Chapitre 22
La Coupe de Feu
A leur retour dans le hall d'entrée, il y avait un tel monde qu'ils eurent du mal à avancer. Les élèves étaient agglutinés autour d'une grande pancarte installée au pied de l'escalier de marbre. Crabbe, qui était le plus grand des trois, se dressa sur la pointe des pieds pour essayer de lire par- dessus les têtes ce qui était écrit sur la pancarte :
TOURNOI DES TROIS SORCIERS
Les délégations de Beauxbâtons et de Durmstrang arriveront le vendredi 30 octobre à 18 heures. En conséquence, les cours prendront fin une demi-heure plus tôt que d'habitude.
Cela fit marmonner Drago. Leur cours de Potions sur les poisons allait donc être interrompu plus tôt, or cette matière, dans laquelle il excellait, était de loin la préférée de Drago, et il trouvait justement le chapitre du moment passionnant.
Les élèves rapporteront leurs affaires dans les dortoirs et se rassembleront devant le château pour accueillir nos invités avant le banquet de bienvenue.
L'apparition de la pancarte dans le hall d'entrée eut un effet spectaculaire. Au cours de la semaine qui suivit, il semblait n'y avoir plus qu'un seul sujet de conversation : le Tournoi des Trois Sorciers. Les rumeurs circulaient parmi les élèves à la vitesse d'une épidémie : qui allait se porter candidat au titre de champion de Poudlard, quelles seraient les épreuves imposées aux concurrents, à quoi ressemblaient les élèves de Beauxbâtons et de Durmstrang, étaient-ils très différents d'eux ? Drago remarqua également que le château était soumis à un nettoyage exceptionnel. Plusieurs portraits un peu crasseux avaient subi un récurage que ne semblaient guère apprécier leurs sujets. Réfugiés dans un coin de leur cadre, ils marmonnaient des protestations d'un air sombre et faisaient la grimace en effleurant du bout des doigts leurs joues rosé vif. Les armures avaient soudain retrouvé tout leur éclat et remuaient sans grincer. Quant à Argus Rusard, le concierge, il se montrait si féroce envers les élèves qui oubliaient d'essuyer leurs pieds en entrant que deux filles de première année avaient été prises d'une véritable crise de terreur. Lorsqu'ils descendirent prendre leur petit déjeuner au matin du 30 octobre, ils découvrirent que la Grande Salle avait été décorée au cours de la nuit. D'immenses banderoles de soie étaient accrochées aux murs, chacune représentant l'une des maisons de Poudlard - une verte avec un serpent argenté pour Serpentard, une rouge avec un lion d'or pour Gryffondor, une bleue avec un aigle de bronze pour Serdaigle, et une jaune avec un blaireau noir pour Poufsouffle. Derrière la table des professeurs, la plus grande des banderoles portait les armoiries de Poudlard : lion, aigle, blaireau et serpent entourant un grand P.
