[J'ai récemment réécrit la fin en plus détaillé et je vais donc poster ces nouveaux chapitres ces prochains temps :) ]


Chapitre 53

Drago et Harry

HARRY

Harry regardait Malefoy s'éloigner en vitesse et transplaner sans lui avoir accordé un mot ou même un regard. Sa déception fut plus vive qu'il ne s'y attendait. Les révélations d'aujourd'hui avaient beaucoup changé l'idée qu'il se faisait du jeune blond. Il avait déjà pu constater au Manoir que Malefoy n'avait pas été aussi loyal à Voldemort que beaucoup auraient pu croire, mais celui-ci s'était véritablement comporté très différemment de ce que Harry avait pensé tout au long cette guerre... Il avait vraiment envie de mieux comprendre ce qu'il avait traversé pour en arriver là. Mais c'était trop tard, le Serpentard avait déjà filé. Harry se tourna donc vers Narcissa qui le regardait d'un air à la fois un peu hautain qui laissait tout de même transparaître une certaine curiosité. Elle devait avoir décidé de laisser transparaître quelques émotions sans parvenir à se débarrasser totalement de ses vieilles habitudes aristocratiques, pensa-t-il.
-Bonjour Madame Malefoy. 
-Bonjour Monsieur Potter.
-J'aurais aimé dire quelques mots à Malf... Drago, mais... bref, de toute façon c'était surtout à vous que je souhaitais parler. Pourrez-vous juste lui rendre ceci de ma part s'il vous plaît ? Elle m'a été très utile au bon moment, mais il en a plus besoin que moi désormais.
Il lui tendit la baguette d'aubépine de Malefoy. Il avait presque du mal à s'en séparer, mais il ne s'en était plus servi depuis que la sienne avait été réparée. Malefoy ayant été élevé dans la magie toute sa vie, ces dernières semaines sans baguette avaient dû être très difficiles pour lui. Harry la lui rendait de son plein gré, donc la baguette ne devrait pas poser de problème d'allégeance à Malefoy et fonctionnerait sans doute normalement. Narcissa la prit soigneusement.
-Je n'y manquerai pas, et je vous remercie également de votre témoignage en sa faveur. Ainsi qu'en la mienne. Je ne connais cependant pas les raisons qui l'ont poussé à partir si prestement, car cela va à l'encontre de la politesse que je lui ai inculquée. Cependant comme vous l'avez si justement dit aujourd'hui, notre éducation comportait apparemment des lacunes, n'est-ce pas Mr Potter ?!
Harry était à moitié embarrassé, à moitié amusé par la pique de Mrs Malefoy. Il ne la sentait pas belliqueuse, même si, dans un autre contexte elle aurait sans doute très mal pris une telle critique de sa pédagogie parentale. Harry décida de passer outre pour en venir directement à la raison pour laquelle il avait voulu la voir.
-Non, c'est moi qui vous remercie. Votre geste dans la forêt interdite m'a sauvé la vie, ainsi que celles de nombreux autres. Si ma présence aujourd'hui a pu contribuer à l'issue favorable de votre procès, c'était bien la moindre des choses de ma part en comparaison à ce que vous avez fait pour moi cette nuit-là.
Narcissa hocha la tête, appréciant visiblement son remerciement sans trouver quoi que ce soit à y répondre. Harry ne put s'empêcher d'ajouter :
-Je ne savais pas que Drago avait fait tout cela.
-Moi non plus.
Narcissa avait répondu avec une franchise qui les surprit tous les deux.
-Je suis ravi d'avoir pu le montrer sous un autre jour aux yeux du conseil, mais je suis encore plus content d'avoir assisté au témoignage d'Abelforth qui m'a également fait le percevoir différemment.

