35) Les duels.
Le jeune homme observait les Vardens rassemblés tout autour du terrain de combat. Il n’avait pas revu le messager et un étrange pressentiment l’assaillait. Il pouvait sentir la Gedweÿ Ignasia le démanger plus qu’à l’accoutumée. Il n’était pourtant pas étonnant qu’il n’ait pas pu revoir l’étrange jeune homme. Les Vardens étaient tellement nombreux. Il finit par reporter son attention sur le centre du terrain. Arya se tenait là, droite et fière comme toujours. Lupusanghren semblait bien plus inquiet que la jeune femme qui lui faisait face. Il s’inquiétait sûrement de sa future défaite, après tout si jamais elle le blessait, il serait bien vite soigné. Arya dégaina sa lame, elle l’observa un moment avant de soupirer. Ce n’était pas une épée de dragonnier, certes, cette épée représentait son appartenance au peuple des elfes, mais il ne reflétait pas son nouveau rang. Il put voir Lupusanghren se détendre légèrement, il se demanda un bref instant ce qui lui inspirait autant confiance. D’un geste sûr, il sortit à son tour sa lame, elle n’avait rien de spécial, elle était fine, finement travaillée. Elle ressemblait un peu trop à celle d’Arya au goût du dragonnier, l’elfe devait sans doute se dire qu’il avait finalement ses chances de vaincre. C’était dangereux, c’est en pensant que quelque chose est possible qu’elle le devient. Un souvenir frappa le jeune homme, il possédait une épée qui pourrait parfaitement convenir à la princesse et qui ferait à nouveau douter son adversaire. Il courut rapidement jusqu’à leur camp, là il récupéra rapidement un des sacs de selle de la dragonne saphir. Les Vardens s’écartaient sur son passage et il parvint rapidement à regagner le bord du terrain d’entrainement. Il laissa volontairement le sac tomber lourdement sur le sol dur. Les elfes se tournèrent dans un même mouvement en direction du bruit de ferraille produit. Lupusanghren et ses elfes froncèrent les sourcils et se détournèrent en marmonnant quelque chose d’incompréhensible. La princesse qui avait due entendre leur lança un regard noir. Elle finit par s’approcher d’Eragon, un sourcil levé. Elle ouvrit la bouche dans le but de l’interroger mais le jeune dragonnier la devança.
- Te souviens-tu d’Illumëo ?
Cette fois-ci, les elfes ricanèrent se moquant à moitié du dragonnier des Vardens. Un sourire s’afficha aussi sur les lèvres de la jeune femme qui comprit ce qu’il voulait dire. Elle s’agenouilla à côté du sac et l’ouvrit. D’un geste calme et respectueux, elle en sortit la lame verte qu’ils avaient conservée dans l’anonymat depuis qu’ils l’avaient vue. Elle la soupesa longuement avant de tester son équilibre. Etonnamment, l’épée semblait avoir été forgée pour elle. D’un geste sûr, définitif elle remplaça l’épée qui pendait à sa taille depuis bien longtemps par cette lame verte. Elle l’observa durant quelques secondes le nom de l’épée avant de laisser un sourire léger s’installer sur son visage. Il l’interrogea du regard, il n’avait pas songé à regarder le nom de la lame forgée par Rhunön. Angela, Selena et Nasuada vinrent prendre place aux côtés du jeune homme, prêtes à voir ce spectacle. Le sourire de la princesse ne s’effaça pas et l’herboriste elle-même en fut intriguée.
- On dirait bien que tu n’es pas le seul à ne pas avoir beaucoup d’imagination pour nommer ton épée…
- Quel est son nom ?
