23) Etrange rencontre.
Lorsque le dragonnier s’éveilla, il sentit le corps de l’elfe contre le sien et son esprit s’évada pendant un moment. Perdu dans ses souvenirs, il ne bougea pas. Au bout d’un long moment, il reprit pied dans la réalité. Eragon se leva sans réveiller la jeune femme qui dormait profondément dans ses bras. Il la contempla longuement, émerveillé par la beauté et la noblesse des traits de l’elfe. Pour la première fois, il pouvait voir sur son visage le calme, observer sa poitrine se soulever au rythme de sa lente respiration. Il aurait donné à peu prés n’importe quoi pour qu’elle cède à son amour et accepte d’être sa compagne. Malheureusement, Arya était plus têtu que toutes les personnes qu’il connaissait. Il savait qu’elle ne céderait jamais, et puis, pourquoi l’aurait elle fait, elle ne l’aimait pas. Il ne pouvait pas s’empêcher de rêver, de songer à ce que serai sa vie si elle voulait bien de lui. Il s’éloigna rejoignant le lieu qu’il avait un jour appelé sa maison et qui aujourd’hui n’était plus qu’un amas de bois et une prolifération de mauvaises herbes. Il pleura, il pleura longuement sur sa maison perdue, sur sa famille inconnue, sur celle qu’il avait aujourd’hui perdue et il pleura surtout sur les meurtres qu’il avait dû commettre pour sa propre survie et pour celle de ceux qu’il aimait. Les larmes ne se tarirent que lorsqu’il fut à nouveau aux cotés de sa compagne de voyage. Il fit disparaître les traces que ces dernières avait laissées sur ses joues. L’elfe s’éveilla, il ne dit rien craignant qu’elle ne lui reproche de l’avoir serré contre lui alors qu’elle disait avoir froid.
- Bonjour, bien dormit ?
Il ne répondit pas immédiatement, il était trop surprit qu’elle ne lui fasse pas le moindre reproche.
- Euh… oui très bien, et… et toi ?
Un léger sourire apparut sur le visage de la jeune femme, elle acquiesça sans un mot. Elle commençât à rassembler les couvertures, il cueillit des fruits et chercha quelques racines comestibles pour leurs repas futurs. Le dragonnier allait découper une bande dans une des couvertures dans le but de cacher ses oreilles pointues et ainsi passer inaperçu lorsque la jeune femme s’approcha de lui, déposant sa main sur la joue du jeune homme.
- Tu ne préférerais pas que je lance un sort pour modifier ton apparence ?
Eragon savoura la douceur de la main de l’elfe avant de lui répondre d’une voix ou ne perçait pas l’émotion qu’il ressentait.
- Pourquoi pas ? Ca évitera que je craigne que mon bandeau glisse toutes les deux minutes.
Elle posa son autre main sur la joue libre du dragonnier et, les yeux clos commençât à murmurer quelques mots en ancien langage, modifiant ainsi l’apparence de son compagnon. Une fois qu’elle eu terminé de déguiser Eragon elle se chargea de changer sa propre apparence. Le dragonnier ne put s’empêcher de sourire lorsque la jeune femme eut fini ses modifications, l’elfe dont il rêvait pratiquement chaque nuit était désormais tout ce qu’il y avait de plus humain. Il ne lui manquait qu’une seule chose.
- Une robe et tu serais parfaite.
Elle le regarda un long moment puis un semblant de sourire se dessina sur son visage.
- J’aurai dû me douter que mon apparence humaine te paraîtrait beaucoup moins attirante.
Il ne répondit rien, il ne pouvait répondre à cause du serment qu’il lui avait fait. Il détourna le regard confus, elle avait trouvé comment le réprimander pour les « événements » de la veille. Il se demanda ce qu’il avait fait de mal, rien évidemment à ses yeux en tout cas. L’elfe avait tout de même dû trouver quelque chose à lui reprocher, comme toujours il avait dérapé. Il commença à courir en direction de Therinsford, il espérait qu’elle ne lui tiendrait pas rigueur de ce dérapage dont il ne connaissait pas l’origine.
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Cela faisait déjà un mois qu’elle était partie, un mois qu’elle se cachait, un mois que ses souvenirs revenaient. Elle fuyait un dragonnier et son dragon, un fils et son âme sœur. Tout ce qu’elle savait elle le tenait de dragonniers et de leurs dragons. L’un d’eux lui avait fait un don formidable, en même temps il l’avait maudit pour de très longues années.
