*** 15 – Isla Black ***

Encore choqué par ce qu’il venait de voir, Scorpius tremblait de tous ses membres, encerclant de ses bras musclés la jeune Potter qui cachait ses yeux contre son torse. Scorpius tenta de se calmer en prenant de grosses inspirations. Comme tous les sorciers, il n’ignorait pas qui était Voldemort et les atrocités que celui-ci avait perpétrées mais il n’en avait jamais réalisé l’ampleur avant ce jour. Des milliers de questions se bousculaient dans sa tête. Qu’avait de si important ce médaillon ? Qu’était-ce qu’un horcruxe ? Il secoua ses mèches blondes pour chasser toutes ses interrogations.

« Lily ? appela-t-il de sa voix la plus douce. Tu peux ouvrir les yeux. Nous sommes de retour chez toi. »

Le jeune homme lui fit relever la tête et aperçut de grosses larmes sur ses joues qu’il essuya de son pouce.

« Lily, peut-être devrions-nous ne plus utiliser l’améthyste, suggéra le Serdaigle un peu plus tard dans la soirée alors qu’ils étaient assis dans le salon, Lily s’étant complètement recroquevillée sur elle-même.
- L’elfe… Kreattur, c’était… c’était celui de mes parents quand j’étais plus jeune.
- Ah ! s’exclama Scorpius, ignorant où la jeune fille voulait en venir.
- Tu crois que mes parents… qu’ils savent ce qu’on vient de voir… que…que…. »

La voix de la benjamine des Potter se brisa. Scorpius devint grave et sembla profondément réfléchir.

« Lily, j’ignore ce que vos parents vous ont raconté de leur passé et en particulier de la guerre, mais les miens détestent en parler. Seule ma grand-mère a… a… osé le faire. Enfin bref, ce que je veux te dire c’est que nos parents gardent beaucoup de secrets de cette sombre période alors oui peut-être le savent-ils, ou peut-être pas mais ils ont vécu des scènes toutes aussi atroces. Ils… »

Le Serdaigle ne put finir sa phrase. Albus entra dans la pièce.

« Vous voilà tous les deux, soupira le jeune homme avec une pointe de reproche dans la voix. »

Lily se leva et se tournant vers Scorpius lui dit :

« Al et toi avez surement besoin de parler. Si tu changes d’avis, je serai au même endroit demain matin. »

Mercredi 19 juillet 2023

Lily, assisse dans la poussière, lisait de vieux cahiers ayant appartenus à sa mère quand elle entendit un raclement de gorge. Elle releva la tête et se iris pétillèrent de plaisir en voyant Scorpius.

« Tu es tout de même venu ? Et Al, il est fâché ?
- Oui, je suis venu et non, Al n’est pas fâché, juste un peu déçu que je lui préfère sa petite sœur. Enfin, je crois.
- J’ai trouvé deux ou trois objets intéressants. Ils sont sur la bergère. Tu n’as qu’à choisir. »

Scorpius s’approcha du large fauteuil et observa ce qui s’y trouvait : un magnifique châle en soie imprimés de motif abstrait dans les tons si cher aux Serpentard, ayant malgré les ans conservé sa fluidité et son éclat, une tabatière en écaille de dragon ayant un monogramme en or et argent et pour finir un peigne à cheveux composé de huit dents en or gris et orné de perles et de pierres finement assemblés pour représenter une licorne. Scorpius prit à tour de rôle chaque objet pour les examiner plus attentivement. Ces trois objets pouvant passer pour anodin, étaient pourtant de grande valeur. N’importe quel antiquaire aurait été ravi d’en prendre possession. Le Serdaigle se tourna vers Lily et annonça :

« Je pense que nous pourrions utiliser les trois mais personnellement j’opterais pour commencer par l’étui à tabac.
- Pfft, souffla la rouquine. Normal, c’est le seul objet ayant appartenu à un homme. J’aurais choisi le peigne.
- Si tu veux, on commence par celui-ci, rétorqua le blond avec galanterie.
- Oh, non, Scorp’. Je t’ai demandé de choisir alors on prend la tabatière. D’après toi, à qui de la famille Black a-t’elle pu appartenir ?
- Difficile à évaluer mais le monogramme gravé sur le couvercle représente les initiale IB ou JB. Elles sont légèrement abimées.
- Je ne vois pas trop à qui cela peut correspondre.
- Pour le savoir, allons voir, répliqua Malefoy en sortant sa baguette. »

Samedi 1 juillet 1871

Scorpius et Lily furent surpris de reconnaître l’intérieur du Poudlard express. Les compartiments du train n’avaient beaucoup changé en presque deux siècles. Si ce n’étaient les banquettes qui avaient dû être retapissées avec du tissus décoré d’autres motifs. Les boiseries et autres matériaux composant les wagons étaient étincelants et semblaient récents pourtant aucun doutes ne subsistaient dans l’esprit des deux jeunes gens. Ils se trouvaient dans le même train qui les avait ramenés de Poudlard au début de l’été. Une jeune fille aux cheveux semblant hésiter entre le blond et le brun leur offrant l’aspect d’un châtain clair cendré et aux doux yeux bleus pailletés de gris s’y était visiblement installé seule. Sur la banquette, posés à portée de main, gisaient un livre et la tabatière. L’adolescente portait son uniforme de l’école aux couleurs de Salazar Serpentard. Elle regardait le paysage défiler, perdue dans ses songes. La porte s’ouvrit sur deux jeunes gens : une fille à l’air mesquin, au nez retroussé et aux boucles blonde et un jeune homme un peu plus jeune, lui ressemblant énormément.

