Jeudi 7 août 1980
Lucretia suivit Ophélia dans l’immeuble. Elle n’y avait encore jamais mis les pieds. C’était toujours Fabian et Gidéon qui venaient habituellement dans leur demeure du Northampton. Mais quand la fiancée de son neveu l’avait suppliée de venir, sachant les deuils ayant déjà touchés ceux qu’elle considérait comme ses deux garçons, elle n’avait pas hésité et tant pis pour les convenances et pour l’agrément de la famille Black. L’intérieur était petit mais coquet et surtout très propre. Cela rassura Lucretia. Gidéon, le visage fermé, était assis près de Sirius Black. Tandis que Fabian était accoudé à la cheminée, le visage impénétrable, seuls ses yeux trahissaient ses émotions. Lucretia eut un mouvement involontaire de recul. Elle n’avait pas revu son neveu depuis le noël précédant son départ chez la famille Potter. Elle l’observa longuement. Il avait les yeux caractéristiques des Black, ses cheveux tombaient soyeusement sur son cou. Il arborait un air froid et colérique contrastant avec la douleur muette étincelant dans ses prunelles grises. « Asseyez-vous ma tante, invita Fabian en lui désignant un fauteuil. - Je sais que vous ne voyez que rarement votre belle-sœur ou votre cousine. J’ignore comment vous la considérait, s’excusa le jeune homme mal à l’aise, enfin bref… - Ce que Fabian essaie de vous dire "ma tante", intervint Sirius en insistant sur l’appellation avec ironie, c’est que ma mère a caché à tous, la disparition de mon "cher frère Regulus". -L’ordre ne le surveillait pas particulièrement, le coupa Gidéon craignant que les sarcasmes de Black enveniment le dialogue, cependant nous sommes à peu près certain qu'il faisait parti des Mangemorts et qu’il a dû disparaître entre décembre 1978 et février 1979. - Il est mort, annonça brutalement Sirius avec un mélange de dégoût et de douleur dans la voix. Cela nous a été confirmé lors de la dernière réunion. » Si elle n’avait pas été assisse, Lucrétia se serait probablement effondrée. Elle agrippa nerveusement l’accoudoir de son siège et blêmit considérablement. Sirius eut un élan de remord qu’il effaça bien vite alors que Fabian le houspillait pour son manque de tact.
Lundi 20 octobre 1980
Fabian jouait avec le peigne qu’Ophélia avait oublié quelques minutes plus tôt alors qu’une bonne partie de l’ordre avait été prié de partir. Il ne restait dans la pièce que Black, Lupin, Pettigrow, Dumbledore, Maugrey, Gidéon et lui. En bref, il n’y avait dans la pièce que les personnes sachant qu’une prophétie avait été dite. Gid’ et lui en ignoraient la teneur et il était pratiquement certain qu’à part le directeur de Poudlard, aucun d’eux ne la connaissait ou du moins pas entièrement. Dumbledore prit la parole : « Les Londubat se sont cachés chez de la famille éloignée. Et les Potter refusent encore d’être mis sous Fidelitas. » Le sorcier remonta ses lunettes en demi-lune et jaugea chaque personne présente. Je ne vous cache pas que je reste inquiet. Fabian, Gidéon, il y a un traître parmi nous, vous connaissez presque tous les membres, surveillez le moindre signe suspect. » Les frères Prewett acquiescèrent puis Dumbledore leur signifia leur congé. De son côté, Lily avait regardé la scène avec des yeux exorbités. Quand sa tante Hermione lui avait donné la pierre, elle n’aurait jamais imaginé en découvrir autant sur sa propre famille. Elle aurait aimé pouvoir rester à cette réunion mais déjà le souvenir changeait. Elle eut juste le temps d’entendre le directeur demander aux maraudeurs d’essayer de convaincre Lily et James.
Vendredi 28 novembre1980
Ophélia préparait le repas tandis que Fabian et Gidéon de retour de mission discutaient à voix basse de celle-ci. Elle n’y prêtait d’ailleurs qu’une oreille discrète.
