*** 22– Rencontres et doutes ***
Vendredi 3 septembre 1954
Cedrella secoua la tête, soupirant avec nostalgie. Elle reprit la chemise qu’elle raccommodait et piqua de nouveau son aiguille dans le tissu. Elle sursauta quand des lèvres froides vinrent se poser sur sa joue et lâcha une nouvelle fois son ouvrage. Septimus lui sourit et l’aidant à se lever l’enlaça dans ses bras musclés. Il l’embrassa tendrement puis desserrant son étreinte lui demanda :
« Tu m’as l’air bien songeuse ? - Oh ! répliqua son épouse, une légère rougeur colorant ses joues, j’étais perdue dans nos souvenirs. Tu sais, à Poudlard. »
Et tandis qu’elle servait le repas de son époux, elle se remémora sa cinquième année au collège de sorcellerie.
Jeudi 7 avril 1932
Cedrella se laissa tomber sur les cousins installés sur le sol de la salle sur demande. Elle soupira : entre ses cours, ses révisions pour ses Buses et la surveillance quasi constante de Callie, l’adolescente n’avait pas revu Septimus depuis deux semaines. Elle avait dû demander une faveur à sa cadette Charis qui était en troisième année désormais. Cedrella savait que sa jeune sœur avait le bagout nécessaire pour tenir occupée Callidora une heure ou deux.
Cedrella songea que dans deux mois il lui faudrait faire ses adieux à Sept puisqu’il achèverait tout comme Callie sa scolarité à Poudlard, et son cœur se serra horriblement à cette pensée.
Septimus entra à son tour dans la salle sur demande et eut un sourire radieux en apercevant Cedrella. La petite fillette intimidée et un peu gauche s’était transformée en une gracieuse adolescente calme et douce. Elle n’était elle-même que lors de leurs têtes à têtes. Septimus nourrissait à l’égard de la jeune Black de profonds sentiments amoureux depuis déjà de longs mois mais il n’avait jamais osé se déclarer. Une tristesse infinie l’oppressa. Leur famille et les Black en particulier ne toléreraient jamais leur romance.
L’adolescent vint s’asseoir près de la Serpentard et ils commencèrent à se chamailler gentiment comme lors de chaque rencontre ; pourtant bientôt des larmes roulèrent sur le visage de Cedrella qui se détourna. Septimus l’obligea alors à lui faire face, intrigué par le comportement de son amie.
« Ced, que t’arrive-t-il ? s’enquit-il d’une voix douce. - Rien… Je t’assure. - Cedrella Black, gronda faussement le rouquin en faisant de gros yeux. Allez Ced, dis-moi. On t’a importunée ? C’est Callidora ? continua t’il devant le silence obstiné de la brunette. - Non, je… riposta la vert et argent d’une voix chevrotante. C’est juste que… que… que je voudrais que cette année ne finisse jamais. »
Septimus enlaça la jeune fille qui cacha son visage contre son épaule. Puis le Gryffon lui redressa tendrement la tête et, du pouce, essuya les larmes qui coulaient encore.
« Oh, Cedrella ! soupira le jeune Weasley. Je sais parfaitement ce que tu ressens mais… »
Le rouge et or choisit soigneusement ses mots et reprit :
« Nous savions que ce jour arriverait Cedrella. C’est ainsi… Et… crois-moi, j’ai autant de peine que toi. - Je ne veux pas, s’écria violemment l’adolescente avec hargne. Je ne veux pas, reprit-elle alors qu’un nouveau flot de larmes ravageait ses joues. Je…je… »
Et elle se jeta au cou de Septimus et déposa ses lèvres sur celles de celui-ci. Interloqué, Septimus mit quelques secondes à réaliser que la jeune fille l’embrassait. Il aurait voulu avoir la force de la repousser mais il l’aimait trop pour cela. Il resserra son étreinte et répondit à son baiser.
Mercredi 15 juin 1932
Cedrella et Septimus s’étaient de nouveau réfugiés dans la salle sur demande. Cependant le jeune homme arborait une mine sombre. Il s’en voulait d’avoir cédé à ses élans du cœur car leur future séparation ne serait que plus douloureuse. Weasley doutait d’un avenir commun avec la jeune Black. Cedrella avait le même type de pensées, mais elle se refusait à y songer et préférait profiter de l’instant présent. Confortablement installée entre les jambes du jeune homme, elle rédigeait son devoir de sortilège. D’une main distraite, le Gryffon caressait les boucles brunes de l’adolescente. Le temps s’égrenait ainsi sans qu’aucune parole ne vienne troubler ce calme apparent.
Pourtant quand Cedrella acheva sa rédaction, n’en pouvant plus de la tension sous-jacente qui se dégageait de son petit-ami elle dit :
« Sept, vas-tu me dire ce qui te contrarie. »
Le rouge et or la fixa intensément et finit par répliquer :
« Dans quinze jours l’année s’achève… - Et ? insista Cedrella. - Et nous ne nous verrons plus, bougonna le roux. »
Cedrella haussa les sourcils et mit ses mains sur ses hanches.
