7) Sagesse et douleur.
Lorsque Eragon reprit connaissances, ils étaient en vue d'Urû'baen. Il y avait une forêt en dessous d'eux et, le dragonnier décida d'y laisser tomber son épée ainsi que le carquois contenant l'arc, les flèches et Aren que lui avait offert la reine des elfes. Il mémorisa au mieux le lieu où ils étaient tombés, Murthag s'en rendit compte et l'assomma d'un coup de poing. A son réveil, le dragonnier se trouvait devant un homme âgé. Mais d'une beauté étonnante pour un homme de cet âge. Ses yeux étaient gris et froids, les traits de son visage étaient semblables à ceux des elfes mais il y manquait la finesse, la douceur et la noblesse qui aurait dû s'y trouver –s’il avait été un membre de ce peuple. Il possédait la musculature des elfes cependant il était plus large d’épaule, il ressemblait davantage à un athlète humain qu'à un elfe. Le jeune homme n'eut aucune difficulté à comprendre qu'il avait face à lui le roi en personne ce dernier déclara alors:
- Bienvenue dans mon château, je serais ravi de te compter parmi les miens, cependant, il faudra faire preuve de loyauté envers moi et, me jurer fidélité en ancien langage, si tu veux être récompensé.
Ils se trouvaient dans une vaste salle dont les murs de pierre étaient nus tout comme le sol. La lumière ne provenait que d'un trou pratiqué dans le plafond et de torches alignées le long du mur. Eragon compris immédiatement ce qu’impliquaient les paroles du Roi et, il s’y refusât. Il répondit simplement :
- Je suis ravi de votre offre, cependant sans vouloir vous offenser, je ne peux l'accepter et ne l'accepterait jamais.
- C'est ce que nous verrons, je te retrouve dans la salle de torture, idiot.
Le garçon sentait qu'il avait été drogué, il ne parvenait plus à se rappeler d’un seul mot d’ancien langage et, il éprouvait de sérieuses difficultés à penser de façon logique. Il pouvait sentir le Roi qui tentait de pénétrer dans son esprit. Il sourit avant de dire :
- Je ne peux vous jurer allégeance en ancien langage, à cause de la drogue que vous m'avez administrée et, il est inutile de vous épuiser, je ne baisserai pas la garde, donc vous ne pénétrerez pas dans mon esprit.
Le roi sourit à son tour avant de quitter la pièce sans un mot. Le dragonnier comprit alors dans quelle position il se trouvait, il y avait de fortes chances pour qu'il meure suite aux tortures subite dans le château. Cependant, il savait que Galbatorix ne se débarrasserait pas de lui sans connaître ses plus intimes secrets et le garçon s'y refusaient. Le Roi ne pénétrerait pas son esprit avant des mois, voire des années, s'il pouvait tenir tout ce temps. Au coucher du soleil, des serviteurs amenèrent à manger et à boire à Eragon et, attendirent qu'il eue nettoyé le plateau de son contenu. A l'instant où il posait son verre, le plateau lui fut retiré et, il fut amené dans une autre salle. Les murs y étaient couverts d'instruments de torture en tous genres, le dragonnier frissonna mais garda son esprit fermé à toutes intrusions. Ses poignets et ses jambes furent solidement attachés à un cadre de bois prévu pour maintenir les torturés en position, tout en offrant une grande possibilité de torture au bourreau. Le jeune homme réprimât un frisson lorsque sa chemise fut déchirée par les serviteurs de l'ultime parjure qui parut alors armé d'un fouet.
- Bien nous allons voir combien de temps tu tiendras sous la torture gamin. Et ne t'en fait pas, je te soufflerais les mots, s'il est besoin. Nous commencerons par le supplice de base, le fouet avec une touche personnelle, ajouté par moi-même ensuite, nous aviserons du degré de douleur dont tu auras besoin pour parler ou, me laisser l'accès à ton esprit.
Il avait prononcé ces mots d'une traite, sans broncher ou reprendre sa respiration. Mais ce qui fit frémir le dragonnier, fut la façon dont ils furent prononcés, la voix du briseur d’œuf était étrangement emplie d'une joie sadique. Eragon comprit alors que le seul désir du roi était d'infliger la souffrance et, de voir la réaction de ceux qui souffraient le faisait s'épanouir, presque jouir. Il n'eut cependant pas le temps de répliquer, que le roi commençait à le châtier chaques coups donnés était plus fort que le précédent. Il hurlât sachant qu'il était inutile de résister à la douleur, il la laissa l'envahir sachant qu'elle l'aiderait à tenir le roi en échec dans sa recherche de ce que le dragonnier savait.
- Première question, comment atteindre les chefs de la rébellion ?
Le fouet cessa de claquer, mais la douleur était toujours présente, ce qui suffit au jeune homme pour savoir quelle réponse donner. Il était bien trop attaché aux chefs en questions, pour ne pas être touché par leur mort. Or, il savait ce que l'on ressentait lorsqu'un proche mourrait. Il ne le savait que trop bien et, des milliards de coups de fouet aussi fort fussent-ils donnés ne faisaient pas le poids face à cette douleur-là.
- Je ne sais pas monseigneur, en cessant de vous terrer dans votre château, derrière vos soldats qui meurent par centaines de milliers et en sortant vous battre peut être ?
Aussitôt les coups plurent redoublant d'intensité à chaque instant. Eragon laissa la douleur l'envahir et, devenir la seule réalité à ses yeux avec calme et méthode. Le roi le fit alors transporter dans une troisième pièce. Dans celle-ci, il n'y avait que des torches accrochées aux murs ainsi qu'un tapis rouge et noir, sur lequel on pouvait voir un dragon sortant à moitié de la coquille de son œuf, étendre ses ailes pour s'envoler. Il était défini par un savant entrelacs de fil aux couleurs de l'or, de l'argent et du cuivre. Sur ce tapis, se dressait un piédestal savamment ouvragé, représentant des dragons de pierre, gueule ouverte vers le ciel rassemblé en cercle, de la lumière semblait émaner de son centre. Galbatorix fit jouer un mécanisme par un bouton caché que le garçon ne put voir, alors un œuf semblable à celui dans lequel Saphira se trouvait émana du centre et fut brillamment éclairé, la seule différence était le fait que l’œuf au lieu de ressembler à un gros saphir ressemblait plus à une émeraude. Eragon était abasourdi pourquoi le roi lui montrait-il ceci ?
- J'ai songé qu'un mécanisme le cacherait mieux que des sorts. Avoua ce dernier.
Le jeune homme comprit qu’une tâche lui incombait face à cet œuf.
- Puis-je le prendre ? Demanda-t-il alors sur un ton innocent.
Le parjure hocha la tête en signe d'approbation, après tout Eragon était à bout de force et, il ne se souvenait plus du moindre mot en ancien langage. Il n'y avait donc aucun risque à ce qu'il prenne l’œuf, le dragonnier saisi l’œuf à deux mains avec d'infime précaution. Il connaissait ses limites et, savait qu'il allait devoir puiser dans ses ultimes forces pour faire ce qu'il s'apprêtait à faire. Alors, il ferma les yeux et se concentra sur Arya et sur l'envoi de l’œuf jusqu'à elle. Il pria le ciel pour qu'elle se trouve à Kuasta et qu'il réussisse son coup, l’œuf disparut au centre d’une flamme de la couleur du saphir avant que le dragonnier ne s'évanouisse. |