Lundi 7 mai 1934

Phineus, de part sa correspondance clandestine avec sa nièce Doréa, avait déjà une vue d'ensemble de ce qu'avait été la vie de Marius depuis ses onze ans. Il aurait parié le peu de galion qu'il possédait, que le jeune homme avait un sacré complexe d'infériorité, une rage mêlée de résignation contre l'injustice de sa vie et surtout aucune notion de ce qu'était le monde moldu.

Ce dernier point avait son importance pour Phineus car cela signifiait que Marius ne pourrait pas se débrouiller seul immédiatement. Car effectivement, Phineus voulait pousser son neveu vers les moldus. Un cracmol avait très peu de chance de trouver un travail ou même un peu de reconnaissance dans la société sorcière, mais un Black, de surcroit était un cracmol mort.

Il nota quelques une des choses à faire : déjà, faire enregistrer Marius à l'état civil moldu anglais afin de se procurer des papiers d'identité. Ensuite lui donner les bases pour se débrouiller chez les moldus, lui trouver un job, envisager des séances de psychothérapie...

Phineus se tourna vers sa belle-sœur et questionna :

« Quand votre époux compte-t-il jeter dehors ce pauvre bougre ?
- Marius aura dix-sept ans le quinze mai, répliqua Violetta en grimaçant du vocabulaire de son interlocuteur.
- Bien cela me laisse une semaine pour tout préparer. Je logerai votre fils le temps qu'il faudra pour qu'il puisse s'adapter aux moldus. »

Violetta grimaça de nouveau. « Vivre parmi les moldus » était à ses yeux un blasphème mais que pouvez donc envisager d'autre pour Marius.

« Il dormira dans mon canapé. La maison n'est pas très grande, continua Phineus en faisant fi des expressions faciales de Violetta. Je suis relié au monde magique, comme au monde sorcier ainsi ma cheminée est reliée au réseau de cheminette. A vous de me faire savoir si vous préférez envoyer Marius de cette manière ou si vous souhaitez que je vienne le chercher.
- J'aimerais que mon mari et mon fils Cygnus ignore où se trouve Marius.
- Craignez-vous des représailles ?
- Sait-on jamais !
- Bien, je viendrai donc le chercher si la date changeait, prévenez-moi.
- A vrai dire, j'aimerais que vous veniez la veille. J'ai peur de ce que pourrait faire Arcturus. Après tout il a envisageait de le tuer lorsque... euh... cela s'est su
- Aucun problème. Je suppose qu'il ne possède rien.
- Rien de matériel. Par contre j'ai économisé sur mon argent propre et je peux lui donner 500 galions. Je sais que ce n'est pas grand chose mais...
- C'est mieux que rien, la coupa Phineus. Vous m'avez apporté sa canne.
- Oui je n'ai d'ailleurs pas compris pourquoi.
- Juste pour la mesurer, ricana l'homme je pourrais ainsi lui en faire fabriquer une autre et lui fournir quelques vêtements décents. »

Violetta rougit face au sous-entendu. Le sorcier observa la canne, la mesura et la réduisit pour la rendre à sa belle-sœur.

Mercredi 9 mai 1934

Cassiopéïa s'était faufilé à la volière pour écrire à son amant. Elle soupira en songeant à quel point elle se languissait de lui. Il aurait voulu qu'elle vienne vivre avec lui mais la jeune femme n'en avait pas le cran et préférait croire qu'elle ne se rebellait pas pour sa mère qui avait déjà perdu un fils.

Son amant songeait à la quitter et elle voulait le voir pour l'en dissuader. Cassiopéïa regarda vers le jardin pour être certaine de ne pas se faire prendre et ne vit que Marius arrachant les mauvaises herbes.

Soudain, apparut Violetta, Cassiopéïa se hâta de ranger encre et parchemin. Elle n'aurait pourtant rien eut à craindre car sa mère savait tout de son idylle avec un né moldu, allant même jusqu'à lui fournir des prétextes pour s'absenter.

« Marius !
- Oui ? demanda t'il.
- Tiens-toi prêt à partir le quatorze. J'ai une personne fiable qui s'occupera de toi. »

Cassiopéïa écarquilla les yeux de surprise et s'aperçut que son frère semblait amorphe et que seuls ses yeux exprimaient de la reconnaissance.

Mardi 15 septembre 1936

Marius caché derrière un buisson observait sa mère. Il venait environ tous les deux mois pour l'apercevoir. De temps à autre, elle était accompagné de Cassiopéïa ou durant les périodes non scolaire, avec Doréa. Grace à Phineus, qui avait toujours des relations avec les sorciers, il avait accès aux nouvelles mondaines concernant sa famille. Ainsi il avait appris que son père avait fiancé Doréa à Charlus Potter.