- Adurna…
Il lui rendit son sourire, l’épée portait le nom de l’élément étant l’exact opposé de celui qu’il maitrisait. Les deux éléments pouvaient se maitriser, l’un sans l’autre, ils étaient destructeurs mais le total des dégâts de la somme des deux n’avaient pas d’égal. La princesse se retourna et observa les échauffements de son adversaire. Elle finit par se décider à regagner le centre du terrain, là elle gaina la lame par le biais de la magie. Lupusanghren sembla hésiter un peu, il gaina pourtant sa lame à son tour, et se posta face à la jeune femme. Sure d’elle, Arya attendit qu’il attaque le premier. Sa lame pointait vers le sol, elle défiait l’elfe du regard. Le dragonnier esquissa un sourire, il n’aimait pas utiliser une garde basse, garde qu’utilisait volontiers la jeune femme. Lupusanghren fit un pas en avant, il espérait voir la jeune elfe reculer. Elle n’en fit pourtant rien, profitant de l’occasion pour attaquer l’elfe à l’épaule. Bien évidemment, son attaque fut bloquée par l’elfe. Le combat était enfin engagé et il ne se terminerait qu’avec la défaite d’un des deux elfes. Lupusanghren se battait au maximum de ses possibilités –ce qui n’était pas négligeable- et il ne cessait de reculer sous un coup de pied de la princesse, un coup d’épée vicieux qu’il évitait de justesse. Les capacités de la princesse étaient étonnantes et sublime. Bien que les mouvements des deux adversaires soit rapide pour que des humains puissent le suivre, tous regardait avec intérêt le ballet –qui eut pu être mortel- que les deux corps avaient entamés en face d’eux. Le spectacle qui s’offrait à leurs yeux était bien au-delà de leur compréhension. Leurs gestes étaient rapides, précis, gracieux et pourtant, dangereux. Peu à peu pourtant, Lupusanghren s’habitua à la technique de la princesse, il contrait chaque attaque et utilisait sa force pour la déstabiliser. Ce fut bientôt à la jeune elfe de reculer. Lupusanghren ne montrait aucune pitié pour sa princesse tout comme elle n’en avait pas quelques instants plus tôt. Elle se plia en deux, l’elfe avait réussi à placer un coup de pied particulièrement puissant au niveau de ses côtes, trop occupée à bloquer un coup d’épée au niveau de sa tête, elle n’avait pas eu le temps de se protéger. Au même instant, Saphira et Orchard poussèrent un rugissement particulièrement puissant, le dragonnier des Vardens tomba à genoux. Il se tenait les côtes et serrait les dents pour ne pas laisser le moindre son franchir la frontière de ses lèvres. Les elfes lui lancèrent un regard étrange, les sourcils froncés, ils cherchaient à comprendre ce qui se passait. La douleur commençait à s’estomper. Le dragonnier releva la tête en direction du lieu où se trouvait la jeune femme. Il savait qu’une de ses côtes avait cédée sous la force du coup. Le souffle court, elle relevait la tête vers son adversaire, la lame de ce dernier se trouvait face à ses yeux. Les Vardens ne dirent plus un mot, Arya avait perdu ou du moins, elle était en très mauvaise posture. Les lèvres closes, elle observa la lame et alors que Lupusanghren s’autorisait un sourire victorieux et ouvrait la bouche pour lui « annoncer » sa défaite. Elle se leva d’un bond, la douleur irradiait ses côtes, Adurna fendit l’air, un sifflement presque inaudible. Lupusanghren observa la lame émeraude frapper son épée avec force, son visage se décomposa alors que l’épée s’échappait de ses mains. Droite, l’elfe releva lentement sa lame pour la poser sur la gorge de son adversaire mais en un bond, celui-ci s’éloigna. Il utilisa la magie pour récupérer son arme. Arya sourit et en profita pour soigner ses côtes. L’énergie qu’elle perdit risquait de lui manquer mais elle devait prendre le risque. Lupusanghren se remit en garde, prêt à affronter la technique de la princesse des elfes. Silencieuse, un fin sourire sur les lèvres, elle pencha la tête légèrement de côté jaugeant l’elfe. Elle se détendit sous le regard intrigué de Lupusanghren, elle adopta une défense haute. Lupusanghren attaqua, un coup à la jambe gauche qu’il détourna en direction de son visage à la dernière seconde. La dragonnière para le coup sans difficulté apparente. Au moment où il reculait sa lame, elle attaqua son épaule gauche, alors qu’il allait bloquer