Ce jour-là, il régnait à Poudlard une agréable atmosphère d'attente. Personne ne prêta grande attention à ce qui se passait pendant les cours : seule l'arrivée, le soir même, des délégations de Beauxbâtons et de Durmstrang occupait les esprits. Lorsque la cloche sonna, les élèves furent regroupés en rangs par les responsables des différentes maisons dans le hall d'entrée. Drago ressentit une certaine satisfaction en constatant que les Serpentard se conduisaient naturellement avec le plus de classe et de dignité que tous. Ils descendirent les marches qui menaient au-dehors et s'alignèrent devant le château en rangées successives. La soirée était fraîche et lumineuse. Le jour tombait lentement et une lune si pâle qu'elle en semblait transparente brillait déjà au-dessus de la Forêt interdite. -Eh Drago, demanda Goyle de sa voix lente. Comment tu crois qu'ils vont venir ? En train ? -Avec un Portoloin, peut-être ? dit Crabbe. Ou bien ils pourraient transplaner. Chez eux, on a peut-être le droit avant dix-sept ans. -On ne peut pas transplaner dans l'enceinte de Poudlard, combien de fois faudra-t-il que je te le répète ? répliqua Drago, agacé. Sa réplique cinglante eut le mérite de réduire les deux balourds au silence. Ils scrutèrent le parc qui commençait à s'obscurcir, mais rien ne bougeait. Tout était tranquille, silencieux et presque comme d'habitude. -Ah ! Si je ne m'abuse, la délégation de Beauxbâtons arrive ! lança Dumbledore, qui était au dernier rang avec les autres professeurs. -Où ? demandèrent avidement plusieurs élèves en regardant dans toutes les directions. -Là-bas ! s'écria un élève de sixième année en montrant la Forêt interdite. Quelque chose de très grand, beaucoup plus grand qu'un balai volant - ou même que cent balais volants - approchait du château, dans le ciel d'un bleu sombre. On voyait sa silhouette grandir sans cesse. -C'est un dragon ! hurla une élève de première année, prise de panique. -Ne dis pas de bêtises... C'est une maison volante ! répliqua un minuscule Gryffondor, qui avait bien entendu tord. La gigantesque forme noire qui avançait au-dessus de la cime des arbres fut peu à peu éclairée par les lumières du château et ils distinguèrent alors un immense carrosse bleu pastel tiré par des chevaux géants. Le carrosse avait la taille d'une grande maison et volait vers eux, tiré dans les airs par une douzaine de chevaux ailés, tous des palominos, chacun de la taille d'un éléphant. Les élèves des trois premiers rangs reculèrent en voyant le carrosse descendre du ciel à une vitesse terrifiante. Enfin, les sabots des chevaux, plus grands que des assiettes, se posèrent sur le sol dans un nuage de poussière et dans un fracas impressionnant. Un instant plus tard, le carrosse atterrit à son tour, rebondissant sur ses roues démesurées tandis que les chevaux couleur d'or agitaient leurs énormes têtes en roulant des yeux flamboyants. Drago eut le temps de détailler leurs armoiries - deux baguettes d'or croisées qui lançaient chacune trois étoiles - gravées sur la portière du carrosse avant que celle-ci ne s'ouvre. Lorsque leur directrice en sortit, c'était là la plus immense femme que Drago eût jamais vue. Elle avait un beau visage au teint olivâtre, de grands yeux noirs et humides et un nez en forme de bec d'oiseau. Ses cheveux tirés en arrière étaient noués en un chignon serré qui brillait sur sa nuque. Elle était vêtue de satin noir de la tête aux pieds et de magnifiques opales scintillaient autour de son cou et à ses doigts épais. Dumbledore se mit à applaudir et les élèves l'imitèrent avec ardeur. Nombre d'entre eux s'étaient dressés sur la pointe des pieds, ce qui était sans nul doute la meilleure façon de regarder cette femme. Celle-ci eut un sourire gracieux et s'avança vers Dumbledore en tendant une main étincelante de bijoux. Bien qu'il fût lui-même très grand, Dumbledore n'eut presque pas besoin de se pencher pour lui faire un baisemain. -Ma chère Madame Maxime, dit-il, je vous souhaite la bienvenue à Poudlard. -Mon cheur Dambleudore, répondit Madame Maxime d'une voix grave, je suis ravie de constateu que vous aveu l'eur en parfeute santeu. -Ma santé est parfaite, en euffeut... heu... en effet, assura Dumbledore. -Je vous preusente meus euleuves, dit Madame Maxime en agitant d'un geste désinvolte l'une de ses énormes mains par-dessus son épaule. Une douzaine de filles et de garçons - tous âgés de dix-sept ou dix-huit ans - étaient sortis du carrosse et se tenaient à présent derrière leur directrice, contemplant le château d'un air anxieux. -A queul moment Karkaroff doit-il arriveu ? demanda Madame Maxime. -Il ne devrait