Lùthien chapitre 45 -QUOI ?! hurlèrent Salmar et Eldalië. -COMMENT ?! s'exclamèrent Edrahil et Amandil. -CE N'EST PAS POSSIBLE ?! crièrent Ladros, Guilin et Elendë dans un choeur parfait. -JE NE PEUX PAS LE CROIRE ! s'exclamèrent Malduin et Eärnil. -HEIN ?! hurla Mardil totalement sidéré. -Manwë et Varda ! Les souverains de Valinor ! répéta Beren totalement soufflé. -Beriawen ! chuchota Finrod les yeux humidifiés par des larmes qui n'allaient pas tarder à couler sur ses joues. -Oui, c'est mon deuxième nom, comment vous le connaissez ? demanda Lysbeth toute étonnée. -D...d.... donc tu t'appelles Lysbeth Beriawen, bafouilla Ladros. -Ouiiii ! Monsieur Finrod ? -Oui, princesse ? -J'ai faim, et puis Carnil et Milui, ils me manquent. Elle poussa un soupir qui aurait fait pleurer une pierre. Puis sauta sur ses pieds en disant: -Mais j'ai mes réserves de lembas ! Toute contente, elle fouilla dans son sac et sortit les lembas, Grâce au sac elfique que Galadriel lui avait offert, elle avait pu mettre assez de nourriture pour soutenir un siège de quarante ans sans privation et sans faire de rationnement. Les elfes et l'homme regardaient les biscuits d'un air affamé. Elle fouilla dans le sac mais ne trouva qu'une demi – gourde d'eau. Finrod s'approcha d'elle et lui dit : -Mais tu peux peut – être faire apparaître de l'eau, peut – être une cascade ? -Je vais essayer ! dit la fillette d'un air très sérieux. La fille des Valar se concentra sur ce qu'elle voulait, une cascade, et puis aussi un petit bassin et une petite rivière qui égaierait le sinistre cachot. Ses compagnons sentirent la puissance de Lysbeth tout autour d'eux et ils commençaient à avoir très peur. Mais ils continuaient à encourager l'enfant. Ladros se sentit soudain soulever d'abord délicatement puis fut violemment projeté contre l'un des murs. Les elfes se relevèrent brusquement en entendant le cri de douleur du pauvre elfe. Eux-aussi se sentirent soulever et se mirent à voler dans tous les sens et se cognèrent les uns contre les autres et aussi contre les murs. Une tornade prit forme, matérialisation du conflit en cours entre les pouvoirs de la fillette et sa volonté. L'un des deux devait céder, ses pouvoirs ou Lysbeth, et ce ne fut pas Lysbeth. Il y eut une espèce d'explosion et tous furent éblouis par la lumière qui était devenue bleue très pâle. Quand ils purent regarder, ils virent une petite cascade qui chantait en tombant dans un petit bassin. Un petit ruisseau s'écoulait paisiblement et disparaissait dans un trou dans le mur en face. Lysbeth était fatiguée, mais elle était très contente, de nouveau elle avait réussi à ordonner à ses pouvoirs de faire quelque chose qu'elle voulait. Elle fut grandement félicitée par les elfes et par Beren, même si ses compagnons étaient moulus par les chutes et les coups. Lysbeth baillant donna des lembas à tout le monde, et s'endormit profondément. Quand Finrod fut sûr qu'elle soit bien endormie, il se tourna vers les autres et leur dit : -La fille des Valar est en vie. Beriawen. -Vous la connaissez altesse, demanda Beren. -Oui, je la connais, mais, Morgoth l'a tué en même temps que les deux arbres. Comment as – t – elle pu revenir ? -Je ne sais pas sire. Je suis né sur Arda. Et je n'ai jamais entendu parler d'elle et pourtant je suis un noldo, s'interrogea Amandil songeur. -C'est normal, les Noldor veulent oublier sa mort, alors on ne parle pas d'elle. Varda avait raison, elle était vivante et elle est revenue. -Oui, mais pour combien de temps ? demanda Salmar. -C'est vous – même qui avez dit qu'elle était perdue et qu'elle ne devrait pas se trouver ici. Peut – être que ses parents nous font assez confiance pour aider la jeune