Je suis arrivée ici un 4 avril nuageux. Déposée avec mes bagages par ma famille bruyante et désordonnée de six personnes. Jusqu'ici, ce chiffre ne m'avait jamais paru d'un intérêt quelconque. Maintenant, je regrette de n'y avoir prêté attention plus tôt. Mes frères et sœurs sont encore jeunes et hyperactifs, loin de s'intéresser à toutes nos questions d'adultes quand ils ne rêvent que d'une chose, grandir, vite, pour avoir le droit de se coucher plus tard et de jouer à des jeux de grands. Il fut un temps où moi aussi, j'étais comme ça. Mais j'ai grandi et bien vite, cette vie de rêve s'est révélée insipide. J'ai souvent souhaité remonter le temps, retrouver mon innocence enfantine qui excuserait cette exubérance dont je fais preuve, cette énergie gaspillée à sourire et sauter dans tous les sens pour faire croire que je vais bien, que je ne suis plus cette fillette sensible qui cède à la première blessure. Je suis terriblement fragile, quand j'aimerais faire croire que je suis assez forte et solide pour vivre. Je fuis dans ce monde de rêves dans l'espoir de quitter cette vie fade. Mais je dois vivre. J'ai peur de mourir, après tout.
Dès que tous mes meubles et cartons ont été montés au deuxième étage, je mets la petite bande à la porte pour m'installer. Une nouvelle ville, de nouvelles rencontres, et peut-être de nouvelles idées pour m'évader. Peut-être.
Que j'étais naïve à cette époque. Mais j'ignorais en même temps à quel point j'étais proche de la réalité.
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