25) Voyage.
Eragon s’éveilla lentement, la nuit n’était plus très loin. Arya était toujours là, la tête posée sur l’épaule du dragonnier, elle dormait toujours. Il contempla longuement le visage de la princesse des elfes, alors que quelques jours plus tôt, il se pensait condamné à ne jamais réussir à la séduire, aujourd’hui, elle s’était endormie dans ses bras après lui avoir avoué ses sentiments. Il ne put s’empêcher de sourire. Elle était si belle et si paisible quand elle dormait. La princesse était totalement détendue dans les bras d’Eragon, il sentit l’esprit de sa dragonne frôler le sien, il lui ouvrit son esprit.
« -Bonsoir petit homme. »
« -Bonsoir ma belle. Comment vas-tu ? »
Il put sentir l’agacement de sa belle dragonne, son sourire s’élargit. Il cessa de contempler l’elfe endormie dans ses bras pour fixer le plafond.
« -Je vais bien, ce n’est pas moi qui a frôlé la mort récemment. »
« -J’ai peut-être frôlé la mort, mais j’ai gagné le cœur d’Arya. »
« -Pense moins fort où tout Gil’ead t’entendra. »
Eragon tourna à nouveau son regard en direction de la princesse des elfes, elle était éveillée. Elle semblait à la fois en colère et heureuse. Bien que le dragonnier pense que ces deux sentiments ne pouvaient cohabiter, il ne s’en inquiéta pas, ce qui le dérangeait était qu’elle n’aurai pas dû pouvoir entendre ce qu’il disait à sa dragonne.
-Je ne pense pas fort, je parle avec Saphira tu n’aurais donc pas dû pouvoir entendre ce que je lui disait.
Elle fronça légèrement les sourcils, il n’y avait plus trace de colère sur son beau visage juste les signes d’une intense réflexion. Du moins jusqu’à ce qu’un bruit étrange en provenance de la cour les aide à comprendre. D’un même mouvement, ils se levèrent et sortirent sur le balcon. Là, dans la cour face au jeune couple, le corps de la dragonne saphir tremblait étrangement, il ne fallut pas longtemps à son dragonnier pour comprendre que Saphira était prise d’un fou rire. Ne parvenant pas à atteindre l’esprit de sa liée de cœur et d’esprit, il hurla pour couvrir le bruit du rire de sa dragonne.
-Qu’est ce qui est si hilarant ?
La dragonne saphir prit un moment pour se calmer. Le balcon n’était pas très haut -par rapport à la taille de la dragonne saphir- si bien qu’elle posa sa tête sur la rambarde et observa longuement la princesse et le dragonnier.
« -Arya n’avait pas levé ses barrières mentales j’en ai profité pour l’inviter à se joindre à notre conversation. Ta remarque était donc fausse. »
Il était en colère, Saphira aurait au moins put le prévenir. Soudain, le rire cristallin de la jeune femme retentit, Saphira l’accompagna et leurs rires entraînèrent le jeune homme, qui se laissa aller avec les deux femmes qu’il aimait le plus au monde. Un raclement de gorge se fit entendre dans le dos du dragonnier. Lentement Arya et lui se retournèrent. La reine des elfes les observait, ils entamèrent le salut rituel et attendirent qu’Islanzadi leur répondent. Sans attendre, elle entama la conversation.
-Pourrais-je goûter à cette plaisanterie si hilarante ?
Le dragonnier sentit l’esprit de la princesse exercer une pression sur ses barrières mentales. Il la laissa agir un moment avant de lui ouvrir son esprit.
« -Que se passe t il Arya ? »
« -Elle ne doit pas savoir, aucun elfe ne doit savoir pour le moment. »
De nombreux doutes assaillirent le jeune homme, pourquoi ne voulait elle pas que son peuple sache ? Si elle l’aimait, ça n’avait pas de sens.
« -Je te jure que je t’expliquerai tout quand nous serons seul, tout les deux. »
Il doutait encore, mais il agit comme l’attendait la jeune femme. Autrement dit, il ne fit pas le moindre geste pouvant les trahir.
-Bonsoir ma reine, Saphira a juste trouvé très drôle de nous jouer un tour.
Rester vague, encore et toujours vague. Il ne savait pas quand il pourrait cesser de jouer la comédie, de faire semblant. Il n’ajouta rien et attendit que la reine des elfes reprenne la parole. Ce qu’elle fit presque immédiatement en se tournant vers sa fille.