« Maugrey a eu Karkaroff. Son procès commencera dès demain. Croupton a accéléré la procédure, déclara Fabian. - Hé bien après six mois de traque, Fol Œil doit être heureux ! répondit son cadet avec un sourire moqueur mais une lueur de soulagement dans le regard. - J’ai vu James ce matin. Il en a assez de se cacher. Il a l’impression d’être un lâche. - Ce qui serait lâche, riposta aussitôt Gidéon, ce serait d’abandonner la sécurité de son enfant. »
Mardi 2 décembre1980
Ophélia prenait le thé avec Lucrétia. Elle préparait le mariage de l’héritier Prewett et de la jeune fille prévu pour le printemps suivant. Lucrétia présenta à sa future nièce divers échantillons de tissus. La jeune fille s’approcha et toucha la première étoffe, qu’elle fit tomber. Aussitôt Lucrétia se pencha pour le ramasser et un pendentif déborda de son corsage révélant une améthyste. « Regarde, souffla Lily à Scorpius. - Par Merlin dit-il alors que la jeune Potter sortait la copie exacte du collier de son propre chandail. » Mercredi 10 décembre1980
Ophélia se jeta dans les bras de Fabian. Elle avait entendu sur RITM qu’une échauffourée avait eu lieu sur le chemin de Traverse et à travers les commentaires du journaliste, elle en avait déduit que l’ordre y était aussi. Et l’état et la grimace qu’eut Fabian en la réceptionnant, ne fit que le lui confirmer. « Tu es blessé, s’alarma-t-elle, fébrile et commençant à le dévêtir. - Ce n’est rien juste une éraflure, Poppy m’a rafistolé .Maugrey a eu moins de chance. Il lui manque une partie de son nez. Les Aurors ont eu Rosier et Wilkes. » Ophélia maugréa en cet instant que pouvait lui faire la mort de deux Mangemorts ou même du nez de Fol Œil alors que jour après jour son futur mari risquait sa vie. Elle venait d’apprendre qu’elle était enceinte. Elle fondit en larme sous le regard d’incompréhension du jeune homme. Lundi 22 décembre1980
Ophélia avait passé le week-end au Terrier. Molly attendait son septième enfant et sa grossesse la fatiguait énormément surtout avec ses six autres diables. La jeune femme caressa son ventre encore plat et regarda celui de sa belle-sœur qui n’était pas encore visible également. Les deux prochains descendant Prewett naîtront avec seulement quelques semaines d’intervalle. Ophélia sourit dès que Fabian reviendrait de mission elle lui annoncerait la nouvelle. Mardi 23 décembre1980
Il était encore tôt quand une personne franchit les barrières de protection du Terrier. Mais aussitôt les adultes présents furent sur le qui vive. Quand Ophélia et Molly aperçurent Albus Dumbledore, elles tremblèrent. L’air sinistre qu’arborait le dirigeant de la résistance parlait pour lui. Et dans le lever du jour, alors que presque partout on préparait le réveillon de Noël, le Terrier se remplit de plaintes et de sanglots.
Vendredi 26 décembre1980
Le noël des Weasley avait été morne. Les enfants avaient vite compris que l’ambiance n’était guère à la fête. Ce fut Bill et Charlie, âgés respectivement de dix et huit ans, qui s’occupèrent des plus jeunes avec l’aide de la vieille tante Muriel. A présent Ophélia, se tenait raide devant leurs cercueils. Telle une veuve éplorée, n’essuyant même plus les larmes sur son visage si blême de son petit mouchoir en dentelle. Molly ne l’avait jamais beaucoup appréciée, la trouvant trop guindée, mais ce funeste matin, malgré son propre chagrin qu’elle étanchait sur la robe d’Arthur qui la serrait dans ses bras, elle eut pitié de la jeune sorcière. Ce funeste matin, Molly enterrait ses frères Fabian et Gidéon. Ophélia ,elle, enterrait Fabian et leurs rêves d’avenir ainsi que l’enfant qu’elle avait perdu à l’annonce de leurs morts. "Oh ! Fab et Gid, à quoi sert d’être morts en héros quand on laisse un tel gâchis…" songea la matriarche Weasley *
Vendredi 21 juillet 2023
Lily et Scorpius atterrirent un peu brutalement sur le plancher du grenier. En bon gentleman, le beau Serdaigle amortit la chute de Lily et ils se retrouvèrent plaqués l’un contre l’autre. Les émotions d’Ophélia tournoyaient encore dans leurs esprits. Lentement Lily approcha sa main de la joue de Scorpius et le caressa. Malgré la sensation rassurante de ce toucher, elle avait l’impression que c’était lui qu’elle venait d’enterrer. Elle secoua la tête comme pour remettre ses idées en place. Scorpius n’osait plus respirer. L’espace d’une fraction de seconde, il avait eu envie d’embrasser la petite sœur de son meilleur ami. Il se dégagea tant bien que mal et aida Lily à se relever. « Nous devrions peut-être arrêter nos excursions dans le passé. » Peu convaincue, Lily eut une moue mi-figue mi-raisin. Il s’écoula une semaine avant que les deux adolescents se décidèrent à retourner dans les combles. Scorpius, perplexe sur les sentiments éprouvés pendant leurs derniers sauts temporels, avait bien tenté quelques recherches mais la bibliothèque des Potter ni même celle des Malefoy n’avait pu le renseigner. Après une longue discussion avec Lily, ils avaient convenu de refaire un essai puis d’en parler à Hermione si le phénomène persistait. |