Chapitre 3.4 : Ilinsar・Parle-moi
Il n'a pas l'air d'en revenir, ce cher Major. Bon, j'avoue, en deux ans, je ne lui ai jamais parlé une seule fois, même s'il nous est arrivé de nous croiser dans l'immeuble. Mais jamais encore je ne l'avais approché au bar pour des raisons autres que mon travail. De quoi surprendre ce cher artiste... qui même avec un coup dans le nez ne manque pas de répartie.
On se dévisage d'un air plus ou moins froid, plus ou moins intéressé, aussi, dans son cas. Je n'aime pas que l'on se paie ma tête et ce petit monsieur va vite le savoir. Je fais signe au patron que je prends ma pause, malgré sa tentative de protestation, et je m'assois bien en face de ma nouvelle victime? Oui, victime, car la vengeance est peut-être un plat qui se mange froid, mais personnellement, je préfère éviter de laisser traîner mes affaires. Agenda surchargé oblige.
« Très drôle, monsieur le comique. Malheureusement, je ne peux plus t'apporter à boire, je suis en pause. Alors, qu'est-ce qui te pousse à venir te bourrer la gueule ici presque tous les jours, sans ta bande de copains?
-Si tu sous-entends que ça pourrait être pour toi, navré, tu ne m'intéresses pas.
-Loin de moi cette idée, j'ai bien assez à faire avec le reste de la population mâle du coin. Mais plus sérieusement...
-Plus sérieusement rien du tout. D'où tu t'incrustes pour essayer d'me faire cracher ma vie, là ? T'es qui, une fan ? Je ne signe pas d'autographe et je ne couche pas, combien de fois faudra vous le dire...
-Si ça peut te rassurer, je ne suis ni une fan, ni une pute. Juste une voisine qui aimerait bien savoir pourquoi tu te ramènes par ici pour picoler.
-Ma mère m'a dit de ne jamais parler aux inconnus.
-Très bien. Ilinsar Veldrin, employée de bar et championne départementale de tir à l'arc, ta voisine du premier, répliqua-t-elle en lui tendant la main.
-Et que me veux mademoiselle la championne départementale?
-Te connaître. Ça fait deux ans que j'ai emménagé, et je n'ai encore parlé à personne de l'immeuble à part cette peste d'Aivân. Faut bien s'y mettre un jour.
-T'es mignonne, ma fille, mais tes efforts de socialisation, fait les avec quelqu'un d'autre.
-Et si j'ai pas envie?
-C'est pareil.
-Alors, écoute, Major ou je en sais qui... commence-je, de moins en moins disposée à négocier. Mais je suis interrompue par une autre voix.
-Major! |