Chapitre 72
Et ils vécurent heureux...
Les mois qui suivirent, Harry et Drago équilibrèrent au mieux leur relation à distance et leurs études respectives. Ils se voyaient aussi souvent que possible, et s'écrivaient constamment. Lassé par les délais d'attente des lettres, Drago avait fini par demander à Abelforth son miroir à Double Sens pour pouvoir discuter avec Harry à tout moment. Il avait d'abord redouté que son petit ami soit attristé par le souvenir de son parrain avec lequel il n'avait jamais utilisé ce miroir, mais Harry avait au contraire sauté de joie, comme s'il se rachetait justement de ne pas avoir su faire bon usage de cet objet avec Sirius. Tous les soirs, ils avaient beaucoup de mal à reposer leurs miroirs respectifs et à arrêter de se parler.
Harry avait commencé à travailler comme Auror et parvenait à des résultats brillants pour son jeune âge. Lorsque Drago eut fini de rendre visite aux sept potionnistes, il revint s'installer à Londres pour rédiger son mémoire. Le ministère lui avait demandé d'intervenir auprès du Département de contrôle et régulation des Potions pour leur faire bénéficier de certains de ses apprentissages. Drago passerait donc encore quelques mois à la capitale, et avait du coup emménagé chez Harry. Cette nouvelle proximité avait doucement fait évoluer leur relation vers une dimension plus charnelle. Or comme ni l'un ni l'autre n'avait d'expérience préalable de relation avec un autre homme, Harry avait proposé qu'il fasse appel à un outil moldu qu'il avait qualifié de « tutoriel ». Drago avait rougit jusqu'à la racine de ses cheveux blonds devant certaines choses dont il n'avait jusque-là jamais eu conscience, mais comme pour tout, ils étaient parvenus ensemble à trouver leur équilibre pour être aussi à l'aise que possible dans leur relation passionnée.
Narcissa avait accueilli leur relation à bras ouverts, pas le moindre du monde étonnée et uniquement préoccupée par le bonheur de Drago. A son retour d'Azkaban au Manoir, Lucius s'était par contre montré délibérément froid envers Harry, mais avant qu'il n'ait pu faire de remarque cinglante à son fils, Narcissa lui avait fait une scène dont il n'avait pas du tout l'habitude et qui l'avait immédiatement calmé. Peu habitué à se faire mener à la baguette par sa femme, Lucius avait d'abord bougonné un peu pendant quelques jours, avant de progressivement se détendre, même en présence de son vieil ennemi. Il avait choisi d'effectuer ses deux ans de travaux d'intérêts généraux dans le domaine des finances et travaillait donc à temps plein à Gringotts.
Cette année-là, Harry remporta leprix du sourire le plus charmeur décerné par les lectrices de Sorcière-Hebdo. Mortifié, ce dernier se serait bien passé de cet honneur. D'autant plus que cela avait donné à son petit ami une intarissable source d'amusement à ses dépends. Dès que Harry esquissait à peine le coin de ses lèvres, Drago faisait mine de s'évanouir sous le charme de son sourire. Une blague qui plaisait tant à Ron qu'elle avait su chasser tout la gêne que celui-ci avait pu démontrer à l'annonce de sa relation avec Drago. Le rouquin s'écroulait régulièrement de rire à la vue du blond mimant l'évanouissement, et il ne fallut que peu de temps avant que George et lui-même ne se mettent à imiter le Serpentard et à faire cette farce à Harry. Cela dura presque un an jusqu'à ce que Neville emporte le titre l'année suivante. La puberté avait fait des merveilles chez le jeune botaniste. Cela n'empêchait pas pour autant Drago de murmurer « ah le voilà mon sourire le plus charmeur » très souvent lorsqu'il parvenait à faire sourire son petit ami. Ce qui arrivait très très fréquemment.
