22) Entre ombre et lumière.
Arya courait à travers les arbres, elle courait pour fuir le passé, ses souvenirs douloureux. Courir pour échapper au passé, au présent, courir à la rencontre de son avenir. Les larmes vinrent brouiller sa vue, elle continua sa course folle à travers les arbres ne devant qu’à ses réflexes inhumains de ne pas se prendre l’un d’eux de plein fouet. Lorsque la princesse des elfes arrêta sa course, elle était arrivée dans une nouvelle clairière. Celle-ci n’était pas bien grande, entourée d’arbres épais, en son centre à coté de ce qui semblait être la source du ruisseau de la grande clairière, baigné par la lumière des rayons de lune… Elle s’arrêta, les larmes qui coulaient le long de ses joues ne l’aveuglaient plus. Lentement, l’elfe approcha, le calme la saisie, face à elle dans la lumière de la lune à côté d’un ruisseau lent et majestueux –malgré sa taille- se trouvait Naegling, l’épée d’Oromis, dernier dragonnier de l’ancienne caste. La jeune femme tomba à genoux à coté de cette antique relique perdu à Gil’ead. Les larmes ruisselaient le long de ses joues, les souvenirs l’assaillirent.
[i]- Ne pleure pas Arya, ne pleure pas…
La princesse venait d’avoir vingt ans, son père était mort et sa mère en était… détruite. Elle était allée chercher du réconfort et de la joie auprès du vieil homme qui avait toujours été un peu comme son grand-père et de ce magnifique dragon or qui à ses yeux brillait autant si ce n’est plus encore que l’astre de jour, ce messager de paix et de sagesse. Ses larmes coulaient le long de ses joues, elle ne songeait même pas à les arrêter. Sa mère avait changé du tout au tout en quelques heures, autrefois affectueuse et joyeuse elle était depuis la mort du roi Evandar devenu froide et distante. Oromis rassurait la petite Arya, il l’aidait à se sentir mieux. Chaque jour, elle allait rendre visite au vieux sage et son soleil qui lui apprenaient à utiliser la magie, à être suffisamment forte pour lancer les sorts les plus puissants qu’il lui apprenait, et plus encore, il apprenait à la jeune elfe à réfléchir en toutes circonstances. Il l’entraînait pour qu’elle puisse se défendre quoi que l’avenir lui réservât. Lorsqu’une dizaine d’années plus tard, elle lui avait parlé du Yawë, il l’avait soutenu face à la reine. Il avait été son mentor, l’aidant à se renforcer davantage. Une vingtaine d’années ce sont écoulaient et l’elfe était revenue les voir tous les deux après une dispute avec sa mère qui avait été suivit par une longue dispute avec ses compagnons de voyage. Elle avait alors cinquante ans, et, elle était allée se réfugier dans les bras de son « grand-père » comme lorsqu’elle n’en avait que vingt. C’est là qu’il lui avait le plus donné matière à réfléchir. Elle lui parlait de la crainte que l’œuf n’éclose jamais où pour une personne qui n’aurait aucune chance de vaincre le dernier des parjures même en mille ans d’existence. Elle avait peur de perdre la guerre.
- Nous ne perdrons pas tant que nous nous souviendrons d’une chose.
- Laquelle Oromis-elda ?
- Paix, force et sagesse.
- J’ai peur de ne pas comprendre…
Il avait eu un large sourire mystérieux et l’avait longuement observé.
- C’est normal Arya, pense à ces mots et réponds-moi quand tu auras trouvé une réponse qui te convienne.
Il avait souri et elle avait répondu à ce sourire, puis était partie réfléchissant à tout ce que lui avait dit le vieux sage. « Paix, force et sagesse », elle n’était pas retournée voir le vieillard, elle n’était plus revenue à Ellesmera, ni elle ni sa mère ne souhaitaient ce retour dans sa ville natale. De toute façon, la solution lui échappait toujours. Ce n’est que lorsque Durza la captura et la tortura qu’elle comprit. En revenant dans sa ville natale aux côtés d’Eragon et de Saphira, elle avait la réponse. Sa mère l’avait agréablement surprise, elle s’entendait désormais bien mieux avec sa mère. Elle resta jusqu’au lendemain de la célébration du Serment du Sang. Elle était allé voir Oromis pour lui parler, d’elle, de ce qu’elle avait perdu et subit, parler lui avait fait du bien, le vieil homme la comprenait et la rassurait. Alors qu’elle était sur le point de partir, il la rappela.