princesse à contrôler ses pouvoirs, supposa Malduin. -Oui, vous avez sans doute raison. Elle ne peut pas nous aider à sortir d'ici si elle ne contrôle pas ses pouvoirs. Elle nous défends ce qui est déjà très important. Nous allons l'aider, il faut la pousser à utiliser le plus possible ses pouvoirs, décida Finrod. -D'accord, mais il va nous falloir de repos pour aujourd'hui, parce que je n'arrive presque plus à bouger, conseilla Mardil exprimant la pensée de tous. -Non, il ne faut pas laisser le temps à ses pouvoirs de reprendre le contrôle. Il va falloir lui demander, heuuuuuuu.............. Je n'ai aucune idée, dit Finrod à court d'idée. -Alors, on pourrait lui demander............... chercha Salmar -De faire apparaître des fruits. Deeeeeeeeesssssss................ des pommes, s'exclama Eldalië avec un grand sourire. -Mais bien sûr. Et comme cela, vous allez pouvoir vous remplir le ventre, grogna Amandil devant les autres qui pouffaient de rire devant le regard suppliant d'Eldalië. -La fille des Valar n'est pas un restaurant ambulant ! s'exclama Finrod outré. -Ben alors heu......... JE SAIS ! s'exclama Guilin. -Vous savez quoi ? demanda Beren en soulevant un sourcil. -Le sol est dur, on n'aura qu'à demander à la princesse de le recouvrir d'un tapis de mousse très épais qui aille avec la cascade. -Bonne idée. Très bonne idée. Et ainsi, la princesse pourra mieux dormir la nuit, dit Edrahil avec un grand sourire. -J'ai encore faim ! Je pourrais en avoir un autre, un tout petit morceau de lembas. Minuscule, supplia Eldalië. Finrod regarda vers Lysbeth, mais celle – ci n'était pas encore prête à se réveiller. Il la trouvait vraiment mignonne avec ses grands yeux violets et ses longs cheveux noirs qui contrastaient terriblement avec son teint pâle. Mais la voir là, endormit, ses joues rosies par le sommeil, lui donnait envie d'avoir un enfant. Un enfant aussi doux qu'elle. Mais il avait un serment à accomplir et tant qu'il ne le sera pas, il ne pourra prendre épouse. Beren regardait aussi la petite Valië, c'était la première fois qu'il voyait une Valië et quand il la regardait, ce n'est pas Lysbeth qu'il voyait, mais Lùthien, les mêmes cheveux noirs et la même peau douce et pâle. Eldalië la regardait avec un petit sourire, il n'avait jamais connu l'ancienne Beriawen, mais il adorait la nouvelle, comme tous les autres. Puis alors que le soleil à l'extérieur daignait se lever, Lysbeth commença à s'étirer et à grogner. Elle était toute courbaturée et avait mal partout, comme après avoir été battue par les enfants Rohirrims, mais en moins douloureux. Elle ouvrit un oeil et vit les elfes qui la regardaient intensément. Elle leur fit un grand sourire ensommeillé et leur montra sa glotte quand elle partie dans un bâillement sonore. Finrod sourit un peu, mais lui dit d'un ton sévère: -Lysbeth, quand tu bailles, met ta main devant la bouche. -Pardon, monsieur Finrod. Je ne le recommencerais pas. -Je laisse passer aujourd'hui, mais ne recommence pas, fille des Valar ou non, tu dois apprendre la politesse. -D'accord Monsieur Finrod. -Bien, tu as faim ? -Oh oui, j'ai très faim monsieur Finrod. Eldalië murmura à l'oreille de Amandil : -J'adore quand elle l'appelle Monsieur Finrod. Elle est trop mignonne quand elle dit ça. -Moui ! C'est vrai. Lysbeth ? -Oui, Monsieur Beren ? -Tu crois que tu pourrais arranger la pièce, parce qu'on a remarqué que tu avais mal dormi à cause de la dureté du sol. -Je vais essayer. Elle lâcha le lembas qu'elle tenait et se concentra sur l'idée d'améliorer la pièce. Elle ne mit que sept heures cinquante neuf au lieu de huit habituelles. Mais le plus important, c'est qu'elle était moins fatiguée que la dernière