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au 31 Mai 21 :
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Paix, Force et Sagesse
Par Kalhan
Eragon  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
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    Chapitre 28     Les chapitres     4 Reviews    
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Bataille

28) Bataille.

 

Ils avaient pris environ deux semaines pour atteindre Belatona. Leurs deux derniers jours avaient été passés à construire quelques machines de guerre. Les deux béliers et les trois catapultes furent bardés de sort de façon à les protéger. Eragon avait réussi à convaincre les nains de lui donner quelques pierres précieuses. C’est ainsi qu’avec l’aide des elfes, il avait serti chaque machine de deux pierres. Arya avait d’ailleurs eu l’idée de se servir des pierres pour alimenter un sort de camouflage sur les béliers –en plus de tous les sorts de protections qu’ils avaient mis en place. Ainsi, elle prit deux saphirs qu’elle fixa sur l’un des béliers et, avec l’aide des magiciens elfes, créa un camouflage lui donnant des airs de Saphira –avec juché sur son dos, un jeune homme tenant une épée enflammée de flammes bleues. Le dragonnier avait l’air ridicule de l’avis du jeune homme et de sa dragonne. Méditant une vengeance exemplaire, tout en tenant deux émeraudes au creux de sa main, le jeune homme avait d’abord songé à donner à la machine l’apparence de la princesse lorsqu’elle était hors d’elle. Il s’était cependant bien vite détourné de ce projet de peur qu’elle ne le tue pour avoir osé lui faire ça. Et c’est ainsi qu’après mûre réflexion, il avait juché la princesse sur le dos d’un jeune dragon vert au port de tête altier. Bien qu’elle ne possédât pas d’épée de dragonnier, la Arya dragonnière semblait faire partie de la caste, et aussi redoutable qu’Eragon et Saphira. A la nuit tombée, la princesse et le dragonnier se retrouvèrent sous la tente de ce dernier –comme tous les soirs depuis qu’ils « cherchaient » le vrai nom du jeune homme. Elle l’attendait depuis déjà quelques minutes, les bras croisés, les sourcils froncés, les yeux lançant des éclairs. Elle était la personnification même de la colère. L’espace d’un instant, il fut tenté de faire demi-tour ce qui irrita énormément la jeune femme qui pinça les lèvres pour ne pas lui hurler dessus immédiatement.

 

-         Peux-tu me dire ce que signifie le camouflage du deuxième bélier ?

 

Le sourire qu’il lui adressa ne ressemblait en rien à un sourire d’excuse ce qui énerva encore davantage la jeune femme –qui avait déjà d’énormes difficultés à se contenir.

 

-         Tu as vu l’air ridicule que j’ai sur celui du premier ? Et puis, pourquoi ne pas tenter de leur faire peur par la même occasion ?

 

Elle recouvra son calme, la princesse ne comprenait toujours pas comment il parvenait à la calmer aussi facilement.

 

-         Oui et ça ne me met pas beaucoup plus en danger vu que je suis déjà une cible de choix du fait que ma mère est la reine des elfes. Bien vu.

 

Il grimaça et un léger sourire apparu sur les lèvres de l’elfe.

 

-         Je n’avais pas pensé à ça…

 

-         Ce n’est pas grave, la ville sera prise rapidement et, je l’espère, sans difficulté. Ensuite, on fera disparaître ces camouflages ridicules et…

 

La princesse tomba à genoux, tous ses muscles étaient contractés. Tout autour d’elle n’était plus qu’un voile de douleur, sa tête semblait être sur le point d’exploser. Elle sentait la douleur la vider de ses forces lentement mais sûrement, elle avait de gigantesques difficultés à s’empêcher de hurler. Elle sentit des bras s’enrouler autour d’elle, un corps chaud. Puis elle sentit qu’on la soulevait du sol avant de l’allonger. Où ? Dans un lit ? Plus rien n’avait de sens, la douleur avait disparue mais elle était incapable de bouger ou de réagir de quelque façon que ce soit. Pour la première fois de sa vie, elle était totalement sans défenses. Elle sentit un corps chaud s’allonger près du sien. Les odeurs, les images, les bruits, tout se confondait, elle était incapable de comprendre ce qui se passait autour d’elle. Des larmes se mirent alors à couler le long de ses joues, des bras l’enlacèrent tendrement. Pourquoi ? Pour la réconforter ou pour l’empêcher de bouger ? De doux murmures dont elle ne comprenait pas le sens résonnèrent à ses oreilles. Petit à petit, elle se détendit, bercées par le murmure de cette voix qui lui était de plus en plus familière, elle sombra alors dans un sommeil profond, sans rêve. A son réveil, la première chose que la princesse remarqua fut qu’elle était blottie contre le torse nu du dragonnier –lequel tout en la serrant tendrement contre lui, l’observait avec inquiétude.