- Alors, as-tu trouvé la solution ?
Il lui fallut quelques minutes pour reprendre ses esprits et pour comprendre ce dont parlait Oromis.
- Oui, lors de ma captivité, j’ai enfin compris.
- Et donc quelle est ta conclusion ?
- La force n’est rien sans la sagesse, la sagesse n’est rien sans la force. Être en paix avec soi-même permets de trouver l’équilibre entre la force et la sagesse. Donc, toutes les batailles sont remportées tant qu’elle préserve la paix où nous permet de cultiver notre force et notre sagesse.
Le sage en deuil sourit de fierté et l’elfe lui rendit son sourire.
- Tu as compris Arya, c’est tout à fait cela.
Elle l’avait quitté, le sourire aux lèvres, la joie au cœur. L’elfe était apaisée pour la première fois depuis son réveil chez les nains. Elle était enfin en paix. Hélas cela ne dura pas. Le fairth d’Eragon était alors arrivé, elle en parla longuement avec le maître de l’espoir des Vardens, elle parla des sentiments du dragonnier bien sûr mais aussi de ceux de l’elfe. Il l’avait aidé à comprendre mais la paix l’avait quitté. Le soir de cette discussion, il avait eu un étrange sourire. Le sourire d’une personne qui sait ce que l’avenir réserve à ceux qui lui parlent mais qui ne fait rien pour le changer car celui-ci lui plaît ou bien perce qu’il n’y peut strictement rien.
[/i]Elle reprit lentement pied dans le présent, Oromis et Glaedr avaient été la lumière qui lui avait montré la voie à suivre. Et aujourd’hui encore alors qu’elle était perdue dans ses tourments, elle trouve Naegling. Un sourire apparu sur le visage de l’elfe, avec douceur elle passa ses doigts sur le fourreau lisse de la couleur du cuivre. La princesse ferma les yeux se demandant comment l’épée perdue à Gil’ead était apparue à coté de ce ruisseau dessiné par la magie. Ses pensées dérivèrent vers Eragon sans qu’elle ne puisse les contrôler. Troublée, elle se décida à observer la clairière, celle-ci était sublime, des fleurs mauve pâle et bleues se mêlaient avec d’autres d’un jeune très pâle. Le vert de l’herbe était aussi clair que les jeunes pousses des branches de sapin de son ancestrale forêt. L’air embaumait le parfum des diverses fleurs. Elle eut beau se concentrer sur ce fabuleux paysage, ses pensées s’égarèrent à nouveau en direction du dragonnier. Elle s’assit en tailleur, sa tête tournait, ses souvenirs se mêlaient les uns aux autres sans qu’elle ne puisse les trier, les arrêter. Tantôt elle voyait Eragon, tantôt, elle parlait avec ses compagnons de voyage, arrivait alors Durza puis Eragon et Murthag, Durza, Eragon, Oromis… La princesse ferma les yeux et inspira profondément, adoptant l’attitude de méditation, elle vida peu à peu son esprit. Bientôt ne restèrent que les émotions. Une fois son esprit vide, elle goûta avec délice au calme et à la sérénité qui régnait au cœur même de son être. Une image d’Eragon vint briser cette paix, elle le revit souriant, elle se revit riant avec lui. Arya le voyait marcher à côté de son cousin, aussi large d’épaule l’un que l’autre. Eragon semblait néanmoins plus… félin, plus dangereux. Là où on voyait directement les muscles de Roran, Eragon plus fin semblait être à lui seul une arme. Les yeux et la voix de Roran étaient emplis de passion, alors que son cousin lui savait cacher ses émotions. Elle secoua la tête, remettant ainsi de l’ordre dans ses idées. Elle se demanda pourquoi elle pensait au dragonnier, ses pensées dérivèrent rapidement, ce souvenir venant droit du monde fictif.[i]
L’elfe le retrouvait, il était là face à elle. Son esprit lui avait confirmé qu’il n’était pas devenu un parjure, elle était venue se blottir contre lui. Elle avait besoin de le sentir contre elle, besoin de le toucher de s’assurer que ce n’était pas un songe particulièrement cruel. Il s’était écarté d’elle. Torse nu, il était là tout simplement. Elle le regarda longuement, son torse nu, finement musclé à la manière des elfes. Elle s’était approchée, posant sa main et dessinant les contours des muscles du dragonnier en une caresse. Il eut un large sourire, la jeune femme ne put détacher ses yeux de son visage, ce visage aux traits si grossier et fins à la fois. Elle ne put s’empêcher de penser que jamais un membre de son peuple n’aurait un tel visage, un visage qui en plus de la finesse possédait quelque chose de plus… viril que les traits fins et délicats des elfes. Elle approcha encore et pressa ses lèvres contre celles du dragonnier, l’entraînant dans un tendre baiser. Le jeune homme l’enlaçait, il était heureux de pouvoir faire ce simple geste, et elle était heureuse qu’il soit là et qu’il fasse ce geste. Ils approfondissaient peu à peu leur baiser, le rendant plus passionné à chaque secondes.