Marius pensait que c'était pour éviter que sa jeune sœur fasse comme son aînée et refusa de prendre mari. Il en avait d'abord était choqué puis il avait réalisé que Doréa avait désormais seize ans et que chez lez sang-purs c'était monnaie courante d'arranger des unions.

Il regarda sa mère avec nostalgie puis se décida enfin à partir. Il regagna le petit appartement qu'il occupait depuis presque quinze mois. Il n'était pas très luxueux mais bien plus confortable que la cave dans laquelle il dormait chez ses parents.

Les premiers temps, lorsqu'il était arrivé chez Phineus, il avait eu du mal à dormir ailleurs que sur le sol. Il avait fallut énormément de patience de la part de son oncle pour qu'il dorme enfin dans le canapé et encore plus pour qu'il accepte de manger en sa compagnie.

Marius repoussa ses souvenirs et alla se doucher. Il suivait des cours du soir de gestion. Il rêvait d'ouvrir un jour sa propre librairie. Durant son calvaire, où il avait été aussi bien traité qu'un elfe de maison, ce qui lui avait le plus manquer après les besoins de bases telle la nourriture et l'hygiène, c'était les livres.

Son oncle lui avait donc trouvé un job, un mi-temps, dans une bouquinerie. Phineus avait expliqué le manque d'éducation de son neveu par un grave accident qui expliquait aussi sa claudication. Le libraire permettait parfois à Marius d'emprunter des livres en échanges d'heures supplémentaires. Au fil des mois un complicité vint à unir les deux hommes. Le libraire était veuf depuis quinze ans et son unique fille vivait en France. Marius éclairait sa solitude et peu à peu, Alfred Burnett, lui offrit un travail à temps plein et plus de responsabilités.

Alfred était un homme généreux, aussi sans en parler à Marius, avait-il contacté sa fille pour qu'à sa mort, elle lui cède sa bouquinerie. Elle avait reçu cette nouvelle avec bienveillance. Elle était médecin et n'avait que faire du petit commerce de père. C'était d'ailleurs le bouquiniste qui l'avait incité à prendre des cours du soir.

Samedi 3 décembre 1938.

Marius habitait toujours son petit appartement. Cependant, des cartons s'empilaient dans un coin, d'ici deux semaines, le jeune homme entrerait en possession de son nouveau logement, une maisonnette avec deux chambres.

Marius avait obtenu son diplôme de gestion en juin. Depuis lors, Alfred, son patron lui laissait gérer sa boutique de plus en plus souvent seul.

Le jeune homme de vingt et un ans, se coiffa méticuleusement. Il refit son nœud de cravate nerveusement sous le regard moqueur de Phineus.

Aujourd’hui était un grand jour pour lui. Celui de son mariage. Il épousait Carolyn Baker qu'il avait rencontrée huit mois plus tôt à la bibliothèque. Carolyn était fleuriste. Elle avait d'ailleurs veillé à toute la décoration florale de leurs noces. Alfred avait été choisi comme témoin ainsi que Lisbeth, la jeune sœur de la future mariée.

Phineus avait contacté Violetta pour lui faire part des épousailles de son fils. Elle avait donc envoyé un cadeau mais n'était pas venue. Phineus soupira. Il avait eu par contre la surprise de rencontrer une autre nièce, cousine de Marius, avec qui le jeune homme avait repris contact. Cedrella Weasley était présente avec son époux Septimus.

Les noces furent simples mais joyeuses et ce fut avec amusement que Marius franchit le seuil de leur appartement, avec la nouvellement Madame Black. Le cracmol s'excusa encore de devoir accueillir son épouse dans une aussi misérable demeure. Carolyn rit.

«  Qu'importe notre maison tant que nous sommes ensemble ! riposta la jeune épouse. »

Marius eut un sourire éblouissant et il l'embrassa passionnément. Après toutes les souffrances endurées, toutes les brimades, le manque d'affection..., il allait enfin construire sa propre vie et une nouvelle famille.

Lily et Scorpius sur ce dernier souvenir revinrent dans le présent. Curieuse de ce qui advint au cracmol, Lily interrogea quelques semaines plus tard Lysander à ce sujet. Le collecteur lui apprit que Marius et Carolyn eurent deux enfants et que leur arrière petit-fils était en dernière année à Poudlard, devenant ainsi le dernier des Black*. Après réflexions, Lily se rappela d'un certain Altaïr Black, assez réservé mais amical.

Mardi 15 août 2023

Scorpius avait repris la veille, les cours de gestion donné par son père. Maintenant qu'il était majeur Draco lui avait confié une partie du patrimoine Malefoy. Drago ne se souvenait que trop bien de la rigidité de son propre père à ce sujet et voulait éviter que Scorpius en souffre comme lui en son temps. D'un accord tacite, il n'évoquer jamais Narcissa qui restait un sujet de discorde entre eux.

