Venenius S Prince est dédié à Diane37 qui a relu et corrigé ce chapitre. Bonne lecture ^^

*** 18 – Le soutien d’Ella ***

Phineas scruta sa sœur comme s’il la voyait pour la première fois. Ses poings se crispèrent, son regard se durcit. Une colère sourde et aveugle s’empara de lui et le verre de whisky pur feu qu’il tenait encore explosa. Isla avait considérablement blanchi et ses grands yeux apeurés lui donnaient l’air d’une biche effarouchée. Phineas s’obligea à respirer calmement et c’est d’une voix tendue qu’il s’écria :

« Un moldu. Bon sang Isla. Tu as toute la bonne société sorcière à tes pieds et il a fallu que tu t’amourache d’une engeance pareil. Mais que vais-je donc pouvoir faire de toi ? Et les Avery ? »

Le jeune homme se prit la tête dans les mains en proie à un ahurissement incommensurable.

« Si encore ton choix s’était porté sur un autre sang-pur. J’aurais pu convaincre Arcturus mais là… Misère, Isla… Un moldu. Un pitoyable être sans magie.
- Allons Phin’, tenta la jeune femme. Les moldus ne sont pas tels que nous les ont décris nos aînés. Bob est quelqu’un de fantastique et je suis certaine qu’en d’autres circonstances vous auriez pu devenir ami.
- Moi, ami avec un moldu, cracha l’aîné des Black. Tu prends tes rêves pour des réalités. »

Phineas se laissa choir sur un fauteuil et le regard perdu dans le vague, réfléchissait à ses options. Son éduction le poussait à tout avouer au chef de famille mais Arcturus était un être froid et insensible. Il ne se contenterait pas de renier Isla. Il lui ferait payer son affront au centuple. Si encore c’était Licorus qui décidait, Isla aurait eu plus de chance d’en sortir indemne. Le jeune homme n’avait pas le droit à l’erreur. Il ne pouvait malgré sa répugnance pour les actes de sa cadette se résigner à la voir souffrir plus que nécessaire. Il ne voulait pas rajouter à la culpabilité que la mort de Sirius lui avait laissée. Ce fut sur un ton plus doux qu’il demanda :

« Isla, j’aimerais que tu me réponde franchement. Pourquoi es-tu revenue ? Tu es majeure. Tu aurais pu partir sans que personne n’aurait rien pu y faire, alors pourquoi ? »

L’interpellée eut un pâle sourire et pesa ses mots avant de déclarer :

« Je voulais vous revoir une dernière fois. Je sais que par mon mariage avec Robert je ne serais plus admise dans la bourgeoisie sorcière et … j’avais besoin de faire mes adieux à ceux que j’aime, avoua sa benjamine des larmes perlant entre ses cils. Je comptais m’en aller après tes noces avec Ursula. »

Phineas se caressa le menton, songeur. Il se leva et se mit à arpenter la pièce de long en large.

« Il va falloir être très prudent pour que personne ne soupçonne ton état. Il faut que tu disparaisses avant qu’Ursula et moi nous nous éclipsions pour notre nuit de noce. Es-tu sujette aux nausées chaque matin ? »

Isla hocha la tête. La jeune femme avait encore le cœur qui battait à tout rompre tant l’angoisse qu’elle avait ressentie était immense.

« Je vais envoyer un hibou à Venenius Prince. Il nous fournira des potions contre tes envies de vomir. C’est un expert en potion et je suis certain qui nous procurera ce qui est bon pour ta grossesse. Il me doit un service et n’ai crainte il tiendra sa langue, ajouta Phineas avec un sourire mauvais. Tu vas monter te reposer quand mère et Arcturus rentreront je dirai que j’ai fait venir le médicomage Princhet et qu’il dit que tu as attrapé un coup de froid. »

Deux jours plus tard, une chouette lapone tapa à la fenêtre de la chambre d’Isla et déposa un colis sur le couvre-lit en crochet. D’une main tremblante, la brunette l’ouvrit et y découvrit plusieurs fioles et une note manuscrite.

Ce colis vous est adressé par les soins de mon ami Phineas Nigellus Black qui est resté très discret sur votre identité. Qui que vous soyez, sa maîtresse ou autre voici les potions que je lui ai promis. Dans les fioles bleues, ce trouve un remède contre les nausées. Dans les fioles blanches ce sont des potions fortifiantes et pour finir dans les vertes des potions qui s’avéreront efficace contre les vertiges. Rassurez-vous elles sont compatibles avec la gestation. 
Vous direz à Phineas que je considère que nous sommes quittes.

Bien à vous.
Venenius, Severus Prince.

Isla regarda la chouette s’éloignait dans le ciel rougeoyant de ce début du jour. Elle soupira et se décida à descendre à la salle à manger pour le petit déjeuner. Isla ne pouvait guère prétendre à une nouvelle journée dans sa chambre pour un simple rhume. Elle remit en place sa robe ample à la taille et vérifia dans la psyché son reflet. Elle grimaça on commençait à apercevoir un petit ventre. Elle haussa les épaules et descendit. Arcturus installé en bout de table lisait la gazette en buvant son café noir. Elladora assis à sa gauche sirotait sa tasse de thé en minaudant et Ella tartinait distraitement sa tartine de confiture. Isla vint embrasser sa mère et salua du bout des lèvres sa sœur et son oncle qui ne daigna pas lever les yeux de son journal. Par contre à la grande déception d’Isla, Elladora l’observa d’un ton pincé tandis qu’elle s’asseyait et remplissait sa tasse de chocolat.