[i]Elle n’avait que dix-sept ans lorsqu’elle croisa sa route pour la première fois, elle était heureuse dans sa famille. Son frère prenait constamment soin d’elle, sa mère la couvait et son père lui jurait qu’elle ferait le bonheur d’un homme merveilleux. Elle les avait cru eux, et leur homme merveilleux. Elle l’avait trouvé celui qui devait faire battre son cœur, celui à qui elle serait liée pour la vie et pour l’éternité. Un soir, une fête au village, l’anniversaire de son frère, il avait vingt ans. Un groupe d’hommes arriva au beau milieu de la nuit, à leur tête se trouvait un homme grand et musclé, il semblait indestructible aux yeux de la jeune femme. Ils étaient là pour s’amuser tous le comprirent en les voyants arriver. Tous savaient pertinemment que la notion de jeux pour eux était différente. Face à eux se dressait un groupe d’homme surentraîné, l’élite des soldats de l’Empire et elle ne voyait que lui, ses yeux, son visage, sa démarche, tout absolument tout chez le chef de ces soldats la fascinait. Il le comprit bien vite et s’approcha lentement, il était calme, majestueux et… dangereux bien plus qu’elle ne l’avait cru en le voyant entrer. Son frère et la plupart des autres hommes du village n’étaient pas assez enivrés pour ne pas réagir face à ces hommes qui ne rêvaient que de posséder leurs femmes, leurs sœurs et leurs mères. Ils tentèrent de s’interposer entre cet homme et elle. Sans le moindre succès, il s’approcha et lui murmura quelques mots à l’oreille, des mots qu’elle ne pourrait jamais oublier, tout comme la voix de celui qui les avaient prononcés.
- Vient avec moi, je t’apprendrai et te montrerai des choses que tu ne peux pas imaginer. Je t’en donne ma parole.
Il avait tenu parole, il l’avait emmené avec lui et elle était devenue son apprentie. Jamais elle n’avait connu mentor aussi dur, elle n’en avait jamais connu d’autre, elle n’en avait pas eu besoin. Chaque jour, il l’initiait au maniement de l’épée, au combat au corps à corps, à la magie, au tir à l’arc et au maniement de toutes les armes qu’elle aurait un jour besoin d’utiliser. Chaque jour, elle craignait qu’il n’aille trop loin et la tue. Il ne l’avait pourtant jamais fait, elle avait peur de lui déplaire et elle l’aimait, elle l’aimait tant qu’elle était heureuse de suivre cet enseignement, elle était heureuse qu’il fasse attention à elle une simple fille qu’il avait croisé dans une auberge de village un soir de fête. Cet enseignement avait eu un prix et il allait bien au-delà du simple fait de lui appartenir, elle lui appartenait c’était vrai, mais, elle lui appartenait corps et âme. Tout son être était à lui, elle avait multiplié les serments et avait été heureuse de pouvoir se rapprocher de lui à ce point. Elle lui avait obéit, elle était devenue sa chose, son arme, son jouet. C’est elle qu’il voulait, c’est elle qu’il préférait. Il avait découvert son vrai nom, elle ne pouvait plus lui résister de quelque façon que ce soit. Puis était arrivé cet autre dragonnier, il s’était fait passer pour un jardinier nommé Eragon, elle s’était peu à peu rapprochée de lui, elle l’avait aidé, elle avait changé de nom pour lui, elle n’était plus la compagne du chef de l’élite des soldats du Roi mais celle du chef des combattants de la liberté, les Vardens. Elle était libre et son deuxième enfant serait libre, elle supplia son frère de bien vouloir l’accueillir chez lui et de l’élever comme son fils, elle lui avait donné le nom d’emprunt de son père puis elle était partie. La Main Noire était malade, la Main Noire allait mourir et aucun des deux hommes de sa vie n’était à ses côtés. Elle fut enterrée, tous la croyaient morte, Morzan et son dragon étaient morts, elle le savait, elle l’avait sentie puis sa santé avait décliné. Elle savait que les deux phénomène étaient liés.[/i]
Des années plus tôt, elle avait réussi à échapper à son premier compagnon et voilà qu’aujourd’hui elle fuyait devant son fils. Ce n’était pas vraiment pour survivre, loin s’en fallait, elle détestait sa vie depuis qu’ils l’avaient enterrée vivante, la croyant morte. Une larme roula sur sa joue, elle l’essuya rapidement et recommença à marcher tout en se replongeant dans ses pensées.