pas tardeu... heu... tarder, répondit Dumbledore. Souhaitez-vous l'attendre ici ou préférez-vous entrer à l'intérieur pour vous réchauffer quelque peu ? -Meu reuchauffeu queulqueu peu, queulle bonne ideu, mon cheur Dambleudore, approuva Madame Maxime. Meus qui va s'occupeu de meus cheveux ? -Vos cheveux sont coiffés à la perfection, assura galamment Dumbledore. -Dambleudore, queul pleusantin vous feutes ! s'exclama Madame Maxime en pouffant de rire. Je vouleus parleu deus cheveux de mon carrosse... -Ah, vos chevaux ! Oui, bien sûr, notre professeur de soins aux créatures magiques sera ravi de veiller à leur bien-être, déclara Dumbledore. Dès qu'il aura réglé les petits problèmes que lui ont posés certains de ses... heu... protégés... -Les Scroutts, murmura Drago avec un grand sourire à l'intention de Crabbe et Goyle qui ricanèrent discrètement. -S'occupeu deus meus eutalons neuceussite, heu... une grande force musculeure..., avertit Madame Maxime qui semblait douter qu'un professeur de soins aux créatures magiques de Poudlard soit à la hauteur de la tâche. Ils ont une vigueur peu ordineure... -Je puis vous assurer que Hagrid saura s'y prendre, dit Dumbledore en souriant. -Treus bien, répondit Madame Maxime en s'inclinant légèrement. Vous voudreuz bien preuciseu à ceut Agrid que meus cheveux ne boivent que du whisky pur malt. -Nous ferons le nécessaire, assura Dumbledore qui s'inclina à son tour. -Veuneuz, vous autres, dit Madame Maxime à ses élèves d'un ton impérieux et ceux de Poudlard s'écartèrent pour leur permettre de gravir les marches du château.
Ils restèrent là, grelottant dans le froid qui s'installait, et attendirent l'arrivée de la délégation de Durmstrang. La plupart des élèves regardaient le ciel, pleins d'espoir. Pendant quelques instants il régna un grand silence que seuls venaient troubler les bruits de sabots et les hennissements des immenses chevaux de Madame Maxime. Au bout d'un moment, un bruit étrange, sonore et inquiétant, leur parvint dans l'obscurité. C'était une sorte de grondement étouffé auquel se mêlait un bruit de succion, comme si on avait passé un gigantesque aspirateur au fond d'une rivière.. -Le lac ! s'écria Lee Jordan en le montrant du doigt. Regardez le lac ! La surface lisse et noire de l'eau, soudain, n'était plus lisse du tout. De grosses bulles se formèrent et des vagues vinrent lécher les rives boueuses du lac. Enfin, un tourbillon apparut en son centre, comme si on venait d'ôter une bonde géante, au fond de l'eau... La forme noire d'un long mât s'éleva lentement au milieu du tourbillon... -C'est un bateau ! dit Drago à ses acolytes qui étaient totalement bouches bées. Lentement, majestueusement, un vaisseau émergea alors de l'eau, dans le scintillement argenté du clair de lune. Il avait quelque chose d'étrangement spectral, telle une épave sauvée d'un naufrage, et les faibles lueurs qui brillaient derrière ses hublots, comme enveloppées de brume, ressemblaient à des yeux de fantôme. Enfin, dans un bruit de cascade, le vaisseau apparut entièrement, tanguant sur les eaux tumultueuses du lac, et glissa vers la rive. Quelques instants plus tard, ils entendirent l'ancre tomber dans l'eau et le bruit mat d'une passerelle qu'on abaissait sur le rivage. Les passagers débarquaient, défilant à la lueur des hublots, ils étaient vêtus de capes de fourrure épaisse et compacte. L'homme qui était à leur tête portait une fourrure différente, lisse et argentée, comme ses cheveux. -Dumbledore ! s'écria-t-il avec chaleur en s'avançant sur la pelouse. Comment allez-vous, mon cher ami, comment allez-vous ? -Le mieux du monde, merci, professeur Karkaroff, répondit Dumbledore. Karkaroff avait une voix suave et bien timbrée. Il était grand et mince, comme Dumbledore, mais ses cheveux blancs étaient coupés court et son bouc (qui se terminait par une petite boucle de poils) n'arrivait pas à cacher entièrement un menton plutôt fuyant. Lorsqu'il fut devant Dumbledore, il serra ses deux mains dans les siennes. -Ce cher vieux Poudlard, dit-il en regardant le château avec un sourire. Il avait des dents jaunâtres et Drago remarqua que, en dépit de son sourire, ses yeux restaient froids et son regard perçant. -Quelle joie d'être ici, quelle joie, vraiment... Viktor, venez donc vous réchauffer... Ça ne vous ennuie pas, Dumbledore ? Viktor est légèrement enrhumé... Karkaroff fit signe à l'un de ses élèves de le rejoindre. Lorsque le garçon passa devant eux, Drago aperçut un nez arrondi et d'épais sourcils noirs. Il n'eut pas besoin du coup de coude que lui donna Nott pour reconnaître aussitôt ce profil. C'était Krum... Viktor Krum !