-Je pensais que tu étais allée te reposer dans ta chambre. Que fait tu ici ?
Arya ne répondit pas tout de suite, leurs esprits étaient toujours liés et le jeune homme pouvait sentir l’intense réflexion à laquelle se livrait l’élue de son cœur.
« -Pourquoi ne pas lui dire que tu venais voir si j’allais bien ? Après tout, c’est la vérité non ? »
« -Oui, merci Eragon. Je t’aime. »
-Je venais voir comment se portait notre dragonnier.
Bien que la reine ne parut pas convaincu, elle n’insista pas. Elle ouvrit la bouche pour parler et, laissa échapper un cri de douleur. Ses genoux se plièrent et l’elfe se tordit de douleur aux pied du dragonnier et de sa compagne. La princesse s’agenouilla immédiatement aux cotés de sa mère.
« -Aide moi à la porter sur le lit. »
Il s’exécuta, à eux deux, ils transportèrent la reine sur le lit du jeune homme. Soudain, la reine cessa de hurler et de se tordre de douleur. Eragon ne comprenait pas ce qui venait de se produire, il ne comprenait même pas pourquoi ça avait cesser aussi vite que c’était arrivé.
-Que c’est il passé ma reine ?
Islanzadi ne répondit pas, elle se tourna vers sa fille et d’un regard, la chargea d’expliquer au dragonnier ce qui venait de lui arriver.
-Il y a un lien, un lien qui unit deux elfes qui sont fait l’un pour l’autre. Ce lien est censé être aussi puissant et profond que celui qui unit un dragon et son dragonnier. Nous le nommons Yawë. Rares sont les elfes qui sont unis ainsi, pour que ce lien qui fait que l’esprit de deux personnes ne font plus qu’un, il faut que leurs corps s’unissent ainsi. Le Yawë se met en place au moment le plus intime de la relation et uniquement si les deux personnes s’aiment réellement et sont destinées à terminer leurs jours ensemble.
« -Pourrions nous être liés ainsi ? »
-Yawë ne signifie pas lien de confiance ou de vérité ?
-Si, c’est pour cette raison que nous avons choisis ce mot. Il faut que les liés ait une confiance absolue l’un en l’autre et, qu’ils ne se mentent pas si ils veulent que le lien les unissent.
« -Je ne souhaite que ça. »
-Quel est le rapport entre ce lien et vous ma reine ?
Alors que la princesse ouvrait la bouche pour parler, Islanzadi l’interrompit.
-Evandar et moi étions liés ainsi. Fort heureusement, Oromis et Glaedr nous avaient enseigné la façon de séparer nos esprits. Chaque fois qu’une des deux personnes liées par le Yawë mourrait, l’autre la suivait presque sur le champ. Grâce à l’enseignement de tes maîtres, j’ai pu survivre mais, je souffre énormément.
-C’est une des raisons pour laquelle nous avons espéré que mon père vivait toujours. L’autre étant que nous n’avons jamais retrouvé son corps. Cela faisait longtemps que vous n’aviez pas fait de crises mère. Je me trompe ?
-Non Arya, voilà bien vingt ans que je n’ai plus ressentit les effets du lien.
« -Je n’ai jamais entendu dire que le lien entre dragon et dragonnier inflige de la souffrance au survivant. »
C’était étrange, comme venait de le souligner Saphira, il n’avait jamais entendu parler d’un tel lien et encore moins de douleur provoqués par celui-ci. La reine saisie la main de sa fille, elle semblait aller mieux.
-Lui aurait su comment te parler.
La tristesse pointait dans sa voix, elle serra un peu plus fort la main de la princesse. Elle s’assit dans le lit et voulut se lever, mais le dragonnier et sa compagne l’en empêchèrent.
-Vous ne pouvez en être sûre mère.
-Si, je me souviens que tu étais proche de lui.
-J’étais proche de vous aussi…
La douleur était perceptible dans la voix de la princesse, elle aida sa mère à se lever, avant de la ramener à ses appartements.
-Je peux t’aider ?
-Non merci, bonne nuit Eragon.
-Bien, bonne nuit Arya Dröttningu, bonne nuit Islanzadi Dröttning.
-Bonne nuit Tueur d’ombre.
