Note : Au début il y a forcément un peu plus d'extraits du livre, mais plus on avance plus cela laisse la place aux sections inventées.
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Chapitre 2
Du Manoir au Château
Exécuter le plan de Lucius avait été d'une simplicité extrême. Sur la voie 9 ¾, son père avait soufflé deux mots à l'oreille de Crabbe et Goyle seniors, qui avaient ensuite grommelé leurs instructions à leurs progénitures. Crabbe et Goyle juniors s'étaient alors tournés vers Drago, acceptant d'un hochement de tête tout ce qu'on venait de leur dire, et se mirent immédiatement à le suivre lorsqu'il se dirigea vers le train. Crabbe, le plus grand des deux, avait une coupe au bol et un cou très épais. Goyle portait les cheveux raides et courts et ses longs bras lui donnaient une silhouette de gorille. Bien entendu, les au revoir de la famille Malefoy avaient été aussi solennels et discrets que possible, Narcissa n'aurait pas accepté qu'il en soit autrement. La boule au ventre que Drago ressentait à l'idée de quitter si longtemps ses parents n'était pas la première des émotions qu'il avait eu à cacher. Il garda donc bien en place son masque d'impassibilité, et embarqua à bord du Poudlard Express sans même se retourner, trouvant une consolation dans le fait que sa mère était sans doute fière de la dignité dont il avait fait preuve pour cette première séparation. Flanqué de ses deux nouveaux acolytes, Drago adopta un rictus mauvais sur son visage à peine eut-il passé la porte du train. Suivant la stratégie de son père, il désirait avoir l'air le plus intimidant possible. Une fois leurs affaires posées dans un compartiment, il comptait bien faire la tournée de tous les autres. D'ici à leur arrivée à Poudlard, tout le monde, ou presque, devrait connaître le nom Drago Malefoy. Bien que son passage dans les compartiments ait effectivement suscité un certain intérêt chez les autres élèves, il découvrit rapidement que même ses meilleurs efforts ne pourraient le placer au centre de l'attention aujourd'hui. Un autre nom était sur toutes les lèvres, Harry Potter, le Survivant. Certains avaient reconnu la cicatrice sur un élève de première année arrivé seul à la voie 9 ¾, et les rumeurs s'étaient ensuite répandues comme une traînée de poudre. Soit, s'était dit Malefoy, allons donc trouver cet Élu et voir ce qu'il vaut. Il pensait avoir déjà fait forte impression chez d'autres potentiels nouveaux Serpentard (dans sa tête, Drago se répétait d'ailleurs : pourvu que je sois à Serpentard, pourvu que je sois à Serpentard...) et ne doutait pas de vite devenir le leader de sa promo. Pourquoi ne pas effectivement aller jeter un œil à celui qui serait potentiellement un adversaire, ou un allié, en terme de popularité. Avec Crabbe et Goyle, il lui suffisait de faire un simple signe de tête pour leur signifier tout changement de programme ou nouvelle direction à prendre. D'ailleurs, trop d'instructions ou d'explications les auraient tout bonnement plongés dans une grande confusion. Pourtant pour un jeune garçon qui aurait désespérément aimé avoir quelqu'un de son âge avec qui faire la conversation, cela ne relevait pas réellement d'un avantage. Lorsqu’ils entrèrent tous trois dans le compartiment du supposé Survivant, ils y découvrirent un roux à l'allure miteuse dans une robe rapiécée (quelle horreur, les Weasley dont lui avaient parlé son père étaient-ils partout?!), un immense tas de friandises, et un peu plus loin le jeune garçon brun dont il avait fait la