Chapitre 39
Au delà de toute aide
En embarquant dans le Poudlard Express, Drago prit directement la direction du compartiment qu'il occupait habituellement avec sa bande de Serpentard sans se donner la peine d'aller au briefing des préfets comme il aurait dû le faire. Ce genre de préoccupations scolaires n'avait plus autant d'importance qu'avant à ses yeux, et sa discussion avec Dumbledore sur l'éventualité de devenir préfet en chef lui paraissait avoir eu lieu des années lumières plus tôt. Il vit passer Weasley et Granger, il leur adressa un simple geste grossier de la main. Il n'avait pas l'énergie pour une nouvelle dispute, et celle-ci n'aurait de toute façon aucun intérêt sans Potter. Les préfets Gryffondor allaient probablement à la réunion, et Pansy, en bonne petite Serpentard, devait déjà s'y être rendue en avance. Lorsqu'elle en revint, elle adressa un regard curieux à Drago dont l'absence l'avait intriguée. Elle commença à le bombarder de questions, mais il restait assez évasif. Zabini n'était pas encore des leurs, accaparé par une lubie quelconque de leur nouvel enseignant Slughorn, et Drago ne voulait faire sa grande annonce qu'une seule fois... Lorsque Zabini les rejoignit dans le compartiment, il se passa quelque chose d'étrange. Alors que Blaise tentait de fermer la porte, celle-ci refusait de glisser jusqu'au bout. -Qu'est-ce qui se passe ? s'impatienta-t-il en repoussant à plusieurs reprises la porte coulissante qui se rouvrit brutalement, et Zabini, toujours agrippé à la poignée, tomba de côté sur les genoux de Goyle. Dans la confusion qui s'ensuivit, Drago eut l'impression de voir une sorte d'éclair blanc ressemblant vaguement à une basket... Mais Goyle referma la porte d'un coup sec et repoussa violemment Zabini qui s'effondra sur son propre siège, visiblement secoué, alors que Crabbe se replongeait dans sa bande dessinée. Drago ricana, son moment approchait. Il s'allongea sur deux sièges, et posa sa tête sur les genoux de Pansy. Depuis la fin du trimestre dernier, elle s'était montrée extrêmement tactile envers lui, et si au début cela l'avait agacé, Drago avait fini par se laisser faire, s'assurant juste qu'elle ne se faisait pas trop d'idées quand-même. Pansy se mit à caresser ses cheveux blonds et soyeux, dégageant son front avec un petit rire satisfait, comme si elle pensait à toutes celles qui auraient tant aimé être à sa place. Même si les caresses de Pansy ne lui faisaient aucun effet particulier, il tirait un léger réconfort de ces simples contacts physiques et parfois, lorsqu'il laissait son imagination vagabonder, ceux-ci pouvaient même devenir agréables quand il imaginait que c'était quelqu'un d'autre qui les lui procurait... Les lanternes accrochées au plafond du wagon les éclairaient d'une lumière vive, et Drago ferma momentanément les yeux. -Alors, Zabini, dit-il sans le regarder, qu'est-ce que voulait Slughorn ? -Il essayait simplement de se faire bien voir par les fils de bonne famille, répondit Zabini qui continuait de lancer à Goyle des regards furieux. Mais il n'a pas réussi à en trouver beaucoup. Cette information ne plu pas beaucoup à Drago qui rouvrit d'un coup les yeux. Il était un fils de bonne famille, et aurait donc dû être convié! -Qui étaient les autres invités ? demanda-t-il. -McLaggen, de Gryffondor. -Ah ouais, son oncle est une huile du ministère, commenta Drago. -... un autre qui s'appelle Belby, de Serdaigle... -Ah non, pas lui, c'est un abruti ! s'exclama Pansy. -... et aussi Londubat, Potter et la fille Weasley, acheva Zabini. Drago se redressa brusquement, écartant d'un coup sec la main de Pansy. -Il a invité Londubat ? -J'imagine, puisqu'il était là, dit Zabini