*** 7- La boite à souvenir d’Ella Black ***

Mercredi 12 juillet 2023

Lily avala son petit-déjeuner au lance-pierre, impatiente de tester le pendentif que sa tante lui avait apporté. Elle dut se faire violence pour répondre calmement à sa mère qui partant trois jours afin de couvrir la finale de la coupe d’Angleterre de quidditch lui avait demandé de l’aider à préparer ses bagages. Ginny quant à elle aurait très bien pu les faire d’un simple mouvement de poignet avec sa baguette mais sachant que sa benjamine passerait la plus grande partie des journées suivantes seule, elle tenait à passer un peu de temps avec elle. D’ordinaire la jeune Serdaigle aurait été aux anges d’avoir une conversation mère fille. Lily appréciait énormément son père et ses frères mais elle avait une complicité encore plus intense avec sa mère enfin jusqu’à ses derniers mois où la demoiselle s’était aperçue qu’elle était amoureuse du meilleur ami d’Albus. Comment Lily aurait elle pu dire à sa mère qu’elle avait le béguin pour Scorpius alors que tous s’attendaient à ce qu’il sorte avec Rose .En tous les cas, pensait Lily en pinçant les lèvres c’était ce qu’affirmait sa cousine à qui voulait l’entendre. La jeune fille ne voulant pas gâter le plaisir de sa mère fit contre mauvaise fortune, bon cœur et bavarda de choses et d’autres jusqu’à son départ puis sitôt que Ginny eut transplané une fois sur la place, Lily s’empressa de monter dans les combles.

La rouquine eut un magnifique sourire quand elle repassa prés de l’imposante armoire en acajou. Décidemment, pensa t’elle, il faudrait vraiment qu’elle la montre à Albus. Lily scruta chaque objet autour d’elle. Pour la première utilisation qu’elle ferait du Revelare Memoriis, elle ne pouvait décemment pas prendre n’importe quel objet. Elle eut un sourire en apercevant un parapluie violet avec des pompons roses accrochés aux bouts de chaque baleine. Si ses souvenirs étaient exacts c’était James qui avait accidentellement métamorphosé la batte de leur cousin Louis en cette chose répugnante comme l’avait qualifié Dominique sous les gloussements de Victoire et les rires amusés d’Harry et de Bill. Lily alors âgée de six ans se l’était approprié et avait longtemps joué avec, avant de le délaisser dans un recoin de sa chambre.

Reprenant ses recherches, l’adolescente fouilla dans plusieurs malles, quand elle fut intriguée par une petite boite blanche en forme de cercueil posée en haut d’une lingère. Sachant qu’elle n’avait normalement pas à utiliser la magie et qu’elle s’apprêtait déjà à enfreindre la loi en utilisant le pendentif, Lily dut se résoudre à grimper sur un vieux fauteuil poussiéreux pour pouvoir l’atteindre. 

Chancelant légèrement, Lily poussa un soupir de soulagement quand sa main se referma sur le coffret et elle sauta sur le parquet. La fille du survivant écarquilla les yeux en déchiffrant les inscriptions sur le couvercle patiné par les ans du petit coffre : Sirius Black 1845-1853 

Le seul Sirius que Lily connaissait de nom, était le parrain de son père mais ce ne pouvait être lui car les dates ne correspondaient pas. L’adolescente caressa l’angelot cisaillé dans le bois. La personne l’ayant sculpté que ce soit par magie ou manuellement avait dû y mettre toute son application et l’avait travaillé avec amour. Pour en avoir le cœur net la rouquine descendit dans le salon où était accrochée la tapisserie de la famille Black. Sa mère lui avait appris que c’était la seule chose avec le portrait de Phineas Nigellus qui n’avait pas changé au square Grimmaurd depuis des générations. Après leur mariage Harry et Ginny avait bien envisagé de l’ôter du mur après tout si Bill et Hermione avaient réussi à se débarrasser du portrait de Mrs Black malgré le sortilège de glue perpétuelle ils auraient certainement pu en faire autant avec la tapisserie mais cependant le survivant n’avait pu s’y résoudre et avait même embauché un tapissier magique qui l’avait restauré en y réintégrant ceux qui avait été brulés et complété en y ajoutant la branche Weasley et les Lupin. A chaque fois qu’Harry y posait les yeux, un sourire malicieux éclairait son visage tandis qu’il pensait à la tête que ferait Walburga si elle le savait.