le coup, elle lâcha la garde de sa lame, avançant la main droite et fléchissant les genoux pour atteindre le ventre de son adversaire. Il recula, esquivant le coup d’extrême justesse mais déstabilisé par le changement d’approche de la jeune femme. Elle ferma les yeux, se plongeant dans ce qu’elle avait appris de la technique de son compagnon. Sur le bord du terrain, celui-ci souriait. Lupusanghren ne savait pas ce qui allait lui arriver. L’elfe attaqua sa princesse, elle para l’attaque en ouvrant les yeux. Elle écarta la lame et frappa du pied, non pas à l’abdomen comme elle le faisait habituellement mais derrière le genou du magicien elfe. Il tomba au sol, incapable de tenir debout plus longtemps. Elle utilisa qu’Eragon avait utilisé contre elle bien plus tôt. Elle avança la lame émeraude jusqu’à toucher le point sensible de son poignet. L’épée tomba au sol sans attendre. La lame d’Adurna se posa sur la gorge de Lupusanghren alors qu’il baissait les bras et les yeux vers le sol. Les deux dragons poussèrent un rugissement de victoire, Eragon se contint, ne laissant qu’un sourire filtrer sur ses lèvres. La princesse avait soigné la plus grave de ses blessures, le reste n’était que de simples bleus et coupures sans la moindre importance. La jeune femme gardait un visage impassible. Au bout d’un certain temps, les Vardens comprirent que le combat était terminé, des exclamations furent poussées puis reprises. Les Vardens saluaient le combat de la jeune elfe et soulignaient la défaite de son vis-à-vis. Pourtant, beaucoup soulignèrent sa performance et le félicitèrent. Lupusanghren ne comprit pas immédiatement leurs réactions, finalement il comprit et sourit. Arya rejoint son compagnon, le duel était terminé. Nasuada fit un signe discret et les Vardens restèrent sur place. Les elfes se dispersèrent, ils demeuraient pourtant dans le périmètre, le sécurisant comme ils le pouvaient. Arya restait humble face à sa victoire, le dragonnier lui-même ne laissait qu’un minuscule rictus apparaitre sur son visage. Nasuada les guida en direction d’une estrade proche. Ils y montèrent et très vite, le silence s’installa. C’était un silence emplit de respect, il n’avait rien de tendu. La chef des Vardens s’avança sur l’estrade, s’imposant dans toute sa grandeur.
- Peuple Vardens, aujourd’hui est un grand jour. Aujourd’hui, nous sommes en train de changer l’histoire. Demain nous attaquerons la capitale, et ce sera la fin du chemin. Nous pourrons bientôt être enfin libres. Mais je vous pose la question à vous, mon peuple, pour vaincre le Roi et être libre, devons-nous priver un dragonnier de sa liberté ?
Les Vardens se regardèrent les uns les autres, intrigués, ils ne comprenaient pas ce que leur chef disait. Alors que beaucoup demeuraient incertains, des « non » furent prononcés, forts et bruyant. Nasuada acquiesça avec un léger sourire, elle les entrainait là où elle voulait qu’ils soient. Ils la suivraient dans son choix sans chercher à s’y opposer. Pendant une seconde, le dragonnier envia la capacité de pouvoir ainsi captiver les foules. Mais ce pouvoir lui été inutile, il avait Saphira et pour la diplomatie, Arya pouvait toujours l’aider –même s’il ne l’écoutait pas toujours. Il n’avait nul besoin du même don que la chef Vardens. Le jeune homme s’agenouilla devant elle, sans crainte, il lui tendit Brisingr sans un mot. La reine des Vardens la saisit et comme elle l’avait fait lors de son couronnement à Farthen Dur, elle le libéra de ses serments. Le jeune homme était enfin libéré des promesses qu’il avait fait à la chef des Vardens. Son regard erra sur les Vardens regroupés autour de leur position et un sourire s’installa sur son visage. En retrait, la princesse ne bougeait pas, son regard se baladait sur les Vardens, sans en fixer un en particulier. Son esprit suivait la même route, elle examinait chaque adversaire, le sondant brièvement pour connaitre ses intentions avant de changer de cible. Si un assassin devait agir, c’était le moment idéal et c’était la raison pour laquelle, tous se tenaient sur leurs gardes. L’imminence d’un danger impalpable les dérangeaient, les empêchaient de le voir venir. L’avenir devenait incertain. La cible pouvait être n’importe qui parmi eux. Le danger demeurait