connaissance dans la boutique de vêtements de Madame Guipure. Cette fois, Drago regardait ce dernier avec beaucoup plus d'intérêt que lors de leur première rencontre. -Alors, c'est vrai ? lança-t-il. On dit partout que Harry Potter se trouve dans ce compartiment. C'est toi ? -Oui, dit Potter. Debout de chaque côté de Drago, Crabbe et Goyle avaient adopté une expression féroce qui leur donnait l'air de gardes du corps. -Lui, c'est Crabbe et l'autre, c'est Goyle, dit Drago d'un air détaché. Moi, je m'appelle Malefoy, Drago Malefoy. Le Weasley eut une toux discrète qui ressemblait à un ricanement. Drago tourna les yeux vers lui. Oui, pour se permettre cette attitude moqueuse envers lui, cela devait forcément être un Weasley. -Mon nom te fait rire ? Inutile de te demander le tien. Mon père m'a dit que tous les Weasley ont les cheveux roux, des taches de rousseur et beaucoup trop d'enfants pour pouvoir les nourrir. Il se tourna à nouveau vers Potter. -Fais bien attention à qui tu fréquentes, Potter, dit-il en reprenant les mots de son père. Si tu veux éviter les gens douteux, je peux te donner des conseils. Drago lui tendit la main, mais Potter ne bougea pas, refusant de la serrer. -Je n'ai besoin de personne pour savoir qui sont les gens douteux, dit-il avec froideur. Les joues pâles de Drago rosirent légèrement, quelle humiliation... Puisqu'il refusait d'être un allié, ils seraient donc ennemis. Il était temps de montrer la puissance des Malefoy à cet impoli inculte de la magie. -Si j'étais toi, je serais un peu plus prudent, Potter, dit-il lentement. Si tu n'es pas plus poli, tu vas finir comme tes parents. Eux aussi ont manqué de prudence. Si tu trames avec de la racaille comme les Weasley ou ce Hagrid, ils finiront par déteindre sur toi. Potter et Weasley se levèrent en même temps. Le visage de ce dernier était aussi rouge que ses cheveux. -Répète un peu ça, dit-il. -Vous voulez vous battre, tous les deux ? lança Drago avec mépris. Tiens tiens, les gros bras allaient lui être utiles plus tôt que prévu. D'ailleurs, leur présence devait intimider Potter car il poursuivit sans la moindre assurance : -Vous feriez mieux de filer d'ici. -Oh, mais on n'a pas du tout l'intention de s'en aller, pas vrai, les gars ? On a fini toutes nos provisions et vous avez l'air d'en avoir encore. Goyle tendit la main vers les Chocogrenouilles qui se trouvaient à côté de Weasley, qui se jeta aussitôt sur lui, mais avant qu'il ait pu toucher son adversaire, celui-ci poussa un hurlement épouvantable. Un rat était suspendu à un doigt de Goyle, ses dents pointues profondément plantées dans une phalange. Quoi ?! Un rat ?! Beurk !! Drago et Crabbe reculèrent d'un pas tandis que Goyle, toujours hurlant, agitait la main en tous sens pour essayer de se débarrasser de Croûtard. Le rat finit par lâcher prise et fut projeté contre la fenêtre. Sans un mot, Drago, écoeuré, se dirigea vers la sortie du compartiment suivi de près par ses acolytes, et ils s'éclipsèrent aussitôt, craignant que d'autres rats se soient cachés parmi les friandises. Ils étaient à peine revenus dans leur compartiment qu'une voix retentit dans le train: -Nous arriverons à Poudlard dans cinq minutes. Veuillez laisser vos bagages dans les compartiments, ils seront acheminés séparément dans les locaux scolaires. Encore heureux, se dit Drago, on ne va quand même pas porter nos bagages nous-même. Heureusement, Drago, Crabbe et Goyle étaient déjà prêts puisqu'ils avaient revêtu leurs robes de sorciers dès le départ du train.