d'un air indifférent. -En quoi Londubat peut-il bien intéresser Slughorn ? Zabini haussa les épaules. -Potter, le précieux petit Potter, ça évidemment, il voulait voir à quoi ressemble l'Elu, poursuivit Drago avec un rictus méprisant, mais la petite Weasley ! Qu'est-ce qu'elle a de spécial, celle-là ? -Il y a plein de garçons qui l'aiment bien, assura Pansy en jetant à Drago un regard en biais pour voir sa réaction. La jalousie féminine était vraiment ridicule. Même toi, Blaise, tu dis qu'elle est jolie et tout le monde sait à quel point il est difficile de te plaire ! -Je ne toucherai jamais à une fille qui a ignoblement trahi son sang, même si elle est jolie, affirma Zabini avec froideur, et Pansy parut satisfaite. Drago reposa la tête sur ses genoux et la laissa à nouveau lui caresser les cheveux. -Le mauvais goût de Slughorn me fait pitié. Peut-être qu'il devient un peu gâteux. Dommage, mon père, qui était un de ses élèves préférés, a toujours dit qu'il était un bon sorcier en son temps. Slughorn ne doit pas savoir que je suis dans le train, sinon... -A ta place, je ne compterais pas sur une invitation, dit Zabini. Quand je suis arrivé, il m'a demandé des nouvelles du père de Nott. Ils étaient amis, apparemment, mais quand il a appris qu'il avait été arrêté au ministère, il ne semblait pas très content et Nott n'a pas été invité. Je ne crois pas que Slughorn s'intéresse aux Mangemorts. Drago se força à rire, d'un rire singulièrement dépourvu d'humour. -Personne ne se soucie de ce qui l'intéresse ou pas. Qui est-il, quand on y réfléchit ? Un imbécile de prof, rien de plus. Drago bâilla avec ostentation. -Peut-être que je ne serai même plus à Poudlard l'année prochaine, alors qu'est-ce que ça peut me faire qu'un vieux fossile obèse m'aime ou pas ? -Qu'est-ce que tu veux dire, tu ne seras peut-être plus à Poudlard l'année prochaine ? s'exclama Pansy d'un ton indigné en interrompant ses caresses. -On ne sait jamais, répondit Drago avec l'ombre d'un sourire, il avait attendu de leur faire ce discours depuis un petit moment. Il est possible que... heu... je m'occupe de choses plus importantes et plus intéressantes. Crabbe et Goyle restèrent bouche bée : apparemment, ils n'avaient pas la moindre idée de ce que pouvaient être ces choses plus importantes et plus intéressantes que projetait Drago. Même Zabini trahissait une curiosité qui tempérait l'expression hautaine de ses traits. Pansy, la mine ahurie, recommença à caresser lentement les cheveux de Drago. -Tu veux dire... Lui ? Drago haussa les épaules. -Ma mère veut que je finisse mes études mais personnellement, je ne crois pas que ce soit si utile, de nos jours. Réfléchissez un peu... Quand le Seigneur des Ténèbres aura pris le pouvoir, vous croyez qu'il s'occupera de savoir combien de BUSE et d 'ASPIC chacun peut avoir ? Bien sûr que non... Ce qui comptera, c'est le genre de services qu'on lui aura rendus, le degré de dévotion qu'on lui aura montré. -Et tu crois que toi, tu seras capable de faire quelque chose pour lui ? demanda Zabini d'un ton cinglant. Seize ans et même pas encore diplômé ? -Je viens de te le dire, non ? Peut-être qu'il s'en fiche que je sois diplômé ou pas. Peut-être que le travail qu'il veut me confier ne nécessite pas de diplôme, répondit Drago à voix basse, en essayant d'éviter de penser au travail en question. Crabbe et Goyle avaient tous deux la bouche ouverte comme des gargouilles. Pansy baissait les yeux vers Drago comme si elle n'avait jamais rien vu d'aussi impressionnant. -J'aperçois Poudlard, dit-il, ravi de l'effet qu'il venait de créer et montrant du doigt la fenêtre obscurcie par la nuit tombante. Il est temps de mettre nos robes.