[/i]Une branche craqua dans le dos de la princesse guerrière. Elle se releva et se retourna en direction du bruit, épée au clair. Eragon se tenait devant elle, à un ou deux pas, de toute évidence, il était là depuis un moment. De nombreuses images défilèrent dans l’esprit de la jeune femme dont celles qu’elle venait de voir, elle était sûre d’être en train de rougir, de plus, sa respiration était encore haletante.
- Tu… tu m’as surprise. Dit-elle sur un ton de reproche.
- Désolé, ça va ?
Une réponse courte dissimulant à la perfection le trouble et la gêne qu’elle voyait briller dans son regard.
- Tu es là depuis longtemps ?
Une simple question, destinée à savoir ce dont le dragonnier avait été témoin. L’elfe tressaillit en constatant que sa voix à l’image de ses membres tremblait. Les images revenaient toujours plus fortes et… tentante. Elle se gifla mentalement dans le but de recouvrer ses pensées et d’éclaircir son esprit.
- Je t’ai vu détendu puis… rêveuse. Tu es ensuite revenue à ton état de méditation et tu as vite haleté, j’ai tenté d’atteindre ton esprit pour t’aider et je…
Il ne termina pas sa phrase, Arya rougit encore davantage. Se forçant à reprendre une respiration normale, elle dévisagea le jeune homme. Elle se retourna et constata que Naegling était toujours là, l’espace d’un instant, elle se demanda par quel miracle le dragonnier ne s’était pas rendu compte de la présence de l’épée. Mais la réponse lui apparut rapidement et très clairement. Elle fit face à l’espoir des Vardens et soupira.
Au lieu de m’espionner et de t’inquiéter pour moi, tu aurais dû ouvrir les yeux.
Eragon observa les alentours et étouffa une exclamation lorsque ses yeux se posèrent sur l’épée de son maître défunt.
- C’est impossible… Murmura alors le dragonnier ébahit.
Arya comprenait le trouble de son ami, elle-même avait été troublée en voyant l’arme du dragonnier disparu. De plus, Eragon avait de toute évidence tenté de savoir pourquoi elle s’était mise à haleter brusquement, et il en avait peut-être bon d’accord certainement trop vu. Sans qu’elle sache vraiment pourquoi cette idée ne la gênait pas vraiment. Il était perdu dans ses pensées. Elle se rassit attendant qu’il revienne au présent. Une fois de plus, ses souvenirs l’assaillirent.[i]
Gil’ead, des bruits de pas retentissent dans le couloir, une personne vient d’utiliser la magie, le sifflement de flèches se fait entendre suivit du bruit mât qu’elles produisent en se plantant dans le corps des soldats. Les bruits de pas se rapprochent, elle se demande ce qui se passe, d’où viennent ces bruits et pourquoi ils ont lieu, qui peut bien utiliser la magie dans cette prison en dehors de Durza. L’elfe s’interdit d’espérer, les bruits de pas qui se rapprochent. Elle identifie deux démarches différentes, et à en juger par la lourdeur des pas ce sont des humains, l’un d’eux doit être affaiblit à en juger par ce qu’elle entend. L’espoir, l’espoir interdit s’insinue en elle, mais elle est droguée et empoisonnée, elle n’a aucune chance de s’évader même avec de l’aide. De plus, les tortures de l’ombre l’ont affaiblit. Durza à dû trouver de nouveaux volontaires et veut la faire souffrir davantage en la laissant espérer. Le verrou bouge, la porte s’ouvre. Face à elle se dresse un humain, brun, les yeux noisette pétillant de vie. Il est différent, quelque chose en lui attire la jeune femme, la force à espérer, à s’accrocher à la vie. Arya se lève, elle se sent étrangement en sécurité près de cet humain à la musculature développée par de longues heures d’entraînement. Il lui rappelle quelqu’un. Hélas, elle n’aurait su dire qui. Sans trop savoir ce qu’elle fait, elle se laisse glisser dans un sommeil léthargique. Elle dériva, perdue dans d’étranges pensées. Elle sentit que l’on guérissait ses blessures par magie. Elle songea qu’on la préparait à de nouvelle torture, histoire que le roi puisse avoir le champ libre pour la torturer. Un esprit étranger, un faible esprit d’humain qu’elle n’eut aucun mal à piéger, elle l’aurait éliminé sans le moindre remord s’il ne lui avait pas parlé en ancien langage.
