Merci à ma bêta: Diane37
*** 12 – Où Drago découvre les amitiés de son fils ***
Vendredi 6 juin 1980
Une plénitude comme elle n’en avait jamais connu avait envahie Narcissa. Elle avait l’impression de flotter. Elle devait sûrement rêver car un jeune homme blond comme les blés et aux yeux reflétant les soirs d’orage, ressemblant vaguement à Lucius se tenait devant elle, l’adjoignant de lutter pour ne pas périr. De toutes les supplications du jeune homme ; Cissy n’en releva qu’une seule : Drago, Lucius, Malefoy, son fils, avait besoin d’elle. Narcissa quitta alors à regret son cocon de douceur pour retrouver le monde austère, à l’avenir incertain qui se profilait devant eux.
La médicomage soupira de soulagement quand sa parturiente reprit brièvement conscience pour se rendormir cette fois d’un sommeil paisible. La sage-mage alla donc rassurer son époux et l’invita à veiller sa femme. Elle-même prévoyait de repasser plus tard pour s’assurer du bien-être de sa patiente.
L’angoisse éprouvée par Lucius s’apaisa instantanément quand la médicomage lui apprit que les jours de Cissy n’étaient plus en danger. Il tiqua cependant quand elle lui apprit que, malheureusement, Narcissa ne pourrait plus jamais avoir d’enfant.
Lucius pénétra dans la chambre et apercevant Narcissa, si pâle, si fragile, elle qui était si forte derrière son apparence de poupée de porcelaine, se persuada qu’après tout ce n’était pas si grave. Elle lui avait donné un fils, un héritier et c’était tout ce qui importait.
Quand Cissy s’éveilla, le soleil était déjà haut dans le ciel. Lucius, les traits tirés par sa nuit sans sommeil lui tenait la main. Il lui sourit et d’une voix qui n’avait jamais paru si douce à son épouse fit :
« Cissy, te voilà enfin de retour parmi nous ! - Comment va notre enfant, Lucius ? l’interrogea la jeune mère d’une voix éraillée. - Drago se porte à merveille. Ne t’agite pas. Tu as besoin de reprendre des forces. Mélie, la nourrice te l’amènera d’ici peu mais avant j’ai un présent pour toi. »
Lucius lui tendit l’écrin et au même instant Lily ressentit les picotements annonçant leur départ imminent. Elle avertit Scorpius qui souffla qu’il aurait aimé pouvoir revivre un autre souvenir .Les deux adolescents furent de nouveau aspirés dans un vortex et Lily hoqueta quand elle s’aperçut qu’ils n’étaient pas de retour dans sa chambre.
Samedi 2 décembre 2017
Cissy assise dans son petit salon, caressait distraitement la broche que Lucius lui avait offert à la naissance de Drago. Depuis la mort de son mari deux ans plus tôt, Narcissa avait emménagé dans le cottage que Drago, sa femme Astoria et leur fils Scorpius occupaient depuis leur mariage. Lucius lui manquait mais pas une fois, Cissy n’avait regretté d’être venu s’installer dans le Devon. Astoria bien que trop rêveuse au goût de sa belle-mère était charmante. Drago restait égal à lui-même, plus souvent au-dessus de ses chaudrons qu’auprés de sa famille sauf les dimanches qu’il leur consacrait exclusivement. Et pour finir Scorpius, le doux enfant que Narcissa chérissait plus que tout, lui rendait la vie paisible. Depuis son départ à Poudlard près de trois mois plus tôt, Cissy s’était laissée envahir par un vague à l’âme qui ne lui ressemblait pas. Son petit-fils lui avait pourtant envoyé un hibou tous les deux jours alors qu’Astoria n’avait reçu que trois parchemins ne contenant que quelques lignes. Ce matin là fit cependant exception.
Quand Uranie, la chouette de Scorpius, s’engouffra dans la salle à manger , un peu plus tard dans la matinée, où Astoria, Narcissa et Drago prenaient tranquillement leur petit déjeuner, un hoquet de surprise franchit les lèvres d’Astoria qui avait déjà reçu des nouvelles de son fils deux jours auparavant. La jeune femme sourit en se disant que le petit sermon qu’elle lui avait écrit la veille avait dû porter ses fruits.
Au fur et à mesure de sa lecture, Astoria se mit à jeter des regards de plus en plus inquiets en direction de Drago puis quand elle eut terminé, elle lui tendit la missive . Drago pâlit légèrement puis sans un mot d’excuse alla s’enfermer dans son bureau. Narcissa s’apprêtait à demander des explication à sa bru quand un autre hibou entra à son tour. Astoria attrapa la patte du volatile et arracha presque le parchemin en soupirant bruyamment. Puis à son tour sans adresser la parole à sa belle-mère elle alla retrouver son époux.
Narcissa, intriguée et légèrement anxieuse, repoussa son assiette d’œufs et de bacon à peine entamée. Elle entrait dans sa chambre quand des éclats de voix lui parvint depuis le bureau.
« Mais qu’est ce qui tourne pas rond chez ce gamin, hurla Drago. - Voyons Dray, ce ne sont que des enfants, je suis certaine qu’ils ne pensaient pas à mal. - Comme s’il ne suffisait pas qu’il soit à Serdaigle, il faut en plus qu’il s’accoquine avec une Weasley et avec Potter. »
Narcissa ne put s’empêcher d’esquiver un sourire. Son fils aurait dû choisir une autre comparaison. Cissy savait depuis la première semaine que Scorpius s’était lié d’amitié avec la petite Rose Weasley qui avait été répartie également à Serdaigle puis avec Albus Potter, le cousin de celle-ci qui lui était chez les Serpentard. Elle s’était maintes fois demandée depuis comment son fils prendrait la nouvelle et elle n’allait pas tarder à le savoir si elle en croyait la conversation surprise.