Lorsque le train s'arrêta enfin, tout le monde se précipita vers la sortie et descendit sur un quai minuscule plongé dans la pénombre. L'air frais de la nuit fit à peine frissonner Drago, mais son sang se glaça presque lorsqu'une grosse voix gronda : -Les première année, par ici. Suivez-moi. Ça va, Harry ? La grosse tête hirsute de Hagrid, le regard rayonnant, dominait la foule des élèves. Et bien entendu Potter, à peine arrivé, bénéficiait déjà d'un traitement de faveur. Stupide chouchou binoclard. -Les première année sont tous là ? Allez, suivez-moi. Et faites attention où vous mettez les pieds. En route ! Glissant et trébuchant, la file des élèves suivit Hagrid le long d'un chemin étroit et escarpé qui s'enfonçait dans l'obscurité. -Vous allez bientôt apercevoir Poudlard, dit Hagrid en se retournant vers eux. Après le prochain tournant. Il y eut alors un grand « Oooooh ! ». Drago se retint autant qu'il pu de participer à l'exclamation collective, gardant une ostensible indifférence de celui-qui-avait-déjà-vu-mieux, mais il s'admit intérieurement que ce château était magnifique et qu'il était ravi d'être là. L'étroit chemin avait soudain débouché sur la rive d'un grand lac noir. De l'autre côté du lac, perché au sommet d'une montagne, un immense château hérissé de tours pointues étincelait, de toutes ses fenêtres dans le ciel étoilé. -Pas plus de quatre par barque, lança Hagrid en montrant une flotte de petits canots alignés le long de la rive. Il parut évident à Drago que Crabbe Goyle et lui auraient leur propre embarcation. Du coin de l'oeil il remarqua que Potter et Weasley avaient pris avec eux une fille à la tignasse immense et le pleurnichard qui avait traversé le train en chouinant à la recherche de son maudit crapaud. -Tout le monde est casé ? cria Hagrid qui était lui-même monté dans un bateau. Alors, EN AVANT ! D'un même mouvement, les barques glissèrent sur l'eau du lac dont la surface était aussi lisse que du verre. Tout le monde restait silencieux, les yeux fixés sur la haute silhouette du château, dressé au sommet d'une falaise. -Baissez la tête, dit Hagrid lorsqu'ils atteignirent la paroi abrupte. Tout le monde s'exécuta tandis que les barques franchissaient un rideau de lierre qui cachait une large ouverture taillée dans le roc. Les bateaux les emportèrent le long d'un tunnel sombre qui semblait les mener sous le château. Ils arrivèrent alors dans une sorte de crique souterraine et débarquèrent sur le sol rocheux. Tout était si calme et si paisible que Drago commença à se détendre, la commissure de ses lèvres esquissant presque l'ombre d'un sourire, jusqu'à ce que la voix grave et forte le fasse à nouveau sursauter : -Hé, toi, là-bas, c'est à toi ce crapaud ? dit Hagrid qui regardait dans les barques pour voir si personne n'avait rien oublié. Maudit crapaud ! -Trevor ! s'écria le garçon en tendant les mains, sans savoir qu'il s'était déjà inscrit sur la liste d'ennemis de Drago, pour avoir troublé sa tranquillité, et pour avoir choisi un animal de compagnie aussi ridicule. Guidés par la lampe de Hagrid, ils grimpèrent le long d'un passage creusé dans la montagne et arrivèrent enfin sur une vaste pelouse qui s'étendait à l'ombre du château. Ils montèrent une volée de marches et se pressèrent devant l'immense porte d'entrée en chêne massif. -Tout le monde est là ? demanda Hagrid. Toi, là-bas, tu as toujours ton crapaud ? Puis le géant leva son énorme poing et frappa trois fois à la porte du château. La porte s'ouvrit immédiatement. Une grande sorcière aux cheveux noirs, vêtue d'une longue robe vert émeraude se tenait dans l'encadrement. Son visage sévère parut noble et respectable aux yeux de Drago. Il sentit immédiatement qu'il s'agissait de quelqu'un d'inflexible, et se demanda si la couleur de sa robe indiquait son appartenance à la maison Serpentard. Dès lors, il lui faudrait se faire bien voir d'elle au plus tôt, se dit-il en se tenant bien droit, la tête haute. -Professeur McGonagall, voici les élèves de première année, annonça Hagrid. -Merci, Hagrid, dit la sorcière, je m'en occupe. Le hall d'entrée du château était si grand, et bien qu'il ne laissa rien paraître, même Drago était impressionné de ce plafond si haut qu'on n'arrivait pas à l'apercevoir. Des torches enflammées étaient fixées aux murs de pierre, comme à Gringotts, et un somptueux escalier de marbre permettait de monter dans les étages. Guidés par le professeur McGonagall, ils traversèrent l'immense salle au sol dallé et entrèrent dans une petite salle réservée aux élèves de première année. La rumeur de centaines de voix leur parvenaient à travers la porte, les autres élèves devaient déjà être là. L'exiguïté des lieux les obligea à se serrer les uns contre les autres et ils restèrent debout en silence. -Bienvenue à Poudlard, dit le professeur McGonagall. Le banquet de début d'année va bientôt commencer mais avant que vous preniez place dans la Grande Salle, vous allez être répartis dans les différentes maisons. Cette partition constitue une cérémonie très importante. Vous devez savoir, en effet, que tout au long de votre séjour à l'école, votre maison sera pour