Lily et Scorpius regardaient avec fascination la querelle des deux fondateurs. Celle-ci était évoquée dans de nombreux livres d'histoire dont le livre lu par une majeure partie des élèves de l'école de sorcellerie: L'histoire de Poudlard.
Les deux adolescents avaient conscience de vivre un moment historique qui influencerait des dizaines de générations à venir.
Godric fulminait, cependant au delà de son courroux, c'était avec tristesse et nostalgie qu'il regardait son ami. Car oui, lui , Godric Gryffondor, homme jovial, ancien écuyer d'un obscur chevalier, né du père sorcier et d'une mère né moldue était devenu ami avec Salazar Serpentard, sinistre sorcier au sang pur de noble extraction. Leur éducations, leurs croyances, leurs idéaux... tous les séparer. Cependant leur projet commun d'ouvrir une école pour les enfants sorciers et sa réalisation avait instauré entre eux une complicité inattendue et une amitié que Godric pensait solidement cimentée.
Pourtant depuis quelques mois, ils s'opposaient sur les choix des futurs étudiants. Rowena s'interposait régulièrement pour calmer leur ire. Dame Serdaigle n'arrivait cependant pas à les départageait. Elle comprenait l'envie de Godric d'apprendre à canaliser la magie à chaque né sorcier. Elle avait tellement vu des dommages causés par une absence de compréhension et de maitrise de la magie. Malgré cela, elle ne pouvait que trouver une certaine logique dans les arguments de Salazar pour une éduction privilégié aux sang-pur.
La montée du christianisme avait rendu le peuple plus intolérant. Si autrefois on priait plusieurs dieux et que les druides avaient leur propre forme de magie, aujourd'hui tout ceci était diabolisé. Le moindre phénomène incompris était l'œuvre de Satan. Le clergé et ses brebis s'était investi comme mission divine de purger le monde de toute hérésie et la sorcellerie n'était a n'en pas douter la plus redoutée et la plus traquée. Des familles entières avaient été soumises à la question et éradiquée au nom du Christ.
Ainsi deux ans plus tôt la jeune damoiselle Ysandre Serpentard, s'étant éprise d'un proche du roi avait fait preuve d'une foi inébranlable en son galant, et lui avait révélée sa condition. Celui-ci, comme tout bon aristocrate de la cour d'Aelthered était chrétien et fut horrifié de découvrir qu'Ysandre fut possédée par le démon. Devant la ferveur de son amante*, il lui avait sourit et avait pris congé le plus rapidement possible. Sitôt qu'il n'avait plus était dans la mire d'Ysandre, il cravacha sa monture pour rejoindre l'archevêque officiant auprès du roi.**
Le lendemain, le domaine des Serpentard fut mis à sang. Les villages furent pillés et incendiés. La demeure familiale fut démantelée, les gens égorgés et exposés sur des piquets. La douce Ysandre fut battue et torturée, dévêtue et recouverte d'un habit religieux pour être soumise à l'ordalie.
La pauvre enfant fut noyée sous les injures de son père et les pleurs de sa mère qui finirent par être mis sommairement à mort. Seule Dame Serpentard, survécue de justesse grâce aux soins apportés par son fils Salazar, qu'un manant avait prévenu. Elle ne fut pourtant plus jamais la même, ayant perdu l'esprit.
L'histoire ne retient que ce que bon lui semble et personne de nos jours ne se souvint qu'Helga Poufsouffle fut celle qui s'occupa de Dame Serpentard jusqu'à son trépas qui finit de convaincre Salazar de son bon droit.
Lily et Scorpius furent abasourdi d'en prendre connaissance sous les harangues du fondateur. Lysander pour qui ce n'était plus une surprise eu un petit rictus désabusé.
" Par Merlin, Salazar, ne crois-tu en une égalité des chances? Chacun devrait être libre d'obtenir un apprentissage convenable. Qu’importe que ses parents soient moldus!
- Godric, tu n'es qu'un pauvre ère. Te rappelles-tu du jeune Eryon, répartie à Serdaigle, dénoncé par Alibert né moldu venant de la maison Poufsouffle? Ou encore de ma propre sœur? Je pourrais te citer une quinzaine d'exemple prouvant qu'intégrer des moldus dans notre monde n'apporte que souffrances et dégradations.
- Et penses-tu que ceci autorise l'emploi de la magie noire! s'écria Godric.
- Tout moyen de nous défendre contre cette engeance est bonne.
- Quand nous avons fondé cette école, nous avions le but commun d'instruire les jeunes sorciers de tout horizon. Il n'a jamais été question de n'accueillir que les enfants de sorciers.