« -Je reviens dès que j’ai fini. »
Une fois seul, le dragonnier mangea les quelques fruits et légumes restant dans le plateau puis, il prit un bain.
« -Saphira, que penses-tu de ce lien et de la douleur qu’il provoque chez la reine ? »
« -C’est étrange, l’existence d’un tel lien est plausible et certainement prouvé par les elfes. Cependant, cette douleur, on pourrait penser que l’ancien roi des elfes est toujours vivant, captif et torturé… »
Il parla un moment avec sa dragonne mais, la fatigue due à sa blessure et à l’émotion le rattrapa. La princesse n’arrivant pas, il se coucha, le regard tourné vers la porte au cas où elle arriverait. Il s’endormit presque instantanément. Des bruits de pas dans son dos le réveillèrent. Il fallut que l’intrus tente de monter sur le lit et, que le dragonnier le plaque sous lui, sur le lit, pour qu’il se rende compte qu’il s’agissait en réalité de la princesse des elfes. Elle ne se débattait pas, elle l’observait, son regard émeraude plongé dans les yeux noisette du jeune homme. Le dragonnier était assis à califourchon sur les jambes de la princesse, de ses bras, il plaquait les poings de la jeune femme au-dessus de sa tête. Il arborait un large sourire, se penchant à l’oreille de l’elfe il murmura.
-Je t’ai eu.
Il se redressa avant de se pencher sur les lèvres de la jeune femme, leurs lèvres se frôlèrent, Eragon se détendit et d’un mouvement d’Arya vit sa position s’inverser. Ce fut au tour de la jeune femme de sourire, elle ne nargua pas le jeune homme et, se pencha pour l’embrasser. Le baiser dura longtemps, lorsque leurs lèvres se séparèrent, ils étaient tendrement enlacés.
-Pourquoi est-ce que personne ne dois savoir ?
Elle soupira, elle ne voulait pas aborder ce sujet, pas maintenant mais, elle lui avait promis.
-Les couples entre elfes et humain sont très mal vu par mon peuple et, je ne veux pas que tu perdes leur soutien par ma faute.
Il la serra un peu plus fort contre son torse, il était soulagé par la réponse de la princesse. Le problème était de taille mais ils pouvaient trouver une solution. Ou attendre patiemment la fin de la guerre pour en parler.
-Pourquoi ? Pourquoi ces couples sont-ils si mal vus ?
- De nombreuses disputes dues aux divergences de point de vue, à la différence d’âge, de croyance et tant d’autre chose. Il y a aussi la durée de vie et, le fait que le Yawë ne s’est jamais activé entre nos deux peuples.
-Ce n’est pas le même problème avec les dragonniers, je me trompe ?
-Oui et non, ça règle des problèmes tels que la durée de vie mais pas celui du Yawë ou de la religion.
-Imaginons que je crois en l’existence des Dieux nains, cesserais-tu de m’aimer pour autant ?
-Non, pas tant que tu ne passeras pas ton temps à me parler d’eux ou à essayer de me convaincre de leur existence.
-C’est complètement stupide.
Le dragonnier commençait à s’énerver, la princesse dû le sentir car, elle mit rapidement fin à la conversation. Peu à peu, ils s’endormirent, l’un dans les bras de l’autre. Le lendemain, lorsque le jeune homme s’éveilla -peu de temps avant l’aube- il était seul. La jeune femme était sur le balcon, les coudes appuyés sur la balustrade. Une légère brise soufflait, faisant voleter les cheveux de son aimée. Il s’approcha silencieusement dans son dos puis, il passa ses bras autour de la taille de l’elfe et la serra contre lui. Aiedail brillait dans le ciel, la dragonne saphir posa sa tête sur la balustrade -qui gémit sous le poids- à côté du jeune couple.
« -Tu viens voler petit homme ? »
« -Je veux bien, tu sais que j’aime voler avec toi mais, je n’ai pas envie de laisser Arya seule. »
La dragonne poussa un profond soupir, ses yeux pétillaient de joie. Elle étendit sa conscience et attendit qu’Arya lui ouvre son esprit.
« -Alors venez tous les deux, dépêchez-vous, j’ai hâte de revoler avec toi petit homme. »
Le jeune homme évalua la distance entre le dos de sa liée de cœur et d’esprit et la balustrade. Lisant dans ses pensées, Saphira se déplaça pour lui faciliter la tâche. Il n’avait pas bougé que la princesse se retourna et déposa un baiser léger sur ses lèvres.