Lily remonta l’arbre généalogique et découvrit que le Sirius en question, premier du nom, n’était autre que le frère de Phineas Nigellus. La jeune fille aurait très bien pu aller questionner celui-ci pour en savoir plus mais Phineas avait la fâcheuse tendance, au goût de la Serdaigle, à être grognon et désagréable. Elle en arrivait même à se demander pourquoi ses parents l’avaient conservé et puis si elle voulait être franche avec elle-même elle voulait impérativement essayé le sort de révélation de souvenirs. Elle savait qu’étant la seule dans la maisonnée à avoir encore la trace le ministère pouvait lui créer des problèmes mais la jeune fille misait sur le fait qu’elle était la fille du célèbre Harry Potter et que ayant de nombreux cousins et cousines venant régulièrement en vacances chez eux le ministère fermerait les yeux.

Lily passa ses doigts le long du couvercle afin d’en trouver l’ouverture. L’adolescente supposa que le coffret n’avait plus été ouvert depuis de nombreuses décennies. La benjamine de la famille Potter commença par en répertorier le contenu : plusieurs portraits miniatures, une longue mèche de cheveux brune, une chaine en argent avec un médaillon gravé d’un S et un B entrelacé avec les armoiries de la famille Black, une baguette n’ayant certainement pas pu avoir appartenu au petit Sirius, un petit soldat en plomb qui s’il était comme ceux de James avait du être enchanté pour reconstituer de sanglantes batailles, quelques lettres dont le parchemin dégageait une senteur de lavande mêlé à l’odeur caractéristique de tous papiers jaunis et vieillis par les ans retenus par un ruban de satin noir, un petit carnet recouvert de dessins d’enfant, les souvenirs de toutes une vie bien trop vite écourtée.

Un pincement au cœur étreignit l’adolescente le jeune garçon n’avait pas plus de huit ans quand la mort l’avait saisit. Reposant le carnet Lily décida de mieux regarder les portraits et de s’aider de la tapisserie des Black pour situer les personnages. La première miniature représentait une femme et trois jeunes enfants : Ella Max Black, Sirius, Phineas et Elladora. La jeune mère visiblement enceinte et proche de l’accouchement, malgré la lassitude que l’artiste avait parfaitement saisi gardait un air fier et couvait sa progéniture d’un regard attendri. Les deux garçons côte à côte posaient dans une attitude toute militaire déjà conscients de l’importance que leur conférait leur statut de sang pur dans la bourgeoisie sorcière. La fillette ayant approximativement trois ans bien qu’ayant un air bravache et hautain serrait contre sa poitrine une poupée et tenait la main de sa mère. Le second portrait représentait Sirius certainement quelques mois avant son décès. Vêtu d’une robe de sorcier sombre mais orné de dentelles blanches aux encolures, il avait dû fixer le peintre avec tristesse ou ennui car il se dégageait du tableau une profonde mélancolie, ses soyeuses boucles brunes qu’il portait jusqu’au épaules retombaient en cascade et tranchaient avec son teint de porcelaine, un pâle sourire animait son si doux visage. Lily s’interrogea sur ce qui avait pu rendre le garçonnet si triste. Le troisième tableau représentait les trois aînés de Cygnus et Ella mais peu de temps après la naissance d’Elladora. Sirius et Phineas, calcula Lily devaient être âgé respectivement de cinq et trois ans et le dernier un peu plus grand que les autres, représentait Ella et Cygnus qui portait dans le creux de son bras un nourrisson âgé de quelques semaines. La sorcière paraissait beaucoup plus jeune que sur la première miniature aussi Lily en déduisit que le nouveau-né ne pouvait qu’être l’infortuné Sirius. 

La jeune Serdaigle saisit ensuite les lettres, dénoua le satin et ouvrit la première missive écrite à l’encre noire un peu effacée par le temps. 

Très chère mère.

