*** 20 – L’aide de Zélia Avery ***

Isla passa les deux semaines suivantes chez une cousine de sa mère que les Black méprisaient quelque peu car, bien que sang-pur et bien mariée, Zélia Max Avery avait la fâcheuse tendance, tout en restant dans les convenances, à dénigrer tous leurs actes. Zélia avait cependant gardé une relation épistolaire avec sa chère cousine et elle était aujourd’hui ravie d’aider sa benjamine. Bien qu’elle ait épousé un homme approuvant la suprématie des sang-purs, Zélia n’y adhérait guère mais elle savait cependant assez réprimer ses opinions pour ne pas passer pour une traitre à son sang. Non pas qu’elle n’en ait pas le courage, mais Zélia avait avant tout pensé à ses enfants, si elle ne s’était pas su enceinte au moment de ses noces, Zélia n’aurait pas hésité une seconde à tourner le dos à l’éducation qu’elle avait reçue. Désormais veuve, Zélia était décidée à ne plus jamais à avoir à dépendre d’un homme et à vanter les croyances des plus vieilles familles sorcières. Elle était d’autant plus heureuse d’aider Isla qui avait su prendre son destin en main pour faire triompher son amour pour un moldu.

Ella l’ayant invité aux épousailles de Phineas, il ne fut pas difficile de mettre en place la stratégie inventée par la mère de la jeune Isla. Et sitôt la demoiselle bien installée, et après avoir lu les instructions de sa cousine, Zélia avait envoyé un hibou à la maison Black, informant qu’elle serait bien présente lors des noces et qu’elle serait accompagnée de sa fille : Félicia. Personne chez les Black, hormis Ella, ne savait que celle-ci était morte trois ans auparavant de la variole du Dragon. Comme le polynectar était contre indiquée au stade où en était la grossesse d’Isla, Zélia était d’ailleurs ravie de pouvoir conserver les boucles brunes qu’elle avait prélevées dans la chevelure soyeuse de sa fille, un ami de Phineas viendrait le matin du mariage pour lui appliquer des sortilèges de métamorphoses.

Samedi 22 juillet 1871

Isla se crispa, attendant le verdict de sa cousine Zélia, sous l’œil acéré de Julianus Potter, l’ami envoyé par son aîné. Zélia tourna autour de la jeune femme, cherchant si un détail pourrait semer le doute chez les Black.

« Vous avez fait un excellent travail Julianus. Vous êtes le digne fils de votre père. La ressemblance entre Isla et Félicia est frappante et les quelques différences que j’ai notées ne devrait pas alerter les invités de Phineas.
- Je vous remercie Madame, répondit poliment le jeune homme.
- Bien, fit Zélia, nous nous reverrons tout à l’heure à la noce.
- Je crains que non, Madame, Phineas et moi ne sommes pas assez proche pour que je sois convié à son mariage.
- Ah, oui ! s’étonna la maîtresse de maison, pourtant il a fait appel à vous pour aider sa sœur !
- Effectivement, Madame, disons que, bien que ma famille soit fort honorable, il n’est pas de bon ton que je ne sois à Serpentard, pour Phineas et notre amitié est de ce fait discrète. 
- Pfft, soupira Zélia, Phin’ a hérité de tous les gènes des Black.
- si vous permettez, Madame, reprit Julianus avec un sourire moqueur sur les lèvres, je vais prendre congé et vous laisser vous préparer. Si vous rencontrez des problèmes pour défaire mes sorts envoyez-moi un hibou et je viendrais sur l’heure. »

Zélia et Isla avaient été reléguées à une table assez éloignée des mariés et du cœur de la famille Black. Cependant Isla s’en moquait, elle avait pu assister à la cérémonie du mariage et c’était tout ce qui comptait pour elle. La jeune Black, malgré la rancœur qu’elle nourrissait pour Ursula, devait reconnaître que la jeune fille était resplendissante dans sa robe de cérémonie blanc- ivoire aux fines broderies argentées. La jeune épouse avait relevé ses boucles brunes en un chignon assez lâche dans lequel était piquées de petites fleurs blanches. Phineas avait revêtu une robe fort simple, mais élégante. Isla avait était fortement émue quand le mage avait procédé à l’union sorcière des deux jeunes gens. Perdue dans ses pensées, Isla sursauta quand une main se posa sur son épaule. Elle ouvrit de grands yeux stupéfait en voyant son frère lui adressait son plus beau sourire.

« Maintenant que j’ai rempli mes obligations, en dansant avec ma mère , ma femme et toute l’institution sorcière, me ferez-vous chère cousine, l’honneur de m’accorder cette danse. »

Isla accepta d’un simple hochement de tête et Phineas l’entraîna sur la piste de danse. Ils virevoltaient au rythme d’une valse et tous deux étaient conscients que l’heure des adieux avait sonné. Ce fut sans doute pour cela que Phineas serra la jeune fille plus fortement que nécessaire. Sentant les larmes lui monter aux yeux, Isla déglutit péniblement et Phineas lui adressa un pâle sourire en étreignant brièvement la main de sa cadette. A la fin de la danse, Phineas vint s’incliner devant Zélia et lui ramener "Félicia". Puis le jeune homme retourna à ses devoirs de jeune marié. 

Une demi-heure plus tard, Ella vint prendre place entre Zélia et sa supposé fille. Isla et Ella n’échangèrent pas un mot mais leurs regards parlèrent pour eux. Et tandis que Zélia et Ella devisait joyeusement de futilités, cette dernière prit la main de sa benjamine sous la table et la caressa longuement. Ce fut à regret qu’Ella dut se résoudre à quitter cette table à la demande d’Arcturus.