Narcissa le fixait sans rien dire et Harry prit conscience qu'il en disait trop. Il s'apprêtait à la saluer lorsqu'elle fouilla une poche intérieure de sa robe et en sortit un parchemin en très mauvais état. Il avait été lacéré en huit morceaux puis rafistolé avec du ruban adhésif magique le long des déchirures, et était complètement froissé comme s'il avait passé des années dans la poche de Narcissa Malefoy. Sans un mot, elle lui tendit le parchemin, le salua et, comme son fils, s'en alla sans un regard en arrière.
Perplexe, Harry déplia le parchemin plié, et ouvrit de grand yeux ronds à la lecture d'une lettre qui lui avait été écrite plusieurs années auparavant :

Potter,

Je ne savais pas pour ton parrain...

J'ose espérer qu'en l'ayant su j'aurais agis différemment envers toi la semaine dernière, mais en général je ne me contrôle pas tant que cela en ta présence. Pourtant le self-contrôle est quelque chose que j'ai pratiqué toute ma vie, contrairement à d'autres idiots qui portent fièrement leur cœur en bandoulière...
Malgré la tournure de ces premières phrases, ma lettre n'a pas pour but de t'insulter, mais simplement de t'exprimer mon soutien en cette heure que j'imagine sombre pour toi. Tu douteras peut-être de la sincérité, ou même juste de l'honnêteté de ma démarche, mais crois moi je n'ai rien à gagner en t'envoyant cette lettre, et beaucoup à perdre au contraire.

Nous sommes dans des camps opposés, et cela s'est véritablement officialisé aujourd'hui, bien plus tôt que je ne l'aurais pensé. Quoi qu'il en soit, et en ayant pourtant essayé de te haïr de toutes mes forces, je ne parviens pas à être indifférent à ta personne, et en un sens tu m'affectes que je le veuille ou non. Je préfèrerais que ce ne soit pas le cas, mais t'imaginer seul dans ton deuil en ce moment m'emplit de tristesse, et je tenais à faire un geste vers toi. Cela ne changera rien, plus rien ne peut être changé de toute façon, mais il est de plus en plus difficile pour moi de faire comme si tout cela n'avait aucune importance, comme si tu n'avais aucune importance...

Je sens que mes mots commencent à tourner en rond, et que je t'en ai déjà bien plus dit que nécessaire, alors je vais achever cette lettre sans plus tarder, en te souhaitant mes plus sincères condoléances.

Drago Malefoy

PS : Je t'en veux tout de même toujours d'avoir envoyé mon père en prison.

DRAGO

Lorsque sa mère rentra peu de temps après lui, elle ne lui expliqua pas ce que Potter lui avait voulu, et Drago n'osa pas aborder le sujet. Il fut surpris, mais ravi, lorsqu'elle lui tendit SA baguette que Potter lui avait rendue. Il la testa aussitôt avec un Lumos et elle rayonna, fonctionnant à merveille. Retrouver sa baguette au bout de son bras le fit se sentir à nouveau entier et l'emplit d'énergie. Drago insista pour préparer tout le repas. Ces dernières semaines, il s'était découvert une passion pour la cuisine, car l'exercice lui permettait de se vider la tête, l'empêchant de trop penser au procès qu'il redoutait alors. C'était finalement une activité s'approchant assez des préparations de potions. Il avait jusque-là dû emprunter la baguette de sa mère, ou même souvent se résoudre à des approches plus moldues de l'art culinaire, mais ayant retrouvé sa baguette Drago prit un immense plaisir à préparer le repas avec son outil préféré. Leur dîner fut assez calme et silencieux, l'absence de Lucius pesait sur la vaste salle à manger. Malgré le chagrin qu'elle devait ressentir, Narcissa n'oublia pas de complimenter Drago sur les mets, comme elle le faisait à chaque fois qu'il exerçait son nouveau hobby. Durant le dessert, Narcissa dit à Drago qu'elle approuvait la façon de penser de McGonagall et qu'elle espérait qu'il retournerait à Poudlard en Septembre afin de passer ses ASPIC. Il avait un tel potentiel que cela aurait été du gâchis qu'un mauvais choix de jeunesse mette un terme à une carrière potentiellement brillante. Drago ne savait pas trop si cette perspective existait réellement pour un ancien Mangemort, et n'aimait pas trop l'idée de laisser sa mère seule dans cette immense maison. Il appréciait cependant énormément qu'elle lui présente un choix au lieu de lui imposer ce qu'elle pensait le plus juste. Avoir le choix était un luxe qui lui avait souvent cruellement manqué ces dernières années. De plus, Drago devait s'admettre qu'il rêvait de reprendre son apprentissage qui lui avait énormément manqué. En réalité, Drago mourrait d'envie de retrouver Poudlard.