Je sais que depuis mon mariage, que vous aviez fortement réprouvé je ne vous ai guère donné de mes nouvelles, de nos nouvelles car quoique vous en pensiez Cygnus est désormais votre gendre et le père de votre premier petit enfant. 

Oui mère, vous êtes désormais grand-mère et j’espère que vous serez mettre de côté toute la rancœur que vous avez à mon égard et contre Cygnus pour jouer votre rôle auprès de notre petit Sirius, Cygnus Black. 

Il est né à la tombée du jour alors que l’astre dont il porte le nom, comme le veut la tradition familiale de mon époux, venait de se lever en cette soirée du douze avril mil huit cent quarante cinq. Il pesait presque cinq livres et a le même nez que père. 

J’espère recevoir prochainement de vos nouvelles et vous assure de toute mon affection

Votre fille dévouée 
Ella

Lily qui avait un faible pour l’astronomie m’avait pu s’empêcher de sourire et de trouver très poétique la façon dont Ella avait évoqué la naissance de son premier né d’une belle écriture calligraphiée. La rouquine replia la lettre et prit la seconde.

Très chère mère,

Après toutes ses années, je doute fort que vous répondiez à cette lettre et tout comme la naissance de mon petit Sirius ne vous a pas émue je doute que celle de mon second fils vous concerne. J’estime cependant qu’il est de mon devoir de vous informer que Cygnus et moi avons eu la joie de voir notre foyer s’agrandir avec la naissance de Phineas Nigellus. Si Sirius âgé à présent de deux ans est un bel enfant très calme et que sa venue au monde fut très discrète celle de son cadet fut tout autre. Bien qu’il n’ait pas encore un mois Phineas a déjà un caractère bien trempé et depuis sa naissance s’entend à ne pas faire oublier sa présence une seule seconde comme si le but de son existence était d’attirer tous les regards sur lui. Cygnus dit de son fils qu’il ira loin et qu’il fait déjà preuve de son besoin de reconnaissance. 

Sirius, lui a toujours était silencieux, même un peu trop parfois. C’est un enfant doux et rêveur qui aura le plus grand besoin de s’endurcir pour affronter la vie. Son père se chargera de son éducation dès ses trois ans. 

Voilà vos petits-enfants se portent comme des charmes et espèrent encore faire votre connaissance. 

Votre fille Ella

Posant le parchemin qui comme pour la première était barrée d’un retour à l’expéditrice au verso, Lily éprouva de la pitié pour la jeune épouse de Cygnus qui à travers ses deux faire-part de naissance laissait transparaitre la peine que lui causait sa mère en refusant et en reniant son mari et ses enfants. L’adolescente continua sa lecture. 

Très chère mère,

Une fois encore, je vous écris en espérant cette fois recevoir une réponse, même si ce n’est que pour exprimer votre dégoût ou votre colère. Vous êtes de nouveau grand-mère d’une petite princesse que mon époux à prénommée Elladora accolant mon propre prénom à celui de sa mère. De mes trois enfants c’est la seule qui a les cheveux clairs et je trouve qu’elle vous ressemble. 

Cygnus est ravi qu’après deux garçons nous ayons une fille il est déjà en train de projeter ses futures noces. Nous avons bien le temps. A son habitude Sirius n’a montré ni joie, ni tristesse à la venue d’un autre enfant. Phineas tant qu’il obtient l’attention de son père se moque royalement du reste et ne réserve sa jalousie et sa hargne qu’à son aîné. 

La porte de notre demeure vous reste ouverte. 

Affections Ella

Lily prit les deux lettres restantes, intriguée par leur contenue. D’après la généalogie de leur famille Sirius était mort la même année où sa sœur Isla était née. Mais était-il mort avant ou après sa naissance et que c’était il passé? Etait-il mort d’une maladie ? Ella le décrivait comme un enfant calme et réservé serait-ce le signe d’un enfant chétif ou tout cela cachait-il autre chose ? Serait ce un secret de famille bien enfouie ? Un squelette dans le placard ?
Lily décida que si les prochaines missives ne lui dévoilaient pas ce mystère, elle utiliserait le cadeau d’Andromeda et d’Hermione.