Chapitre 34
L'armée de Dumbledore... Et celle d'Ombrage
Un soir, Drago eut la surprise d'être convoqué dans le bureau du professeur Ombrage. Il fut encore plus étonné d'y retrouver Crabbe, Goyle, Pansy, et une poignée d'autres élèves de Serpentard uniquement car personne ne semblait provenir d'une autre maison. Elle leur expliqua en quelques mots qu'elle avait besoin de gens de confiance pour interrompre une activité contraire au décret d’éducation numéro vingt-quatre. Drago voyait bien duquel elle voulait parler mais devant le regard vide de Crabbe et Goyle il récita: -Aucune organisation, association, équipe, groupe ou club d’élèves ne peut exister sans l’approbation de la Grande Inquisitrice. -C'est très bien Drago, lui répondit Ombrage d'un ton doucereux, excellente mémoire, cela fera dix points pour Serpentard ! Elle leur expliqua alors qu'elle soupçonnait depuis un moment un groupe d'élèves de tenir des réunions illicites et elle venait tout juste d'en avoir la confirmation par la trahison volontaire de l'une des participantes. Apparemment Potter était au centre de tout cela (comme d'habitude, se dit Drago qui reçut cette information sans surprise) et puisqu'un rassemblement avait lieu ce soir même, Ombrage voulait les prendre la main dans le sac. Pour toutes les fois où Potter avait fait fi du règlement et s'en était tiré sans le moindre ennui, Drago était ravi de cette opportunité de le coincer enfin ! La Grande Inquisitrice les conduisit au septième étage et leur ordonna de s'embusquer partout dans le couloir car la réunion devait bientôt prendre fin et ils les attraperaient en sortant. Mais à peine furent-ils installés qu'ils virent des élèves surgir d'une porte sur le mur en face de la tapisserie représentant Barnabas le Follet battu par les trolls. Quelqu'un avait dû les prévenir de leur venue car ils couraient à toutes jambes dans différentes directions. Drago en laissa filer plusieurs, ce n'étaient pas eux qui l'intéressaient... Il perçut enfin Potter qui se mit à courir à son tour vers la droite en direction des toilettes des garçons. Drago s'empressa de lui jeter un sort, refusant qu'il lui file entre les doigts. « AAARGH ! » Potter fit une chute spectaculaire, glissant à plat ventre sur une distance de deux mètres avant de s’arrêter enfin. Drago éclata de rire et sortit de sa cachette dans une niche, derrière un horrible vase en forme de dragon. -Maléfice du Croche-Pied, Potter ! lança-t-il. Hé, professeur... PROFESSEUR ! J’en ai un ! Ombrage surgit au bout du couloir, essoufflée mais le sourire ravi. -C’est lui ! dit-elle avec jubilation en voyant Potter par terre. Excellent, Drago, excellent ! Oh, c’est vraiment très bien, cinquante points pour Serpentard ! Je m’en occupe, maintenant... Debout, Potter ! Potter se releva en leur jetant à tous les deux un regard noir. Drago n’avait jamais vu Ombrage aussi heureuse. Elle saisit le bras de Potter en le serrant comme un étau et se tourna vers Drago avec un large sourire. -Voyez si vous pouvez encore en attraper, Drago, dit-elle. Demandez aux autres d’aller faire un tour à la bibliothèque, qu’ils repèrent ceux qui sont essoufflés, vérifiez aussi les toilettes, Miss Parkinson s’occupera de celles des filles. Allez-y. Quant à vous, Potter, ajouta-t-elle de sa voix la plus douce et la plus menaçante tandis que Drago s’éloignait, un peu déçu de ne pas rester un peu plus à garder son prisonnier, vous allez venir avec moi dans le bureau du directeur.
Malheureusement ils ne trouvèrent que peu d'élèves fautifs, mais de toute façon, pour Drago l’essentiel était d'avoir déjà réussi à coincer leur leader. Il avait également confisqué un objet étonnant qu'il retrouvait dans les poches de tous les coupables : un Gallion d'or très réaliste jusqu'à ce qu'on regarde de plus près les chiffres sur la tranche de la pièce. Sur un vrai Gallion, il n'y aurait eu là qu'un simple numéro de série désignant le gobelin qui avait frappé la monnaie. Sur toutes ces fausses pièces, en revanche, les chiffres indiquaient la date d'aujourd'hui et une heure correspondant sans doute à celle de la réunion. Ils avaient dû soumettre ces pièces à un sortilège Protéiforme pour communiquer discrètement entre eux leurs prochains rendez-vous. Impressionné par tant d'ingéniosité, Drago garda sa découverte pour lui. Inutile de montrer à Ombrage quelque chose qui pourrait peut-être un jour lui servir.