- Hé bien, je le redis: je pense désormais que cette idée n'est que folie. Pour le bien de notre peuple, il serait bon de vivre en autarcie et de couper tous liens avec les moldus et les nés moldus. Il en va de notre protection. J'ai perdu toute ma famille aux mains impurs de ces êtres infâmes."
Le regard de Godric se voila à cette invocation. Il avait vu Dame Serpentard dépérir malgré les bons soins d'Helga et le chagrin incommensurable de Salazar, après le drame l'ayant aliénée et les pertes successives de sa sœur, son père puis sa mère. Lui-même savait qu'il n'était pas bon de clamer être sorcier, mais il était certain qu'une alternative était possible.
" Je suis marri de ce qui est arrivé à ta sœur mais rien n'excuse tes affabulations et tes sorts sombres.
- N'as tu donc aucun respect. Et si cela avait été la tienne qui fût noyée!
- Je n'ai point eu de sœurs survivantes assez vieilles pour que cela arrive, répliqua Gryffondor tout de même choqué que Serpentard évoque le drame de son enfance.
- Quand bien même, que tes sœurs soient toutes mortes au sein de ta mère ***, n'as-tu point envie de protéger celles des autres.
- Nous pouvons les protéger tout en aidant les sorciers de parents moldus.
- Et des étudiants continueront à en dénoncer d'autres pour protégez les leurs.
- Cette discussion est sans fin, intervint Rowena arrivée avec Helga depuis quelques instants."
Godric furieux, la mitrailla des yeux.
"Rowena, ose dire que j'ai tord, s'emporta Salazar en plissant les yeux.
- Tous deux avaient des arguments mais tu n'aurais pas dû parler des filles Gryffondor, répondit calmement Rowena qui savait à quel point Godric avait été touché par les morts successives de ses sœurs.
- Alors c'est comme cela, siffla Salazar d'un air froid. Je n'ai pas le droit de dire mot sur cela mais lui a le droit de bafouer la mort d'Ysandre.
- Salazar, non, personne ne nie le drame de ta famille, assura Helga avec une note d'effroi. Cependant je me vois mal refuser l'asile aux enfants sorciers. Tu sais mieux que quiconque le mal qui les guettent.
- Oui le même que ma sœur mais si cet affreux moldu ne l'avait pas dénoncée, elle serait encore vivante.
- Tu as toujours préféré les enfants venant de famille sorcière, tu leur as accordé moults privilèges. La mort de ta sœur est un beau prétexte pour valider tes idéaux, enragea Godric.
- Quand tes descendants seront à leur tour persécutés tu ouvriras peut-être enfin les yeux.
- Est-ce une menace? s'enquit Godric la main sur le manche de sa baguette."
Helga s'interposa entre les deux hommes posant une main sur chacun d'entre eux. Rowena poussa un léger soupir. Cette lutte incessante finirait par avoir raison de leur amitié, et qui savait alors ce qu'il adviendrait de leur école. Certes, ils avaient déjà mis au point le choipeaux magique pour qu'à leurs morts, les étudiants soient repartis dans les maisons, mais ils n'avaient encore formé personne pour prendre la relève.
Salazar et Godric avaient engagé un duel visuel. Contre toutes attentes, ce fut Serpentard qui détourna en premier le regard. Il scruta attentivement Helga et Rowena et cracha:
" Très bien, puisqu'il en est ainsi, je ne m'occuperais que de mes élèves. Débrouillez-vous avec vos sang-mêlés et vos nés moldus. Mais si un seul d'entre eux, jette l'opprobre sur un sang pur, je l'achèverais."
Les deux femmes blêmirent et Godric pointa sa baguette sur le sorcier.
" Peut-être alors n'as-tu plus ta place dans cette école, grogna Gryffondor."
Salazar plissa le nez et ses yeux luisirent de malveillance. Il siffla quelques mots en fourchelang puis déclara:
"Qu'il en soit ainsi! Je serais parti avant la nouvelle semaine."
Les trois fondateurs le regardèrent sortir avec un mélange de tristesse, de rancœur et de stupéfaction.
Le lendemain, Godric, Rowena et Helga durent s'organiser pour prendre en charge les apprentis de Salazar. Celui-ci n'était pas réapparu depuis leur querelle. Un elfe de maison avait averti Helga que maître Serpentard avait commencé à empaqueter ses affaires.
Gryffondor, toujours fâché des positions de son confrère, culpabilisait pourtant. S'il avait modéré ses propos, peut-être qu'avec Helga et Rowena, auraient-ils réussi à ramener Salazar dans une optique plus clémente.
Loin de ces futiles préoccupations, Salazar avait trouvé refuge dans la chambre des secrets. Quelques années plus tôt, cette endroit avait juste était pour lui un havre de paix. Un endroit où il devenait inaccessible et où il pouvait confectionner ses potions en toute sérénité.