invisible, impossible à réellement définir. Une ombre attira le regard du dragonnier des Vardens, il ne se lança pas à sa poursuite, se contentant de la suivre du regard. Mais ce bref moment durant lequel il avait ciblé l’ombre avait été mis à profit. Une lame trancha l’air en même temps qu’une flèche. Nasuada contemplait la mort s’approcher sans pouvoir s’éloigner, sans pouvoir courir se mettre à l’abri. Une seconde flèche siffla pour couper la première en deux et ainsi, arrêter sa progression, elle continua sa course en direction d’Eragon qui l’esquiva sans difficulté apparente. Le poignard continuait pourtant sa course en direction du cœur de la chef des Vardens. Tout se déroulait au ralentit, comme si un sort destiné à ralentir le temps avait été lancé. A la dernière seconde, une lame bleu s’interposa et dévia la lame grise. Cette dernière se ficha tout de même dans l’épaule de la jeune femme qui s’écroula sur le sol à cause de la douleur. Les elfes cherchaient les archers alors que la Main Noire se lançait déjà à la poursuite de l’assassin qui avait lancé le poignard. Eragon s’agenouilla rapidement auprès de Nasuada, Arya s’était déjà postée de façon à éviter qu’il ne soit blessé ou que l’assassin ne puisse terminer le travail. L’elfe ne bougeait pas, se concentrant pour parer à toutes éventualités. Le dragonnier observait la blessure de Nasuada, elle aurait pu subir des dégâts bien plus graves. Soulagé, il ôta la lame et lança un sort de soin qui le vida d’une bonne partie de son énergie. La jeune femme était inconsciente et les elfes ainsi que Selena revenaient déjà avec ceux qui avaient attaqués la jeune chef. L’un d’eux portait un capuchon destiné à empêcher de voir son visage. A peine le jeune homme eut-il étendu son esprit dans sa direction qu’il sut qu’il s’agissait de son frère. Il recula sans pour autant ériger de nouvelles défenses mentales, si son frère voulait entrer en contact avec lui, il lui en laissait la possibilité. Les deux autres silhouettes avançaient à visage découvert. L’un d’eux portait une balafre impressionnante qui traversait son visage de part en part. Sa couleur rougeâtre indiquait qu’il s’agissait d’une blessure encore récente. Le deuxième n’était autre que le messager qui avait disparu la veille, il avait très certainement voulu tester les défenseurs de la chef des Vardens. L’homme à la cicatrice avait de larges épaules et un torse musculeux. Son cou de taureau rehaussait cette carrure d’athlète. Cet homme devait privilégier le contact et le maniement des lames en tous genres. Sa carrure devait pourtant être un désavantage pour le maniement de l’arc. En un clin d’œil, le jeune homme pensait avoir cerné les capacités du balafré. Pourtant, lorsqu’il tenta de s’insinuer dans ses pensées, il se heurta à un mur. Il aurait pu balayer aisément sa résistance avec l’aide des deux dragons et d’Arya pourtant, il ne tenta pas de forcer l’accès à son esprit. Un pressentiment lui indiquait qu’il valait mieux le laisser et attendre qu’il baisse sa garde. Alors que les Vardens étaient étonnés, Eragon sourit en voyant cet homme sous la garde de sa mère. D’un geste surprenant de vigueur et de rapidité, il se dégagea de la poigne de fer de la Main Noire et fonça droit sur le dragonnier des Vardens. Alors que celui-ci s’attendait à devoir affronter le titan au corps à corps, ce dernier s’effondra. Il avait suffi à Selena de lancer un vulgaire bâton dans l’espace créé entre deux de ses pas dans sa course pour le faire s’effondrer sur le sol de pierre. Il se trouva avec deux lames de la couleur du saphir se croisant sur sa gorge et une de la couleur de l’émeraude sur le cœur, menaçant de le transpercer de part en part. L’homme osait à peine bouger, son esprit était pourtant toujours aussi protégé. D’abord étonné, le dragonnier des Vardens songea qu’il avait dû suivre un bon entrainement.
- Qui t’envoies ?
- Viens voir dans mon esprit pour connaitre la réponse.
La lame du dragonnier appuya un peu plus fort sur la gorge de l’assassin du Roi, le menaçant implicitement de mort. Comme par hasard, une brèche fit son apparition dans l’esprit de l’homme. Loin de s’y engouffrer, le jeune homme se retira rapidement. Il se tourna alors vers sa mère et croisa son regard déterminé.