 

-         Ça va mieux ?

 

Elle ne répondit pas tout de suite, profitant de la situation pour se coller un peu plus contre le jeune homme.

 

-         Oui, ce n’est rien. Juste… Je ne sais pas en fait.

 

Il fronça les sourcils, plongeant dans son regard émeraude ses yeux noisette. Ce fut à cet instant qu’elle comprit que ses paroles n’avaient rien de rassurant… Et si les elfes s’étaient trompés ? Elle chassa bien vite cette pensée, se remémorant sa colère et la dépense d’énergie que lui avaient demandée les sorts la veille.

 

« - Peut-être bien que c’est ça… »

 

Elle sursauta, surprise, totalement absorbée par ses pensées, elle avait oublié d’ériger ses défenses mentales et n’avait pas remarqué la présence du dragonnier dans son esprit. Il s’attendait à ce qu’elle s’énerve au lieu de quoi, elle l’embrassa. Un baiser doux et passionné qu’il lui rendit sans hésiter. Elle sentit une des mains du jeune homme glisser sous sa chemise, il hésitait se demandant s’il avait le droit.

 

« - Pense moins et agit Eragon. »

 

L’autre main se perdit dans la chevelure d’ébène de l’elfe, elle-même glissa ses mains sur le dos nu du jeune homme. Les baisers qu’ils échangeaient se faisaient de plus en plus brusques et passionnés, ils manquaient d’air et… C’est ce moment-là que choisit Lupusanghren pour entrer dans la tente –sans s’être annoncé bien évidemment. Arya ne parvenait pas à déterminer qui d’Eragon ou d’elle était le plus rouge. Tous deux étaient allongés dans un même lit, un dragonnier torse nu avec une main sous la chemise de la princesse des elfes –princesse dont les cheveux avaient été quelque peu emmêlés par l’autre main dudit dragonnier- et une elfe qui l’attirait vers elle, caressant son dos de ses mains –sans oublier leurs souffles courts et les baisers brutaux qu’ils ne cessaient d’échanger. Le tableau parfait de deux amants –ou plutôt de deux futurs amants- prit sur le fait par un elfe… La reine allait être ravie par la nouvelle. Arya se retint à grand peine d’insulter Lupusanghren, et à voir l’expression d’Eragon, lui aussi se retenait de hurler. Cependant, il s’écarta de la princesse et s’assit au pied du lit de camp.

 

-         C’est une façon… intéressante de chercher un vrai nom.

 

La princesse ne répondit rien se contentant de réorganiser ses cheveux en y passant la main. Le dragonnier semblait sur le point d’exploser. Il prit pourtant la parole d’une voix calme et posée.

 

-         C’est aussi une drôle de façon de s’annoncer avant d’entrer…

 

-         Navré mais la reine s’inquiétait de ne pas parvenir à vous contacter et elle m’a demandé de venir voir ce qui se passait.

 

Là, la princesse était sûre que sa mère allait être ravie…

 

-         Vous ne tiendrez pas votre langue n’est-ce pas ?

 

Vaine tentative de lui faire jurer de se taire. La jeune femme savait déjà que ce ne serait pas le cas, pourtant mieux valait essayer.

 

-         Non en effet, j’ai juré à ma Reine de lui faire un rapport détaillé de la raison pour laquelle elle ne parvenait pas à vous contacter.

 

-         Barzul.

 

Eragon et Lupusanghren se tournèrent vers elle l’un amusé, l’autre offusqué. Elle se surprit à trouver l’expression de l’elfe à la fois comique et irritante.

 

-         J’ai déjà dit pire que ça vous savez ?

 

L’elfe ne répondit pas, il fit signe à la princesse de le suivre. Elle se leva, termina d’arranger sa coiffure et ses vêtements avant de le suivre. Sur le point de sortir de la tente, elle fit demi-tour et embrassa le dragonnier.

