Notre marche dura encore trois jours sans voir la moindre pointe de rocher mise à part les cailloux qui nous entaillaient les coussinets. Le printemps c'était bien beau avec la renaissance de la vie en forêt, mais je préférais de loin la neige de l'hiver qui amortissait nos pas. Je commençais à avoir hâte de voir enfin la fin de notre route et de pouvoir espérer prendre la clé des champs sans avoir peur que notre chef ne nous eusse rejoint dans les minutes suivantes. Je ne savais pas combien de temps il nous restait encore, et je n'étais pas la seule à en avoir marre, mais nous n'avions pas d'autre choix. La nourriture nous manquais et je ne pouvais espérer partir à la chasse sans nous retarder. Mais si nous n'avions pas vu cette satanée roche avant le nouveau couché du soleil, nous serions obligés d'aller à la pitance dès le lendemain, il ne serait impossible de pouvoir continuer le ventre ainsi vide.
Heureusement, cet artéfact nous apparut en fin de journée, alors que le soleil commençait sa longue descente. Karkotus sautait dans tous les sens alors que ma compagne d'infortune s'exclamait bruyamment sur le trajet qui lui avait paru durer des jours. Je tentais de garder mes idées bien claires, malgré le fait que j'eus été aussi contente qu'eux.
Mon corps engourdi par la marche ne se fit pas prier pour prendre quelques temps de repos lorsque nous atteignîmes enfin le rocher alors que la nuit était déjà bien haute dans le ciel. Alors que mon être reprenait des forces, mon esprit tournait et retournait tous les scénarios possibles. Pour arriver à s'échapper en douce, il fallait être sûres que nos espions ne pouvaient s'en apercevoir à la minute même où nous poserions une patte en dehors du chemin qui nous était tracé.
En même temps, je gardais l'ouïe à l'affût de tout ce qui aurait pu être étrange. Je me doutais bien que mon compagnon forcé ne nous avait pas envoyés ici pour le simple plaisir de nous faire marcher. Nous lui aurions été plus utiles en chasse. Je craignais que l'on nous attaque à cet endroit même. Je ne savais pas ce qui s'était passé avant que notre chef nous envoie : quel plan lui était passé par la tête cette journée là.
Je finis par prendre une décision bien que je la trouvai quelque peu téméraire, mais à bien y penser, je n'avais pas d'autre option. -« Karkotus, viens ici ! » Le jeune loup noir s'approcha rapidement, Sulous tendit l'oreille attentivement et hocha de la tête d'un air interloqué quand je leur expliquer mon plan. Elle entendit que je donnai le feu vert pour le louveteau et qu'il se soit discrètement éloigné avant de me chuchoter : -« Tu crois qu'il saura mener à bien cette mission. » -« J'ai confiance en lui. De toute façon, comment saurons-nous s'il est capable de quoi que ce soit, si nous ne le mettons jamais à l'épreuve. » -« Et s'ils le voyaient, s'ils l'attrapaient ? » Elle semblait effrayée à cette simple pensé. -« Que veux-tu qu'ils fassent, ils vont simplement croire qu'il est allé se promener sans surveillance. » Elle me lança un regard qui me sembla un peu fou. Je ne sus quoi lui répondre : oui il y avait quand même certains risques, mais si nous voulions enfin nous enfuir, il fallait bien en prendre, des risques. Je levai les yeux au ciel parsemé de toutes parts d'étoiles scintillantes, priant les dieux, les anciens et même mon défunt compagnon, de nous accorder leur grâce. Nous ne passerions pas au travers toutes épreuves seuls.
Les oreilles toujours en alerte, j'écoutai la nature qui se contentait de simplement exister. Le vent soufflait doucement sur mon visage, faisant trembler tout mon être dans cette attente maudite. |