Après son intervention au ministère, Drago fut contacté par McGonagall. Apparemment Miss Bezoria voulait démissionner et la directrice avait immédiatement pensé à Drago, en phase de devenir le plus brillant potionniste de son époque. Drago accepta le poste avec joie, même s'il n'aimait que peu la perspective d'être séparé de Harry pendant la majeure partie de l'année. Leur miroirs à Double Sens leur furent à nouveau très utiles, et Harry venait retrouver Drago à Pré-au-lard dès le vendredi soir. A l'issue de la première année de cours de Drago, celui-ci vint voir Harry, très fébrile, avec une excellente nouvelle à lui annoncer : McGonagall n'était pas du tout satisfaite de la baisse de niveau en Défense contre les forces du mal et avait renvoyé le professeur en charge de la matière. Ne sachant pas si Harry serait intéressé, elle ne l'avait pas encore contacté, mais elle avait chargé Drago de lui en parler. Cette offre tombait à pic car tous ces derniers mois, Harry s'était plaint du manque d'intérêt récent de son travail. La quasi totalité des conséquences post-guerre ayant été résorbées, il se retrouvait désormais à « jouer les gendarmes » et ne trouvait plus de passion professionnelle pour les missions qui lui étaient confiées. Harry s'enthousiasmait à la perspective d'enseigner la matière dans laquelle il excellait, mais également à celle de retourner à Poudlard, en compagnie de Drago qui plus était ! Il obtint à un accord entre le Bureau des Aurors et McGonagall, l'autorisant à être ponctuellement appelé par le ministère en cas de crise, tant qu'il pouvait fournir un remplaçant en son absence. Etrangement, jamais aucun de ses cours de Défense contre les forces du mal, ni aucun de ceux en Potions de Drago ne coïncidaient dans les emplois du temps, de sorte à ce que Drago puisse assurer le cours de son petit ami si celui-ci était appelé pour une urgence.
Pour leur première rentrée ensemble comme enseignants, Harry et Drago firent le choix de prendre le Poudlard Express plutôt que de transplaner, en souvenir du bon vieux temps. Puisqu'ils étaient les deux seuls professeurs à avoir opté pour ce mode de transport, il avaient le compartiment pour eux tous seuls. Alors que la campagne anglaise défilait par la fenêtre, Harry attrapa soudain Drago par les épaules, l'attirant vers lui jusqu'à ce que sa tête blonde soit posée sur ses genoux. Perplexe, Drago leva un sourcil interrogateur vers Harry qui se justifia : -Il est hors de question que Pansy Parkinson soit la seule qui aurait eu le privilège de faire ça ! Avant de se mettre à lui caresser les cheveux comme il avait vu la Serpentard faire en sixième année. Drago soupira de contentement, à la fois des caresses en elles-mêmes, mais surtout du fait d'entendre Harry qualifier de « privilège » le fait d'être avec lui. Drago ne se remettait toujours pas de la chance qu'il avait de sortir avec le plus célèbre sorcier de leur temps, ainsi que de s'être trouvé un partenaire de vie aussi merveilleux. Drago avait désormais fait le choix de se préoccuper plus des émotions que des perceptions, et avait rangé au placard son masque de froideur et d'indifférence depuis un moment. Il n'en avait plus besoin.
Harry et Drago profitaient de leur vie à Poudlard pour régulièrement se faire des minis matchs entre attrapeurs. Une fois la journée de cours achevée, ils se rendaient tous les deux au terrain de Quidditch et lâchaient un vif d'or. Ils lui laissaient une trentaine de secondes d'avance (généralement passées à s'embrasser passionnément) avant de filer sur leurs éclairs de feu respectifs à sa recherche. Pendant longtemps, les victoires de Harry n'étaient pas totalement systématiques, mais presque. Une fois, voulant mettre son petit ami de bonne humeur, Harry fit mine de manquer son coup afin que son adversaire remporte le match. D'énervement, Drago fonça violemment contre le Gryffondor, le percutant si fort au flanc que celui-ci failli tomber de son balai. -PLUS JAMAIS TU NE FAIS SEMBLANT DE PERDRE COMME ÇA ! JE NE VEUX PAS DE TA PITIÉ JE VEUX M'AMÉLIORER SUFFISAMMENT POUR TE BATTRE VRAIMENT, ET PEU M'IMPORTE SI CELA DOIT ME PRENDRE DES ANNÉES ! Harry dut reconnaître que son copain restait quelqu'un de fier et que cela avait bien mal le connaître que de lui accorder une fausse victoire. A partir de ce moment-là il joua donc toujours au maximum de ses capacités, jusqu' ce que petit à petit, Drago progresser réellement suffisamment pour le battre. Lorsque cela se mit à arriver plus régulièrement, le Serpentard revenait toujours du terrain fier comme un paon, et malgré sa défaite Harry ne parvenait pas à ressentir le moindre dépit en voyant son homme aussi heureux et rayonnant.