 

-         Je t’aime.

 

Puis elle tourna les talons et se prépara mentalement à affronter sa mère. La reine des elfes attendait, elle semblait calme. Lupusanghren entra suivit de près par Arya. En voyant sa fille, Islanzadi haussa les sourcils, l’interrogeant du regard. Ce fut le magicien elfe qui répondit à la question muette de la Reine des elfes. Il lui raconta –sans omettre le moindre détail- la scène qu’il avait surprit sous la tente du dragonnier. Arya l’aurait volontiers assassiné ou forcé à se taire au lieu de quoi, elle attendit qu’il ait fini et que la Reine lui accorde son attention. Islanzadi se tourna vers sa fille et d’une voix dans laquelle la colère était tout à fait perceptible, prit la parole :

 

-         Qu’est-ce que ça signifie Arya ?

 

-         Tout simplement que nous nous aimons.

 

La reine des elfes grimaça apparemment, elle ne souhaitait pas voir sa fille avec un dragonnier –et encore moins un dragonnier humain. Son point de vu sur les humains devait avoir changé une nouvelle fois. Arya resta de marbre, ne laissant pas paraître sa colère et encore moins sa déception face à la réaction de sa mère.

 

-         Avez-vous déjà… ?

 

La princesse rougit, elle s’attendait à des remontrances, pas à ce genre de questions –qu’elle trouvait pour le moins indiscrète.

 

-         Je… euh… nous… Non.

 

Elle baissa la tête, aussi rouge que l’était la tente de commandement de Nasuada. La reine soupira –de soulagement pour ce qu’Arya pouvait en juger sans la regarder. Le simple fait d’entendre sa mère soupirer l’énerva au plus haut point.

 

-         Bien, quand commencera le siège ?

 

La princesse reprit contenance, elle regarda à nouveau sa mère dans le miroir de communication, sans laisser paraître la moindre gêne.

 

-         Dans deux jours.

 

-         Bien, je veux que tu reviennes à la fin du siège. Profite bien du temps qu’il te reste.

 

Arya se tendit, elle serra les poings à s’en faire blanchir les phalanges. Ainsi, c’est ce que sa mère voulait, elle comptait la séparer du dragonnier par la distance…

 

-         Non, je ne veux pas vous rejoindre.

 

-         Je ne te laisse pas le choix ! Tu peux t’estimer heureuse que je ne t’interdise pas de rester avec lui !

 

La princesse se devait de s’incliner devant sa reine. Pourtant, elle songeait à un moyen d’échapper à la sentence.

 

-         Bien, dans ce cas… au vu des événements récents et de mon état de santé, je me reposerai jusqu’au début de la bataille. Vous devrez donc passer par Lupusanghren et ses elfes pour communiquer avec les Vardens.

 

Islanzadi dévisagea sa fille avant d’acquiescer et de la laisser partir. Arya courut rejoindre la tente de l’espoir des Vardens, ils allaient devoir parler. Il l’attendait, le visage plus sérieux que jamais. Son regard interrogateur mit la jeune femme mal à l’aise.

 

-         J’ai jusqu’à la fin du siège. Ensuite, je vais devoir rejoindre ma mère…

 

Il ne laissa rien paraître, seul un léger soupir lui échappa. Elle alla se blottir contre lui, le temps leur était désormais compté. Ils restèrent longuement enlacés puis le jeune homme l’embrassa avant de s’éclipser pour aller voir Nasuada. Elle l’attendit pendant plus d’une heure, voyant qu’il ne revenait toujours pas, elle mangea quelques fruits et s’allongea dans le lit de camp. Elle s’endormit rapidement et ne s’éveilla que lorsque le jeune homme s’allongea près d’elle. Elle se retourna, enfouissant son visage dans l’épaule du dragonnier. Il l’enlaça, la serrant contre lui avec douceur. Elle ne parvenait pas à se réveiller complètement. Si bien qu’il lui semblait rêver. Peu à peu, elle se rendormit dans les bras du dragonnier. Ses rêves furent assez agités.

 

 

…………………………………………………………………………………….