Le lendemain, Drago reçut une lettre appréciatrice de son père, à qui Fudge avait déjà raconté les événements de la veille, ne tarissant pas d'éloges au sujet du jeune Malefoy. Apparemment, leur intervention avait par la suite conduit à la destitution de Dumbledore en tant que directeur, et ce dernier avait fui pour éviter l'arrestation. Cela expliquait donc le décret d’éducation numéro vingt-huit signé par Cornélius Oswald Fudge, ministre de la Magie, qui avait été publié ce matin déclarant que : PAR ORDRE DU MINISTÈRE DE LA MAGIE Dolores Jane Ombrage (Grande Inquisitrice) remplaçait Albus Dumbledore à la direction de l’école de sorcellerie Poudlard. Drago était ravi de la satisfaction évidente de son père qui le convainquait à continuer dans cette voie pour obtenir d'autres louanges de sa part. Cependant, les différentes conversations qu'il avait eu avec Dumbledore lui revenaient également en tête, et il se sentait un petit peu mal à l'aise que sa famille soit à nouveau à l'origine de son renvoi des fonctions directoriales. Ses doutes furent rapidement étouffés par une nouvelle convocation dans le bureau d'Ombrage en compagnie des mêmes élèves de Serpentard que la veille. La Grande Inquisitrice/Directrice leur expliqua les nouvelles fonctions qu'elle voulait les voir endosser, et les privilèges qui allaient avec...
Partout où allait Drago, on ne parlait que de la fuite de Dumbledore bien que les détails aient été enjolivés. Certains racontaient même que Fudge se trouvait à présent à Ste Mangouste avec une citrouille à la place de la tête. Drago surprit une conversation dans ce genre entre Potter et sa bande et le préfet de Poufsouffle, Ernie Macmillan. Il s'approchait d'eux au moment où ce dernier racontait avec des airs de conspirateur qu’Ombrage aurait essayé d’entrer dans le bureau de Dumbledore la nuit dernière sans réussir à passer la gargouille. Le bureau se serait alors fermé hermétiquement devant elle, lui faisant piquer une assez belle crise de rage. Drago entendit Granger répondre au Poufsouffle d’un ton hargneux : -Elle devait sûrement s’imaginer trônant à la place du directeur, elle se voyait déjà régenter tous les autres profs, cette espèce de stupide vieille boursouflure assoiffée de pouvoir... -Tu veux peut-être encore ajouter quelque chose, Granger ? Drago avait surgi de derrière eux, suivi de Crabbe et de Goyle. -Bien peur d’avoir à enlever quelques points à Gryffondor et Poufsouffle, dit-il de sa voix traînante. -Tu ne peux pas enlever des points aux autres préfets, Malefoy, dit aussitôt Ernie. -Je sais bien que les préfets ne peuvent pas s’enlever de points entre eux, lança Drago d’un ton sarcastique. Crabbe et Goyle ricanèrent. Il allait enfin pouvoir leur révéler les nouveaux pouvoirs qu'Ombrage leur avait conféré... -En revanche, les membres de la brigade inquisitoriale... -La quoi ? demanda Granger d’un ton sec. -La brigade inquisitoriale, Granger, répondit Drago en montrant du doigt le minuscule I argenté épinglé sur sa robe de sorcier, juste au-dessous de son insigne de préfet. Aussi honorifique soit cette position, il chérissait tout de même plus son titre de préfet. -Il s’agit d’un groupe d’élèves triés sur le volet, qui soutiennent le ministère de la Magie et sont spécialement choisis par le professeur Ombrage. Or, les membres de la brigade inquisitoriale ont le droit d’enlever des points... Donc, Granger, je t’enlève cinq points pour avoir été grossière avec notre nouvelle directrice. Macmillan, cinq points pour m’avoir contredit. Potter, cinq points parce que je ne t’aime pas. Weasley, il y a un pan de ta chemise qui dépasse, ce qui te coûtera également cinq points. Ah, et puis, j’oubliais, tu es une Sang-de-Bourbe, Granger, ça vaut bien dix points de moins. Weasley sortit sa baguette mais Granger lui écarta le bras en murmurant : « Non ! » -Sage initiative, Granger, dit Drago dans un souffle. Une nouvelle directrice s’installe, une nouvelle ère commence... Sois sage, petit pote Potter... et toi aussi, mon bon roi Ouistiti... Éclatant d’un grand rire, il s’éloigna en compagnie de Crabbe et de Goyle, observant du coin de l'oeil les quatre autres se tourner machinalement vers le mur où s’alignaient les niches abritant les sabliers géants qui servaient à compter les points des différentes maisons. Le matin même, Gryffondor et Serdaigle étaient en tête, dans une lutte serrée pour la première place. Au moment même où ils regardèrent, des pierres remontèrent de bas en haut, diminuant le niveau de la partie inférieure du sablier. En fait, le seul sablier qui demeurait inchangé était celui de Serpentard, rempli d’émeraudes.
