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Six
Par Toucanbulle
Originales  -  Surnaturel/Général  -  fr
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Chapitre 4.1 : Shinya - Cruchcrushcrush

Partie 4 : Crushcrushcrush

 

Chapitre 4.1 : Shinya・Cruchcrushcrush

 

Nouveau cours, en plein après-midi. J'ai réussi à chopper de nouveau la place près de la fenêtre et je regarde le ciel depuis le début de cette nouvelle heure d'ennui. J'ai eu beau choisir cette voie, elle ne m'inspire plus rien maintenant que je suis dedans. Comme beaucoup de choses depuis des années. Je n'ai goût à rien et je me lasse très vite. Une situation, une activité, une personne... Si on ne s'adapte pas à moi, je me lasse et je m'en vais. Comme trop souvent. Perdue dans une monde qui n'est qu'à moi, loin, très loin des inquiétudes de mes camarades et semblables, j'attends quelque chose, un déclic qui fera que ce monde gris et terne prenne d'intenses couleurs arc-en-ciel rien que pour moi.

 

Mais c'est être utopique. Je sais bien qu'il n'y a pas de place pour les rêveurs ici bas. Il n'y en aura sans doute jamais pour nous autres, pauvres fous perdus dans nos rêves et qui abandonnent la réalité pour s'en créer une autre... Notre refuge, notre seul rempart face à nos blessures.

J'ai souvent rêvé être une guerrière impitoyable aux pouvoirs phénoménaux, capable de mettre le monde à ses pieds en trois coups de sabre. J'ai pensé pouvoir devenir une étrange créature mi-humaine, mi-chat, maltraitée par tous mais qui trouve finalement un foyer. J'ai rêvé d'entrer dans tous ces livres que je lisais pour en changer le cours de l'histoire, quand bien même je ne suis pas capable de changer la mienne.

Combien de fois j'ai pensé en finir, sans avoir seulement le courage d'enfoncer la lame plus loin dans ma chair? Combien de fois la peur de l'inconnu, de la douleur et ma lâcheté ont-elle retenu mes doigts, alors que j'agonise lentement ici sans rien faire pour changer cela? Trop de fois, beaucoup trop.

Souvent, lorsque je regarde les informations et que je vois ce monde dans lequel je vis, je me dis que ce qui m'assassine, c'est toute cette violence, cette indifférence, qui a fini par dévorer le cœur de l'enfant si tendre et sensible que j'étais autrefois. Je ne vois plus les images de la guerre, je ne m'émeus plus des atrocités commises à trois pas de chez moi. Je regarde tout cela avec indifférence, et je me demande, tout bas, quand est-ce que la vie humaine est devenue si sale. Quand est-ce que les assassins ont prit le pas sur leurs victimes, quand est-ce que l'égoïsme et l'ignorance nous ont rongé de l'intérieur pour donner ce que nous sommes aujourd'hui : un troupeau veule et servile, qui préfère de loin les images pleines de paillettes de ces vies qu'on ne pourra jamais avoir pour ne plus voir les drames de chez nous.

Tout cela me répugne, mais je n'ai pas la force d'y remédier. Je n'ai plus l'énergie à protester face à toutes ces injustices, à chercher comment tout changer. J'ai perdu l'innocence qui me poussait à vouloir tout transformer de mes propres mains. J'ai perdu le goût de trouver les solutions simples, quand tout le monde complique une situation déjà critique. Que peut dire une petite fille sur les affaires des adultes, après tout?

On me disait que je comprendrais quand je serais plus grande. Moi, ce que je vois aujourd'hui, c'est que les notions d' « honneur », de « nationalisme » et d « 'égalité » ne fonctionnent qu'avec ceux qu'elles arrangent. Ou sont tellement abstraite que tous peuvent s'amuser à en tourner la définition dans tous les sens. Où est l'intérêt? Où est la valeur morale, là-dedans? Moi, je n'y vois rien qui justifie une guerre.

Il n'y a rien dans ce monde que l'on ne puisse résoudre autour d'une table en discutant. Il n'y a rien qu'un compromis ne puisse régler, si l'on met de côté la fierté mal placée de tous ces politiciens véreux qui nous dirigent. La politique a perdu tout intérêt. Elle s'est hissée au niveau du cinéma et des scandales people qui nous noient d'informations inutiles. Ce monde est un immense jardin à paparazzi, où le seul moyen de briller est de provoquer un plus gros scandale que son voisin, où les meurtres sont vus comme d'incroyables faits divers.

Ce monde me dégoûte. Je me dégoûte d'y vivre. Les gens me dégoûtent. Ce prof qui me regarde comme si j'étais une créature nuisible me dégoûte.

« -Mademoiselle Shinya, si vous ne souhaitez pas écouter le cours, je vous prierais de bien vouloir sortir. 

-Excusez-moi Monsieur.

-Expliquez nous donc le point de vue de l'auteur sur la sociologie de l'art. »

 

Je m'exécute gauchement, déjà lasse de tout cela. J'en ai assez de la théorie. J'en ai assez de rester assise sans rien faire devant un adulte pompeux qui n'estime pas devoir tenir compte de nos avis, quand bien même nous aurions raison. Une attitude de politicien. Une attitude de grande gueule.

J'en ai assez. Mais je ne peux pas m'échapper de tout ça. Un joli carcan doré pour me lancer démunie dans la vie active, toute conforme aux attentes de l'état mais pas des clients ou des patrons. J'en ai assez.

Que quelqu'un me sorte de là.

 
 
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