A square Grimmaurd, Lily était donc tributaire du retour de son petit ami pour revivre les souvenirs. Alors qu'elle mangeait tranquillement son dîner en compagnie de son frère et de ses parents, un hibou tapa à la fenêtre. Ginny fronça les sourcils.

« J'espère qu'il ne te rappelle pas au bureau, rouspéta-t-elle à l'intention de son époux.
- En cas d'urgences, tu sais bien qu’ils prennent la cheminette. »

Ginny ouvrit le parchemin qu'elle lut avant de le tendre à son mari. La rouquine parut contrariée alors qu'Harry semblait juste perplexe.

« Al, laisse-nous s'il te plait, demanda Ginny. »

Albus grommela en reposant sa fourchette mais sortit tout de même.

« Lily, la lettre que nous venons de recevoir te concerne. Sais-tu de quoi parle-t-elle ? »

La jeune fille bien qu'en ayant une idée assez précise répondit négativement à son père.

« As-tu fait une demande d'apprentissage auprès d'un historien – archéomage ? Se renseigna sa mère.
- Ah ! Ça ! Euh...hé bien, oui pourquoi ?
- Pourquoi diable ne nous en as-tu pas parlé ? s'emporta Ginny.
- Euh... J'ignorais si je serais retenue comme candidate potentielle alors j'ai préféré attendre.
- Tu es vraiment sûre de ce choix ? s'enquit son père. Je sais que tu aimes bien l'histoire mais tu ne paraissais pas passionnée à ce point là.
- Oui Papa. J'aimerais réellement obtenir la place d'apprentie historienne puis devenir archéomage
- Et tes études ? reprit froidement Ginny. L'année prochaine, tu auras tes Aspic à passer. Comment comptes-tu passer tes week-ends en apprentissage, réviser tes cours et faire tes devoirs ?
- J'aviserais.
- Non Lily, c'est hors de question...
- Allons Ginny, temporisa Harry, si c'est ce dont rêve Lily... Nous devrions la laisser essayer ou au moins rencontrer ce... »

Il relut le parchemin et reprit :

« ce professeur Lynch pour voir comment il voit les choses. 
- Très bien, riposta sa femme avec mépris, puisque tu es d'accord avec elle... Nous irons voir ce Lynch. 
- Ouais ! Merci maman, fit Lily en l'enlaçant. »

Ginny sourit et rappela Albus pour finir le repas.

Scorpius revint peu après et Lily et lui montèrent au grenier. Ils prirent l'étui de baguette aux initiales PB.

Samedi 27 septembre 1924

Irma Crabbe était en cinquième année à Serpentard. Troisième enfant de sa fratrie, Irma était sujet par ses parents comme un poids. Son frère hériterait du titre et sa sœur aurait un mariage avantageux avec une grande famille. Mais Irma et ses quelques kilos superflus, sa mine revêche et ses cheveux ternes, resterait vieille fille d'après ses parents.

Irma avait cependant plus de jugeote que ce qu'on croyait généralement et elle avait décidé de prendre les choses en main. Du bout du pouce, elle caressa l'étui de baguette qu'elle avait fait confectionner pour sa proie.

Irma avait longuement cherché quel noble sang-pur pourrait lui convenir pour redorer son prestige. Elle avait écarté peu à peu les sixièmes et septièmes années qui étaient déjà tous plus ou moins engagés. Les garçons de son année la connaissaient trop bien. Il ne lui restait plus que les classes inférieures. Elle avait beaucoup observé les potentiels candidats et lors de la répartition, un élève attira son attention.

A partir de cet instant elle prit le plus grand soin de ses cheveux et tenta de paraître plus amicale. En tant que préfète, elle n'eut aucun mal à l'approcher et se renseigner un peu plus sur lui.

Profitant d'être seule, Irma sortit l'étui aux initiales brodées. PB, Pollux Black.

Pollux était le fils aîné de Cygnus et Violetta Black. Ce n'était pas la future tête de famille mais les Black restaient une famille prestigieuse et Irma le trouvait totalement à son goût bien qu'il fut encore un peu naïf, avant autant qu'un Black pouvait l'être. Le philtre d'amour qu'elle avait prévu ne serait pas suffisant.

Dans l'attente d'un nouveau plan, Irma se rapprochait du mieux possible du première année, l'aidant dans ses devoirs, lui offrant des menus cadeaux...

Pollux étant encore jeune ne vit pas les sous entendu du comportement de la préfète. Il la trouvait moche mais très amicale. Elle le faisait rire ce qui n'arrivait pas si souvent au jeune garçon.

Irma rangea l'étui en voyant Pollux arriver.

* Personnage d’une de mes fictions en projet.