Quand Goyle prit sa valise, il se passa une nouvelle chose bizarre. Lorsqu'il la fit basculer du filet, il y eut une sorte de bruit ressemblant à un hoquet de douleur. Drago leva les yeux, les sourcils froncés. Il savait qu'il connaissait cette voix... Ne voulant pas montrer qu'il se doutait de quelque chose, il revêtit sa robe en même temps que les autres, referma sa valise et, tandis que le train réduisait son allure, se traînant avec une lenteur saccadée, il attacha autour de son cou une épaisse cape de voyage toute neuve. Enfin, dans une dernière secousse, le train s'immobilisa. Goyle ouvrit la porte avec force et joua des muscles pour se frayer un chemin parmi une foule d'élèves de deuxième année qu'il écarta à coups de poing. Crabbe et Zabini le suivirent. -Pars devant, dit Drago à Pansy qui l'attendait la main tendue comme si elle espérait qu'il allait la prendre. Je veux simplement vérifier quelque chose. Pansy s'en alla, visiblement déçue. Des élèves passaient dans le couloir, descendant sur le quai plongé dans l'obscurité. Drago s'approcha de la porte et tira les stores pour qu'on ne puisse pas le voir de l'extérieur. Puis il se pencha sur sa valise et l'ouvrit à nouveau. -Petrificus totalus ! Sans aucun avertissement, Drago pointa sa baguette sur l'endroit d'où était venu le bruit. Comme dans un film au ralenti, Potter apparut de nulle part alors qu'il basculait du filet à bagages, paralysé, tombant aux pieds de Drago dans un choc qui fit trembler le plancher. La cape d'invisibilité que Drago l'avait suspecté de posséder depuis qu'il avait vu sa tête flotter dans le vide à Pré-au-lard était coincée sous lui, le révélant au grand jour, les jambes recroquevillées dans la position absurde, semblable à une génuflexion. Drago affichait un large sourire, mais à l'intérieur de lui une véritable tempête d'émotions bouillonnait. -C'est bien ce que je pensais, constata-t-il. J'ai entendu la valise de Goyle te cogner. Et j'ai cru voir passer un éclair blanc après le retour de Zabini... Ses yeux s'attardèrent un instant sur les baskets de Potter. -Je suppose que c'était toi qui bloquais la porte quand Zabini est revenu ? Il observa Potter un moment. Une incontrôlable fureur montait en lui. La dernière fois qu'il avait vu Potter, il était déjà énervé contre lui pour l'incarcération de son père, et cette colère était revenue dès qu'il avait posé les yeux sur son visage. En plus, Potter n'était pas passé loin de découvrir des choses franchement compromettantes à son sujet, et Drago se félicitait d'être resté aussi évasif. -Tu n'as rien pu entendre d'important, Potter. Mais puisque tu es là... Plus que tout, une pensée se répétait dans sa tête, surpassant toutes les autres.
« Tu ne peux plus rien pour moi. »
C'était le Survivant, le foutu sauveur notoirement connu pour toujours vouloir sauver tout le monde, au point que le Seigneur des Ténèbres avait pu utiliser cela contre lui cet été.
« Tu ne peux plus rien pour moi. »
Il ne pouvait pas s'empêcher de jouer les sauveurs, mais il n'en avait pourtant pas envie quand il s'agissait de Drago. Potter aurait sauvé tout le monde sauf lui, sur qui il préférait enquêter plutôt que de simplement lui demander directement s'il allait bien.
« Tu ne peux plus rien pour moi... »
Il serait toujours traité avec méfiance par Potter, il ne méritait même pas son inquiétude, il ne méritait pas d'être sauvé. De toute façon, même si Potter avait bien voulu le sauver, il ne le pouvait même plus à ce stade là...
« TU NE PEUX PLUS RIEN POUR MOI ! »
Il lui donna un violent coup de pied en plein visage. Il sentit son nez se casser, du sang gicla un peu partout. Cet éclat de violence physique le calma presque instantanément, et Drago se sentit juste vide et désespéré. Presque sans énergie, il conclut rapidement : -De la part de mon père. Et maintenant... Drago dégagea la cape coincée sous le corps immobile de Potter et la jeta sur lui. -Je pense qu'ils ne te retrouveront pas avant que le train soit rentré à Londres, dit-il à voix basse. A un de ces jours, Potter... ou peut-être pas. Puis, prenant bien soin, au passage, de lui marcher sur les doigts, Drago quitta le compartiment. Qu'il retourne à Londres, se dit-il sans conviction, et bon débarras. Personne ne peut plus rien pour moi...