fois et pu même terminer son lembas avant de s'endormir profondément. Les elfes étaient sidérés par le changement survenu dans la pièce. Car en plus de la cascade, il y avait maintenant un tapis d'une épaisse pelouse avec des niphredils qui poussaient un peu partout, et une épaisse couche de mousse sur les murs. Quant aux lianes, elles avaient fleuries et c'est un mur odorant et d'une belle couleur rouge qui les protégeait de Sauron. Beren prit la petite Valië dans ses bras et la coucha sur un matelas épais d'herbe. Il lui embrassa le front et alla boire à la cascade devant les elfes qui lui souriaient doucement. Il s'approcha d'eux et ils discutèrent de comment forcer la petite à utiliser ses pouvoirs. Quand elle se réveilla, ses yeux pétillaient de joie. Eldalië qui l'aidait à faire sa toilette lui demanda : -De quoi as – tu rêvé pour être aussi heureuse ? -J'ai rêvé de mon papa et de ma maman. Et puis papa a dit quelque chose de bizarre . -Qu'est ce qu'il a dit ? -Il a dit que monsieur Finrod avait raison et que je ne suis pas un restaurant ambulant. Mais qu'il faudra quand même que je le fasses. Et je n'ai pas compris. Tous regardèrent Finrod qui était devenu tout rouge et certains dont Beren ricanaient devant la gêne du seigneur elfique. Quant à Eldalië, il était devenu rouge de honte à l'idée que les Valar aient pu entendre toutes ses paroles. Salmar avec un grand sourire lui dit : -Voilà, ma puce. Je vais te demander de créer un tas de pommes. D'accord ? -Pourquoi ? -Parce qu'il faut que tu contrôles tes pouvoirs, et plus tu les utiliseras de façon consciente, plus se sera facile de les utiliser. Regardes, hier tu étais moins fatiguée. Et puis un jour, tu ne seras plus fatiguée quand tu les utiliseras, lui expliqua Edrahil avec un très grand sérieux. -J'ai hâte que j'y arrives. Bon je vais le faire, décida – t – elle avec un grand sourire. -Attends, tu dois d'abord te restaurer et boire, lui dit Amandil. -D'accord, monsieur Amandil. Elle se jeta sur les lembas et en dévora trois et bu une gourde entière d'eau. Bien rassasiée, elle allait s'accroupir quand Sauron revint devant la barrière et se remit à hurler plein d'insanités. Guilin se jeta sur Lysbeth et lui mit les mains sur les oreilles pour qu'elle n'entende pas les gros mots. Finrod l'envoya paître. Brusquement, une branche entière fouetta l'air et gifla violemment le visage de Sauron qui fit un pas en arrière blessé dans son orgueil et choqué par ce manque de respect envers sa maléfique personne. -HE BIEN SI VOUS NE VOULEZ PAS SORTIR, VOUS RESTEREZ POURRIR DANS CE CACHOT JUSQU'A LA FIN DES TEMPS. Avec un grognement rageur, il partit rejoindre la salle du trône tandis que Guilin libérait les oreilles de Lysbeth. Celle – ci regarda l'elfe étonnée et lui demanda : -Monsieur Guilin, pourquoi vous avez fait ça? -Parce que Sauron a crié des gros mots et que je ne voulais pas que tu les entendes. -Ah d'accord. Merci, monsieur Guilin. Je ne crois pas que mon papa et ma maman soient content si j'apprenais des gros mots. Tous les adultes éclatèrent de rire en imaginant la tête des Valar devant leur fille qui jurait comme un charretier. Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que sur Valinor aussi, les rires allaient bon train et Varda remercia en pensée Guilin d'avoir pensé à boucher les oreilles de sa fille. Mais revenons à Tol Sirion et plus précisément au fin fond d'un ex – cachot lugubre qui ressemblait plus à un jardin féerique qu'à un cachot lugubre. Le temps passa long pour les adultes, très court pour Lysbeth qui s'amusait à créer n'importe quoi. Maintenant, il y avait des lapins miniatures qui couraient dans l'herbe, et des poissons tout petits qui nageaient paisiblement dans le petit bassin. Soudain, Beren entendit un chant venant de l'extérieur. En réponse, il entonna un chant qu'il avait composé. Quand il termina, il entendit des applaudissements et vit Lysbeth, un lembas dans la bouche qui tentait de lui sourire tandis que les elfes lançaient un regard étonné et admiratif quant à la qualité du chant qu'avait fait le jeune humain. Puis, ils entendirent un autre chant beaucoup plus puissant. Lysbeth se mit aussi à chanter, un chant d'une douceur incomparable que lui avait appris son père, une partie de l'Ainulindalë. Le chant de la vie et de la création chassa le mal qui avait pris possession de la tour et fit encore plus trembler le bâtiment que le chant qui venait de l'extérieur. Les adultes écoutèrent le chant de l'enfant en fermant les yeux de bonheur, s'imaginant être retourné en Valinor pour les elfes et auprès de son amour pour Beren. A Valinor deux parents pleurèrent en écoutant la voix douce et claire entonnée ce chant merveilleux. Quand elle termina, la barrière de liane se retira paisiblement et tous virent le gros museau de Milui apparaître. Lysbeth se leva d'un bond et sauta au cou de son warg qui lui fit câlins sur câlins. Les elfes et Beren furent ravis de revoir la grosse tête baveuse de Milui et lui firent la fête. Quand Beren leva les yeux, il vit une magnifique elfe avec de beaux yeux gris et des cheveux noirs comme la nuit. Il fit un pas en avant, puis se jeta sur l'elfe, l'embrassa passionnément. Leur baisé fut stoppé quand ils entendirent une voix moqueuse leur dire : -Faites cela autre part, il y a une enfant ici. -Oh! Monsieur Beren a une amoureuse, s'exclama Lysbeth avec un grand sourire étonné. Les elfes éclatèrent d'un rire bruyant tandis que l'elfe et Beren rougissait. Beren prit la main de son « amoureuse » et la présenta à Lysbeth : -Lysbeth, je te présente Lùthien Tinùviel. Mon aimée, je te présente Lysbeth Beriawen. -Bonjour madame Lùthien. -Bonjour petite fille. -Je ne suis pas petite, j'ai neuf ans et demi, s'exclama Lysbeth avec une légère colère qui fit violemment trembler la terre. Finrod s'approcha d'elle et lui dit : -Lysbeth, il faut que tu te calmes, d'accord. Je ne pense pas qu'elle voulait te blesser ou te rabaisser. Mais pour nous les elfes, les enfants de neuf ans sont de tout petits enfants. -Ah d'accord. Pardon madame Lùthien, dit Lysbeth d'un petit air désolé. -Ce n'est pas grave. Venez, nous allons sortir de ce cachot froid, humide et ..................par le trône des Valar, c'est une merveille. -C'est notre difficile vie depuis notre capture, ma mie, plaisanta Beren avec un grand sourire. Salmar prit le sac à dos et le mit sur le dos de Lysbeth. Finrod prit Beriawen, Salmar l'arc, Edrahil une des dagues et Amandil l'autre dague. Les autres se mirent derrière eux et Lysbeth trottina derrière Finrod. Les elfes et Beren parcoururent toute la tour pour retrouver leurs armes et rendirent à l'enfant ses armes trop petites pour eux. Quand ils sortirent de la tour, ils virent des dizaines de cadavres de loups. Beren et Lùthien furent accueillis par une espèce de gros chien qui arrêta de bouger quand il vit arriver Lysbeth. Il s'approcha de la petite Valië et lui lécha les pieds en signe de soumission. La petite jeune fille éclata de rire, car elle était très chatouilleuse. Elle se mit à courir dans tous les sens ravie de sentir le vent jouer dans ses cheveux, sentir la chaleur du soleil couchant sur sa peau, voir les immensités des montagnes et la puissance du fleuve. Les autres rigolaient de son naturel espiègle et légèrement sauvage. L'espèce de chien la surveillait de crainte qu'il ne lui arrive des problèmes. A suivre |