*** 1- La robe ***
Lundi 3 juillet 2023.
Ce matin là, après un copieux petit-déjeuner, n’ayant rien de mieux à faire et voulant enfin contenter sa curiosité, Lily décida d’explorer le grenier. L'adolescente n’y était jamais montée mais petite, leur elfe Kreattur lui avait expliqué comment y accéder. Elle se rendit donc sur le palier du dernier étage et tapota de sa baguette en bois de saule une applique murale. Aussitôt une ouverture apparut au plafond et une échelle se déplia dans un cliquetis infernal. Depuis la mort du pauvre Kreattur, seule sa mère y était venue et personne n’avait dû songer à l’entretenir. Un peu anxieuse tout de même de ce que elle allait y découvrir, la jeune fille prit une profonde inspiration avant de s’élancer vers l’inconnu. Sa première impression fut de penser que leur grenier était immense avant de se rappeler qu’il avait été agrandi magiquement à chaque génération de sorciers ayant habités les lieux. Un filet de lumière s’échappant d’une minuscule lucarne éclairait le centre de la pièce, laissant le reste de cet entrepôt dans une totale obscurité. Par peur d’être déséquilibrée, Lily se tenait encore sur la dernière marche de l’escalier escamotable, elle fit un pas en avant avec la ferme intention, et ce, bien que cela fut interdit, de lancer un Lumos. Elle n’eut pas besoin d’y avoir recours car à peine avait-elle posé son talon au sol que des torches s’enflammèrent projetant sur le parquet poussiéreux des ombres dansantes. Ravie, la rouquine contempla le bric à brac s’amoncelant ici et là. Elle avait de quoi s’occuper pendant des mois. Partout où elle posait les yeux, elle était émerveillée Des malles, des cartons, de vieux meubles, des tapisseries, des jouets, s’entassaient et s’alignaient sur presque toute la surface des combles. Il y avait tant d’objets et d’armoires à inspecter que Lily ne savait par quoi commencer. Elle était aussi heureuse qu’une petite fille découvrant au pied du sapin, le matin de noël une montagne de présents. Un sourire éclaira son visage quand elle aperçut, rangée dans une caisse en bois, une poupée aux longs cheveux noirs nattés à laquelle il manquait un bras. Sa mère avait dû venir la déposer quatre ans plus tôt, à son entrée à Poudlard. Lily la prit délicatement et lui caressa la joue. Elle se revit à six ans, le jour de son anniversaire. Ils étaient au Terrier et sa grand-mère Molly avait préparé son somptueux gâteau aux fraises, son préféré. Presque tous ses oncles et tantes étaient là avec leurs enfants sauf l’oncle Percy et l’oncle Charlie. Ses parents lui avaient déjà offert une ménagère ensorcelée qui versait du thé à volonté pour peu que sa mère la remplisse une première fois. La dernière du couple Potter ne se rappelait plus ce que lui avaient offert ses oncles et tantes mais elle se revit parfaitement déballer le paquet de couleur rouge entouré de rubans dorés (sacrés Gryffondor) que lui tendit son grand-père Arthur et de son ravissement en découvrant cette poupée qui la suivit partout pendant plusieurs années. Reprenant ses esprits, Lily la remit à sa place, et continua à fouiller dans le coffre à jouet improvisé. L'adolescente prit tour à tour des figurines de quidditch ayant appartenues à Albus, sa collection de cartes de chocogrenouilles, les billes détectant les cibles de James, un balai miniature, ses feutres moldus que sa tante Hermione lui avait offerts. Chaque jeu évoquait chez elle une montagne de souvenirs. Alors qu'elle venait de tout remettre en place, une armoire en acajou massif aux poignées en forme de serpent attira son attention. Lily fut certaine qu’elle plairait au seul Serpentard de la famille. De magnifiques reliefs sculptés sur ses portes représentaient de jeunes sorciers portant l’écusson du grand Salazar. Suivant du bout des doigts les gravures, la rousse se demanda depuis quand cette lingère avait été mise au rebut. Elle l’ouvrit en grand. Accrochées dans la penderie, plusieurs robes emballées dans des housses transparentes y étaient rangées, Lily ne put s’empêcher d’en décrocher une. Il s’agissait d’une robe de soirée. La jeune fille qui en avait été la propriétaire, avait dû être un peu plus grande qu'elle. Lily admira les fines dentelles à chaque encolure et les perles scintillantes sur le corsage. Le vêtement avait parfaitement été conservé car d’après sa coupe la benjamine de l'élu estima qu’elle devait dater du temps de ses grands-parents. Lily la sortit précautionneusement de sa protection et cédant à un pur caprice elle l’enfila par-dessus le leggings moldu qu'elle portait. L'adolescente avait entrevu à son arrivée une psyché vers lequel elle se dirigea pour voir l’effet que cette tenue avait sur elle. Lily eut l’impression d’observer une autre personne. La jeune fille se mit à lisser la robe avec la main et sentit une irrégularité au niveau de la poitrine. Elle examina le bustier de plus prés et apprécia la broderie représentant deux couleuvres entrelacées de manière à former un cœur et à l’intérieur les initiales: A.B. A qui était donc cette robe et pour quelle occasion avait elle était portée ? Lily se mit à rêvasser, imaginant la jeune fille inconnue essayant sa tenue avant un bal auquel elle était impatiente d’assister. L'adolescente la voyait tournoyant devant la psyché, un doux sourire aux lèvres. Lily était bien loin de réaliser que la vérité était toute autre. Sans ôter ses nouveaux atours, elle reprit ses recherches dans la lingère. Elle passa rapidement en revue les vêtements pendus puis inspecta les étagères. Sur celle du haut, elle attrapa une corbeille remplie de rubans et divers accessoires pour se coiffer. Devant la propreté de chaque objet, Lily en vint à s’interroger s’il n’y avait bien que sa mère qui venait ici. Sur la seconde étagère, s’empilaient des perruques. Elle s’amusa un moment à toutes les essayer et elle s’admira longuement n’arrivant pas à déterminer laquelle lui convenait le mieux : la blonde aux cheveux gaufrés, la brune aux crawles tombant dans le dos, celle aux cheveux châtains très courts… Après maintes réflexions, elle décida que ses cheveux naturels lui convenaient tels quels. Reprenant le panier en osier, Lily se divertit alors telles les princesses de contes de fées moldues « Merci tante Hermione », à se parer pour je ne sais quel bal. Lily venait de réaliser un très joli chignon et de piquer des fleurs en soie blanche ornées de perles nacrées dans son épaisse chevelure quand Gipsy, l’elfe que ses parents employaient pour l’entretien de leur demeure de Londres l’appela : « Miss Lily, vous avez de la visite. Nous sommes dans le salon » Lily baissa les yeux, toisant la robe qu’elle avait revêtue. Oh et puis par Morgane, qu’importe ce que son ou sa visiteuse pourrait penser, elle se résolut à descendre au salon ainsi.
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