Dans les jours qui suivirent, Drago profita de son nouveau titre intimidant pour s’octroyer quelques moments de libre afin d'étudier de plus près une question qui l'intriguait. Il ne connaissait pas la salle du septième étage où Potter et sa bande avaient tenu leurs réunions secrètes. Or Drago n'aimait pas se trouver face à un mystère sans tenter de le résoudre. Il retourna donc à la tapisserie de Barnabas le Follet, mais cette fois le mur qui lui faisait face était nu sans aucune porte visible. Etrange, se dit Drago, pourtant certain que c'était de là qu'était sortie la prétendue « Armée de Dumbledore ». Il passa sa main sur la pierre lisse du mur, tournant et retournant de nombreuses questions dans sa tête. Comment Potter avait-il réussi ce tour, et à quel point connaissait-il ce château pour y parvenir ?! J'ai besoin de comprendre comment Potter s'y est pris... Il faut que je sache comment Potter s'est débrouillé pour se cacher là... Comment Potter a-t-il fait pour dissimuler son groupe... Drago répétait en boucle ces mêmes questions dans sa tête jusqu'à ce que tout à coup, une porte de bois verni apparaisse dans le mur. Il la regarda d’un air un peu méfiant, puis tendit la main, saisit la poignée de cuivre, ouvrit la porte et pénétra dans une pièce spacieuse, illuminée par des torches semblables à celles qui éclairaient les cachots, huit étages plus bas. Stupéfait, il regardait les bibliothèques qui s’alignaient le long des murs et les grands coussins en soie qui tenaient lieu de sièges. Au fond de la pièce, des étagères étaient chargées de toutes sortes d’instruments tels des Scrutoscopes, des Capteurs de Dissimulation et une grande Glace à l’Ennemi. Il y avait tout le nécessaire pour s'entraîner à la Défense contre les forces du Mal ici ! Subjugué, Drago fit le tour de la pièce qui n'avait pas été là quelques instants plus tôt à peine. Pensant comprendre son fonctionnement, il sortit précipitamment de la pièce pour tester ses hypothèses. Je veux une salle de bain, je veux une salle de bain, je veux une salle de bain, pensa-t-il en visualisant la glorieuse pièce réservée aux préfet qu'il avait de temps en temps le loisir d'utiliser. Il rouvrit la porte, et comme il l'avait deviné, le décor avait changé pour correspondre à ses attentes. Une immense salle de bain ressemblant beaucoup à celle des préfets se trouvait devant lui. Mais elle était encore mieux, car elle n'était décorée que des couleurs vert et argent et de superbes petits serpents sculptés ornaient chaque robinet. Drago referma la porte le cœur battant. Il venait de trouver une Salle sur Demande... Il trouva alors quel usage il pouvait faire de sa découverte. Quelques mois plus tôt, il avait vu Crabbe poser ses petits yeux avides sur sa Main de Gloire qu'il avait ramenée pour la première fois à Poudlard cette année. Mal à l'aise à l'idée que Vincent ne la lui prenne pour s'en servir, Drago se montrait très vigilant et la surveillait de près, mais il souhaitait tout de même trouver une solution de cachette plus durable. Or il venait de la découvrir. «J'ai besoin d'un endroit pour cacher mon cadeau... J'ai besoin d'un endroit pour cacher mon cadeau... J'ai besoin d'un endroit pour cacher mon cadeau... » Il passa trois fois devant le mur nu et lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit à nouveau la porte de la Salle sur Demande. Cette fois, en y entrant, il eut une exclamation de surprise. Drago resta figé sur place, fasciné par ce qu'il voyait. Il se trouvait dans une salle aussi vaste qu'une cathédrale. Filtrant à travers de hautes fenêtres, des rayons de lumière illuminaient ce qui ressemblait à une ville aux immenses murailles constituées, Drago le savait, d'objets cachés par des générations d'occupants de Poudlard. Il y avait des allées, des rues même, bordées de meubles cassés ou endommagés, entassés en piles vacillantes, relégués là pour dissimuler peut-être les effets de mauvaises manipulations magiques ou entreposés par des elfes de maison fiers de leur château. On voyait aussi des livres par milliers, sans aucun doute interdits, couverts de graffiti ou volés; des catapultes ailées et des Frisbee à dents de serpent, certains encore dotés d'assez de vie pour voltiger sans conviction au-dessus de montagnes d'autres objets prohibés ; des flacons ébréchés de potions coagulées par le temps, des chapeaux, des bijoux, des capes ; il y avait également des coquilles d'oeufs de dragon, des bouteilles bouchées dont le contenu brillait encore de