-On se rejoint devant l’écurie.
Il attrapa le poignet de la jeune femme alors qu’elle s’éclipsait, il lui vola un baiser -qu’ils prirent le temps d’approfondir tendrement- et lui murmura qu’il l’aimait avant de la laisser partir. Il sauta ensuite sur le dos de sa dragonne et la sella avant de décoller sur son dos. Le ciel commençait à s’éclaircir à l’horizon. Ils atterrirent devant l’écurie. Arya en sortit rapidement. Elle portait sur son dos un sac de taille conséquente. Elle testa les courroies avant de grimper sur le dos de la dragonne -en ignorant la main que lui tendait le garçon- et d’enserrer la taille du jeune homme d’un bras. Lorsqu’ils furent haut dans le ciel, hors de vue de toute personnes qu’elle soit un elfe ou un humain, elle passa son bras libre autour de le taille du dragonnier, se serrant encore davantage contre son dos. Elle posa sa tête sur son épaule. Le ciel se colorait d’or et de pourpre à l’horizon. La dragonne atterrit suffisamment loin de la ville pour qu’ils soient tranquilles. Eragon et Arya descendirent avec grâce du dos de Saphira. Les jambes de l’elfe tremblèrent, le dragonnier décida de prévenir tous risques de chute en l’enlaçant. La princesse laissa glisser le sac sur le sol et s’assit à coté, entraînant le jeune homme avec elle.
-Tu as pris de quoi manger ?
Comme pour signifier son accord avec le fait de manger, son estomac gronda bruyamment. La princesse éclata de rire, son rire cristallin fut rapidement rejoint par celui –plus grave et moins parfait- du dragonnier. Elle se calma rapidement et sortit un sac duquel elle sortit quelques fruits. Elle sortit un second sac –qui faisait environs les deux-tiers du plus grand sac- qu’elle tendit au jeune homme. C’était un sac de toile tout simple, confectionné rapidement mais qui n’en restait pas moins solide. Quelques mot lui vinrent immédiatement à l’esprit, « avec les compliments de la Main Noire ».
-Tu l’as ouvert ?
-Non, ce n’est pas à moi qu’il a été remis.
Il sourit avant d’ouvrir le sac, le contenu de celui-ci l’étonna, Saphira s’agita voyant que sa compagne s’interrogeait, il lui tendit le sac. Elle demeura interdite puis, reprenant ses esprits, elle le rendit au jeune homme. Il en sortit un eldunari de la couleur du rubis, il était de petite taille en comparaison de celui de Glaedr, Eragon songea que ce devait être celui de Thorn. Il sortit deux autres cœur de la couleur de la terre, ceux-ci avait la taille de celui du maître du dragonnier. Il rangea un des eldunari brun avec celui de Glaedr –dans un des sacs de selle de Saphira- les deux autres furent rangés dans un nouveau sac. Le sac n'étant toujours pas vide, le jeune homme s'y intéressa à nouveau. Il en sortit une dizaine d'épées de dragonnier, des épées courtes, des épées longues, des épées bâtardes, correspondant à des techniques de combat bien précises. Lame fine, lame large, la plupart des épées étaient de couleur brune, deux épées sortaient du lot. L'une était du blanc le plus pur, un diamant fixé à sa garde permettait d'y stocker de l'énergie. L'autre une épée courte à la lame fine, d'une couleur émeraude rappelant les yeux de la princesse au jeune homme, le joyau palpitait d'énergie. Arya saisit l'épée blanche, elle l'observa un long moment.
- Illumëo.
- Pardon ? Vérité ?
- C'est le nom de cette épée, l'épée du premier des dragonniers.
Il dû se faire violence pour ne pas l'arracher des mains de la jeune femme.
- Rhunön sera heureuse de la récupérer.
- Oui, elle sera aussi heureuse de récupérer les autres lames.
Elle resta longtemps, le regard fixe, elle tendit l'épée au jeune homme qui vida les joyaux de l'énergie qui y était stockée pour la redistribuer dans Aren, la ceinture de Beloth le Sage et Brisingr. Il rangea ensuite les épées dans un des sacs de selle de la dragonne.
- Qui est cette femme ?
La voix de la princesse trahissait son désarroi. Et une pointe de jalousie.