Astoria regarda son mari en levant un sourcil hautain et reprit d’une voix contenue de colère.
« Je te rappelle que j’étais moi-même à Serdaigle. Je ne vois pas en quoi ce serait une tare d’y être réparti. - Heu, oui,oui ma chérie, se défendit Drago qui eut la bonne idée de paraître confus. C’est que j’aurais préféré qu’il soit à Serpentard. - Cela ne l’aurait pas empêché d’apprécier le fils Potter et la petite Weasley, lui rétorqua Astoria avec un brin d’ironie. - Oui, encore une belle aberration : Un Potter à Serpentard ! Je suppose que je devrais m’estimer heureux que Scorpius n’ait pas atterri à Gryffondor. - Il n’en n’aurait pas moins été ton fils, répliqua son épouse avec un air pincé. »
Restée sur le pas de sa chambre, Narcissa ressentit un élan d’affection pour sa belle-fille. Celle-ci avait décidemment bien des qualités et elle n’hésitait pas à tenir tête à Drago quand elle estimait être dans son bon droit.
« Mais dis- moi Dray, reprit Astoria. Qu’est ce qui te gêne le plus que Scorpius soit ami avec Potter et Weasley, qu’il soit à Serdaigle ou la retenue que ces enfants viennent d’avoir ? »
A cet instant Lily et Scorpius se retrouvèrent au square Grimmaurd. Lily se laissa tomber dans son lit et soupira.
« Flûte, j’aurais bien aimé connaître la suite. - Si tu veux je peux t’en dire un peu plus, proposa le jeune homme. - Tu ferais ça ? - Si j’avais eu une pensine, je t’aurais même emmené voir ce souvenir, lui répliqua Scorpius avec un grand sourire nostalgique avant de commencer son récit des évènements. »
Vendredi 1 décembre 2017
Scorpius attendait patiemment Rose dans la salle commune des Serdaigle. Il consulta pour la énième fois l’unique horloge de la tour. Albus leur avait donné rendez- vous dans le hall et il devait les attendre depuis près d’un quart d’heure. L’adolescent sourit en imaginant son camarade piaffant d’impatience. Si en début d’année on lui avait dit que le fils d’Harry Potter deviendrait son meilleur ami, il en aurait ri aux éclats. C’est Rose qui les avait dans un premier temps forcés à se côtoyer en refusant de choisir entre son ami, le seul qu’elle se ferait jamais dans sa maison, et son cousin pour lequel elle éprouvait une tendre complicité. Et depuis Scorpius n’avait jamais eu à le regretter. Il grimaça en songeant cependant que quand son père apprendrait cet état de fait cela serait une toute autre histoire.
Enfin, la jeune Weasley apparut, et ils se précipitèrent au rez de chaussée pour rejoindre Albus. Celui-ci bougonnait tout en marchant de long en large devant les sabliers des maisons. Il s’arrêta et son visage s’éclaira d’une joie enfantine quand il aperçut sa cousine et son ami.
« Et bien, ce n’est pas trop tôt, je pensai que vous m’aviez oublié ! - Comment veux-tu que j’oublie le seul renégat de la famille ? fit Rose d’une voix taquine. - Oh ! Rose, tu ne vas pas recommencer, s’écria son cousin qui avait pris une teinte cramoisie sous les pouffements que Scorpius essayait en vain de maîtriser. - Oh mais non je ne recommence pas, poursuivit la demoiselle avec un petit rictus perfide sous les ricanements que le jeune Malefoy n’arrivait plus à étouffer, je me contente de constater. - Rose, supplia Al qui savait que sa cousine ne pourrait cependant pas s’en empêcher. - De toutes les générations de Potter p,as un n’était allé ailleurs que chez les Gryffondor. Passe encore si tu avais été à Serdaigle ou encore à Poufsouffle mais non il a fallut que tu rejoignes ces gredins de Serpentard, s’époumona Rose en riant à son tour sous les regards courroucé d’Albus. - Rose, menaça Albus, si tu n’arrêtes pas illico de rire je te chatouille jusqu’à ce que mort s’en suive. »
La jeune sorcière s’élança alors dans le parc suivi par un Albus faussement irrité et par un Scorpius hilare. Ils entamèrent joyeusement une bataille de neige dans laquelle Albus visait systématiquement sa cousine pour lui faire payer son "affront". Scorpius en bon gentleman se rallia à sa camarade.
Ils jouèrent ainsi une bonne partie de la matinée puis épuisés par leurs jeux et frigorifiés, se réfugièrent dans les cuisines où des elfes leur servirent une bonne tasse de chocolat et des petits gâteaux.
« Tu sais Al, déclara Scorpius, ce que Rose t’a dit que tu étais un renégat… - Oui ? l’encouragea le Serpentard. - Tu as de la chance. Ta famille se fiche que tu sois à Serpentard même si Rose aime te taquiner avec cela. - Tu sembles oublier James, riposta sombrement Albus. - Oh allons, Al. Tu sais bien que James ne pense pas un mot de ce qu’il t’a dit. - Ouais, grommela l’adolescent. Mais pourquoi dis-tu que j’ai de la chance Scorp’ ? - Quand mes parents ont su que j’étais à Serdaigle, enfin quand mon père l’a su il a menacé de me déshériter. Il a ajouté que j’étais la honte de la famille. - Oh Scorpius, s’exclama Rose les yeux embués pendant qu’Albus faisait une accolade à son ami avec un regard horrifié par de tels propos. - Et encore, il ignore que nous sommes amis. » |