[i]Elle s’était éveillée dans un lieu clos, sombre, restreint. Le manque d’air se ferait sentir très rapidement, elle avait compris particulièrement vite le lieu où elle se trouvait. Dans un cercueil, dans sa propre tombe en fait. Aussitôt disparurent les effets de sa mystérieuse maladie, elle était morte en même temps que le premier dragonnier de sa vie. Non, elle venait de comprendre qu’elle était morte, la Main Noire et compagne de Morzan était morte le jour où elle avait rencontré Brom. Aujourd’hui, elle devait vivre, elle devait vivre pour ses fils, pour Brom et pour se venger du Roi. Oui, pour se venger de l’homme qui avait tiré les ficelles de la marionnette qu’était devenu Morzan. Elle avait utilisé toute l’énergie qu’il lui restait pour sortir et ne pas laisser de témoin de sa résurrection. Brom pouvait attendre, elle ne savait même pas si il était toujours vivant et encore moins où elle pourrait le trouver. Elle partit en direction de la capitale, elle coupa ses cheveux court et se déguisa du mieux qu’elle pouvait, elle se remit dans la peau de la jeune fille venant de la campagne. Elle fit croire qu’elle venait chercher un emploi, les portes du château lui furent ouverte et elle commença à travailler pour le Roi, elle commença à travailler pour celui que les elfes nommait le Wyrdfell. Elle repéra les lieux, elle servit le Roi avec zèle pendant de nombreuses années, bien peu de pièces lui étaient encore interdite. La jeune femme avait souvent béni Morzan pour tout ce qu’il lui avait enseigné, pour tout ce qu’elle avait appris à endurer à ses côtés. Le jour elle servait son seigneur et maître Galbatorix, la nuit elle fouillait le château en quête de tout ce dont lui avaient parlé Brom et Morzan. Elle avait trouvé de nombreux passages secrets et quelques pièces où étaient rangées des armes puis elle avait fait une découverte significative, elle avait enfin trouvé la bonne salle. Celle qu’elle cherchait depuis le début, ainsi que l’objet qu’elle convoitait. La fin de sa quête était proche, elle rejoindrait son fils et retrouverait Brom dans peu de temps.[/i]
La charge qu’elle portait dans le dos ne lui paraissait pas vraiment lourde, elle courait. Therinsford était en vue. Là-bas, elle serait en lieu sûr. Elle se demanda un instant comment son frère réagirait en voyant qu’elle n’avait pas changé et ceux malgré les dix-sept années écoulées depuis leur dernière rencontre. Un sourire se dessina sur son visage.
[i]Dix ans, dix années de bon et loyaux service au premier et désormais dernier des Parjures. Face à elle l’homme qu’elle aimait et son dragon se tenaient côte à côte. Ils récitaient une étrange formule en ancien langage, elle sentait le fourmillement familier de la magie parcourir ses membres. Elle sentit la décharge de magie et elle s’évanouie. Elle s’éveilla bien plus tard dans les bras de Morzan qui lui résuma ce qui venait de se passer. Il n’ajouta pas les résultats du sort qu’ils venaient de lancer. Elle ne comprit que lorsqu’il lui assura qu’ils pourraient être liés pour l’éternité, car elle était désormais immortelle. Le dragon de Morzan avait fait d’elle un hybride, elle n’était pas un dragonnier ni une elfe. Pourtant, elle ne pouvait douter des dires de son amant. Elle avait remarqué les cicatrices qui marquaient son corps ou plutôt l’absence de cicatrice la marquant. Ses oreilles étaient désormais pointues, son visage ressemblait bien plus à celui des elfes, elle était… belle, bien plus belle qu’elle ne l’avait jamais été. Morzan et son dragon s’étaient arrangés pour faire d’elle leur esclave pour l’éternité. Puis Murthag était arrivé, lorsqu’il eut trois ans, il le lui arracha et en fit un objet de chantage. Elle commença à haïr cet homme qui la privait de sa chair, de ce petit garçon qu’elle avait porté en elle pendant neuf mois, ce petit garçon qui avait eu tant de difficultés à voir le jour. Elle se demandait comment Morzan pouvait traiter son propre fils de cette façon.[/i]
Aujourd’hui elle le savait, il n’y avait qu’à voir la manière dont il la traitait elle à cette époque-là. Elle était à Therinsford, elle était en lieu sûr, elle le savait, elle le sentait tout au fond d’elle-même.