« - Eka aì fricai un Shur’tugal ! »
Elle avait alors comprit qui il était et fait le lien avec l’étrange jeune homme qui l’avait sauvée de Gil’ead. Ils parlèrent un moment, elle finit par lui faire confiance et lui révéler le chemin qui les mènerait aux Vardens. Bien qu’il lui eut prêté serment en ancien langage, elle avait craint qu’il ne se soit servi d’elle. Et il ne l’avait pas trahit, elle avait été conduite chez les Vardens et sauvé par ces derniers. Elle avait une dette de plus envers lui. Vint leur duel à l’épée, elle fut étonnée de le voir manier Zar’roc et plus encore la dextérité dont il faisait preuve avec une épée. La simple présence du dragonnier et de sa dragonne agissait comme un baume sur les blessures de son âme. Elle put lui sauver la vie et le conduire parmi les siens pour qu’il termine sa formation. Elle avait refusé son amour.
[/i]La princesse rouvrit les yeux, elle était agacée par les souvenirs qui ne cessaient de défiler dans son esprit, l’assaillant de tant de moment heureux et d’autant si ce n’est plus encore d’événements malheureux. Ses souvenirs l’emportaient, occultant tous ses sens. Aujourd’hui Eragon était troublé à cause d’elle, à cause de ces pensées qu’elle ne parvenait pas à contrôler. Elle regarda longuement la larme qui perlait sur la joue du dragonnier. La peine d’avoir perdu ses maîtres le terrassait. De plus, Saphira devait lui manquer, elle était loin de lui et le jeune homme avait besoin d’une amie et de réconfort. Arya s’approcha de lui, doucement, elle se serra contre lui, sans un mot. Elle lui offrait ainsi sa présence et son amitié. Il la serra contre lui tendrement, enfouissant son visage dans les longs cheveux d’un noir de jais de l’elfe. Elle ne dit rien, ne cherchant pas à résister. Elle enfouit son visage dans l’épaule du dragonnier. Il commença à caresser doucement les cheveux de la jeune femme.
- Arya, tu as l’air ailleurs en ce moment. Qu’est-ce qu’il y a ?
La princesse sourit contre l’épaule d’Eragon, touchée qu’il n’aborde pas de but en blanc la question du souvenir qu’il avait surpris. Elle s’écarta légèrement et croisa le regard interrogateur du jeune homme.
- J’apprécie la formulation de ta question.
Un rictus apparut sur le visage de son ami, alors que le sien disparaissait.
- Je suis ailleurs, tu as totalement raison. Lorsque j’ai compris où nous nous trouvions, les souvenirs de mes compagnons et de l’embuscade se sont emparés de moi. Je me suis alors isolée pour me calmer et réfléchir. C’est là que j’ai trouvé Naegling, les souvenirs se sont enchaînés sans que je puisse vraiment les contrôler et…
Elle soupira, incapable de terminer sa phrase, elle détourna son regard du dragonnier. La princesse avait mal, mal de ne pas pouvoir se justifier même les justifications qu’elle se trouvait pour elle-même lui paraissaient invraisemblables. Toutes les excuses qu’elle trouvait sonnaient faux et semblait creuse.
- Tu ne contrôlais donc pas tes pensées ? Murmura-t-il stupéfait.
- Non, je ne contrôlais rien du tout.
Ce simple aveu était désagréable, autant pour Eragon que pour elle. Elle entendit le soupir que le dragonnier laissa échapper.
- Tu ne pouvais pas revenir à la réalité ? Marmonna-t-il plus pour lui-même que pour l’elfe qui fuyait toujours son regard.