« Tu devrais penser à te mettre au régime, se moqua Elladora. Tu as grossi. »

Sa benjamine serra les dents prête à lui lancer une réplique cinglante quand le maître de maison, posant enfin son quotidien sur la table en répliquant d’un ton mesquin :

« Dora a raison. Vous devriez arrêter de vous goinfrer Isla si cela continue votre futur fiancé ne voudra plus de vous tant vous ressemblerez à une grosse rombière.
- Allons Arcturus, intervint Ella. Oseriez-vous me dire cela ? Je mangeais autant qu’Isla au même âge et pourtant Cygnus m’a toujours trouvé à son goût.
- Certes non Ella. Vous étiez une jeune fille magnifique et les années et la maternité n’ont rien ôté à votre charme. »

Ecœurée par tant d’hypocrisie, Isla se leva et partit dans le petit salon où elle savait que sa mère la rejoindrait. Ce qu’elle ignorait alors c’est qu’Ella forte de ses quatre enfantements avait parfaitement compris l’état de sa fille. Celle-ci attendait que sa benjamine se confie.

Ella envoya Dora chez sa tante Misapinoa sous un prétexte fallacieux tandis qu’Arcturus partait à Gringotts où il avait rendez-vous avec un Gobelin pour faire le point sur ses investissements. Puis elle entra dans le salon bleu où elle trouva Isla qui essaya de lui cacher ses larmes. Ella éprouva un élan de tendresse pour sa dernière-née. Son éducation et son rang ne l’avait jamais incité à être démonstrative envers ses enfants pourtant elle vint s’asseoir près d’Isla et lui caressa tendrement les cheveux.

« Allons ma fille quoi qui te mette dans cette mauvaise dispositions cela ne peut être si terrible que cela. »

Les sanglots de la jeune fille redoublèrent, Isla se jeta alors contre sa mère qui l’enlaça et la berça. Les deux femmes restèrent ainsi un long moment et quand les pleurs de sa fille se furent taris, Ella dérogea à ce qu’elle s’était fixé.

« Isla, commença t’elle en relevant le menton de sa fille. Attendre un enfant est quelque chose de merveilleux.
- Oh, mère, riposta la brunette alors que tout son sang se retirait de ses joues.
- Isla, secoues-toi. Ce marasme ne te ressemble pas. Je t’ai toujours trouvé combattive même trop pour ton propre bien. Tu attends un enfant, soit. Tu n’es pas mariée, nous activerons tes noces. Où est le problème ?
- Oh mère, répéta Isla . Cet enfant n’est point celui de mon futur époux.
- Et alors tu épouseras le père de ton enfant en secret. Cela fera scandale quelque temps mais la famille Black est assez influente pour que tu ne sois pas mise au banc de la société. Pour tes fiançailles avec Bertram, je verserais de mes propres biens une compensation conséquente. Je me chargerai du courroux de mon mari. »

Isla eut un élan de reconnaissance envers sa mère et Phineas qui tous deux, à leur façon, cherchaient à lui aplanir les difficultés. La jeune fille renifla fort peu élégamment et d’une voix chevrotante reprit :

« J’ai déjà épousé le père mais… C’est un moldu. »

Ella ferma les yeux. Sa benjamine se tut dans l’attente de sa réaction. Après un instant qui sembla durer des heures pour Isla, la maîtresse des lieux répondit :

« Ma pauvre enfant. Tu n’auras jamais rien fait dans les normes. C’est ton choix Isla. Mes propres parents étaient assez tolérants et je n’ai pas été éduquée comme vous dans la haine des sang-mélés, des sang-de-bourbes ou des moldus. Mais tu sais que les Black, eux, n’accepteront jamais cela. 
- Je rejoindrai Bob dès le mariage de Phin’.
- Alors je profiterais de chaque instant où tu seras encore ma fille car après ton départ… »

La voix d’Ella se brisa sur le dernier mot et les deux femmes s’étreignirent de nouveau comme si leurs vie en dépendait.

Aucune des deux ne vit la porte qui avait été entrouverte se refermer, ni l’ombre qui s’esquiva en rasant les murs du couloirs.

Phineas s’ennuyait fortement. Sa grand-mère, Magenta avait exigé sa présence pour lui montrer tous les détails de sa cérémonie de mariage. Et comme pour chaque héritier, le clan Black n’avait pas lésiné et avait invité la presque la totalité des sang-purs du Royaume-Uni . Le seul avantage songea le jeune homme c’était qu’avec tout le monde présent ce jour-là, personne ne s’enquerrerait tout de suite de la disparition d’Isla. Un sentiment de malaise s’engouffra dans ses entrailles quand il repensa à sa petite sœur. Après la mort accidentelle de Sirius et les longs mois où la fillette lutta pour survivre, Isla était devenu le seul rayon de soleil de l’adolescent qui s’était considérablement refermé sur lui-même, la culpabilité le rongeant de l’intérieur. Il s’était alors promis de tout faire pour rendre celle-ci heureuse quel qu’en fut le prix, une sorte de dédommagement pour tous les tors qu’il avait pu avoir.

Dans une des chambres du square Grimmaurd, une personne se demandait que faire des informations qu’elle venait de découvrir. Une lueur de vengeance apparut dans ses yeux bleus-verts.