Aujourd'hui, il était bien heureux que cet endroit fut connu de lui seul. Il avait décidé d'y laisser son empreinte. Ses livres de magie noire et ses trveaux de potions y trouvèrent une place dans une des nombreuses alcôves dissimulées dans les différentes statues. Au cœur de la chambre, dans le tronc d'une immense statue le mettant en valeur, Salazar y nicha un jeune basilic. Il serait un gardien, bien que le mage se soit assuré que seul un de ses descendants puisse entrer dans la chambre. En espérant qu'un jour, le basilic chasserait les enfants de moldus loin de ce château.
Après une dernière inspection générale, Salazar retourna à ses appartements y prendre ses derniers effets. Puis enfilant sa cape de voyage, il se dirigea prestement hors de Poudlard.
Ce fut un élève de sa propre maison qui avertit les autres fondateurs de son départ. Godric s'élança à sa poursuite mais déjà Salazar transplanait.
Godric grimaça. Rowena allait encore être furieuse. Il espéra quelques instants que Salazar reviendrait mais le sorcier était trop têtu et fier pour cela.
Ce fut les épaules voûtés que Godric retourna au château. Aux portes de Poudlard, Rowena et Helga l'attendaient. Helga pleurait silencieusement avant de lui offrir un pâle sourire. Rowena avait l'air pincé pourtant elle hocha la tête en sa direction comme pour le rassurer.
Lysander qui avait laissé sa future apprentie et le jeune Malefoy profitait pleinement de la scène, se tourna vers eux:
" La suite n'est pas utile pour le moment. Sortons Eléa nous a sûrement préparé d'autres souvenirs."
Après une visible manipulation de Lysander, ils se retrouvèrent dans le salon de celui-ci. Eléa rangea le souvenir puis son coffret. Son époux sourit en voyant une nouvelle rangée de fiole prête à l'emploi.
" Vous êtes près à repartir les jeunes?"
Ecosse château de Poudlard,
Samedi 25 février 1945
Un homme ayant passé la soixantaine, était assis à son bureau. Il se caressait distraitement la barbe mais ses yeux luisaient de réflexions.
Cet homme dont les cheveux et la barbe rousse commençait à blanchir, était professeur de métamorphose depuis prés de dix ans. Il avait vu défilé devant lui de nombreux élèves qu'il avait toujours essayé de traiter avec équité mais bienveillance. Pourtant depuis prés de sept ans, l'un d'eux lui causait un désagréable sentiment.
Ce jeune homme, pourtant préfet en chef, ayant obtenu une récompense pour service rendu à l'école, était la coqueluche de tous les autres professeurs. Seul Horace Slughorn semblait depuis quelques mois mal à l'aise en présence du jeune Tom Jedusor, sans toutefois l'éviter.
Oui, Albus était inquiet. D'ici quelques mois, Tom passerait ses Aspics qu'il réussirait avec brio, cela était certain, et échapperait à sa discrète surveillance.
Albus soupira. Il n'avait aucune preuve, que des présomptions. Cependant, Albus voyait d'un mauvais œil le rapprochement du garçon avec ses condisciples Serpentard. A ses yeux, il était clair que Tom ne les voyait pas comme des amis.
Le professeur songea qu'il lui faudrait trouver un moyen de continuer à espionné son élève quand il quitterait Poudlard.
On frappa à la porte mais avant même qu'il puisse répondre, le directeur Armando Dippet entra. L'homme semblait nerveux et tenait dans sa main un exemplaire de la gazette du sorcier.
"Que se passe-il? interrogea Albus en se redressant.
- Je sais Albus que vous suivez de très près l'actualité moldu, commença son supérieur d'une voix chevrotante.
- En effet, cette guerre mondiale qui oppose les moldus et d'après moi mêlé de très près aux sorciers. Mais vous connaissez parfaitement mon opinion Armando..."
Dumbledore laissa un silence s'installer et attendit patiemment que Dippet s'explique.
" Oui bon, grogna son interlocuteur. Vos théories viennent d'être confirmées par le ministère. Grindelwald vient de massacrer des familles entières de sorciers en faisant passer cela pour l'œuvre du troisième rech.
- troisième Reich, reprit machinalement Albus alors que son visage devenait plus soucieux et que ses mains tremblèrent légèrement."
Albus n'écouta alors plus un mot de ce que disait Armando, se contentant de répondre par monosyllabe. Dippet prit congé et Albus ferma soigneusement son bureau.
" Il semblerait que je n'ai plus le choix Gellert, murmura Dumbledore en sortant de sa robe une vielle miniature."
Et toute la tristesse du monde se reflétait dans les yeux bleus du professeur.
* amante dans le sens d’amoureuse, d’aimante
** j’ignore si en Angleterre, le christianisme était comme en France très liés à la royauté mais ici ce sera le cas. |