Chapitre 4.3 : Shane・Crushcrushcrush
D'où elle sort cette extraterrestre, non de dieu ? J'étais tranquillement en train de griffonner lorsqu'elle a débarqué avec son sourire de merde qui me donne envie de la gifler. En y regardant de plus près, elle me dit vaguement quelque chose, mais c'est très loin d'me rassurer. Au contraire. Encore une de ces groupies de l'école d'art ? Mais comment a-t-elle fait pour me retrouver ?! Et d'où est-ce qu'elle s'incruste dans mon espace vital ?!
- L'parc est pas assez grand pour toi? lui crache-je, hostile et pas franchement ravi d'être dérangé.
J'la vois me dévisager comme si je venait de lui sortir une connerie. Bah oui, ma fille, j'ai aucune envie que tu reste ici à me coller, j'étais très bien avant que t'arrive.
- Si, mais j'avais envie d'parler à mon asocial d'voisin au moins un'fois sans qu'on s'gueule d'ssus.
Pardon? Voisin? Je la r'garde de plus près et fronce les sourcils. C'est vrai qu'elle me dit vaguement quelque chose... Ah! Les pestes de l'autre jour, celles qui s'engueulaient comme du poisson pourri sur le palier à trois heures du matin...
- C'est fait, maintenant débarrasse le plancher.
- On est sur du gazon, là...
・c
J'ai le droit de la frapper pour une répartie aussi stupide ou il faut à tout prix que je respecte l'adage de ma mère qui m'ordonnait de toujours respecter les filles? Parce que sincèrement j'ai qu'une envie, c'est de lui en coller une. Mais comme je suis un jeune homme presque bien élevé, j'me contente de soupirer et d'ramasser mon matériel. Quelle plaie. J'ai même pas terminé le dessin de l'étang.
J'me lève et me fais la malle aussi vite que possible. Pas de chance, je l'entends m'appeler, et elle a pas l'air décidée à me lâcher. Et la v'là qui peste, râle et grogne que j'ai un... « Manque de savoir-vivre parfaitement décourageant », sans l'accent campagnard s'il vous plaît. Grand bien lui fasse.
On longe à présent la grand'rue et je ne répond que par le silence à tous ses appels et ses coups des poings sur l'épaule. Cette fille est une brute, et je pèse mes mots. J'aurais des bleus.
Et puis d'un seul coup, y'a un barouf' pas possible. Un chauffard nous dépasse en trombe dans sa putain de voiture de sport, la musique à fond. Mais il ne va pas bien loin. J'ai juste le temps d'apercevoir une silhouette sur le passage piéton avant que le choc ne résonne dans tout le carrefour. Je vois la silhouette se faire faucher, rouler le long du toit du véhicule et retomber mollement derrière, tandis que le chauffard s'éclipse dans un crissement de pneu. Les gens hurlent, je vois une fille se ruer vers le corps... Et j'vois ce que je n'aurais pas du voir.
Du sang. |