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Les deux jours de voyage s’étaient déroulés sans encombre, ils avaient croisés de nombreux elfes mais aucuns ne les arrêta. Ils avaient atteint Therinsford en deux jours, ils se reposeraient pendant un jour, le temps de trouver des vivres et des chevaux bien qu’Arya ne soit pas vraiment d’accord avec le fait de devoir progresser aux rythmes « lent » des chevaux. Le dragonnier s’était chargé de trouver une robe à la princesse. Une robe simple aussi noire que les cheveux de la jeune femme. Elle lui irait à ravir. Lorsqu’il revint dans la chambre qu’il partageait avec sa « femme » Helena. Elle lui lança un regard noir et il lui fit un immense sourire.
- Tu es enfin de retour Evan ? Tu as trouvé la robe que je t’ai demandé mon amour ?
Il tiqua sur les deux derniers mots de l’elfe qui le mirent mal à l’aise. Il lui tendit la robe sans un mot mais sans se départir de son sourire. Lorsqu’il avait devancé la jeune femme en annonçant qu’ils étaient de jeunes mariés décidés à trouver un lieu sûr où vivre en ces temps de trouble. Il avait bien cru que l’elfe l’égorgerait vif à l’instant même où ils seraient seuls tous les deux. Elle le surprit en lui demandant simplement de s’occuper des « affaires » qu’il avait à régler en ville et en l’appelant « mon ange ». En entendant ces mots, il avait cru que son cœur allait s’arrêter. Rien dans le ton qu’elle avait employé n’avait trahi le fait qu’elle n’aurait très certainement jamais dit ça au dragonnier en temps normal.
- Oui ma chérie, tiens, la voilà.
Elle ne broncha pas en l’entendant l’appeler ainsi, il ne put s’empêcher d’arborer un large sourire tout en lui tendant la robe qu’il avait trouvée.
- Merci mon cœur.
Elle s’éloigna pour enfiler la robe lorsqu’elle revint, il en eut le souffle coupé, elle était tout simplement sublime. Elle avait légèrement retouché la robe à l’aide de la magie. Celle-ci mettait en valeur les formes avantageuses de la princesse, il songea qu’il ne lui manquait rien, elle était parfaite.
- Aurais-tu perdu ta langue Evan ?
Il secoua la tête pour s’éclaircir les idées, une fois qu’elles furent remisent en place. Il lui tendit le bras dans le but de la conduire dans la salle à manger de l’auberge.
- Tu es sublime Helena, tout simplement parfaite.
Elle sourit avant de saisir son bras et de se laisser guider par le jeune homme. Une question effleura soudain son esprit, ne pouvant la poser à haute voix il étendit son esprit vers celui de sa compagne.
« - Tu ne vas pas me tuer pour ça ? »
Un sourire mental lui répondit, mais avant qu’elle n’ait put lui répondre un groupe d’humain les bouscula. Ils semblaient terrorisés, on aurait pu croire qu’ils venaient de voir un fantôme. Arya agrippa le bras de l’un d’eux et le força à la regarder dans les yeux.
- Que se passe-t-il ?
L’homme tenta de se dégager mais elle ne relâcha pas son bras et Eragon agrippa l’autre.
- Laissez-moi partir, le fils du parjure arrive !
De surprise ils relâchèrent l’homme qui partit en courant. La ville était en ébullition, rare étaient ceux qui parvenaient à conserver leurs sang-froid.
« - Si je ne me charge pas de toi, je connais une personne qui le fera. »
Une tentative de l’elfe pour qu’il se détende, une tentative ratée. Il ne dit rien et remercia tous les dieux qu’il connaissait que leurs chevaux soit déjà scellés.
- Prenons les chevaux et partons, nous ne le distancerons certainement pas, mais nous aurons une chance de nous en tirer.