Isla avait le cœur gros et sa gorge s’était brusquement resserrée. Zélia sentant la catastrophe, l’incita à se lever et la pria de l’attendre près de l’entrée pendant qu’elle les excusait auprès de leurs hôtes. Puis elle aida la jeune fille a transplaner au manoir Avery. Quand elles furent enfin dans le salon, Zélia prit la jeune femme dans ses bras et la consola du mieux qu’elle le put. Quand Isla se fut calmée et que sa cousine lui eut rendu son apparence initiale, Zélia s’exclama :

« Je me demande tout de même comment, ils ont justifié l’absence d’Isla ? »

A ces mots, celle-ci éclata de rire. Comme cela faisait bizarre d’entendre parler d’elle comme si elle n’était pas là ! Elle répliqua pourtant :

« Quand Phin a effacé la mémoire d’Arcturus et de tous les autres, il leur a implanté d’autres souvenirs. Pour la famille Black, je ne suis jamais revenue de Poudlard. J’ai simplement envoyé un hibou les informant de mon mariage avec Bob. Et si tu avais eu l’occasion d’aller voir la tapisserie de l’arbre généalogique des Black, tu aurais certainement pu constater que j’étais déjà reniée. C’est Phin’ qui a effacé mon nom. Arcturus aurait eu des doutes si cela n’avait pas été fait. Je… Zélia, je voulais te remercier pour ce que tu as fait pour moi.
- Allons ma chérie, c’était tout naturel. J’espère que ton mari et toi serez très heureux et que tu m’enverras de tes nouvelles. Je pourrais ainsi en donner à ta mère, continua la sorcière avec un clin d’œil. »

Lily qui observait la scène du pas de la porte, ne se rendit pas compte des larmes qui roulèrent sur ses joues. Scorpius les essuya avec son pouce et sourit à la jeune femme mais alors qu’il allait parler, le souvenir se rompit brutalement et les deux visiteurs de souvenir atterrirent violemment sur le parquet du grenier du square Grimmaurd.

Mercredi 19 juillet 2023

Scorpius fut le premier à se relever et il aida Lily à en faire autant. Les deux adolescents avaient l’impression d’être parti des heures tant ce qu’ils avaient vécus avait été dense, aussi furent-ils réellement surpris en constatant qu’il ne s’était écoulé que trois heures depuis leur départ en 1870.

Les deux jeunes gens décidèrent d’aller se restaurer. Lily s’inquiéta de ne pas trouver Albus dans la maison mais Scorpius la rassura en lui affirmant que celui-ci avait prévu de sortir voir Rose. Un peu gênée de se retrouver seule avec le jeune Malefoy, Lily ne savait que faire ou que dire. Ils mangèrent donc en silence puis l’adolescent proposa à la Serdaigle de remonter dans les combles. Lily et Scorpius y retrouvèrent le châle et le peigne à cheveux. Scorpius prit le châle et regarda Lily avec une lueur interrogative. La rouquine sourit et sortit son améthyste.

Vendredi 3 septembre 1954

Lily et Scorpius se matérialisèrent dans un petit salon aux tons bordeaux et chocolat, où ronronnait un feu de cheminée. Une femme dans la trentaine reprisait une chemise, assise dans une chaise à bascule près du feu, à ses pieds, deux petits garçons roux jouaient bruyamment. Cedrella rajusta son châle qui glissait lentement de ses épaules et consulta la grande horloge où l’aiguille représentant son époux était encore pointée sur " au travail". Elle soupira. Septimus rentrait de plus en plus tard. Elle déposa son ouvrage sur une petite table et se leva. Lily et Scorpius purent alors constater qu’elle attendait la venue d’un autre enfant. La jeune Serdaigle se sentait bien ici, un peu comme si elle était chez elle. Sans pouvoir se l’expliquer, Lily était attiré par le plus jeune des garçonnets et ce ne fut que quand la femme les interpela qu’elle compris :

« Bilius, Arthur, il est l’heure d’aller vous coucher. Montez, je vous rejoint. »

Lily resta un instant bouche-bée puis répondit à l’interrogation muette de Scorpius.

« Le…le petit garçon… c’est mon grand-père. »

Cedrella monta à l’étage et entré dans la chambre de ses fils. Bilius avait déjà enfilé son pyjama mais le petit Arthur se débattait avec les boutons de sa veste. Cedrella sourit en le regardant avec bienveillance et elle se mit tant bien que mal à sa hauteur pour l’assister. Bilius s’était installé sous les couvertures du lit de droite. Cedrella lui fit les gros yeux et déclara :

« Bilius, tu te couches dans ton lit.
- Mais maman, je préfère celui d’Arthur.
- C’est pas grave maman, j’peux me coucher dans le lit de Bil’.
- C’est très gentil à toi Arthur mais Bilius va aller dans le sien.»

L’aîné obtempéra en maugréant que sa mère n’était pas drôle. Cedrella se pencha pour l’embrasser sur le front puis elle se dirigea vers le second lit où elle remonta le drap et l’édredon jusqu’au menton d’Arthur avant de l’embrasser à son tour. Cedrella allait sortir quand la voix de son plus jeune enfant questionna :

« Dis, maman. C’est quand que papa y rentre ?
- On dit « Quand papa rentre-t-il ? », le reprit Cedrella. Je ne sais mon poussin mais il viendra vous dire bonne nuit. Maintenant fermez les yeux. A demain. »

L’ancienne Serpentard retourna près du feu et reprit sa chemise à raccommoder et se perdit dans ses souvenirs.