« Tu devrais ranger cela Isla, conseilla la blonde en montrant l’étui à tabac, Phineas et Arcturus sont contre tu le sais.
- Que me vaut le plaisir de recevoir les Flint ? Tes conseils, Ursula, tu peux te les garder. Je n’ai peur ni de mon Oncle, ni de mon frère.
- Isla, soupira Ursula. Nous ferons bientôt parti de la même famille. Il serait peut-être temps d’enterrer la hache de guerre. Et si mon frère et moi sommes là c’est que ton aimable Oncle et ta mère, nous ont invités à séjourner chez vous. De toute manière, il te faudra bien accepter ma présence, Phineas et moi allons nous marier d’ici trois semaines.
- Tant que tu me laisses tranquille. »

Ursula soupira, tout en prenant place près de sa future belle-sœur. Elle savait depuis longtemps que la jeune Black ne supportait pas la présence de sa sœur Elladora, tolérait à peine Phineas et méprisait son oncle Arcturus qui avait épousé sa mère après le décès de son propre père, peu après sa naissance. 

Isla aimait bien Phineas mais elle ne supportait pas son côté ultra paternaliste. Son aîné était tellement surprotecteur qu’elle avait l’impression de devoir lui demander la permission de respirer. Elle savait que si Phin réagissait ainsi c’était en partie à cause de la mort de leur frère Sirius. Celui-ci était mort quelques jours avant qu’elle ne vienne que monde. Isla trouvait par contre sa sœur Elladora, cruelle et trop imbue d’elle-même. Quant au frère de son père, il n’avait épousé Ella que pour les convenances. Il se fichait de ses enfants et tant que ceux-ci restaient dignes de leur rang, il ne se préoccupait pas d’eux. 

Isla grimaça en songeant qu’elle devrait aussi côtoyer sa tante Misapinoa et son époux Jimbo pendant les noces. Heureusement, son grand-père Licorus serait là, c’était lui qui lui avait offert la tabatière en lui disant que si on l’interrogeait il nierait l’avoir fait. Les mœurs de la société sorcière étaient très étriqués et on avait enseigné à Isla dès son plus son âge le maintien dû à sa position dans celle-ci. La famille Black était l’une des plus anciennes maisons de sang-pur d’Angleterre et Arcturus était très pointilleux sur ce qu’il jugeait convenable de faire, et Isla savait que jamais il ne tolèrerait qu’elle prise. Cela ne l’empêchait pas de le faire quand elle était certaine d’être hors de sa portée. Dans sa malchance seuls, Ella, sa mère, Phineas, son frère et son grand-père fermaient les yeux sur ce vice bien que Phin’ l’exhorta à arrêter.

Ursula renifla dédaigneusement en voyant la benjamine Black s’essuyer la narine droite en respirant les derniers grains de tabacs emprisonnés dans celle-ci.

« Ma grand-mère dit toujours que cette pratique, fit Ursula en insistant avec mépris sur le mot pratique, n’est pas digne de nous. Et que c’est réservé aux excentriques ou pires aux filles de joies moldues avec qui certains sang-purs osent se souiller.
- Hum, grogna Isla avec un air que n’aurait pas renié sa tante Misapinoa. Parce que tu crois que la conversation que tu entretiens à l’instant est digne de ton rang ! Laisse-moi rire Ursu, on se connait depuis nos cinq ans et tu n’as pas toujours été aussi respectueuse de ton sang. Etre la future Madame Black, ne te rend vraiment pas plus intelligente. »

Et sans attendre davantage, Isla sortit sur le quai de la voix neuf trois quart où le train s’était arrêté. La jeune fille présenta ses respects à Arcturus, embrassa brièvement sa mère et salua d’un signe de tête Elladora. Les effusions seraient pour plus tard.

Isla avait laissé son frère et sa sœur s’occuper d’Ursula et Edric Flint, sous la réprobation manifeste de son oncle. Elle se moquait de se que celui-ci pouvait penser mais elle savait que tant qu’elle vivrait sous son toit, il pourrait lui rendre la vie très difficile. On frappa à sa porte et Phineas entra.

Phineas était un beau jeune homme de 23 ans, à l’air extrêmement sévère le faisant paraître d’une décennie plus vieux. Isla lui avait toujours envié sa chevelure soyeuse de boucles courtes et brunes si typique de la famille Black. Il était fier et ambitieux, croyait fermement que rien ne valait mieux que leur sang, ne dédaignait pas la magie noire mais paradoxalement c’était le seul qui ne la repoussait pas pour ses manières éhontées comme leur grand-mère Magenta Black. Celle-ci clamait haut et fort que la jeune fille serait un jour déshéritée car elle finirait par aller trop loin dans sa rébellion. Ce à quoi, Licorus répondait qu’il y avait toujours de fortes têtes chez les Black mais qu’ils avaient toujours su préserver leur honneur quand le moment était venu.

Isla se rembrunit. Elle se sentait un peu coupable de trahir la confiance de son aïeul mais elle ne put se culpabiliser davantage car son frère lui dit :

« Hé bien Isla, tu n’as pas l’air heureuse d’être de retour parmi nous.
- Allons Phin’, tu sais que ce n’est pas contre toi. .
- Isla, reprocha son frère, il serait tant que tu cesses tes provocations. Tu es en âge, désormais, de te marier et si rien n’a été encore annoncé officiellement c’est tout simplement pour que mon mariage ne passe pas au second plan. »

La jeune fille haussa un sourcil. Elle connaissait assez son frère pour savoir qu’il savait des choses la concernant et qu’on l’avait désigné pour lui faire entendre raison.

« Phin ? Qu’essayes-tu de me dire ?
- Hé bien… Tu seras fiancée à Bertram Avery avant la fin de l’été, juste après mon mariage.
»

Isla blêmit et se laissa tomber sans élégance sur son lit.