lueurs maléfiques, plusieurs épées rouillées et une lourde hache maculée de sang. Drago s'enfonça dans l'une des nombreuses allées qui sillonnaient ces amas de trésors cachés. Il tourna à droite, passa devant un énorme troll empaillé, puis près d'un grand placard couvert de cloques comme s'il avait reçu des giclées d'acide. Il ouvrit dans un grincement l'une des portes du placard et s'aperçut qu'on l'avait déjà utilisé pour cacher une créature en cage, morte depuis longtemps et dont le squelette avait cinq pattes. Plus loin, sur une caisse il y avait un buste écaillé d'un vieux sorcier très laid. Les allées étaient bordées de vieilleries et l'endroit regorgeait d'objets plus improbables les uns que les autres. Il souleva le lourd buste de pierre, ouvrit la caisse, y plaça soigneusement sa Main de Gloire, et la referma solidement en reposant le buste dessus. Ainsi il pourrait facilement retrouver où il avait caché son précieux cadeau. Il quitta la pièce, enchanté par cette découverte et soulagé de ne plus avoir à surveiller ses possessions contre Crabbe. Il eut un rictus satisfait en voyant la porte disparaître derrière lui une fois qu'il l'eut refermée, et le mur retrouva aussitôt sa surface de pierre nue.
Rapidement, il fut clair que l'autorité directoriale d'Ombrage était loin de rencontrer l'approbation de tous et cela donnait tant de fil à retordre à sa brigade que très vite, Drago n'eut plus aucun moment de tranquillité. Finalement, se dit Drago, il se serait presque passé de ce rôle inquisitorial qui le surchargeait encore plus malgré ses devoirs et ses missions de préfet. D'autant plus quand les plus grands fauteurs de trouble de l'école commencèrent à s'en mêler. « BOUM! » En plein cours de sortilèges, un énorme bruit retentit et le bureau se mit à trembler, faisant tomber le minuscule professeur Flitwick. Au-dessous, Drago entendait des gens courir et hurler. Tout le monde se hâta de sortir à son tour pour aller voir la cause du tumulte. Elle ne fut pas difficile à découvrir. À l’étage au-dessous régnait un véritable chaos. Quelqu’un avait allumé le contenu d’une énorme boîte de feux d’artifice magiques. Des dragons entièrement constitués d’étincelles vert et or volaient dans les couloirs en produisant des explosions assourdissantes. Des soleils d’un mètre cinquante de diamètre, d’un rose criard, traversaient les airs dans un sifflement meurtrier, telles des soucoupes volantes. Des fusées au long sillage d’étoiles argentées ricochaient sur les murs. Des cierges magiques écrivaient tout seuls des jurons qui restaient suspendus en l’air. Des pétards explosaient partout comme des mines et, au lieu de se consumer, de s’estomper, ou de perdre leur élan, tous ces miracles pyrotechniques semblaient gagner en énergie et en mouvement sous les yeux de Drago. Rusard et Ombrage, pétrifiés d’horreur, se tenaient côte à côte au milieu de l’escalier. Soudain, l’un des plus grands soleils parut se sentir à l’étroit. Dans un sifflement sinistre, il tourna sur lui-même et fonça sur Ombrage et Rusard, qui poussèrent un hurlement de terreur en se baissant pour l’éviter, puis il s’envola par la fenêtre et traversa le parc. Pendant ce temps, plusieurs dragons et une chauve- souris violette, qui dégageait une fumée menaçante, profitèrent de la porte ouverte, au bout du couloir, pour s’échapper vers le deuxième étage. -Dépêchez-vous, Rusard ! Vite ! hurla Ombrage. Il faut faire quelque chose sinon il y en aura partout. Stupéfix ! Un jet de lumière rouge jaillit de l’extrémité de sa baguette et frappa l’une des fusées. Mais au lieu de s’immobiliser dans les airs, la fusée explosa avec une telle force qu’elle fit un grand trou dans un tableau qui représentait une sorcière à l’air mièvre au milieu d’une prairie. La sorcière parvint à s’échapper de justesse et réapparut quelques instants plus tard, écrasée dans le tableau voisin, où deux sorciers qui jouaient aux cartes se levèrent aussitôt pour lui faire de la place. -Il ne faut surtout pas les stupéfixer, Rusard ! s’exclama Ombrage avec colère, comme si c’était lui qui avait prononcé la formule magique. -Vous avez raison, madame la directrice ! répondit-il de sa voix sifflante bien que le concierge aurait été aussi incapable de stupéfixer les feux d’artifice que de les avaler. Il se précipita vers un placard proche, en sortit un balai et se mit à donner de grands coups en l’air pour essayer de repousser fusées, soleils et dragons. Quelques secondes plus tard, son balai était en feu.