HARRY

De retour au Terrier après le procès, Harry s'affala sur son matelas dans la chambre de Ron. Mrs Weasley avait littéralement roucoulé de plaisir en apprenant la relation de son fils avec Hermione, mais elle s'était montrée intraitable dans son refus de les laisser partager une chambre lorsque Ron en avait suggéré l'idée à son retour dans la maison familiale. De toute façon, le visage d'Hermione avait pris une telle couleur cramoisie en entendant son nouveau petit ami émettre cette demande que Harry n'était pas sûr que la décision de cohabitation était mutuelle, ni même que son amie aurait accepté. George avait alors étouffé son premier fou-rire depuis que la guerre avait pris fin, et le cœur de Harry s'était serré en le voyant regarder par réflexe l'espace désormais vide à ses côtés où se tenait normalement son jumeau. Les choses n'étaient que partiellement revenues à la normale ces derniers mois, et Harry était le premier à en souffrir.

-C'était si crevant que ça de témoigner que les Malefoy ne sont pas les pires crapules pleine de poux qu'il soit ?
Harry releva la tête pour voir la chevelure rousse de son meilleur ami traverser la porte et le rejoindre dans la pièce. Ron traînait derrière lui une Hermione encore plus décoiffée que d'habitude qui affichait un grand sourire. Il allèrent s'asseoir sur le vieux matelas de Ron, sans pour autant se lâcher la main ni remarquer le nuage de poussière qui s'éleva sous leurs poids combinés.
-Tu me diras, c'est effectivement un sacré boulot de devoir prouver la « bonté » de cette famille-là ! repris Ron d'un ton moqueur.
Harry savait qu'il ne servait à rien de discuter de cela avec lui, Ron avait déjà eu beaucoup de mal à comprendre pourquoi son meilleur ami tenait à être présent à ce procès, et encore moins à y témoigner favorablement. Harry se contenta donc d'échanger un regard amusé avec Hermione avant de leur raconter en détail le témoignage d'Abelforth. A la fin, Ron ouvrait des yeux ronds comme des soucoupes, mais Hermione ne semblait pas si étonnée que cela.
-Intéressant, Drago était une sorte de Mangemort résistant... Comme Rogue en fait !
Harry ne savait pas quoi ajouter à cela, et vit Ron retenir de justesse une blague, sans doute peu respectueuse, sur leur défunt enseignant. A la place il se contenta de hocher la tête et de demander à Hermione ce qu'elle entendait par « résistant », puis d'écouter d'un air captivé les explications enthousiaste de sa petite amie sur l'histoire française de la Seconde Guerre mondiale. Harry mordit sa lèvre inférieure pour retenir un ricanement. Il connaissait bien son ami et voyait à son regard légèrement vitreux que celui-ci devait probablement se remémorer un match de Quidditch discrètement dans sa tête. Ron avait fait de sacrés progrès comme petit ami car même si son intérêt était feint, il était évident qu'Hermione rayonnait de plaisir de pouvoir lui partager sa culture.

Tous trois plaisantèrent encore, émettant des hypothèses quant aux élèves qui retourneraient à Poudlard en Septembre. Certains noms étaient néanmoins soigneusement évités pour ne pas raviver les douleurs de la bataille finale de cet été. Harry ne pouvait s'empêcher de penser à un élève en particulier, ressentant de plus en plus de curiosité à son égard, et devinant qu'il ne pourrait d'empêcher d'être déçu de ne pas le retrouver à la rentrée, maintenant que Ron, Hermione et lui avaient décidé de retourner finir leur scolarité au château.