vous comme une seconde famille. Vous y suivrez les mêmes cours, vous y dormirez dans le même dortoir et vous passerez votre temps libre dans la même salle commune. Les maisons sont au nombre de quatre. Elles ont pour nom Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard (les meilleurs pour la fin, se dit Drago). Chaque maison a sa propre histoire, sa propre noblesse, et chacune d'elles a formé au cours des ans des sorciers et des sorcières de premier plan. Pendant votre année à Poudlard, chaque fois que vous obtiendrez de bons résultats, vous rapporterez des points à votre maison, mais chaque fois que vous enfreindrez les règles communes, votre maison perdra des points. A la fin de l'année scolaire, la maison qui aura obtenu le plus de points gagnera la coupe des Quatre Maisons, ce qui constitue un très grand honneur. J'espère que chacun et chacune d'entre vous aura à cœur de bien servir sa maison, quelle qu'elle soit. La Cérémonie de la Répartition aura lieu dans quelques minutes en présence de tous les élèves de l'école. Je vous conseille de profiter du temps qui vous reste avant le début de cette cérémonie pour soigner votre tenue. Le regard du professeur s'attarda sur le garçon au crapaud dont la cape était attachée de travers et sur Weasley qui avait une tache sur le nez. En effet, Drago aussi trouvait leurs allures ridicules et s'enorgueillit de l’impeccabilité de la sienne. Près de lui, il remarqua que Potter essayait d'aplatir ses cheveux d'un geste fébrile, et ce geste lui paru totalement futile au vue de la désorganisation totale de sa crinière brune. -Je reviendrai vous chercher lorsque tout sera prêt, dit le professeur McGonagall. Attendez-moi en silence. Drago resta concentré sur les gravures de la porte en bois qui leur faisait face pour ne pas laisser l'angoisse monter en lui. S'il n'était pas placé à Serpentard, il n'osait pas imaginer les conséquences pour lui auprès de sa famille. Tous les Malefoy avant lui avaient été à Serpentard et aucune autre maison ne lui paraissait être une alternative acceptable. S'il était vraiment honnête avec lui-même, il pouvait concevoir qu'il y avait du bon dans la quête de savoir des Serdaigle, mais quoi qu'il en soit pour son nom, son sang, sa famille, rien d'autre n'existait que Serpentard et c'était là qu'il lui fallait absolument aller. Le professeur McGonagall était revenue. -Mettez-vous en rang et suivez-moi, dit le professeur aux élèves. L'estomac de Drago fit un saut périlleux pendant qu'il franchit la double porte qui ouvrait sur la Grande Salle. L'endroit était étrange et magnifique. Des milliers de chandelles suspendues dans les airs éclairaient quatre longues tables autour desquelles les autres étudiants étaient déjà assis, devant des assiettes et des gobelets d'or. Au bout de la salle, les professeurs avaient pris place autour d'une autre table. Le professeur McGonagall aligna les première année face à leurs camarades derrière lesquels se tenaient les professeurs. Dans la clarté incertaine des chandelles, les visages les observaient telles des lanternes aux lueurs pâles. Dispersés parmi les étudiants, des fantômes brillaient comme des panaches de brume argentée. -C'est un plafond magique, murmura la fille aux cheveux en bataille. Il a été fait exprès pour ressembler au ciel. Je l'ai lu dans L'Histoire de Poudlard. Quelle Mademoiselle Je Sais Tout se dit Drago, frustré d'avoir raté cette occasion d'impressionner ses futurs camarades de classe avec son savoir, car lui aussi avait déjà lui l'Histoire de Poudlard durant l'été. Décidément, Potter et son nouvel entourage étaient tous plus agaçants les uns que les autres. Le professeur McGonagall installa un tabouret à quatre pieds devant les nouveaux élèves. Sur le tabouret, elle posa un chapeau pointu de sorcier. Le chapeau était râpé, sale, rapiécé. Tout le monde, à présent, avait les yeux fixés sur le chapeau pointu. Pendant quelques instants, il régna un silence total. Puis, tout à coup. le chapeau remua. Une déchirure, tout près du bord, s'ouvrit en grand, comme une bouche, et le chapeau se mit à chanter:
Je n'suis pas d'une beauté suprême Mais faut pas s'fier à ce qu'on voit Je veux bien me manger moi-même Si vous trouvez plus malin qu'moi Les hauts-d'forme, les chapeaux splendides Font pâl'figure auprès de moi Car à Poudlard, quand je décide, Chacun se soumet à mon choix. Rien ne m'échapp'rien ne m'arrête Le Choixpeau a toujours raison Mettez-moi donc sur votre tête Pour connaître votre maison. Si vous allez à Gryffondor Vous rejoindrez les courageux, Les plus hardis et les plus forts Sont rassemblés en ce haut lieu. Si à Poufsouffle vous allez, Comme eux vous s'rez juste et loyal Ceux de Poufsouffle aiment travailler Et leur patience est proverbiale. Si vous êtes sage et réfléchi Serdaigle vous accueillera peut-être Là-bas, ce sont des érudits Qui ont envie de tout connaître. Vous finirez à Serpentard Si vous êtes plutôt malin, Car ceux-là sont de vrais roublards Qui parviennent toujours à leurs fins. Sur ta tête pose-moi un instant Et n'aie pas peur, reste serein Tu seras en de bonnes mains Car je suis un chapeau pensant !