Plus tard, Drago était au comble du bonheur. Viktor Krum et ses camarades de Durmstrang s'étaient assis à la table des Serpentard, et Drago se pencha directement vers Krum pour lui parler, affichant aussitôt un petit air supérieur. Il voulu avoir son propre point de vue sur sa performance - déjà légendaire - à la Coupe du Monde de Quidditch. Il découvrit malheureusement que Krum était un homme de peu de mots, ne s'en tenant qu'aux faits sans entrer dans les détails. Leur conversation mourut vite, mais qu'importe. Dans sa tête, Drago était déjà en train d'inventer les histoires sur son amitié naissante avec le champion de Quidditch qu'il s'empresserait de répandre dès le lendemain. A la fin du dîner, Dumbledore prit la parole : -Le moment est venu. Le Tournoi des Trois Sorciers va commencer. Mais je voudrais donner quelques explications avant qu'on apporte le reliquaire... Il présenta ensuite Mr Bartemius Croupton, directeur du Département de la coopération magique internationale et Ludo Verpey, directeur du Département des jeux et sports magiques qui feraient partie des juges de l'événement avec les trois directeurs des écoles. Argus Rusard, qui s'était tenu à l'écart dans un coin de la salle, s'avança vers Dumbledore en portant un grand coffre de bois incrusté de pierres précieuses. Le coffre paraissait très ancien et son apparition déclencha un murmure enthousiaste parmi les élèves. -Les instructions concernant les tâches que les champions devront accomplir cette année ont été soigneusement établies par Mr Croupton et Mr Verpey, reprit Dumbledore pendant que Rusard déposait délicatement le coffre sur la table, juste devant lui. Et ils ont pris toutes les dispositions nécessaires au bon déroulement de cette compétition. Trois tâches auront donc lieu à divers moments de l'année et mettront à l'épreuve les qualités des champions... Leurs capacités magiques - leur audace - leur pouvoir de déduction - et, bien sûr, leur aptitude à réagir face au danger. Ces derniers mots provoquèrent un silence absolu, comme si plus personne n'osait même respirer. -Comme vous le savez, trois champions s'affronteront au cours de ce tournoi, poursuivit Dumbledore d'un ton très calme, un pour chacune des écoles participantes. Ils seront notés en fonction de leurs performances dans l'accomplissement de chacune des tâches et le champion qui aura obtenu le plus grand nombre de points sera déclaré vainqueur. Les trois champions seront choisis par un juge impartial... La Coupe de Feu. Dumbledore prit sa baguette magique et en tapota le coffre à trois reprises. Dans un grincement, le couvercle s'ouvrit avec lenteur et Dumbledore sortit du reliquaire une grande coupe de bois grossièrement taillé. La coupe en elle-même n'aurait rien eu de remarquable s'il n'en avait jailli une gerbe de flammes bleues qui dansaient comme dans l'âtre d'une cheminée. Dumbledore referma le reliquaire et, avec des gestes précautionneux, posa la Coupe dessus pour que chacun puisse la contempler tout à loisir. C'était donc ainsi que l'on pourrait soumettre sa candidature pour être choisi comme champion, en écrivant lisiblement son nom et celui de son école sur un morceau de parchemin avant de le laisser tomber dans cette Coupe de Feu. Elle donnerait le lendemain soir, après le dîner d'Halloween, les noms des trois personnes les plus dignes de représenter leur école. Dumbledore prévoyait de se charger lui-même de tracer une Limite d'Age autour de la Coupe de Feu, mais Drago voyait déjà les jumeaux Weasley et nombreux autres n'ayant pas encore dix-sept ans marmonner des stratégies pour passer outre cette Limite d'Age. Bande d'imbéciles, se dit-il, si la Limite avait été réalisée par Dumbledore, elle serait donc réellement infranchissable. Dumbledore insista également sur le fait que déposer son nom dans la Coupe constituait un engagement, une sorte de contrat magique ne permettant aucun retour possible une fois que quelqu'un aurait été nommé champion. -Voilà. A présent, je crois que le moment est venu d'aller dormir. Bonne nuit à tous.