« Serais-tu en train de me dire que tu veux que nous rompions ? - Quoi ! Hein… Mais non… mais ta famille n’acceptera jamais que nous nous fréquentions et le reste de l’année tu seras ici alors que moi… - Septimus Weasley, s’écria Cedrella rouge de fureur, Ici tu pourras m’envoyer des hiboux et puis… tu pourras toujours me rejoindre lors des sorties à Pré-au-Lard. - Oui mais et ta sœur et tes amies. - Callie ne sera plus là pour surveiller mon courrier et pour Pré-au-Lard si on se retrouve à la sortie du village, qui le sauras ? - Mais ils ne trouveront pas cela bizarre que tu t’absentes ? »
La vert et argent eut un rire moqueur.
« Et que crois-tu que mes sœurs et mes amies pensent quand je te rejoins ici ? Elles savent bien que je vois un garçon et tant que l’honneur et ma vertu sont saufs, personne ne trouvera à y redire… Par contre, vu comment Callie me suit, je crois qu’elle se doute que c’est toi. »
Septimus frémit.
« Fais attention Ced. Je t’en prie. - Rassure-toi. Elle n’a aucune preuve. »
Et pour convaincre son petit-ami, Cedrella l’embrassa langoureusement. br> De retour dans la salle commune des Serpentard, Cedrella soupira en voyant Callidora l’attendre de pied ferme. Charis lui adressa un discret sourire désolé. Cedrella inspira et expira profondément prit son air le plus innocent et s’avança jusqu’à ses sœurs. Callidora la saisit vivement par le bras et la tira sans ménagement jusque dans son dortoir où elle pria ses camarades de déguerpir. Dés que ce fut fait, Callidora jeta un sort de silence et houspilla sa cadette.
« Où étais-tu Cedrella ? Je suis certaine que tu étais avec ce minable de traitre à son sang de Weasley. - Tu as dû respirer trop de fumée de potion, rétorqua froidement la brunette. J’étais à la bibliothèque avec Isabella. »
Callidora la scruta suspicieusement retroussant inconsciemment le nez.
« Tu étais avec ce Weasley affirma hautainement la septième année. Ne crois pas me berner Cedrella Ursula Black. Tu ne croyais tout de même pas que je ne remarquerais pas tes absences répétées, les petits sourires que vous vous adressez quand vous pensez que personne ne vous regarde… - Et je t’affirme, Callidora Lysandra Black que j’étais avec Isabelle Mac Nair, répliqua sa sœur se félicitant in-petto d’avoir passé un marché avec Mac Nair pour qu’elle lui serve d’alibi. Tu n’auras qu’à lui demander. »
Cedrella se dégagea de la poigne de son aînée d’un geste vif, et sortit en claquant la porte. Elle se dirigea directement dans son dortoir où elle se laissa tomber dans son lit, son cœur battant la chamade.
Samedi 17 février 1934
Cedrella, impatiente, se rua vers la sortie du village. Elle espérait que Septimus ait réussi à se libérer, trois longs mois sans le voir. En un an et demi, ils ne s’étaient vu que peu de fois, les sorties à Pré-au-Lard étant trop rares mais toujours aussi amoureux ils entretenaient une correspondance régulière sauf les deux mois d’été où malheureusement tous contacts étaient proscrits. Le sourire de la jeune femme se fana quelque peu alors qu’elle songeait que ses études à Poudlard étaient presque achevées et qu’il leur faudrait alors trouver autre chose pour se voir.
La vert et argent emprunta un petit chemin sinueux et finit par arriver dans une petite futaie derrière laquelle elle retrouvait Septimus à chaque sortie. Celui-ci adossé contre un tronc se redressa en l’apercevant, ouvrant grand ses bras dans lesquels Cedrella se jeta.
Après maintes embrassades et mots doux, les deux jeunes gens s’assirent et discutèrent tous en se blottissant l’un contre l’autre et en se prodiguant milles caresses.
Cedrella était heureuse de retrouver son aimé mais elle devait aborder un sujet grave et elle ne savait comment l’introduire. Inconscient de ses tourments, Septimus racontait à la Serpentard ses débuts en tant qu’Oubliator. Cedrella bien qu’intéressée n’arrivait à répondre que par onomatopées.
Septimus finit alors par froncer les sourcils, trouvant la jeune femme bien peu loquace. Il l’examina attentivement et lui trouva un air fragile qu’il n’avait plus vu depuis la première année qu’elle avait passé à Poudlard. Il ne put que constater les larges cernes violacés et les traits anxieux de sa compagne. Septimus souleva la jeune et la reposa de sorte à ce qu’elle soit bien face à lui et d’une voix où transperçait son inquiétude s’enquit :
« Qu’il y a-t-il Cedrella ?. - Je… Oh, Septimus. »
Et Cedrella en pleurs se jeta contre son torse nouant ses fins bras autour de son cou tel un naufragé s’accrochant à une bouée de sauvetage. |