Une nuit, Harry avait été réveillé par un Vif d'or qui virevoltait autour de sa tête. Evitant de trop bouger pour ne pas réveiller Drago à ses côtés, il fit de petits gestes pour l'attraper, sans succès. Il se leva discrètement, provoquant un grognement de son petit ami, et suivit le Vif d'or jusque dans le couloir du septième étage. Lorsqu'il s'en saisit enfin, le Vif d'or s'ouvrit, révélant son contenu : deux anneaux, l'un en or, l'un en argent. Stupéfait, il pivota pour découvrir Drago derrière lui, un genou à terre : -Harry Potter, le Survivant, le Sauveur de l'Humanité, le plus jeune Attrapeur depuis un siècle, veux-tu m'ép... -OUI ! Harry avait éclaté de rire à la liste de surnoms à rallonge mais n'avait pas eu la patience d'attendre la fin de la question pour crier sa réponse, dans l'indifférence la plus totale des autres résidents du château qu'il pourrait potentiellement réveiller. Il se précipita sur Drago, toujours à genoux, et lui sauta au cou, les envoyant rouler le long du couloir. Ensemble ils restaient des adolescents. Lorsqu'ils se relevèrent, hilares, Drago lui prit des mains la bague en or et, l'air un peu plus sérieux -bien qu'il était évidemment aux anges d'avoir reçu une réponse positive- la glissa sur l'annulaire gauche de Harry. Celui-ci prit un air solennel qui fit pouffer Drago lorsqu'il lui passa la bague argentée au doigt. Ils n'attendirent pas le matin pour annoncer la nouvelle à leurs amis et familles, passant le reste de la nuit dans la volière à envoyer des lettres un peu partout. Au petit déjeuner, McGonagall annonça la nouvelle de leurs fiançailles aux élèves qui applaudirent à tout rompre. Les professeurs Potter et Malefoy étaient très appréciés, l'un pour son talent et son humour, l'autre pour ses compétences hors du commun et sa rigueur.
Le mariage fut splendide. Après une dispute entre Molly et Narcissa pour savoir laquelle de leur demeure hébergerait la cérémonie, Harry avait obtenu l'autorisation exceptionnelle de McGonagall de célébrer son mariage dans le parc de Poudlard. Il avait toujours considéré le château comme sa première vraie maison, et après tout, comme l'avait souligné Drago, être le Sauveur devait bien avoir quelques avantages ! Drago se chargea des préparatifs du mariage, confiant simplement le placement des invités à Harry, bien qu'il se réserva un droit de regard et de veto au cas où. Harry n'était que trop heureux de le laisser s'occuper du reste, surtout dès qu'il apercevait les grands sourires qu'arborait Drago dès qu'il faisait des choix de décorations, de menus, de musiques...
Le jour J, Harry attendait Drago à l'autel au bout de l'allée. A ses côtés, Ron et Hermione, ses témoins, ne cachaient pas leur joie. Hermione avait un sourire si large qu'Harry craignait qu'elle ne reste définitivement bloquée. Son ventre aussi avait commencé à s'élargir... Drago s'avança le long de l'allée, avec ses parents de part et d'autre, qui lui tenaient les bras en souriant. Il était vêtu d'une sublime robe de sorcier d'une blancheur éclatante, qui avait justement été sujet à polémique avec Lucius à peine quelques jours plus tôt. En la voyant, Lucius avait refusé tout net d'accompagner Drago le long de l'allée, commençant un speech sur la noblesse de Malefoy et de son héritier mâle. Il s'était vite arrêté devant la fureur de Drago qui lui avait hurlé qu'il n'était absolument pas question de féminité, qu'il avait simplement choisi la tenue le mettant le plus en valeur et que, ayant la chance d'avoir encore ses deux parents, ce qui n'était pas le cas de Harry, il voulait les impliquer le plus possible dans le plus beau jour de sa vie. Il ajouta même que si Lucius avait décidé de faire sa tête de cochon à ce sujet, Narcissa et lui pourraient se priver de lui et qu'ils traverseraient l'allée à deux. Sa mère, les bras croisés, avait approuvé d'un signe de tête, fixant Lucius avec un sourire en attendant de voir sa réaction. Ce dernier, dérouté par l'explosion de son fils qui l'avait jusque là habitué à tant de calme, revint immédiatement en arrière, et le matin du mariage il avait noyé Drago sous les compliments au sujet de sa tenue.
Les yeux fixés sur Harry qui l'attendait d'un air ému au bout de l'allée, absolument splendide dans sa robe verte bouteille, Drago fit un léger geste de sa baguette et le drap blanc derrière Harry s'envola. Ce dernier, surpris, se retourna pour découvrir un immense portrait de ses parents taille réelle qui se tenaient derrière lui en affichant un air extrêmement fier. Ebahi, il pivota à nouveau vers Drago qui, tout sourire, lui expliqua avoir fait faire le tableau pour lui car il souhaitait que cette journée soit aussi proche que possible de quelque chose que Harry aurait pu voir dans le miroir du Riséd. Harry rayonnait de bonheur, et tout leur entourage semblait contaminé par sa joie vibrante. Un Détraqueur aurait été bien suicidaire de s'approcher d'une assemblée aussi heureuse.