- Je n’ai même pas essayé. Souffla l’intéressée, ces mots auraient été inaudibles pour une faible oreille humaine, mais le tueur d’ombre l’entendit parfaitement, elle le savait. Elle inspira profondément, avant de river à nouveau son regard sur le dragonnier. Il ne laissa aucune émotion filtrer sur son visage, ses yeux brillaient plus qu’à l’accoutumée mais nulles émotions n’y était visible. Pourquoi soudain l’elfe sentait qu’elle éprouvait des sentiments pour lui ? Pourquoi en cet instant ? Les yeux clos, elle chercha les réponses au fond d’elle-même.[i]
Le jeune humain qui l’avait sauvée était là, il tentait de l’empêcher de combattre. L’elfe souriait intérieurement, il lui manquait tant de chose à apprendre. Pourtant il était vivant, en sécurité-bien que celle-ci soit relative- et heureux malgré la peur qui le tenaillait. Durza l’avait blessé, il avait frôlé la mort à cette pensée le cœur de la jeune femme se serrait étrangement. Elle tentait pourtant d’ignorer les effets qu’avaient la douleur et la peine du dragonnier sur elle. Chaque jour, elle le voyait souffrir à cause de la malédiction de l’ombre. Et chaque jour, elle souffrait de le voir ainsi. Elle avait alors entreprit de lui faire visiter la forêt des elfes pour qu’il oublie un peu sa douleur. Lorsqu’il avait fait le fairth d’elle, elle n’avait pas su comment réagir. Une infime partie d’elle-même avait eu envie de s’éloigner seule avec l’élève d’Oromis, de lui parler, d’être seule avec lui et…. Une autre partie beaucoup plus importante pensait à son devoir, à celui du dragonnier, à ses amis morts, à Fäolin ainsi qu’à bien d’autre chose. Hélas, elle avait obéit à la partie la plus importante de son être, et, elle avait brisé le fairth et mit fin à leur amitié pendant un certain temps. Quand il était revenu vers elle pour renouer des liens d’amitié, elle s’était inquiétée de son état et rendu compte qu’il souffrait encore plus car à la douleur physique s’était ajouté la douleur que la jeune femme lui infligée. Son cœur sembla se déchirer face à ce constat et elle acceptât les excuses du dragonnier. Lors de l’Agaetì Sänghren lorsqu’il réitéra sa déclaration elle se fit plus dure qu’elle ne l’aurait souhaité. Le lendemain, elle était partie rejoindre les Vardens, l’abandonnant une nouvelle fois. Et pourtant, il avait toujours été là pour elle quand elle en avait eu besoin. De plus, ils s’étaient peu à peu rapprochés, peut-être même plus qu’il n’était raisonnable…
[/i]Elle ne dit rien, Eragon la serrait toujours contre lui. Au bout d’un moment-qui sembla bien trop court à l’elfe- il s’écarta d’elle. Le jeune homme regarda attentivement la clairière.
- C’est étrange, nous sommes très certainement à la fin de l’automne voir au début de l’hiver. Pourtant, ici, nous pourrions nous croire au printemps.
Une étincelle s’était allumée dans le regard du dragonnier quand il eut terminé sa phrase. Arya lui était reconnaissante de changer de sujet. Un rictus apparut sur son visage lorsqu’elle répondit.
- Les esprits nous ont offert un lys d’or, peut-être que quelqu’un a décidé de protéger cette clairière ou encore de la figer dans le temps et ceux à l’aide de la magie.
Le jeune homme sourit à son tour, ses souvenirs étaient tout aussi heureux que ceux qu’elle-même gardait.
- C’est une possibilité…
Son regard s’éclaira et il saisit la main de l’elfe et l’entraîna dans une course à travers la végétation, après avoir récupéré Naegling. Très vite, l’elfe renonça à s’orienter et à tenter de deviner où le dragonnier l’amenait. Elle pourrait de toute façon retrouver son chemin en écoutant simplement la nature qui l’entourait, quant au lieu où il l’entraînait, elle le verrait en temps voulu. Elle entendit alors le bruit familier de chutes d’eau, il l’amena à l’extrême bord entre l’eau et le vide. D’une main, il désigna la vallée qui s’étendait face à eux. A une telle distance, on ne pouvait pas voir grand-chose, surtout en pleine nuit. Hélas, le peu qu’elle pouvait voir n’avait pas de quoi la réjouir, nulle habitation et nul champ cultivés n’étaient visible. La nature semblait avoir repris ses droits et personnes n’avaient tenté de l’en empêcher.