- Je ne sais pas, à moins que...
-Qui? Elle est aussi rapide et forte que toi et moi et...
Il ne l'écoutait plus, plongé dans ses pensées. Il tentait de regrouper tout ce qu'il savait sur la mystérieuse Main Noire de Morzan. Une explication était à la fois possible et incroyable.
-Je crois qu'il s'agit de la Main Noire d'origine, ma mère.
Elle se tut, elle resta un long moment stupéfaite. Il pouvait voir dans ses yeux qu'elle ne savait comment réagir. Au bout d'une éternité, elle prit la parole.
-N'est-elle pas censée être morte ?
-Si, mais elle a sans doute pu se sauver, je ne sais pas mais...
-C'est une chose assez logique si on réfléchit, mais tu sembles oublier sa vitesse et sa force, digne de bien des elfes.
-Elle a passé des années en compagnie de Morzan et de son dragon. On ne peut pas savoir tout ce qui est arrivé pendant tout ce temps.
« -Les dragons des parjures se sont un jour réunis pour lancer un sort très puissant. Nous ne savons pas lequel mais, il est possible que Morzan ai voulu garder sa Main Noire pour toujours. »
La princesse acquiesça avant de changer de sujet, il savait que malgré les sujets bien plus légers dont ils parlaient, elle réfléchissait toujours au sac et à son contenu. Lui, songeait à autre chose…
-Pourquoi cette clairière ? Et le ruisseau et l’épée et ton épée fichée dans l’arbre ?
-Ce qui m’étonne, c’est que nous nous soyons réveillés.
« -Vous avez été aidé, quelqu’un voulait vous remettre Naegling, il a donc laissé des indices pour que vous la trouviez. »
Le dragonnier réfléchit longuement, il se demandait qui avait bien put les aider. Le soleil était à son zénith, ils mangèrent à nouveau. Le jeune homme s’allongea dans l’herbe verte, la princesse l’imita et posa sa tête sur son épaule. Le dragonnier s’endormait peu à peu, soudain, la solution lui vint à l’esprit.
-Murthag !
Surprise, la jeune femme se releva en un sursaut. Elle lui lança un regard interrogateur.
-Il arrive ?
-Non, c’est lui qui nous a aidés, j’en suis persuadé.
« -C’est possible, ce genre d’action changerait son vrai nom. »
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Il ne fit pas de commentaires tant d’indices tendaient à prouver que son demi-frère les avaient bel et bien aidé. Le soleil commençait à décliner à l’horizon, illuminant les deux compagnons enlacés. Le ciel rougeoyait, embrasant le ciel, les nuages et tout le paysage. Seule Saphira ne semblait pas être atteinte par les rayons rouges de l’astre de jour mourant. La princesse ne bougeait pas, blottit contre le torse du dragonnier, elle observait le ciel s’embraser avant de céder sa place aux astres. Elle songea un instant que le cycle du jour et de la nuit représentait le cycle de toutes choses. D’abord la naissance, le bonheur et la joie, le lever du soleil. Ensuite, la vie, plus ou moins paisible, plus ou moins sombre selon les jours, la journée et les nuages qui venaient parfois troubler la quiétude du ciel d’un bleu limpide. Enfin, venait la fin, sanglante ou paisible, quelquefois les deux, elle était colorée et pourtant, elle cédait la place à un monde d’ombre. La nuit, apparentée à la mort et pourtant, elle était chargée de tant d’espoir avec la présence des étoiles et de la lune aux rayons d’argent. Le couché de soleil, la présence du jeune homme à ses côtés et la certitude que personne ne pourrait les surprendre, l’aidaient à se détendre encore un peu plus, elle aurait tant aimé pouvoir s’endormir ici, dans les bras du dragonnier. Il lui tardait de partir rejoindre les Vardens, pour pouvoir être « seule » avec lui.
« -Un elfe vient. »
La jeune femme poussa un profond soupir et, déposa un baiser sur les lèvres de l’homme dont elle était amoureuse, avant de se lever et, de s’asseoir dos à la direction depuis laquelle viendrai le membre de son peuple. Eragon s’assit contre le flanc de sa dragonne après avoir ramassé un peu de bois sec et l’avoir préparé pour faire un feu. Saphira souffla un minuscule filet de flamme qui embrasa le foyer. La jeune femme sourit mais lorsque le jeune elfe arriva, elle arborait un masque d’impassibilité. Il s’agissait de Vanir, il entama le salut rituel et, attendit que le dragonnier et sa compagne lui ait répondu pour prendre la parole.