Le lendemain, à l'issue du dîner l'Halloween, la rumeur des conversations s'intensifia, puis laissa place à un soudain silence lorsque Dumbledore se leva. À ses côtés, le professeur Karkaroff et Madame Maxime semblaient aussi tendus et impatients que les autres. -Voilà, dit Dumbledore, la Coupe de Feu ne va pas tarder à prendre sa décision. Je pense qu'il faudra attendre encore une minute. Lorsque le nom des champions sera annoncé, je demanderai aux heureux élus de venir jusqu'ici et d'aller se regrouper dans la pièce voisine - il indiqua d'un geste la porte située derrière la table des professeurs - où ils recevront leurs premières instructions. Il prit alors sa baguette magique et fit un grand geste de la main. Aussitôt, toutes les chandelles s'éteignirent, sauf celles qui éclairaient l'intérieur des citrouilles évidées, et la Grande Salle fut plongée dans la pénombre. Les flammes bleues, étincelantes, qui jaillissaient de la Coupe, brillaient à présent avec un tel éclat qu'elles faisaient presque mal aux yeux. Tout le monde regardait, dans l'attente... Brusquement, les flammes de la Coupe de Feu devinrent à nouveau rouges, projetant une gerbe d'étincelles. Un instant plus tard, une langue de feu jaillit et un morceau de parchemin noirci voleta dans les airs. L'assemblée retint son souffle. Dumbledore attrapa le morceau de parchemin et le tint à bout de bras pour lire à la lumière des flammes, redevenues bleues, le nom qui y était inscrit. -Le champion de Durmstrang, annonça-t-il d'une voix forte et claire, sera Viktor Krum. Pas de surprise, se dit Drago, tandis qu'un tonnerre d'applaudissements et d'acclamations retentissait dans la salle. Il regarda Viktor Krum se lever de la table des Serpentard et se diriger vers Dumbledore de sa démarche gauche. -Bravo, Viktor ! lança Karkaroff d'une voix si tonitruante que chacun put l'entendre distinctement malgré le tumulte des applaudissements. Je savais que vous en étiez capable ! Le silence revint et tout le monde reporta son attention sur la Coupe dont les flammes rougeoyèrent à nouveau. Un deuxième morceau de parchemin en jaillit, projeté par une langue de feu. -Le champion de Beauxbâtons, annonça Dumbledore, sera une championne. Il s'agit de Fleur Delacour ! Une jeune fille qui ressemblait à une Vélane se leva avec grâce, rejetant en arrière son voile de cheveux blond argenté avant de s'avancer d'une démarche élégante entre les tables des Serdaigle et des Poufsouffle. Cette fille ne manque pas de classe, pensa Drago, pourtant indifférent au charme qu'elle semblait exercer sur les autres représentants de la gent masculine. Lorsque Fleur Delacour eut disparu à son tour dans la pièce voisine, le silence régna à nouveau mais, cette fois, la tension était telle qu'on avait presque l'impression de pouvoir la toucher du doigt. Le prochain champion désigné serait celui de Poudlard... Une fois de plus, les flammes de la Coupe rougeoyèrent, des étincelles jaillirent, une langue de feu se dressa dans les airs et Dumbledore attrapa du bout des doigts le troisième morceau de parchemin. -Le champion de Poudlard, annonça-t-il, est Cedric Diggory ! Les acclamations qui s'élevaient de la table voisine étaient assourdissantes. Tous les élèves de Poufsouffle s'étaient levés d'un bond, hurlant et tapant des pieds, tandis que leur attrapeur, avec un grand sourire, se dirigeait vers la porte située derrière la table des professeurs. Les applaudissements en