 

 

La bataille allait commencer d’une minute à l’autre, elle avait envoyé la fiole accompagnée d’un mot à son fils aîné la veille. Elle s’apprêtait à partir lorsque le combat s’était engagé. Curieuse, elle avait décidé de rester là, d’observer. Très vite, les portes de la ville avaient été enfoncées. Très vite aussi, Eragon et les treize elfes furent encerclés et en mauvaise posture –comme beaucoup de groupe de Vardens. Elle jura avant de foncer vers la bataille. Elle repéra rapidement deux magiciens et préféra les attaquer physiquement plutôt que mentalement –après tout, en dehors des elfes rares étaient ceux capables de rivaliser sur le plan mental avec les magiciens du Roi et elle ne tenait pas à être découverte. Ils tombèrent la tête tranchée net par une épée que la Main Noire avait récupérée sur le corps d’un soldat mort. Les toits faisant tous la même hauteur, Selena décida qu’il serait plus pratique d’évoluer dans les hauteurs qu’au sol où grouillaient les soldats. Au sol, les Vardens se faisaient tailler en pièce, attrapant son arc et ses flèches –vestige du temps où elle servait encore Morzan qui restait presque toujours accroché à son dos -elle entreprît d’éliminer quelques soldats de l’Empire supplémentaire. Elle perdait du temps en agissant de la sorte. Elle aperçut la dragonne bleue descendre en flèche et déverser un flot de flamme sur un bon nombre de soldats adverses. Mais à chaque fois que les flammes s’approchaient du groupe qui encerclait le dragonnier et les elfes, celles-ci étaient stoppées net à une centaine de pied au-dessus de leurs têtes. Un sort devait les protéger, Selena encocha une flèche, visa la tête d’un des soldats et la décocha. A dix pas  de sa cible, la flèche se désagrégea. Il devait falloir une gigantesque quantité d’énergie pour alimenter de tels sorts de protection. Et donc, un joyau devait être placé non loin de là. La dragonne saphir plongea en piquet, tentant d’attaquer les soldats. A nouveau, à une centaine de pied du groupe le sort s’activa, ce fut comme si la dragonne heurtait un mur invisible de plein fouet. La dragonne poussa un rugissement de douleur et remonta avec difficulté. Au sol, Eragon tomba à genoux comme assommé par l’impact. Trois soldats à la vitesse et à la force elfique l’attaquèrent. La princesse des elfes s’interposa, elle réussit à en tuer deux –elle aurait très certainement tué le troisième- et tomba à son tour alors que le troisième soldat attaquait. Le dragonnier se leva, il peinait à tenir sur ses jambes. Pourtant, lorsqu’il vit la princesse à terre, son visage devint dur, métamorphose due à la douleur. Il attaqua, semant la mort dans le sillage de sa lame. Bientôt il ne resta plus aucun adversaire vivant pour l’affronter. Elle put sentir un esprit puissant sonder les alentours, le jeune homme se dirigea en direction d’un minuscule diamant placé dans le mur d’une des maisons. Il posa un doigt sur le joyau et le vida de son énergie. En le voyant grimacer la Main Noire comprit qu’il ne devait plus rester grand-chose à l’intérieur de la pierre. Il se précipita ensuite en direction de la jeune femme, s’agenouillant auprès d’elle. Les elfes semblaient avoir disparus, un instant Selena se demanda s’ils n’étaient pas des traîtres, seule Arya s’était interposée entre le dragonnier et ses assaillants. Pourtant, Eragon ne semblait pas se préoccuper de cette soudaine disparition, Selena se souvint alors du camouflage des béliers, et les elfes avaient disparus lorsque le jeune homme avait vidé le joyau de son énergie. A bien y réfléchir, elle se souvint qu’elle n’avait pas vraiment vu un combat entre les soldats d’une part et le dragonnier et son escorte de l’autre. Mais bien un combat entre le dragonnier et la princesse des elfes face aux soldats de Belatona. La ville avait beau être réputée pour ses magiciens Selena ne put s’empêcher d’être admirative. Ils avaient créé une diversion mais à quelle fin ? La Main Noire sauta du toit et rejoignit son fils. Elle s’approcha de l’elfe et l’observa brièvement, une main pressée sur le ventre, celle-ci tentait –en vain- de limiter l’hémorragie. Elle perdait beaucoup de sang, sa respiration était faible et difficile. Le jeune homme se pencha sur la princesse, il posa une main sur le ventre de l’elfe. La Main Noire comprit qu’il allait lancer un sort pour la soigner –sort qui lui serait très certainement mortel. Alors, elle l’arrêta en posant une main sur son bras. Il tenta de résister et dans la lutte, le capuchon qui recouvrait le visage de la femme et qui empêchait de voir ses traits tomba. Il s’arrêta, la reconnaissant instantanément.