Harry et Drago se dirent oui, et tous leurs invités se levèrent pour les féliciter. Drago vit même Ginny les applaudir à tout rompre. Depuis qu'il avait Harry à ses côtés, son animosité envers la rousse avait fini par disparaître, et il avait enfin enterré la hache de guerre dont elle n'avait même jamais eu conscience de l'existence. Harry avait enterré la sienne avec les Dursley. Seuls Dudley et la tante Pétunia étaient présents ce jour-là, le surpoids de Vernon ayant déjà eu raison de son cœur l'année passée. Cela avait été un réveil pour Dudley qui s'était repris en main et avait désormais une apparence presque athlétique. Harry le voyait de loin, danser avec Luna avec l'air de bien s'amuser. Il était content d'être maintenant en plutôt bons termes avec son cousin. Il rejoignit sa tante qui restait seule à une table, regardant le château d'un air émerveillé. Elle le complimenta sur son très beau mariage, et admit qu'elle avait mis longtemps à comprendre que sa haine du monde de la magie n'était qu'une simple jalousie mal placée. Elle acheva leur conversation en disant d'un air ému que le cadre était justement magnifique, avant de filer rejoindre les parents d'Hermione avec qui elle était plus à l'aise. Les dentistes étaient un concept qu'elle savait appréhender.
Le reste du mariage fut effectivement sublime, assurant à Harry et Drago qu'ils avaient enfin accompli leurs rêves respectifs de s'entourer d'amour et d'amitié.
Ils s'étaient trouvés une petite maison en bordure de Pré-au-lard et ne restaient plus qu'occasionnellement dans leurs chambres du château, surtout dès lors que la maison eut commencé à se remplir d'animaux de compagnie en tous genres. Drago avait commencé en ramenant chez eux un chat perdu qu'ils avaient nommé Dora, puis Harry avait exigé deux grands chiens qu'il avait appelés Patmol et Cornedrue. Entre les trois quadrupèdes et leurs deux hiboux, la maison débordait désormais de vie. Après quelques années d'enseignement à profiter de chaque vacances pour voyager ensemble, ou en groupe avec leurs amis, Drago et Harry décidèrent d'apporter encore un peu plus de chamboulement chez eux.
Après en avoir longuement discuté, ils se rendirent dans un orphelinat moldu où ils avaient entendu parler de deux bébés pas tout à fait ordinaires... Apparemment, des choses étranges se produisaient souvent autour du frère et de la sœur, et les employés de l'orphelinat préféraient s'en occuper le moins possible. Harry et Drago furent surpris par la grande intelligence qui émanait de la petite fille de deux ans, qui posa son regard bleu clair sur le visage de Drago, le dévisageant en silence avant d'afficher un grand sourire. Les deux sorciers sentirent immédiatement le pouvoir magique qui circulait en elle et échangèrent un regard entendu. Là où elle était blonde, son petit frère de six mois seulement ne lui ressemblait pas du tout avec ses cheveux châtains et ses yeux sombres. Harry et Drago l'avaient entendu pleurer en montant l'escalier, mais il avait cessé dès qu'ils étaient entrés dans la pièce, et ses petits yeux plein de larmes les fixaient avec curiosité. Les deux sorciers firent les démarches nécessaires à coup de sortilèges de Confusion et d'Oubliettes pour sortir les deux bébés du système moldu et les adopter eux-même. D'autres démarches auraient été possibles, mais Harry tenait énormément à procéder ainsi et à épargner aux deux jeunes sorciers une enfance dans un orphelinat moldu. Ils nommèrent leur fille Lily Jamie Malefoy-Potter et leur fils Albus Severus Malefoy-Potter. La présence de leurs enfants eurent un effet radical sur Lucius qui insista pour être appelé Papi Lulu et que sa femme devienne Mamie Nana. Il accepta même les traditions moldues que Harry avait amené dans leurs vies, allant jusqu'à se déguiser en Père Noël pour leur premier Noël en famille.
Drago regardait l'étonnant spectacle qui avait lieu dans le salon de leur maison, où les chevelures blondes et rousses des Malefoy et des Weasley se mélangeaient, où leur elfe Kreatur traitait avec respect les enfants de Ron et Hermione, où Harry, avec bébé Albus dans les bras - pendant que Lily tirait sur le bas de sa robe pour lui réclamer plus de cookies - lui jetait un regard de ses yeux verts profondément remplis d'amour... Drago lui retourna son sourire, ses yeux argentés pétillants de joie. Ses rêves s'étaient réalisés bien au-delà de toutes ses espérances, et la scène ayant lieu devant lui était plus magnifique que n'importe quel reflet dans le miroir du Riséd...
Il y avait sept ans que l'avant bras gauche de Drago avait cessé de lui faire mal, et il savait également que la cicatrice de Harry ne le faisait plus souffrir depuis longtemps. Tout était bien. |