Mardi 29 juillet 1980

Lily et Scorpius s’étaient sentis aspire vers un autre souvenir. Ils scrutèrent les alentours et reconnurent les lieux. Ils étaient à Sainte Mangouste. Ils cherchèrent Bellatrix ou l’éventail des yeux mais à part quelques visiteurs et des médicomages ils ne virent rien.

Lily pesta :

« Mais où est passée cette pimbêche ! Sans vouloir t’offenser Scorpius, ajouta t’elle sachant qu’elle avait fait partie de sa famille. »<br><br>

L’améthyste brilla faiblement mais soudain les deux jeunes gens furent capables de voir à travers les sortilèges de camouflages. Bellatrix était appuyée contre un mur derrière la réceptionniste de l’aile médicale. Elle jouait avec son éventail et semblait passablement énervée.<br><br>

Elle semblait plus âgée, mais les deux voyageurs temporels ignoraient le temps qui s’était écoulée depuis le dernier souvenir. Scorpius s’avança vers le bureau d’accueil et se pencha pour lire la date sur le journal que la secrétaire avait abandonné.

Lily lui fit alors remarquer un homme à qui, il manquait une partie de son nez, caché sous une cape d’invisibilité et semblant garder la porte d’une salle.

Curieux, les deux adolescents attendirent. Quand un guérisseur entra sous le regard scrutateur de l’homme invisible, les deux adolescents le suivirent.

Dans la salle, une jeune femme au visage joufflu ruisselait de sueur. Elle avait les traits tirés mais souriait amplement. A son chevet, son mari, fier comme Arpagan lui caressait les cheveux. Le guérisseur examina le nouveau né tandis que la sage-mage finissait de soigné la jeune accouchée.

Lily frissonna en voyant le sang qui maculait les draps. D’un signe de tête à Scorpius, elle lui indiqua qu’elle souhaitait sortir. Mais une phrase du guérisseur les figèrent sur place.

« Et voilà Madame Londubat, vous allez pouvoir prendre votre petit Neville. »

Les adolescents, hébété regardèrent le nourrisson avec stupeur. Ils n’arrivaient pas à croire qu’ils venaient de voir leur professeur de botanique au jour de sa naissance. Mais déjà le souvenir s’estompait, remplacé par un autre.

Jeudi 31 juillet 1980

Bellatrix enrageait. Etre un jour sur deux en surveillance à Sainte-Mangouste dans l’aile maternité éprouvait ses nerfs. Pourquoi donc son maître voulait-il savoir qui accouchaient cette semaine en particulier. Toujours cachée par un puissant sortilège, elle s’était assisse dans un confortable fauteui de la salle d’attente.

 De temps à autre, elle ne pouvait s’empêcher de grimacer en regardant les personnes présente en salle d’attente.

La jeune Lily secoua le bras de Scorpius en babultiant :

« C’est le père de Teddy ! Et là, à côté c’est le parrain de mon père.

- Oh ! ne put que répliquer Scorpius alors qu’il réalisait ce que ceci impliquait. »

Ils se rapprochèrent des Maraudeurs passant devant Bellatrix. Et le Serdaigle frissonna. Son père bien que peu loquace au sujet de la guerre lui avait parlé de la folie de sa tante et même s’il se savait protégeait, Scorpius n’était pas rassuré d’être près d’elle.

« J’espère que Lily accouchera après minuit, déclara Sirius avec une pointe d’inquiétude dans sa voix. »

Lunard, un peu pâle et fatigué de la dernière pleine lune, consulta sa vieille montre.

« Il reste dix minutes. »

A cet instant, James Potter, heureux mais avec une lueur curieuse dans le regard s’approcha avec son fils tout juste né.

« Patmol, Lunard Queudver, je vous présente Harry, James Potter. »

Lily vacilla. Son grand-père et son père étaient devant elle. Savait-il déjà à cet instant que leurs vies étaient en sursis. Des larmes perlèrent sur les longs cils de la jeune fille et Scorpius la tira dans une étreinte réconfortante. Pourtant cela ne suffit pas à repousser totalement les vagues de contentement de Bellatrix et la joie mêlé de terreur de James et Sirius, ni l’inquiétude sincère de Lupin.

 Mercredi 31 décembre 1980

Bellatrix se regarda dans la psyché de sa chambre, s’observant minutieusement. Elle adorait l’éclat de ses yeux sombres et son épaisse chevelure brune héritée des Black. Par contre, elle détestait devoir les coiffer. Mais voilà, ce soir son beau-frère recevait l’élite de la bonne société sorcière. Même le maitre serait présent dissimulé sous l’apparence d’Avery. Elle grogna. Son cœur tambourinait dans sa poitrine à chaque fois qu’elle pensait au Seigneur des ténèbres. Dés leur première rencontre, Bella avait été fasciné par l’homme si charismatique. Elle soupira.

