Dans mon dortoir, seul, isolé, malgré les coups portés à la porte par mes camarades, le 20 Septembre

Malfoy,

Cette lettre ne sera pas comme les autres, désolé. J'ai des choses trop importantes à te dire pour me permettre de répondre convenablement à ta précédente lettre.
Comment oses-tu être aussi dur avec toi-même ! Ta famille ! Tes parents ! Ta mère qui n'avait peut-être pas un instinct maternel très développé mais qui t'aimait quand même et qui prenait soin de toi à sa manière ! Même si cette manière peut être discutable c'est pas le problème. Ton père, qui te lisait des contes de fées, qui te laissait être un fan de Harry Potter alors qu'il était lui-même un partisan de Voldemort et qu'il devait donc me détester ! Bien sûr que tu les aimais. Et bien sûr que tu ne voulais pas les trahir. Personnes ne t'aurais blâmé si tu ne les avaient PAS trahis. Et pourtant tu l'as fait. Tu as été voir Dumbledore pour lui dire ce que tu avais à faire, ce que tu savais des Mangemots et tu n'as rien caché. Même pas les informations qui compromettaient ta famille. Qui compromettaient ton père dont tu étais bien plus proche que ce que tu laissais paraître. Tu les as trahis et c'est quelque chose qui demande un grand courage. Bien plus que de tenir tête à quelqu'un qui essaye de te tuer tous les ans depuis que tu es à l'école. Tu penses vraiment que le fait que tu ais la marque fait de toi quelqu'un de mauvais ? Rogue a la marque également et ça n'enlève rien au fait que c'est un héros de guerre et que tout le monde le respecte pour ça. Même moi je le respecte pour ça ! Tu as la marque parce que tu avais 16 ans, parce que ta famille attendait de toi que tu acceptes de l'avoir, parce que Voldemort menaçait ta famille et que le seul moyen de t'assurer que ton père ne se fasse pas tuer était d'accepter la marque. Parce que je n'ai jamais accepté ton amitié aussi, même si je ne pense pas que j'aurais pu tout changer, je crois quand même que si j'avais été ami avec toi j'aurais peut être évité de citer ton père parmi ses partisans. Tu as la marque parce que tu as eu le courage de vouloir sauver ta famille. Et tu es libre aujourd'hui parce que tu as eu le courage de te sauver toi, en laissant ta famille, des adultes, faire face à ses responsabilités. Tu n'es pas une mauvaise personne et j'irais plus loin : tu n'as pas commis d'erreur en acceptant la marque des ténèbres. Tu as choisi l'amour de ta famille, c'est différent. Et lorsque tu nous as rejoins, tu as choisi avec ta tête et plus avec ton cœur. J'ai pas pitié de toi, ni de tes parents. Je ne dirais jamais que leur mort me déchire le cœur. Ce que je dis c'est qu'empêcher la destruction des familles aurait dû être la priorité au cours des interpellations qui ont suivie la victoire. Ce que je dis c'est que ce n'est pas en montrant du doigt les personnes ayant eu un rôle dans cette guerre, un rôle aussi minime que d'avoir une mission à remplir et finalement renoncer, qu'on fera avancer les choses. Si Voldemort a pu avoir autant de pouvoir c'est qu'une partie conséquente de la population sorcière n'est pas satisfaite de la politique actuelle et ce n'est certainement pas en intimidant ces personnes ou en les tuants qu'on améliorera la situation. Bien au contraire. Je ne dis pas qu'il aurait fallu mettre des Mangemorts à la tête du ministère, je dis simplement qu'il faudrait demander l'avis de toute la population sorcière sur certains points de la législation actuelle afin de répondre concrètement à la demande. Et je pense que ce sont d'anciens Mangemorts repentis, et réellement repentis. J'entends par là des personnes qui ont rejoint notre camp avant la fin de la guerre, des gens qui ont fait des sacrifices et abandonnés les idées en lesquelles ils croyaient simplement parce que la manière dont ces idées étaient exposées ne leur plaisait pas. J'entends par là des personnes comme toi, qui croient que les traditions sorcières doivent être conservées parce qu'elles font partie de l'Histoire mais qu'il ne faut pas tuer pour arriver à les conserver. Ce sont ces personnes qu'il faudrait consulter plutôt que de les blâmer et de les empêcher de faire le deuil de leur famille, de leurs amis. Plutôt que d'avoir honte d'être libre tu devrais être fier. Fier de crier au monde que c'est pas parce qu'un binoclard a battu un cinglé que tous les problèmes sont réglés. Fier de traiter les nés-moldus de Sang-de-Bourbe parce qu'ils n'ont aucune conscience d'un pan entier de l'Histoire.

Tu as des choses à dire, tu as des larmes à laisser couler et tu as le droit de vivre libre et heureux. Ne laisse personne te dire le contraire. Jamais.

A bientôt pour une lettre plus joyeuse,

Harry.