Une caisse, deux caisses... Y'a pas, aider l'maraîcher, ça fait les bras, c'moi qui vous l'dit. L'est sympa, ce type, mais y paie pas assez pour m'embaucher, qu'y dit. M'en fou, c'est toujours ça de pris le mardi. Chacun sa merd'et son p'tit boulot, comme on dit. L'travail physique me fait pas peur, ça m'rend même plutôt service. D'jà qu'j'étais pas faiblarde en débarquant d'ma campagne, avec le sport que j'fais maint'nant, j'ressemble plus à un camionneur qu'aut' chose. Tant pis. J'existe pas pour m'faire les p'tits minets du coin, y s'débrouillent très bien 'vec toutes les putes du coin. Et c'pas c'qui manque, ici, loin d'là.
Ça fait pitié d'les voir toutes glousser. Pour un peu, j'm'en irais leur piquer une plume dans l'postérieur, histoire de voir si elles ressembleraient encore plus à des dindes. Et goulougoulougoulou, que ça glousse, que ça s'dandine. Un vrai poulailler c'te ville, j'vous l'dis. Et pis les mecs s'pas beaucoup mieux. Et que j'me pavane dans mes fringues hors de prix, et que j'me vante d'mes prouesses au lit alors qu'j'en ai sûrement jamais touché une seule, d'ces dindes ! Monde de dingue ! A s'demander c'que je fous là.
8h30. Faut qu'j'y aille. Faut pas qu'je sois en r'tard à la fac, pas 'vec c'que les vieux ont taxé t'les mois pour qu'j'y aille. Et pis, va bien falloir que j'm'en sorte, au bout d'un moment. J'peux pas pomper l'héritage just' comme ça, pour les fonctionnaires. C'pas comm' ça que j'pourrais m'en tirer.
Au boulot, fillette. L'monde attend qu'toi, qu'y disent. La bonne blague, tiens. |