Lorsqu'il eut terminé sa chanson, des applaudissements éclatèrent dans toute la salle. Le chapeau s'inclina pour saluer les quatre tables, puis il s'immobilisa à nouveau. Le professeur McGonagall s'avança en tenant à la main un long rouleau de parchemin. -Quand j'appellerai votre nom, vous mettrez le chapeau sur votre tête et vous vous assiérez sur le tabouret. Je commence: Abbot, Hannah ! Drago cessa alors de l'écouter, concentrant toutes ses pensées sur la maison Serpentard tout en guettant vaguement d'une oreille un nom ou l'autre. Il fut satisfait d'entendre que Crabbe puis Goyle avaient rejoint la plus noble maison. Tant mieux, se dit-il, moitié affirmant moitié priant, ainsi ils seront à mes côtés lorsque j'y serai également réparti. Lorsque son nom fut appelé, Drago s'avança d'un pas conquérant vers le tabouret, affichant aux yeux de tous une assurance qu'il était loin de ressentir. Il continuait de se répéter en boucle dans sa tête « pitiéserpentardpitiéserpentardpitiéserpentard... ». Ses craintes furent de courte durée car dès qu'il lui eut frôlé la tête, le chapeau s'écria: SERPENTARD ! La mine satisfaite, Drago alla rejoindre Crabbe et Goyle à la table verte et argent. Leur table. Ouf. Peu après, McGonagall annonça : -Harry Potter ! Lorsque Potter sortit du rang, des murmures s'élevèrent dans toute la salle. -Elle a bien dit Potter ? Le Harry Potter ? Ridicule, se dit Drago en voyant toutes les têtes se tendre pour mieux le regarder. Il se dit également que Potter lui-même était ridicule, immobile sur le tabouret avec le chapeau devant les yeux. Ils restèrent ainsi quelques instants en silence, Potter ayant l'air de marmonner quelque chose. « Viens à Serpentard... » la phrase avait fusée dans la tête de Drago sans que celui-ci sache pourquoi il avait pensé cela. Non merci, ce gringalet lui prendrait la place au centre de l'attention qu'il méritait tant. Mais malgré tout ce Potter avait tout de même l'air d'être quelqu'un d'intéressant...
GRYFFONDOR !