- Nous sommes aux chutes d’Igualda, devant nous s’étend la vallée dans laquelle j’ai grandi, la vallée de Palancar. Je t’aurai bien fait visiter le village dans lequel j’ai vécu toute mon enfance, Carvahall. Malheureusement, les soldats du Roi ont fait preuve de beaucoup de zèle lorsqu’il fut question de le raser.
La douleur qu’elle entendit percer dans la voix du tueur d’ombre la fit frémir, mais plus encore, sa voix était emplit d’une colère qu’il peinait à contenir.
- Eragon, le Roi paiera pour ses méfaits.
- Oui, mais il les aura hélas déjà commis.
Elle l’observa longuement puis pressa doucement la main du dragonnier qui serrait toujours la sienne. Il fut ainsi arraché à ses pensées et, avec un sourire léger lâcha la main de l’elfe avant de partir en courant, suivant un sentier à peine visible. Ils arrivèrent dans un lieu abrité par des arbres, non-loin de ce qui semblait être les reste d’une ferme dévastée. Une cabane constituée uniquement de couvertures résistait encore malgré les intempéries et la végétation qui l’attaquait. L’elfe frissonna, elle avait froid et un étrange brouillard se levait. Dans le ciel, la lune était pleine mais de nombreux nuages la masquaient réduisant ainsi la visibilité des deux amis. Eragon observa un moment la cabane, murmurant parfois quelques ordres en ancien langage auxquels les plantes se pliaient d’elles même. Bientôt, les branches de l’arbre dans lequel était battit la cabane se furent entrelacées, pour former un cocon protecteur autour des couvertures. Arya en resta sans voix, il venait de modifier la nature qui l’entourait et ceux sans même chanter, c’était incompréhensible. La nature lui obéissait et pourtant, il n’avait fait que donner des ordres sans y mettre de l’énergie. L’elfe songea alors à la trace que laissait un dragonnier -même lorsqu’il était sans son dragon ou, en l’occurrence sa dragonne- sur la nature qui l’entourait. Etait-il possible que cette marque soit cette fois-ci le fait que l’arbre et les plantes qui l’entouraient obéissent aux ordres qu’il venait de donner ? Eragon ne comprit pas immédiatement pourquoi la jeune femme le dévisageait. Quand il comprit enfin, il écarquilla les yeux et adressa à l’elfe un sourire d’excuse, il ne comprenait pas plus qu’elle comment il avait réussi un tel prodige.
- Hum… Nous devrions nous abriter, il ne va pas tarder à pleuvoir et les nuits sont froides dans la région. Avec un peu de chance, nous pourrons rejoindre Therinsford dans deux ou trois jours, là-bas nous pourrons acheter des vivres et partir en direction de Gil’ead pour rallier les elfes et ainsi, avoir une chance de trouver rapidement Saphira.
Elle ne demanda pas comment il savait cela, n’avait-il pas grandi dans cette vallée ? Aller à Therinsford ne la gênait guère, Gil’ead était une destination que l’elfe appréciait beaucoup moins. Elle observa l’abri, il était beau, simple mais beau. Des feuilles s’étaient développées à l’intérieur de l’abri formé par l’entrelacs de branche, elles formaient un épais tapis qui de toute évidence serait un matelas très confortable. Quelques fleurs s’étaient épanouies le long des « murs » que formaient les branches entremêlaient diffusant une odeur douce et agréable à l’intérieur de ce que l’elfe aurait pu appeler une maison. Un large sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme, sans le moindre effort le dragonnier venait d’obtenir un lieu parfait pour s’abriter, il devenait meilleur de jour en jour.
- Bien, nous irons à Therinsford mais il serait mieux que nous y parvenions en deux jours au plus. La région étant contrôlée par les miens nous ne devrions pas rencontrer beaucoup de difficultés. Nous pourrons ensuite suivre la route menant à Gil’ead.
Sans attendre la réponse du jeune homme elle pénétra dans leur abri. Elle se détendit lorsque le dragonnier s’allongea à côté d’elle, elle s’étonna cependant qu’il ne profite pas du manque d’espace pour se rapprocher d’elle. Soudain, une conversation qu’elle avait eu avec sa mère lui revint en mémoire.[i]
La reine des elfes était assise au pied du lit de sa fille, cette dernière était assise à son bureau, tournant obstinément le dos à sa mère.