Elle acquiesça silencieusement. Elle partit rassembler leurs affaires pour le voyage. Il alla chercher les chevaux puis rejoignit Arya. Ils étaient presque sortis de la ville lorsque qu’un groupe d’homme assez important montés à cheval les forçât à prendre un autre chemin, de nombreux détours leurs furent ainsi imposés. Le dragonnier repéra une allée latérale et s’y engagea avec sa compagne. Ils étaient dans un cul de sac, les hommes qui les suivaient bouchèrent la sortie, d’autre apparurent sur les toits des deux bâtiments les plus proche, ils étaient armés d’arc. Ceux qui bloquaient la route à l’elfe et à son compagnon avaient dégainés des épées.
- Qui êtes-vous et que voulez-vous ? Demanda la princesse d’une voix parfaitement calme.
L’homme qui semblait être le chef éclata de rire. Un rire froid, glacial, déplaisant, un rire qui faisait se dresser les poils de la nuque du fils de Brom. Il s’avança de quelques pas puis descendit de sa monture. Eragon consulta sa compagne du regard et tous deux l’imitèrent.
- Vous ne devez savoir qu’une seule chose, nous sommes la Main Noire, et nous allons vous ramener au Roi. Malheureusement pour vous, le Roi dans sa mansuétude nous a autorisés à nous amuser un peu sur le chemin du retour.
Ni l’elfe ni le dragonnier ne répondirent, ce dernier imaginait très bien de quelle manière ces assassins voulaient « s’amuser » et il doutait que la situation soit distrayante pour lui ou pour sa compagne. Il avait une idée, une idée vraiment désespérée mais c’était une idée quand même.
- Que savez-vous de la Main Noire ? Vous pensez que vous arrivez à la cheville de l’assassin personnel de Morzan ? Vous me faites pitié.
L’assassin eu un large sourire, sans la moindre trace de joie, il avança de quelques pas jusqu’à être à la bonne distance pour pouvoir parer à toutes éventualité. Le dragonnier comprit rapidement qu’ils n’avaient pas la moindre échappatoire car même s’ils parvenaient à se débarrasser de ceux qui leurs faisaient face les archers n’auraient pas de difficultés à les atteindre.
« - Tu penses que leurs flèches sont enchantés ? » Demanda alors l’elfe osant demander ce que lui aurait préféré taire. « Si ce n’est pas le cas nous avons une chance »
- Crois-tu vraiment que m’énerver te permettra de t’en sortir ? Dans ce cas tu es plus désespéré que je ne le pensais. Les Vardens ont choisi un moins que rien pour dragonnier, j’imagine parfaitement la tête qu’ils feraient en te voyant dans une telle situation. (il éclata de ce rire glacial qui faisait se hérisser tous les poils du dragonnier) Allons Evan, oh ! Pardon Eragon. Ne te fait pas prier bas-toi et perd.
« - J’ai une soudaine envie de le réduire en cendre ! »
Un léger sourire se dessina sur les lèvres d’Arya en entendant les pensées du dragonnier. Elle dégaina l’épée qu’elle dissimulait sous sa cape de voyage et se mit en garde. Le jeune homme fit de même.
- Alors allons-y, battons-nous mais je vous préviens, vous allez mourir.
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Elle était dans les rues de la ville depuis une heure lorsque l’alerte fut donnée. Un sourire amer avait alors trouvé le chemin de ses lèvres. Elle garda son sang-froid comme le lui avait enseigné son premier compagnon. Rare étaient les situations dans lesquelles elle avait perdu son sang-froid, si rare qu’elle pouvait les compter sur les doigts d’une seule main. Elle ne comptait pas devoir utiliser son autre main de sitôt pour les compter. Elle connaissait la ville pour y être venue de nombreuses fois avec son père et son frère lorsqu’ils devaient faire réparer certains objets et que les autres villageois de Carvahall ne pouvaient les aider. D’autres fois elle avait pu venir en compagnie de sa mère acheter divers mets leur étant nécessaire. Elle se faufila de rue en rue, toujours calme, marchant avec une lenteur calculée. Elle ne parvenait pas à imiter tous ces gens qui paniquaient, il y avait bien trop longtemps qu’elle n’avait pas senti ce sentiment de panique. Et elle ne s’en plaignait pas vraiment. Elle aperçut un groupe d’homme repoussant lentement un homme et une femme à cheval. En quelques secondes, elle comprit où ils les entraînaient et prit les quelques raccourcis qu’elle connaissait. Une fois sur place, elle grimpa en haut d’un des toits et attendit. Elle sentit la colère monter en elle lorsque l’homme se vanta d’être la Main Noire, le jeune homme avait raison, il ne savait rien de la Main Noire, il ne savait rien de celle qu’elle avait été et des traces qu’elle portait toujours en elle. Cet homme avait tout d’un assassin, sa démarche, sa façon de parler et ce qui était de toute évidence un cœur de pierre. Son seul point faible était sa vanité, son esprit était plutôt bien protégé. Un sourire discret apparut sur son visage, ce groupe était bien organisé mais presque aucun de ses membres ne faisait le poids face à elle lors des combats d’esprit à esprit. Cela l’étonna, le Roi s’entourait de moins que rien, ce n’était pas normal, où était le piège. Tous les archers présents sur les toits étaient sous son contrôle, il lui avait suffi d’infiltrer l’esprit de l’un d’entre eux par surprise. Leurs esprits étant reliés entre eux, elle n’avait donc eu aucune difficulté à s’emparer de leurs esprits. Il suffisait de s’occuper des hommes qui bloquaient la voie de sortie aux deux autres.