Elle était déjà fiancée à Rodolphus quand elle avait fait la connaissance de Lord Voldemort. Celui-ci lui avait déjà longuement parlé des idéaux défendus par le mage noir. Et depuis la perte de Rigan et de leur enfant, Bellatrix était devenu encore plus fanatique au sujet des sang-pur et sa haine des moldus et des né-moldus n’avait d’équivalence que le chagrin qui l’avait rongé deux ans plus tôt.

De son côté Voldemort s’attendait à rencontrer un de ses mangemorts et sa future épouse qui assurerait la future génération de ses partisans mais il avait découvert une jeune fille téméraire et endoctrinée dans le fanatisme telle la devise familiale Toujours pur.  Sa soif de vengeance m’avait pas échappé au Lord et il s’était alors promis d’en faire une de ses plus fidèle servante.

Bellatrix fut tiré de ses songeries par un elfe de maison. Rodolphus l’attendait dans le hall. La trentenaire jeta une dernière œillade à son reflet. Elle enfila sa cape de soie d’acromentule et sourit. Rodolphus n’avait plus mis les pieds dans sa chambre depuis huit ans.

Leur couple n’avait été que façade. Bellatrix avait accepté l’union car la pureté des Lestrange n’étaient plus à prouver mais elle avait vite compris qu’elle ne serait la poule pondeuse de son mari. Seul l’enfant de Rigan avait pour elle une légitimité, elle aurait accepté l’idée de porter l’enfant de son maitre si celui-ci avait eu l’envie d’un héritier mais elle refusait sinon que quiconque la touche.

Rodolphus s’en moquait désormais. Il en avait pris son parti. Et il ne se gênait pas pour assouvir ses besoins dans n’importe lequel des bordels sorciers. C’était d’ailleurs son épouse qui l’y avait incité tant qu’il faisait preuve d’un minimum de discrétion.

Ce soir, pourtant, ils allaient devoir jouer au couple modèle. Bellatrix devrait faussement s’extasier sur son neveu pour contenter sa sœur. Elle devrait valser avec son mari pour rassurer sa mère enfin bref tromper tout le monde comme souvent.

Bellatrix glissa son éventail dans sa poche et Rodolphus lui sourit avant de dire :

« Peut-on y aller ? »

Bellatrix acquiesça.

Jeudi 1er janvier 1981

Sitôt la barrière anti transplanage du manoir Malefoy franchit Bellatrix repoussa brutalement son époux.

« Ne m’attends pas, dit-elle. »

Rodolphus                                                                                                                     inclina la tête et disparut. Il savait que Rastaban serait heureux de l’accueillir pour la nuit et il transplana près de chez son frère.

Bellatrix entra en catimini sur la propriété de ses parents. Elle ne tenait pas à ce que sa mère la surprenne. Elle contourna donc le jardin derrière le manoir et entra directement dans la forêt. En douze ans elle avait appris le chemin par cœur.

Ce fatal soir de 1978, Andromeda avait tenue parole et enterré son neveu mort-né près d’un gros chêne. Bellatrix avait été soulagé que l’enfant n’apparaisse pas sur l’arbre de la famille Black. Ce fut son oncle Orion qui lui expliqua pourquoi involontairement. La tapisserie était enchantée et les enfants illégitimes ou jugé trop impurs n’apparaissaient pas dans la généalogie de la famille.

Deux jours après que son enfant fut en terre, Bella demanda à sa sœur pour se recueillir sur son lieu de sépulture. Bellatrix avait alors fait apparaitre une plaque de granit noire sur lequel elle avait gravée de couleur argent :

Althaïr Rigan Black

22 décembre 1968

Tu t’es envolé plus vite que prévu

Mon petit aigle.

Depuis Bella venait régulièrement. Chaque visite sur la pierre tombale ne faisait que renforcer son désir d’anéantir le monde moldu et sa dévotion envers son maître. La brune s’agenouilla, nettoya la tombe d’un coup de baguette, caressa du bout des doigts l’inscription et d’un triste sourire fit apparaitre des poinsettias.

Derrière elle, les deux visiteurs temporels étaient tellement choqués qu’ils ne bougèrent pas. Ils avaient largement ressenti toutes les émotions de l’aîné des filles de Cygnus Black.  Mais cette Bellatrix là paraissait fragile malgré sa folie et sa haine.