-Islanzadi Dröttning demande à vous voir tous les deux.
-Et bien, allons-y.
-Elle a dit que vous ne deviez pas y être avant plus de deux heures.
La jeune femme fronça les sourcils, ça ne ressemblait pas à sa mère. Elle devait souffrir ou voulait parler en privé à une personne en particulier et ce sans avoir le jeune homme et sa fille au milieu.
-Puisque nous avons le temps, pourquoi ne pas nous battre en duel Vanir ?
-Tu dois encore te remettre de tes blessures tueur d’ombre.
Le dragonnier sourit, la princesse leva les yeux vers le jeune elfe qui refusait un combat amical. Quelque chose dans le regard de Vanir la troubla, il soupira et commença à s’éloigner lorsque le jeune homme reprit la parole dans son dos.
-Ne me dis pas que tu à peur que la princesse te voit te faire écrabouiller par un simple humain !
Arya regarda Eragon, les yeux rond, c’était pure provocation de sa part, de toute évidence, il n’aimait vraiment pas Vanir. Cependant, il jouait à un jeu extrêmement dangereux, Vanir lui, n’avait pas était blessé la veille, Vanir ne venait pas tout juste de frôler la mort. La princesse voulut intervenir mais, il était trop tard. L’elfe venait de faire volte-face, épée au poing.
-Moi ? Je pourrais te vaincre sans la moindre difficulté si je le voulais.
Eragon sourit, il sortit Brisingr de son fourreau et plaça la lame entre son pouce et son index. Sans quitter Vanir du regard, il murmura la formule.
-Gëuloth du knìfr.
Vanir l’imita, ils se mirent en garde et le combat démarra. Sans un mot, elle observa le combat entre les deux hommes, Eragon avait le dessus mais, Vanir mettait souvent sa défense à mal en se glissant dans d’infimes failles que le jeune homme corrigeait sur le champ. Il était rare que le dragonnier réitère deux fois la même erreur. Il utilisa une technique qu’elle ne l’avait pas encore vu utiliser, feintant à l’épaule, il croisa leurs épées et, avançant sa lame au maximum appuya sur un endroit du poignet de son adversaire qui lâcha sa lame sur le champ et, put sentir celle du jeune homme se poser sur son cou.
-Tu as gagné, une fois de plus, tu es le meilleur de nous deux.
Les deux heures étaient passés depuis longtemps, Vanir ramassa son épée et sans attendre tourna les talons et, prit la direction de Gil’ead. Eragon arborait un large sourire qui s’effaça presque immédiatement lorsqu’il vit le regard chargé de reproche qu’elle lui lançait.
-Qu’est-ce que j’ai encore fait ?
-Rien, rien du tout, tu viens juste de ridiculiser Vanir devant moi…
Il ne comprenait pas, elle pouvait le voir sur son visage, le lire dans son regard. Il fallait qu’elle lui fasse comprendre que Vanir était fier, très fier, trop fier. Et, qu’il venait de lui faire perdre la face devant sa princesse.
-Vanir est quelqu’un de très fier même pour mon peuple. Et, tu viens de le ridiculiser devant moi.
-Je vois, pourquoi ai-je l’impression de toujours devoir m’excuser auprès des elfes ?
Il comprenait, ou du moins, il comprenait en partie ce qu’impliquaient ses actes. Ce qui était déjà bien. Cependant, elle doutait qu’il désire vraiment s’excuser auprès de Vanir.
-Pourquoi le détestes-tu à ce point ?
-Et bien, parce qu’il a passé les mois précédent la nuit de la célébration du serment du sang à me ridiculiser et, que vu la façon dont il te regarde, autant qu’il baisse dans ton estime.
La jeune femme ne put s’empêcher de sourire, il était jaloux, il n’avait pourtant aucune raison de l’être, c’est lui qu’elle avait choisi, aucun autre ne pourrait le remplacer. Le fait que Vanir l’ai ridiculisé correspondait parfaitement à son caractère, elle parlerait avec lui, il fallait éviter que l’elfe s’emporte contre le dragonnier humain.