- Crois-tu vraiment que m’énerver te permettra de t’en sortir ? Dans ce cas tu es plus désespéré que je ne le pensais. Les Vardens ont choisi un moins que rien pour dragonnier, j’imagine parfaitement la tête qu’ils feraient en te voyant dans une telle situation. (il éclata de ce rire glacial qui rappelait à la Main Noire tant de mauvais souvenirs.) Allons Evan, oh ! Pardon Eragon. Ne te fait pas prier bas toi et perd.
Le dragonnier et sa compagne se mirent en garde, ils ne semblaient pas avoir peur, ils semblaient tout simplement résignés à se battre pour leurs vies. Elle avait frémit en entendant l’assassin qualifier cet homme de dragonnier des Vardens, le seul homme qu’elle ait connu ayant droit à ce qualificatif était Brom. Comme s’il s’était agi de Brom, elle ne voyait pas de dragon volant au secours de son dragonnier. De plus, cette femme, cette femme sublime aurait pu être sa compagne, peut-être avait-il fini par l’oublier et avait-il continué à vivre avec une autre jeune femme. La magie lui avait été utile pour cacher son âge. Un autre mot retint son attention, « Eragon », il s’agissait donc de son fils, ce fils que lui avait donné Brom et qui ignorait qui était son père, sans doute pensait-il que ce dernier n’était autre que Morzan. Cette idée lui fit de la peine, elle voulait aider les Vardens, Brom n’était pas là et leur fils avait le titre de dragonnier des Vardens, elle n’aurait qu’à lui remettre le sac pour mener la mission qu’elle s’était elle-même confiée à bien.
- Alors allons-y, battons-nous mais je vous préviens, vous allez mourir.
La jeune femme devait être une elfe, ses yeux de la couleur de l’émeraude ne quittaient pas un instant leurs adversaires, elle les comptaient et les jaugeaient. Sa voix trahissait non pas sa peur mais sa détermination à protéger son compagnon. Ses cheveux aile de corbeau étaient coiffés de manière à ce qu’en cas de combat, elle ne soit pas gênée et n’offre pas beaucoup de prises au corps à corps. C’était très certainement une excellente guerrière. De toute évidence, ces deux-là ne faisaient pas que jouer le rôle d’un couple. Une idée frappa la Main Noire, elle les observa agir. Selena comprit que les deux compagnons tentaient d’être seulement des amis, Morzan lui avait appris à lire dans les actes des personnes qui l’entourait, leurs pensées, leurs sentiments et leurs désirs. Cette capacité lui avait servie de nombreuses fois et aujourd’hui encore elle le faisait. La femme maudite s’assura que sa cape de voyage et son capuchon empêchaient de la reconnaître puis elle sauta entre les deux jeunes gens et les assassins. Celui qui se faisait passer pour le chef réagit d’instinct. D’une pirouette gracieuse, il s’éloigna de la Main Noire qui se redressa lentement. Sa seule présence suffisait à les mettre mal à l’aise, elle rit à son tour d’un rire glacial puis avança d’un pas, un seul. L’instant suivant, l’homme reculait de deux.
- Qui êtes-vous ? Pourquoi mes archers ne vous ont pas encore tué ?