Le cri du Choixpeau résonna dans la Grande Salle, interrompant les pensées de Drago. Tant pis, se dit-il, se reprenant vite pour se dire, enfin tant mieux plutôt. Potter ôta le chapeau et se dirigea, les jambes tremblantes, vers la table des Gryffondor. Bien entendu, il recevait la plus longue et la plus bruyante ovation de la soirée, pendant que deux roux identiques (beurk, encore des Weasley !) scandaient: -Potter avec nous ! Potter avec nous ! Potter s'assit face à un fantôme qui portait une fraise autour du cou. Le spectre lui tapota amicalement le bras et Drago eut envie de vomir en constatant que même les défunts traitaient Potter avec tant d'honneur. Ce n'était qu'un balafré de onze ans sans classe ni connaissances, se dit-il amèrement. Lui-même avait cent fois plus de qualités, comment se faisait-il qu'il ne soit pas plus célébré que ce binoclard mal habillé... Il fallait néanmoins être précautionneux de ses souhaits, car quelques instants plus tard un horrible fantôme, les yeux vides, le visage émacié, les vêtements maculés de taches de sang aux reflets d'argent s'assit à côté de Drago qui, n'était d'un coup plus du tout enchanté d'occuper cette place. Albus Dumbledore s'était levé, le visage rayonnant, les bras largement ouverts. On aurait dit que rien ne pouvait lui faire davantage plaisir que de voir tous les élèves rassemblés devant lui. -Bienvenue, dit-il. Bienvenue à tous pour cette nouvelle année à Poudlard. Avant que le banquet ne commence, je voudrais vous dire quelques mots. Les voici : Nigaud ! Grasdouble ! Bizarre ! Pinçon ! Je vous remercie ! Et il se rassit tandis que tout le monde applaudissait avec des cris de joie. Drago se demanda si leur directeur n'était pas tout simplement un peu fou… Lorsque les desserts eurent disparu, Albus Dumbledore se leva à nouveau et le silence se fit dans la salle. -Maintenant que nous avons rassasié notre appétit et étanché notre soif, je voudrais encore dire quelques mots en ce qui concerne le règlement intérieur de l'école. Les première année doivent savoir qu'il est interdit à tous les élèves sans exception de pénétrer dans la forêt qui entoure le collège. Certains de nos élèves les plus anciens feraient bien de s'en souvenir. Mr Rusard, le concierge, m'a également demandé de vous rappeler qu'il est interdit de faire des tours de magie dans les couloirs entre les cours. La sélection des joueurs de Quidditch se fera au cours de la deuxième semaine. Ceux qui souhaitent faire partie de l'équipe de leur maison devront prendre contact avec Madame Bibine. Enfin, je dois vous avertir que cette année, l'accès au couloir du deuxième étage de l'aile droite est formellement interdit, à moins que vous teniez absolument à mourir dans d'atroces souffrances. Drago leva un sourcil perplexe, le directeur n'était tout de même pas sérieux si ?! -Et maintenant, avant d'aller nous coucher, chantons tous ensemble l'hymne du collège ! s'écria Dumbledore, Le sourire des autres professeurs s'était soudain figé. Dumbledore donna un petit coup de baguette magique, comme s'il avait voulu faire partir une mouche posée à son extrémité, et il s'en échappa un long ruban d'or qui s'éleva au-dessus des tables en se tortillant pour former les paroles de la chanson. -Chacun chantera sur son air préféré, dit Dumbledore. Allons-y ! Et toute l'école se mit à hurler :
Poudlard, Poudlard, Pou du Lard du Poudlard, Apprends-nous ce qu'il faut savoir, Que l'on soit jeune ou vieux ou chauve Ou qu'on ait les jambes en guimauve, On veut avoir la tête bien pleine Jusqu'à en avoir la migraine Car pour l'instant c'est du jus d'âne, Qui mijote dans nos crânes, Oblige-nous à tout étudier, Répète-nous c'qu'on a oublié, Fais de ton mieux, qu'on se surpasse Jusqu'à c'que nos cerveaux crient grâce.
Tout le monde termina la chanson à des moments différents. Les jumeaux Weasley furent les derniers à chanter, au rythme de la marche funèbre qu'ils avaient choisie. Dumbledore marqua la cadence avec sa baguette magique et lorsqu'ils eurent terminé, il fut l'un de ceux qui applaudirent le plus fort.
-Ah, la musique, dit-il en s'essuyant les yeux. Elle est plus magique que tout ce que nous pourrons jamais faire dans cette école. Et maintenant, au lit. Allez, tout le monde dehors.
Mais dans quelle école de cinglés Drago avait-il atterrit... Il retrouva néanmoins sa bonne humeur dès que leur préfet les mena vers les cachots, jusqu'à la salle commune des Serpentard, une longue pièce souterraine aux murs et au plafond de pierre brute. Des lampes rondes, verdâtres, étaient suspendues à des chaînes et un feu brûlait dans une cheminée au manteau gravé de figures compliquées. Drago trouva l'endroit impressionnant, et sentit qu'il avait enfin trouvé sa place. |