Cet après-midi-là, les feux d’artifice continuèrent d’exploser et de se répandre dans toute l’école. Malgré le désordre qu’ils semaient sur leur passage, surtout les pétards, les autres professeurs ne semblaient pas s’en formaliser. -Tiens, tiens, voyez-vous ça, dit le professeur McGonagall d’un ton sardonique, tandis que l’un des dragons surgissait dans sa salle de cours en émettant de puissantes détonations et de longs jets de flammes. Miss Parkinson, voulez-vous bien courir prévenir Madame la directrice qu’un feu d’artifice est venu se réfugier dans notre classe ? Le professeur Ombrage dut ainsi passer son après-midi à courir d’un bout à l’autre de l’école pour répondre aux demandes des autres enseignants, dont aucun ne semblait capable, sans son aide, de débarrasser sa classe des feux d’artifice vagabonds. Lorsque la cloche sonna la fin du dernier cours de la journée, Ombrage était échevelée, couverte de suie et son visage en sueur affichait un air hargneux. Les rumeurs allaient vite et on sut bientôt que les jumeaux Weasley était à l'origine de ces « Feuxfous Fuseboum », comme ils les appelaient. Bien entendu sans preuve, personne ne pouvait rien contre eux, et de toute manière la plupart des résidents de Poudlard, Drago y compris, étaient particulièrement impressionnés par leur invention qui n'aurait eu aucun mal à réduire le Dr Flibuste au chômage.
Après le dîner, Drago entendait encore les explosions lointaines de pétards égarés. Regardant par la fenêtre, il vit un cierge magique flottant devant la tour des Gryffondor en inscrivant dans le ciel le mot « CROTTE » et cela le fit pouffer de rire. Il rentra au dortoir et se mit au lit en bâillant. Sans prendre le temps de faire ses habituels exercices d'occlumancie, Drago se tourna sur le côté en se demandant ce qu’Ombrage ressentait à l’issue de ce premier jour où elle avait exercé les fonctions de Dumbledore, et comment Fudge réagirait quand il apprendrait que l’école avait été plongée pendant la plus grande partie de la journée dans un état de désordre avancé. Il fit alors un rêve étrange et exhalant, où Potter et lui jouaient au Quidditch mais cette fois ils étaient dans la même équipe et Potter lui souriait en lui faisant la passe. Leurs tenues étaient un mélange de vert et de doré, mais leurs balais étaient rouge et argent. L'équipe adverse étaient constituée de diverses créatures de feux d'artifice qui flottaient vers eux d'un air menaçant. Drago sentit son estomac se nouer jusqu'à ce que la pression réconfortante de la main de Potter sur son épaule vienne le rassurer. Il se tourna vers lui pour contempler son visage réjoui, les cheveux en bataille, les yeux verts perçants, et... « BANG ! » Drago se réveilla en sursaut, désorienté et furieux. Des grognements s’élevaient dans le dortoir obscur. Après quelques instants, la voix très pragmatique de Zabini s'éleva. Ils n'avaient pas de fenêtre dans leur dortoir, ce dernier était donc sorti observer ce qu'il se passait. -Je crois qu’un des soleils a heurté une fusée et c’est comme s’ils avaient eu des petits, c'est... déroutant.
Drago ronchonna en cherchant à se rendormir. Aussi ingénieuse soit cette invention, rien n'était autorisé de le tirer ainsi de son sommeil, surtout durant un rêve aussi agréable... |