- Il faut le faire parler…Peux-tu t’en occuper ?
Un sourire naquit sur les lèvres du balafré qui semblait sûr de pouvoir résister à la Main Noire sans difficulté. Eragon sourit à son tour, sa mère arracherait des aveux à cet homme sans réelle difficulté.
- La Main Noire ne parlera jamais.
En réponse Selena eut un large sourire. Elle lui écrasa le pied dans un geste puéril. Et approcha son visage de l’oreille de l’assassin en augmentant à son tour la pression de la lame saphir sur sa gorge, faisant perler quelques gouttes vermeil.
- C’est vrai, je n’ai jamais parlé et ne parlerai jamais… au Roi.
L’homme balafré prit une teinte si pâle que tous se demandaient si son visage était encore irrigué par son sang. Il venait de comprendre son erreur. Le sourire du dragonnier s’élargit et il retira lentement sa lame de gorge de l’assassin. Arya retira à son tour la pointe de son épée du torse de la menace. Selena l’emmena sous sa tente après avoir remplacé la lame bleue par un poignard de belle facture. Les elfes se divisèrent en deux parties sous les ordres de leur princesse. La moitié d’entre conduisirent l’assassin restant sous la tente alors que l’homme à la capuche était confié aux deux dragonniers. L’autre moitié s’avança vers la reine des Vardens avant de la transporter sous la tente de commandement. La panique qui avait en premier lieu désorganisée les Vardens avait rapidement été dissipée. Les hommes attendaient les ordres de leurs chefs dans l’ordre et la discipline. Avant que la princesse des elfes n’ait pu ouvrir la bouche, Eragon s’avança.
- Peuple Vardens, ta reine est hors de danger. Protège là de ton mieux en renforçant la sécurité du camp.
Sur ces mots, il s’éloigna sans un regard en arrière en direction de la partie du camp consacrée aux elfes et aux dragonniers. Il avait entrainé l’homme encagoulé à sa suite ainsi qu’Arya. Il avait passé le reste de la journée à parler avec son frère. Le remerciant et le conseillant sur la démarche à adopter en présence des elfes mais surtout, celles des nains.
Le soleil commençait à se coucher, colorant le ciel et l’étendue d’eau d’une sublime couleur vermeil. Le dragonnier observait le monde qui l’entourait, attendant l’arrivée imminente de son adversaire. Au bout de quelques minutes, Lupusanghren arriva, escorté par deux elfes. Arya et Murtagh se tenaient à ses côtés, attendant patiemment que le combat s’engage.
- Toujours prêt à m’affronter sur le terrain de la magie Shur’tugal ?
Le dragonnier ne répondit pas, préférant s’asseoir en tailleur face à l’elfe. Lupusanghren esquissa un léger sourire avant de s’installer à une distance respectable du dragonnier et sa dragonne. Dans le dos du jeune homme, l’astre de jour déclinait rapidement. Face à lui, l’elfe devait adapter sa vue aux rayons du soleil couchant qui venait mourir dans ses yeux. Sur les côtés, face à face mais à une distance plus que respectable, les témoins désignés observait les deux adversaires. Le duel débuterait rapidement, c’était une chose certaine. Pour l’instant, les deux ennemis de quelques heures se faisaient face en silence. Aucun des deux adversaires ne semblait vouloir démarrer le combat. L’affrontement ressemblait plus que jamais à un duel à l’épée, les deux adversaires se jaugeant et aucun ne voulant attaquer en premier. Lupusanghren avait l’avantage de l’expérience certes mais Eragon possédait une dualité qu’il n’avait pas. Il avait sa propre technique comme n’importe quel combattant mais, il pouvait aussi utiliser la façon de voir ce combat comme la princesse. Bien entendu, Lupusanghren s’attendrai à se voir affronté avec la rage des dragons. Le jeune homme ne comptait pas lui faire de cadeau en se battant sur ce terrain. Sur le bord du terrain, les spectateurs attendaient, impuissant que la joute débute, se demandant à quoi les adversaires pouvaient bien penser en cet instant. Leurs esprits se perdaient dans les méandres de leurs pensées et de leurs souvenirs dans l’attente du début du duel. Le temps s’écoulait avec une lenteur exagérée comme s’il souhaitait faire trainer ce coucher de soleil pour l’éternité. Les deux elfes se faisaient face avec sérieux, se dévisageant. Lupusanghren finit par lever une main devant lui et murmurer un mot incompréhensible. Une boule d’eau surgit dans le dos du dragonnier des Vardens. Le duel venait de débuter. La boule prenait peu à peu la forme d’un poing, sa couleur grise lui donnait des airs de poings de fer. Puis le liquide fonça vers le jeune homme assis en tailleur.