Un sourire passa sur le visage de Selena, décidément son passé ne cesserait pas de l’importuner de sitôt. Il lui suffisait d’apparaître pour que fusent les questions, il suffisait d’apparaître pour les voir apeurés comme du vulgaire gibier. Un instant, elle se demanda comment c’était possible puis elle se souvint.
[i]Elle se baladait dans les jardins, comme à chaque fois qu’elle rentrait de mission. Elle y venait pour se détendre et oublier, quelques fois, plus rares, elle y venait pour se recentrer après une de ses entrevues avec son compagnon, Morzan. Elle ne tarderait pas à être appelée par « le maître » pour lui faire son rapport. Elle le détestait un peu plus chaque jour, pour ce qu’il lui faisait mais aussi pour ce qu’il faisait à leur fils, Murthag. La Main Noire arpentait les allées dans ses vêtements de cuir, ses armes avec elle. Tous ces braves gens de la cours qu’elle côtoyait presque continuellement ne l’aurai très certainement pas reconnu dans une telle tenue, cette simple idée lui donnait des frissons en lui rappelant, qu’elle était non seulement la chose, le jouet personnel de Morzan mais aussi celle que tous appelait Selena, la compagne du parjure. C’est là qu’elle le vit pour la première fois, absorbée par ses pensées elle ne le vit pas et le bouscula. Humble, il baissa les yeux et détourna le regard. Le mal était déjà fait, il dégageait une aura de puissance et de grandeur telle qu’elle n’en avait jamais vu. Elle avait pu apprécier le combattant au regard de sa démarche.[/i]
La seule aura de certaines personnes poussait les gens qui étaient en sa présence à les craindre, leurs obéir aveuglément ou encore à leurs faire confiance en toute circonstance. La démarche d’une personne trahissait la plupart du temps son passé, ses habitudes et son entraînement. Bien peu de gens savaient cacher tout cela.
- Vous parlez de ces idiots sur les toits ? Ils feront absolument tout ce que je leur dirai de faire. (Un sourire apparu sur son visage, il demeura caché par l’ombre projetée par le capuchon.) Je vais vous laisser deux options, à vous de sceller votre destin, la première vous partez et n’importunait plus personne, la deuxième, vous m’affrontez et mourrez. Laquelle des deux vous convient le mieux ?
Le véritable chef s’avança, d’un coup de poing, il écarta son collègue et se présenta devant la femme. Il s’arrêta à moins de trois pas de la véritable Main Noire. Il se voulait très certainement menaçant, il parut amusant à la jeune femme.
- Nous sommes la Main Noire et nous servons le Roi fidèlement, je me battrai contre vous et vous tuerai ma Dame.
Elle éclata à nouveau de son rire glacial, son rire d’assassin sans cœur. Elle dégaina l’épée qu’elle avait trouvé des années plus tôt, une épée de dragonnier de la couleur du saphir, Undbitr, l’épée de Brom. Puis elle attaqua l’homme, les deux meilleurs bretteurs d’Alagaësia avaient été ses maîtres, le dragon de son premier amant et compagnon lui avait donné des capacités bien supérieures à celles des humains, des capacités elfiques. Cet homme ne ferai pas le poids, elle se fendit, roula, arriva dans le dos de son adversaire et lui trancha la gorge dans le même mouvement fluide.
- Un autre volontaire ?
Les assassins partirent en courant, elle chargea les archers de les abattre puis exécuta ces derniers à l’aide de l’ancien langage. Elle se tourna enfin vers les deux compagnons et faisant jouer les courroies de son sac, elle le fit glisser de son dos avant de le tendre au jeune homme qui était son fils.
- Prends ceci avec les compliments de la Main Noire.
Elle ne leur laissa pas le temps de réagir avant de partir en courant à travers les ruelles, Murthag les fouillaient déjà, elle se montra un bref instant et l’entraîna à sa suite à travers les rues et les ruelles de Therinsford. Elle l’amena à l’autre bout de la ville en direction de la Crête, loin d’Eragon et de la mystérieuse jeune femme qui l’accompagnait. Elle se rendit sur la chaîne de montagne pour échapper à son fils, le lieu étant dit maudit, il n’oserait peut-être pas la suivre. Ou du moins l’espérait-elle. L’ironie de la situation lui glaça le sang, elle n’arrêta pas de courir, aussi rapide et endurante que l’aurai été un elfe, une fois de plus elle remerciait silencieusement le dragon de Morzan d’avoir agi comme il l’avait fait.
