La vue de cette épave qu'était mon brave compagnon me fit gémir de douleur.
Que devrais-je faire sans lui. Il avait été toute ma vie. La source même de mon courage si minime soit-il. Le réconfort de mes nuits sombres, ma raison toute entière de me battre jour après jour pour ma survie. Dans une vaine tentative, j'essayai de me relever complètement. Chaque millimètre de mon corps protestait à cette agression. Qu'allais-je devenir ainsi esseulée ? |