- Adurna.
Le poing s’arrêta à moins de deux pouces du dos du jeune dragonnier. Il avait pris la couleur du saphir alors que l’elfe pâlissait a vu d’œil. Lentement, le poing s’éleva au-dessus d’eux, éclatant pour prendre la forme d’un immense nuage aux reflets bleutés. Il dériva lentement vers l’elfe avant de se déverser sur lui. Quelque peu énervé, l’elfe s’essuya le visage et contempla son adversaire avec colère. Le dragonnier lui sourit calmement, l’initiative lui appartenait désormais. D’une voix calme et posée, il appela la terre à lui obéir. Celle-ci éclata en de nombreux endroits et laissa de nombreuses boules de glaises léviter autour du jeune homme. Auréolée d’une teinte bleutée, elles fondirent sur l’adversaire du dragonnier des Vardens à la vitesse d’un dragon. Les yeux noisette du dragonnier ne quittaient pas son adversaire une seule seconde. Le combat devint rapidement plus intense, faisant appel à des trésors d’imagination des deux adversaires. Pourtant, aucun d’eux ne semblait vouloir abdiquer et s’avouer vaincu. Peu à peu, Lupusanghren perdait de sa superbe, épuisé. Alors que face à lui, Eragon se tenait le dos droit, un léger sourire sur les lèvres, confiant. Le contraste entre les deux adversaires était saisissant. D’un côté, le demi-elfe semblait tout juste démarrer le combat alors que de l’autre, Lupusanghren se repliait sur lui-même, des gouttes de sueur perlant sur son front. Le danger était présent continuellement et demandait une concentration à toute épreuve de la part des deux partis. A l’instant même où le combat avait débuté, il n’avait plus été question de l’arrêter de quelque façon que ce soit. L’elfe se donna alors une dernière chance, il lança trois attaques en même temps brûlant la plus grande partie de ses réserves magiques. Le lac bombarda le jeune homme qui se tenait face à lui d’une gigantesque vague d’eau, alors que des flammes apparue de nulle part l’entouraient et que la glaise se transformait en poignard acérés fonçant sur lui. Le dragonnier devint invisible pendant plusieurs minutes. La poussière générée par la magie refusait de retomber et il était impossible de définir si oui ou non, le jeune homme était toujours en vie. Il n’y avait que l’absence de hurlement de la part de la princesse et de la dragonne saphir pour les renseigner. Mais ils pouvaient encore le retrouver en piteux état. Soudain, les roches s’agglutinèrent les unes eux autres et foncèrent en direction de l’elfe. Ce dernier n’eut d’autre choix que de sauter sur le côté pour éviter le projectile avant de hurler en ancien langage :
- Tu as gagné dragonnier, tu es le meilleur de nous deux.
Le nuage de poussière se dissipa alors totalement et Eragon apparut, à genoux, il semblait s’être écroulé. Sur son front, une épaisse pellicule de sueur avait pris place. Lorsqu’il releva le regard et révéla des yeux d’un bleu uniforme. Il semblait guidé par une force extérieure et puissante. Il se redressa, violent, nerveux et prêt à tuer. Les elfes échangèrent un long regard et vinrent se placer aux côtés de Lupusanghren pour le protéger. Eragon se dirigea droit sur lui et Arya le suivit des yeux, impuissante. Alors, venue de nulle part une voix d’outre-tombe se fit entendre :
- Seul un cœur pur pourra le sauver.
Arya fronça les sourcils, sans comprendre ce qui se passait ni ce que signifiait ces paroles et qui les avaient prononcées. « Seul un cœur pur pourra le sauver » mais sauver qui ? Lupusanghren où Eragon ? La princesse s’interposa entre les deux hommes. Lorsqu’Eragon fut à sa portée, elle posa sa main sur sa poitrine, un mauvais pressentiment se saisit d’elle. |