 

-         Maman ?

 

Des dizaines, non, des centaines de questions se bousculaient dans l’esprit de la femme, comment savait-il qui elle était ? Pourquoi cette joie dans son regard ? Il aurait dû la haïr, après tout elle l’avait abandonné le jour de sa naissance –pour son bien.

 

-         Ne tente pas de la soigner, le sort te serait fatal.

 

-         Je ne peux pas la laisser mourir…

 

Elle sourit brièvement, elle savait parfaitement ce qu’il ressentait, comment lui expliquer qu’il en mourrait ?

 

-         Eragon…

 

L’elfe l’appelait d’une voix faible, elle allait donc mieux que ce que Selena pensait. Il s’agenouilla à nouveau, se penchant sur elle.

 

-         Part, rejoint Saphira, et aide les Vardens. Je peux encore tenir quelques heures.

 

Elle lui mentait mais la femme la comprenait, il fallait sauver l’espoir des Vardens à tout prix.

 

-         Mais, je ne peux pas te laisser, je…

 

-         Va-t’en !

 

Alors, il se pencha sur elle et l’embrassa tendrement, un doux baiser par lequel il promettait à l’elfe de revenir aussi vite que possible à ses côtés. Lorsqu’il s’écarta enfin d’elle, elle grimaça.

 

-         Tu restes avec moi ?

 

-         Oui, part maintenant.

 

La dragonne saphir se posa alors, en poussant un rugissement. La Main Noire recula en s’inclinant devant elle, elle avait appris qu’il valait mieux montrer du respect envers ces magnifiques créatures. Une idée germa alors dans l’esprit de la femme. Eragon ne parvenait pas à laisser l’elfe, il fallait qu’il parte au plus vite et il fallait sauver Murthag. Elle s’approcha de son fils et posa une main sur son épaule.

 

-         Va, je vais veiller sur elle.

 

De sa poche, elle sortit une fiole remplie d’un liquide vert pomme, elle la tendit à son fils.

 

-         Prends ça, si tu commences à t’affaiblir, si tu es anormalement fatigué ou que tu as des migraines bois ceci.

 

Il fronça les sourcils à la mention des migraines. Il prit pourtant la fiole avant de monter sur le dos de sa dragonne, dégainer sa lame et de disparaître lorsque la sublime dragonne décolla. Selena regarda le dragonnier et sa monture s’éloigner puis, elle se tourna vers la princesse des elfes –qui n’avait pas cessé de la regarder depuis le départ du jeune homme. La Main Noire pansa la blessure comme elle le put, toutes deux étaient conscientes que seule la magie pourrait guérir la plaie. Selena ne faisait qu’éviter que l’hémorragie ne la tue trop vite.

 

-         Tu ne tiendras pas jusqu’à la fin du siège.

 

Elle plongea son regard émeraude dans les yeux de celle qui fut l’assassin personnel de Morzan, un léger rictus était apparu sur son visage. Elle prit la parole avec difficulté.

 

-         Je sais… mais la vie d’Eragon est… bien plus importante que la mienne.

 

Bien que Selena en doutât, elle acquiesça. Elle savait que l’elfe ne mourrait pas, pas si Murthag arrivait à temps. Elle sortit une seconde fiole de sa poche et la présenta à la jeune femme. Celle-ci grimaça et lui demanda de quoi il s’agissait. Selena lui expliqua alors ce qu’elle savait de son « surmenage » et  qu’elle pensait à un poison. Et vu que le fameux poison ne touchait pas le dragonnier, elle avait tout naturellement songé à une toxine présente dans une plante qu’elle connaissait. L’elfe but le breuvage mais ne se sentit pas mieux –en même temps avec la blessure de son ventre, c’était tout à fait normal. Selena resta donc aux côté de la jeune femme, attendant une l’aide qui tardait à venir.

 

 

…………………………………………………………………………………….