Lorsque les élèves arrivèrent dans le hall d'entrée, Rusard les fit tous passer au Capteur de Dissimulation. Avec cette technique, tout objet ayant un rapport quelconque avec la magie noire était facilement découvert. Crabbe se fit même confisquer une simple tête réduite. Drago allait devoir penser sa stratégie sans compter sur la possibilité de faire entrer des objets de Magie Noire dans le château. Il se félicita d'avoir en quelques sortes déjà anticipé en cachant sa Main de Gloire sur place ! Une fois dans la Grande Salle, Drago assista à la chanson d'unité du Choixpeau et à la Répartition sans grand intérêt. Lorsque la nourriture arriva, il joua avec du bout de sa fourchette sans appétit. Bien entendu, Potter devait avoir des gardes du corps à un endroit ou à un autre, car il ne s'était pas retrouvé à Londres mais finit par réapparaître dans la Grande Salle peu de temps après le début du dîner. Cet imbécile avait oublié de nettoyer le sang sur son visage et cela occasionnait forcément des regards étonnés chez le reste des élèves. Drago se dit qu'à force, les autres devaient quand même se demander pourquoi Potter était TOUT LE TEMPS couvert de sang. Drago le vit se donner un air grave et héroïque en répondant aux questions des autres Gryffondor et ceci l'agaça. Il s'assura bien qu'à la table des Serpentard au moins, tout le monde sache qu'il l'avait trouvé embusqué comme un espion de pacotille dans un coin du train et lui avait cassé le nez d'un coup de pied fracassant. Inutile de mentionner à tous sa cape d'invisibilité, ni le fait qu'il l'avait abandonné dans le train, mais Drago espérait bien que le reste de son histoire se répandrait aussi largement que possible. A la fin du dîner, Dumbledore se leva et les conversations et les rires qui résonnaient dans la salle s'évanouirent presque aussitôt. -Je vous souhaite chaleureusement le bonsoir ! dit-il avec un grand sourire, les bras largement écartés comme s'il avait voulu étreindre tout le monde à la fois. Qu'est-ce qui était arrivé à sa main ? se demanda Drago. Il n'était pas le seul à l'avoir remarqué : la main droite de Dumbledore était noircie et cadavérique. Des chuchotements se répandirent d'un bout à l'autre de la salle. Dumbledore, qui en avait deviné la cause, se contenta de sourire et tira sa manche pourpre et or sur sa main blessée. -Rien d'inquiétant, assura-t-il d'un ton dégagé. A présent... je souhaite la bienvenue aux nouveaux élèves et je salue le retour des anciens ! Une nouvelle année d'apprentissage de la magie vous attend... Il se lança dans l'habituel blabla des objets interdits par Rusard et des essais pour les équipes de Quidditch, mais Drago ne se sentait plus vraiment concerné. Son intérêt fut à nouveau un peu piqué lorsque Slughorn se leva, son crâne chauve brillant à la lumière des chandelles, son gros ventre, dans son gilet, plongeant la table dans l'ombre. -Nous sommes heureux d'accueillir cette année un nouvel enseignant dans notre équipe, le professeur Slughorn, un de mes vieux collègues qui a accepté de reprendre son ancien poste de maître des potions. -Des potions ? -Des potions ? Le mot se répéta en écho dans toute la salle, les élèves se demandant s'ils avaient bien entendu. Drago ouvrait des yeux ronds, il ne savait pas ce que valait l'enseignement de Slughorn mais il avait pensé pouvoir garder l'excellent niveau que les cours exigeants de Rogue lui avaient permis d'atteindre dans sa matière préférée pour les ASPIC. Puis il se rappela que, d'une manière ou d'une autre, les choses changeraient tellement pour lui à la fin de l'année qu'il ne pourrait sans doute pas passer ses ASPIC... -Le professeur Rogue, quant à lui, poursuivit Dumbledore en élevant la voix pour couvrir la rumeur, se chargera des cours de défense contre les forces du Mal. - Non ! s'écria Potter si fort que de nombreuses têtes se