19) La couleur de l’espoir.

Lorsqu’Eragon se réveilla, il mit un moment à se remémorer les événements des jours précédents. Le dragonnier s’étonna de se trouver contre le flanc de sa dragonne, il s’avisa aussi de la présence d’Arya à ses côtés. L’esprit embrumé, les muscles douloureux, il s’étonna que la jeune femme ne soit pas dehors en train de monter la garde. Il se déplaça et enlaça l’elfe qui s’éveilla et lui sourit.

-         Comment te sens-tu ?

Le jeune homme la regarda longuement, caressant ses cheveux, il la serra un peu plus fort contre son torse nu. Les images du combat de la jeune femme contre les deux ombres l’assaillirent.

Le dragonnier était juché sur le dos de sa superbe dragonne, Saphira, tout se déroulait parfaitement bien, plus que deux ennemis et Helen et Katrina seraient en sécurité. Soudain un des deux adversaires se tourna vers le jeune homme et lança un sort. La boule écarlate atteignit Eragon en pleine poitrine, il fut désarçonné, les liens le retenant en selle rompus. La douleur le subjuguait, l’énergie demandée par le sort qu’il lança pour éviter de s’écraser sur le sol lui fit perdre connaissance un court instant. Lorsqu’il reprit conscience, il se tourna vers le lieu où la jeune femme combattait. Il entendait les appels de sa dragonne qui faisait rage sous son crâne. Le dragonnier décida d’en faire abstraction et attrapant son arc et son carquois, tombés par miracle près de lui et restés intact, il banda l’arc et posa une flèche se préparant à tirer. Ignorant la douleur présente dans tous ses membres et l’explosion de douleur qui apparut dans son épaule pour enflammer son bras droit et son dos. Il se concentra sur sa cible, repoussant ses propres limites, le trait qu’il lâcha transperça le cœur de l’ombre qui était sur le point de passer son épée à travers celui de l’elfe. Le deuxième trait atteignit Le deuxième homme à un demi-pouce de la lame que la jeune elfe avait fait passer au travers de son cœur. A bout de force, tremblant de douleur, il s’évanouit.

Le dragonnier reprit soudain conscience de ce qui l’entourait, il tremblait serrant toujours Arya contre lui. Cette dernière semblait de plus en plus inquiète, Eragon se souvint alors de la question de la jeune femme à laquelle il n’avait toujours pas répondu. Il se racla la gorge de manière à se donner une contenance face au regard inquisiteur de l’elfe.

-         Je me sens merveilleusement bien, pour quelqu’un qui est tombé du dos de sa dragonne, et toi ?

Il s’efforça de lui sourire pour dissiper ses craintes. Cette dernière passa ses bras autour du cou du jeune homme, lui souriant à son tour, et se serrant contre lui. Bien qu’il ait soudainement d’énormes difficultés à organiser ses pensées, le dragonnier remarqua qu’elle ne lui avait pas encore répondu. Il soutint son regard jusqu’à ce qu’elle consente à lui répondre.

-         Je vais bien, je me suis juste inquiétée pour toi.

Le dragonnier se remémora le regard de la jeune femme face aux deux ombres, la soif de sang qui y brillait, de toute évidence elle avait eu envie de les tuer. Plus tard, lorsqu’elle l’avait regardé, les yeux brillant de peur et de surprise, il ne lui avait jamais vu une telle expression. Il avait toujours pu déchiffrer l’inquiétude sur le visage de la jeune femme, cette fois, autre chose partageait la place destinée - la peur sur le visage de la jeune elfe et il ne comprenait pas quoi. Il l’embrassa incapable d’agir autrement, de penser à autre chose qu’à la joie que lui procurait un tel contact après l’avoir tant attendu. Lorsqu’il s’étonna à nouveau de la présence de l’elfe à ses côtés, il lui en fit part entre deux baisers. Arya lui raconta ce qui s’était produit après la mort des deux ombres, le dragonnier trouva suspecte l’arrivé à point nommé de son demi-frère mais ne s’en ouvrit pas à la jeune femme. Alors que le jeune homme commençait à se détendre face aux nouvelles rapportées par l’elfe. Un bruit étrange attira son attention, se figeant, il tendit l’oreille se concentrant de manière à détecter tout intrus qui se serait aventuré dans le camp sans que Murthag ne l’ait remarqué. Il prit le temps de remarquer que la jeune femme adoptait la même attitude. Un cri perçant, insupportable transperça leurs tympans, déchirant le calme de la nuit. Le jeune homme se souvint du dernier moment où il avait pu entendre un tel cri. Comme un écho à ses pensées la voix de Saphira vint lui confirmer ses craintes.

« - Les Ra’zacs ! Ils nous attaquent ! Les Lethrblakas sont là aussi ! »

Il chercha son épée, Arya la lui tendit sans un mot, tous deux sortirent en trombe de dessous l’aile protectrice de la dragonne saphir. Murthag, Helen et Katrina étaient pétrifiées, les trois dragons eux, se préparaient à combattre formant un cercle protecteur dont les deux humaines et les dragonniers étaient le centre.