 

 

Le Roi leur avait donné l’ordre et de lui ramener « cet énergumène de dragonnier qui servait de frère à son incapable de fils de parjure ». Murthag sentait qu’il changeait mais le changement serait-il assez important pour qu’il puisse épargner Eragon ? Il ne le savait pas, il avait peur et ne souhaité pas trahir son demi-frère. Aux abords de Belatona, Murthag et Thorn se séparèrent, le dragon rouge resta donc caché pendant que son dragonnier fonçait aider les Vardens à prendre la ville. Le fils de Morzan ne croisa pas son petit frère, il cherchait sa mère des yeux, il savait qu’elle était là puisqu’il ne l’avait pas croisée sur la route. Personne ne faisait attention à lui. Un rugissement retentit et Murthag ne put résister à son serment, il se dirigea vers la source du cri. Il arriva alors aux abords d’une place dégagée –à l’exception des dizaines de corps qui s’y entassaient, et des deux femmes côte à côte au centre du charnier. Une dizaine d’hommes l’attaquèrent alors, sortant d’une rue adjacente. Se maudissant de son manque d’attention, le jeune homme dégaina la lame maudite de son père et s’apprêta à combattre. Les soldats hésitèrent en voyant la lame rouge qui semblait vouloir se repaître de leur sang. C’était donc des soldats de l’Empire. Parfait, il n’avait aucune envie de tuer des rebelles. Deux hommes l’attaquèrent en même temps, le premier vit son épée brisée net par celle du dragonnier, il perdit la tête l’instant suivant. Le deuxième reçut un coup de pied en pleine poitrine, il atterrit contre le mur d’une maison pour ne plus se relever. Les soldats restant décidèrent de tenter le tout pour le tout en l’attaquant tous en même temps. Deux furent expulsé par des coups de pied et ne relevèrent pas, le jeune homme fit exploser le crâne d’un autre avec la garde de sa lame. Les autres furent éliminés sans difficulté, la poitrine ou la tête tranchée. Il essuya sa lame sur le corps d’un des hommes qui l’avait attaqué avant d’avancer vers les deux femmes. Il reconnut rapidement sa mère et lui lança un léger sourire. Mais il se figea en reconnaissant la princesse des elfes. Galbatorix lui avait ordonné de la lui ramener vivante ou morte de manière à attirer les elfes dans un piège mortel.

 

[i]Le Roi l’avait une fois de plus convoqué, un frisson courut le long de l’échine du dragonnier, la dernière fois c’était parce que le Roi était mécontent que Thorn ne se rétablisse pas assez vite. Il n’avait rien trouvé de mieux pour motiver le dragon que de faire fouetter Murthag. Le seigneur noir dégoûté le jeune homme et celui-ci devait lui obéir. Maudit soit les vrais noms et l’ancien langage des elfes. Il l’attendait assis sur son trône d’ébène, véritable incarnation du Dieu de la mort. Murthag sentit un nouveau frisson glacé courir le long de son dos. Il s’inclina bien bas devant son maître et attendit que celui-ci daigne prendre la parole.

 

-         Je t’ai fait appeler car j’ai de nouveaux serments à te faire prêter.

 

-         Bien maître que dois-je vous jurer ?

 

-         Je veux que tu me ramène la princesse des elfes, Arya.

 

-         Pourquoi ? Morte ou vive ?

 

-  Si elle est morte, je veux en avoir le cœur net, et puis, ça pourrait me permettre de faire parler certains prisonniers. Si tu me le ramène vivante, je la ferai parler et ensuite…

 

-         Vous la tuerez ?

 

-         Non ! Es-tu stupide ? Les elfes ne sont pas appelés le beau peuple pour rien…

 

Murthag déglutit en songeant à ce qui attendait une des rares personnes qui avait cru en lui malgré son ascendance. Il en était dégoûté, il se haïssait pour ce qu’il faisait.

 

-         Comment comptez-vous la faire parler ? Après tout, elle a résisté à un ombre pendant des mois…

 

-         Cet ombre avait dit à de faibles hommes sans protection mentale qu’ils pouvaient s’amuser avec elle. Il a agi en idiot, je la briserai et je la reconstruirai selon mes envies et mes besoins.