-Pour ce qui est des regards qu’il me lance, tu n’as pas à t’en faire, c’est toi que j’ai choisi. Il vaudrait quand même mieux que tu évites de te mettre des elfes à dos.
Il sourit, un large sourire qui illumina son visage, puis il la serra dans ses bras. Il embrassa doucement le cou de l’elfe, elle le laissa faire un moment, se laissant aller avec délice dans les bras du jeune homme. Puis, « l’invitation » de sa mère lui revint en mémoire et elle quitta à regret les bras du dragonnier.
-Nous devons aller voir ma mère.
Le jeune homme poussa un profond soupir, il avait autant envie qu’elle d’aller voir la reine des elfes. Hélas, leur devoir à tous deux était de lui rendre visite et d’écouter ce qu’elle avait à dire. Ils grimpèrent sur le dos de Saphira et partirent rejoindre la reine qui les avait demandés. Islanzadi les attendaient dans la chambre de sa fille. Ils la saluèrent rapidement et s’inclinèrent devant elle. Sur le visage de la reine, on pouvait lire une grande souffrance. La princesse s’inquiétait de l’état de sa mère, de toute évidence, le Yawë la faisait toujours souffrir. Elle allait lui demander ce qui se passait quand la reine des elfes prit la parole.
-Je vous ai fait venir car, il va falloir que vous partiez rejoindre les Vardens rapidement. Je ne peux assurer les communications avec Nasuada, il faudra donc que vous lui transmettiez mes messages. (Elle se tourna alors vers Arya) Ensuite, je te contacterai et tu devras te charger de parler avec les chefs des rebelles.
La jeune femme acquiesça, il était inutile de discuter ses ordres. D’autant qu’ainsi, elle pourrait passer un peu plus de temps avec le dragonnier. Ce qui l’inquiétait, c’est que sa mère avait l’air très faible. Malgré elle, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle devrait rester auprès d’elle pour la seconder. Ignorant cette pensée –qui lui était dictée par son cœur alors que sa raison lui hurlait qu’elle serait plus utile chez les Vardens- elle se tourna vers le dragonnier et l’interrogea du regard. Depuis qu’ils étaient entrés dans la pièce, il affichait un masque d’impassibilité digne des meilleurs comédiens. Il sembla réfléchir un moment puis il prit la parole.
-Nous pouvons partir dés demain si vous le souhaitez ma reine.
Islanzadi observa longuement le jeune homme et sa compagne. Elle semblait chercher quelque chose, un détail qui lui aurait dit ce qu’elle devait faire.
-J’ai prit la liberté de demander à ce que vos vivres soit préparés, de sorte à ce que vous puissiez partir ce soir. Il ne vous reste plus qu’à préparer vos affaires et à partir.
Eragon haussa les sourcils puis, il s’inclina devant la reine avant de tourner les talons. Cette dernière le rappela presque immédiatement. Le jeune homme se retourna et revint sur ses pas.
-Vanir m’a conté votre petit duel, tu as fait de remarquables progrès dis-moi.
Le dragonnier esquissa un sourire, le souvenir de ce combat lui était agréable. Tout comme l’était celui des heures l’ayant précédé pour le jeune femme.
-Oui, il s’agit d’un coup de chance. Je n’ai jamais remporté un duel aussi facilement sans intervention extérieure. Je pense que Vanir s’est retenu du fait que je me remets encore de ma blessure.
La princesse ne put empêcher un sourire de se dessiner sur son visage, il tentait de minimiser sa victoire sur l’elfe, pour ne pas le faire dégringoler dans l’estime de la reine. Islanzadi ne rajouta rien et le laissa partir. Une nouvelle fois, la mère et la fille se retrouvaient seules.
-Êtes-vous sûre de pouvoir vous passer de moi ?
-Oui, ce n’est pas comme si j’avais été grièvement blessée. Je suis en quelque sorte accoutumée à ces douleurs.
La princesse acquiesça, la reine lui confia quelques messages et elle put prendre congé. La jeune femme se hâta de préparer ses affaires avant de partir rejoindre le dragonnier et sa dragonne dans la cour. Au plus profond de la nuit, ils partirent tous les trois en direction des Vardens et de leurs alliés. La lune illuminait les alentours de son éclat argenté, peignant le paysage de nouvelles couleurs, le ciel était dégagé, l’orage était passé, le voyage serrait paisible. |