son honneur se prolongèrent si longtemps que Dumbledore dut attendre un bon moment avant de pouvoir reprendre la parole. Mmmh, se dit Drago mitigé, Diggory avait l'air d'être quelqu'un de correct mais... la maison Poufsouffle pour représenter Poudlard ?! Vraiment ?! Drago aurait bien mieux vu les verts et argents porter cet honneur. -Excellent ! s'exclama Dumbledore d'un air joyeux, quand le vacarme eut pris fin. Nous avons à présent nos trois champions. Je suis sûr que je peux compter sur chacune et chacun d'entre vous, y compris les élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons, pour apporter à nos champions tout le soutien possible. En encourageant vos champions, vous contribuerez à instaurer... Mais Dumbledore s'arrêta soudain de parler et tout le monde vit ce qui l'avait interrompu. Le feu de la Coupe était redevenu rouge. Des étincelles volaient en tous sens et une longue flamme jaillit soudain, projetant un nouveau morceau de parchemin. D'un geste qui semblait presque machinal, Dumbledore tendit la main et attrapa le parchemin entre ses longs doigts. Il le tint à bout de bras et lut le nom qui y était inscrit. Un long silence s'installa, pendant lequel il continua de fixer le parchemin, tous les regards tournés vers lui. Avant même qu'il annonce le nom, Drago avait déjà de qui il s'agissait. Enfin, Dumbledore s'éclaircit la gorge et lut à haute voix :
« Harry Potter » Eh oui, qui d'autre pouvait se trouver au plein centre de circonstances aussi improbables...
Potter restait immobile, malgré que toutes les têtes se soient à présent tournées vers lui. Il avait l'air comme assommé, pétrifié. Il n'y eut pas le moindre applaudissement. Une sorte de bourdonnement, comme celui d'un essaim d'abeilles en colère, montait peu à peu dans la Grande Salle. Certains s'étaient levés pour mieux voir Potter figé sur sa chaise. Même les élèves assis à la longue table de Gryffondor le regardaient bouche bée. Potter marmonna quelque chose à l'intention de ses deux meilleurs amis, mais eux aussi le fixaient avec la même expression ahurie. A la Grande Table, le professeur McGonagall se dressa d'un bond et se précipita pour murmurer quelque chose à l'oreille du professeur Dumbledore qui fronça légèrement les sourcils, il lui adressa alors un signe de tête approbateur avant de répéter : -Harry Potter ! Harry ! Venez ici, s'il vous plaît ! Potter se leva, se prit les pieds dans l'ourlet de sa robe de sorcier et trébucha légèrement. Puis il s'avança entre les tables de Gryffondor et de Poufsouffle. Sa marche vers la table des professeurs sembla avoir duré une éternité lorsqu'il se retrouva enfin devant Dumbledore, les yeux de tous fixés sur lui. -Dans la pièce voisine, Harry, dit Dumbledore sans le moindre sourire. Potter longea la table. Tout le monde avait l'air abasourdi et se contentait de le regarder passer. Drago n'était finalement pas si étonné que cela. Peut-être que cela relevait de l'étonnant pour la plupart des gens qui lui auraient prêté moins d'attention que lui, mais après tout, cela faisait trois ans qu'il observait Potter de près, le voyant se retrouver dans des situations plus farfelues les unes que les autres. Alors pourquoi pas celle-ci. Drago devait sans doute être le seul dans cette immense pièce à trouver presque prévisible cette énième péripétie loufoque de Potter. Celui-ci ouvrit la porte et, comme les trois champions légitimes, il disparut dans la pièce d'à côté. |