 

Murthag sentit la bile lui monter aux lèvres, mieux valait qu’Arya ne croise jamais sa route. Le Roi l’appela par son vrai nom et le jeune homme s’agenouilla devant lui avant de prêter serment.[/i]

 

Voilà qu’il se retrouvait face à la princesse, que devait-il faire ? Il ne sentit pas les habituelles pulsions qui le forçaient à exécuter ses serments ou les ordres du Roi. Il s’approcha de l’elfe et de sa mère, songeant déjà à sauver la jeune femme.

 

 

…………………………………………………………………………………….

 

 

Il fouillait Belatona depuis la veille, toujours aucunes traces d’Arya. Ni même de sa mère le jeune homme commençait à craindre la mort de celle qu’il aimait. En fait, il était persuadé qu’elle était morte. Mais alors pourquoi sa mère avait disparue ? Et pourquoi ne trouvai-il pas le corps de la princesse des elfes ? Il fixa le miroir de communication face à lui, quelques secondes plus tard Islanzadi apparut à l’intérieur de celui-ci. Lupusanghren avait dû prévenir la reine. Elle était pâle, on eut dit qu’elle était grièvement malade. Il la salua selon le rituel elfique et attendit que la femme engage la conversation.

 

-         As-tu fini par la retrouver ?

 

-         Hélas non ma reine… Je… Je suis vraiment désolé.

 

Une larme unique coula sur la joue d’Islanzadi, elle ne tenta pas de l’arrêter et celle-ci termina sa course sur le sol. Voir la reine ainsi fit mal au jeune homme qui ne put s’empêcher de remarquer toutes les petites ressemblances existant entre la mère et la fille.

 

-         Ce n’est pas de ta faute Shur’tugal.

 

La peine se fit plus présente encore sur le visage de la reine, on eut cru qu’elle était aux prises avec de nombreux et douloureux souvenirs –ce qui était sûrement le cas.

 

-         Elle était tous ce qui me restait d’Evandar, tout ce qu’il restait de l’homme de ma vie. Ma fille, l’être le plus cher à mon cœur vivant encore en ce monde et j’ai commis une énorme erreur.

 

Une nouvelle larme coula sur la joue de la reine, Eragon aurait tant aimé pourvoir agir, dire ou faire quelque chose qui remonterait le moral de la reine. Malheureusement, il n’y parvenait pas.

 

-         Je n’aurais jamais dû la laisser rester jusqu’à la fin du siège, si j’avais été moins indulgente, elle vivrait toujours…

 

Eragon manqua de s’étrangler en entendant la reine des elfes parler ainsi, préférant éviter de s’énerver maintenant, il changea de sujet.

 

-         Saviez-vous que ma mère est toujours en vie ?

 

-         Non, je ne savais pas mais comment le sais-tu ?

 

-         Je l’ai croisé lors du siège, elle combattait à nos côtés et je suis certain de ne pas me tromper.

 

La reine devint pensive, la nouvelle ne lui déplaisait pas forcément mais elle insinuait tant de choses. Le dragonnier demanda alors la permission de laisser la reine –qui rompit immédiatement le contact.

 

-         Bonsoir à vous aussi.

 

Il sortit de sa tente, il ne pouvait plus supporter d’approcher son lit en sachant que l’elfe n’y dormirait plus avec lui. L’odeur de la princesse était devenue une véritable torture. Il se dirigea vers Saphira et s’installa sous son aile.

 

« - Pas de bonne nouvelle ? »

 

« - Non ma belle, Islanzadi ne va pas bien du tout. »

 

« - Je suis désolée petit homme. »

 

« - Ce n’est rien, ce n’est pas comme si je t’avais perdu toi, je… »

 

Le dragonnier se redressa soudain, les paroles de Solembum et celle de l’elfe Linnëa dans son rêve lui revenaient en tête.

 

Solembum lui avait dit » « Et quand tout te semblera perdu, quand ton pouvoir te semblera inefficace, rends-toi au rocher de Kuithan et prononce ton nom : il t’ouvrira la Crypte des Âmes. » Linnëa, elle avait prononcé ces mots : « Pour t’acquitter de ton serment, tu devras rejoindre les Vardens, perdre une personne qui est chère à ton cœur, trouver ton vrai nom puis le rocher de Kuithan pour enfin pénétrer dans la crypte des âmes. Mais garde toujours à l’esprit qui tu es sinon, tu te perdras toi-même. »

 

Le temps était donc venu, il lui fallait trouver son vrai nom et le rocher de Kuithan.

 
 
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