- Je ne comprends pas en quoi ils sont différents de nous. Pourquoi ne leur laissent-on pas une chance de prouver que nous avons torts ?
Arya était crispée, la colère emplissait sa voix. Peu à peu une indignation grandissante se faisait entendre dans sa voix.
- Je te l’ai déjà dit, nous avons essayé des dizaines de fois. Seulement leur vie est tellement éphémère, comment aimer une personne qui mourra en moins d’un siècle ? De plus, ils ne nous comprennent pas, nos cultures sont trop différentes, là où eux croient en de quelconques divinités, nous n’en croyons aucune…
La jeune elfe soupira d’agacement et se tourna enfin vers sa mère pour lui lancer un regard noir.
- Ne parlions nous pas d’amour, en quoi l’amour a à voir avec la religion ? Pourquoi ne pourrait-on surmonter ces différents pour vivre heureux, tous ensembles ? Pourquoi les rares elfes à avoir été proche des humains ont été considérés comme des malades ? Pourquoi les avoirs rejetés eux et leur compagne ou compagnon quand celui-ci avait le malheur d’être un humain ?
La reine dévisagea la jeune fille de trente ans qui n’avait de cesse de la contrarier à chaque fois qu’elles commençaient à parler. Elle lui rappelait tant son défunt compagnon Evandar que s’en était douloureux et sa fille pouvait le voir et elle en était blessée.
- Je n’en ai pas la moindre idée mais, ils ne comprennent pas que nous ne connaissons pas le mariage et bien d’autre domaine comme celui-là sont sujet à de nombreuses disputes pour ces couples. En tant qu’elfe, nous n’apprécions guère d’être mêlés à ce genre de scène de ménage c’est pourquoi nous les avons exilés.
La petite elfe regarda sa mère l’interrogeant du regard avant de prendre la parole.
- Et si le nouveau dragonnier était un humain ? Et si je tombais amoureuse de lui ? M’autoriseriez-vous à m’unir à lui ? Pourrais-je revenir dans notre ancestrale forêt ?
Islanzadi regarda longuement sa fille, la jaugeant, l’étudiant. Elle consentit à répondre à sa fille au bout de ce qui lui parut être une éternité.
- Si le nouveau dragonnier est un humain nous le soutiendrons de notre mieux pour qu’il puisse vaincre Galbatorix. Si tu l’aimes, je ne pourrai t’empêcher de t’unir à lui. Et enfin pour ce qui est de ce qui est de t’autoriser à revenir chez toi, je ne peux rien te promettre car ce sera au peuple de décider de votre avenir. Mais sache que je désapprouve une union entre elfe et humain.
La princesse eue soudain envie de crier à sa mère qu’elle était totalement stupide, que ce n’était pas en désapprouvant une telle union qu’elle changerait les choses bien au contraire. Elle ne dit rien, inspirant profondément elle se calma avant de retourner à sa lecture qu’elle avait arrêtée pour débattre du sujet avec sa mère.
[/i]L’elfe ferma les yeux, puis peu à peu vida son esprit. Elle sentit immédiatement une sensation étrange s’insinuer en elle. Elle la chassa pour ne laisser en elle que le calme, elle était enfin paisible. Le souvenir de ce moment l’avait troublée, elle ne savait comment réagir. La jeune femme avait froid malgré les couvertures que le jeune homme venait de déposer sur elle. Elle se sentait glacée de l’intérieur, ce simple souvenir venait de lui rappeler l’enjeu d’une telle liaison. Elle aimait Eragon, elle ne pouvait plus en douter, mais l’aimait-elle assez pour risquer de ne plus jamais pouvoir rejoindre les siens dans la forêt où elle était née et dans laquelle elle avait grandi ? Arya ne trouvait pas la réponse à cette question et ça ne lui plaisait pas. Elle poussa un profond soupir avant de se serrer contre le dragonnier prétextant avoir froid pour qu’il la serre contre lui. Elle avait pris une décision, elle garderait ses sentiments pour elle jusqu’à la fin de la guerre ainsi, personne ne pourrait lui reprocher de déconcentrer le jeune humain. Elle pourrait ensuite voir si un « nous » était possible pour eux deux. Lui revinrent alors les paroles qu’Eragon lui avait rapportées « Pour t’acquitter de ton serment tu devras rejoindre les Vardens, perdre une personne qui est chère à ton cœur » |