Mardi, jour de cours. Pour la énième fois, je suis en retard. Pour la énième fois depuis le début de mon existence, le réveil n'a pas sonné. J'arriverais de nouveau en retard, après avoir loupé le bus encore une fois à quelques secondes près. Heureusement que j'ai trouvé le raccourci du parc, même si l'endroit n'est pas très bien fréquenté à ce que j'ai pu en juger. Malchance, mon amie, tu n'en a pas marre de t'acharner toujours sur le même gars ? Non, ça ne me surprend pas. Tu ne m'as pas lâché une seule fois en seize ans, t'allais pas me faire ce plaisir juste pour aujourd'hui, hein. Pas même le jour de cet oral débile, qui comme d'habitude, tombe toujours sur moi.
Mais j'ai l'habitude, maintenant. Je sais quand esquiver les crottes de chien qui m'attendent sur le trottoir, ou les voitures sur le passage piéton. J'ai bien assez risqué ma vie pour apprendre que le petit bonhomme passe très vite au rouge lorsque je suis là. Puisque je n'ai jamais le temps d'attendre.
Je trottine sur le goudron. Courir serait m'exposer à deux fois plus de risques, et, même si j'en ai l'habitude, je ne suis pas encore masochiste. Une demi-heure de retard, en marchant bien, ça se rattrape. J'arriverais juste à temps pour le cours suivant, et je vais à nouveau récolter une heure de colle parce que la vieille peau sera de mauvaise humeur, précisément aujourd'hui. Enfin, j'aurais le temps de faire mes devoirs, comme ça. Si elle ne me donne rien d'autre à faire, bien sûr, ce qui serait trop beau.
On est le 4 avril, et ce jour ne sera pas différent des autres. La malchance sera ma seule amie intime. |