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La surprise ne dura qu’une seconde, il se ressaisit rapidement. Le temps que l’épée saphir ne tranche la gorge de l’assassin et que les autres ne soit tués. Voilà le temps qu’il lui avait fallu, si Arya ne l’avait empêché de suivre la femme peu de temps après qu’elle ne lui ait donné le sac avec « les compliments de la Main Noire », il se serait très certainement retrouvé nez à nez avec Murthag. Or, sans Saphira et l’appui des elfes envoyés par Islanzadi, il ne l’aurait certainement pas vaincu. Ils étaient sur la route, les chevaux lancés au galop pour s’éloigner au plus vite de Therinsford et de Murthag. Ils ne s’étaient pas reparlés depuis qu’ils avaient quittés la ruelle, un silence tendu régnait autour d’eux, uniquement brisé par le bruit des sabots lorsqu’ils entraient en contact avec le sol. Le dragonnier ne supportait pas ce silence, il chercha un sujet de conversation mais n’en trouva pas. Il se perdit alors dans ses pensées.
- Alors, que faisons-nous ?
Elle venait de briser le silence et il l’en remerciait silencieusement. Il réfléchit quelques minutes avant de répondre à la question de la jeune femme.
- Nous allons à Gil’ead, là-bas, nous trouverons peut-être de l’aide ou Saphira.
- Et si nous croisons des soldats un peu trop curieux qu’on ne veut pas tuer ?
Eragon sourit, de toute évidence elle ne lui en voulait pas pour la couverture qu’il avait donné en entrant dans Therinsford.
- Eh bien, nous serons toujours Evan et Helena si ça te conviens, mais tu pourrais très bien être ma sœur si cela te conviens un peu mieux…
- Être ta « femme » ne me dérange pas, pas vraiment. Le fait est que jouer la comédie est assez amusant, mais nous risquons de devoir aller très loin pour faire croire aux soldats du Roi que nous formons véritablement un couple.
Il la dévisagea, son sourire s’était envolé, « très loin » que voulait-elle dire par là ? La réponse lui vint presque instantanément, un sourire naquit sur les lèvres de sa compagne et il l’imita, trop heureux de voir briller le regard d’Arya, mais aussi gêné par la lueur inconnu qui avait retrouvé sa place dans le regard de la jeune femme depuis leur entrée dans Therinsford.
- Je doute que ça me dérange beaucoup et toi ?
Elle ne répondit pas immédiatement, perdue dans ses pensées, elle mit quelques minutes avant de lui répondre. Quelques minutes qui parurent une éternité au jeune homme.
- Je ne vois pas en quoi je devrais être gênée, nous devrions trouver un endroit sur où dormir. Tu ne penses pas mon ange ?
Il ne répondit pas, son regard se perdit aux alentours à la recherche d’un endroit où ils pourraient dormir sans craindre d’être en danger de mort. Ils s’écartèrent de la route, et trouvèrent un creux dans le terrain. Ils s’y installèrent calmement et rapidement. La jeune elfe vint se blottir contre le torse de son « époux » pour la nuit.
- Il n’y a personne pour nous espionner tu sais ?
Elle se tourna vers lui un léger sourire sur les lèvres, cette lueur dans ses yeux l’étonnait toujours autant. Sans doute parce qu’il ne comprenait pas sa signification.
- Peut-être, peut-être pas. Nous ne pouvons en être sûrs et certain. Nous nous devons donc de faire attention à chaque détail, chaque mot que nous prononcerons. Les gens ont une fâcheuse tendance à se rappeler ce qu’il devrait oublier.
Ce fut au tour du dragonnier de sourire, elle avait raison et ça ne le dérangeait pas vraiment. Elle avait utilisé des mots semblables à ceux de Brom. Il la serra contre lui un peu plus fort et elle ne protesta pas, il ne tenta pourtant pas de l’embrasser. Il était sûr qu’elle l’aurait tué si il avait osé faire une telle chose.
- Bonne nuit, ma chérie.
- Bonne nuit, mon amour, dors bien.
Elle lui tourna le dos, et sa respiration s’apaisa peu à peu. Ce n’est que lorsque la respiration d’Arya fut devenu lente et profonde que le dragonnier se décida à s’endormir. Il glissa lentement dans son état de rêve éveillé et un large sourire se dessina sur ses lèvres pour y rester jusqu’à son réveil. |