tournèrent vers lui. Rogue, qui était assis à la droite de Dumbledore, ne se leva pas lorsque son nom fut prononcé. Il se contenta d'un geste nonchalant de la main pour remercier les élèves de Serpentard qui l'applaudissaient, mais Drago avait perçu une expression triomphale son visage. Dumbledore s'éclaircit la gorge. Un brouhaha s'était élevé dans toute la salle à l'annonce, mais apparemment indifférent à la sensation qu'il venait de provoquer en annonçant la nouvelle, Dumbledore n'ajouta rien sur les professeurs et attendit quelques secondes qu'un silence total soit revenu avant de poursuivre : -Autre chose à présent : comme tout le monde le sait dans cette salle, Lord Voldemort et ses partisans sont à nouveau en liberté et se renforcent de plus en plus. Le silence devint tendu, pesant, à mesure qu'il parlait. Drago ne voulut pas se concentrer sur le discours de Dumbledore. Il se sentait presque embarrassé car il savait déjà plus ou moins ce que celui-ci allait dire, et il préférait du coup avoir l'air indifférent. Sans le regarder, il faisait voler sa fourchette devant lui à l'aide de sa baguette magique, espérant donner à tous l'impression qu'il trouvait les paroles du directeur indignes de son attention. -Je n'insisterai jamais assez sur les dangers que représente cette situation et sur les précautions que chacun d'entre nous doit prendre pour assurer notre sécurité. Les fortifications magiques du château ont été consolidées au cours de l'été, nous disposons désormais de moyens nouveaux, plus puissants, pour assurer notre protection, mais nous devrons nous garder soigneusement de toute imprudence, que ce soit de la part des élèves ou de celle des enseignants. Je vous demande donc instamment de respecter les restrictions qui pourraient vous être imposées pour des raisons de sécurité, aussi détestables qu'elles vous paraissent - en particulier l'interdiction de vous trouver ailleurs que dans votre lit en dehors des heures autorisées. Je vous supplie, au cas où vous remarqueriez quelque chose de suspect à l'intérieur ou à l'extérieur du château, d'en informer immédiatement un professeur. Je compte sur vous pour accorder, dans votre conduite quotidienne, la plus grande attention à votre sécurité et à celle des autres. Dumbledore balaya la salle de son regard bleu, et s'arrêta sur Drago jusqu'à ce qu'il croise ses yeux gris, puis il sourit à nouveau. Drago sentit ses joues rosir légèrement et accorda toute son attention à sa fourchette en lévitation. -Mais maintenant, des lits tièdes et confortables vous attendent et je sais que votre première priorité sera d'être parfaitement reposés pour vos cours de demain. Souhaitons-nous donc bonne nuit. Salut ! Dans l'habituel raclement assourdissant des bancs qu'on repoussait, des centaines d'élèves commencèrent à sortir de la Grande Salle pour prendre le chemin de leurs dortoirs.
En allant se coucher ce soir-là, Drago ne sentit pas le même réconfort que les années précédentes en retrouvant le château familier. Il se sentait presque de trop. Trop impliqué dans la cause de son camp pour redevenir un simple élève, trop jeune et peu sûr de lui pour faire un aussi bon Mangemort que son père... Il retournait nerveusement dans sa tête la mission qu'on lui avait confié. Même si Dumbledore n'était que l'un des nombreux directeurs ayant dirigé Poudlard, il avait énormément contribué à l'âme de l'école... Celle-ci allait-elle rejeter Drago une fois qu'il aurait commis l'acte qu'on lui demandait ? Allait-il perdre ce lieu où il s'était senti si bien pendant si longtemps en plus de son innocence ? En tout cas, il pouvait être fier d'avoir déjà percé quelques secrets du château, et dès le lendemain, il allait pouvoir vérifier si celui d'entre eux qu'il avait en tête convenait bel et bien pour s'y installer et tenter de réparer l'Armoire à Disparaître... |